Passé par Kickstarter l’an dernier, le petit studio mexicain Bromio a tout juste récupéré de quoi financer Pato Box et s’offrir une sortie en simultanée sur Switch et Steam. Sa sortie sur la console de Nintendo, qui n’en fini plus de se vendre, devrait lui permettre de s’attirer l’attention des curieux en manque de Punch-Out. Il est temps d’enfiler les gants pour voir si cet outsider à de quoi titiller le champion.
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Rien ne va plus pour Pato Box. Lui qui était au sommet de la gloire et champion du monde de boxe, il se retrouve trahi, empoisonné, désisté de son titre et laissé pour mort dans une ruelle poisseuse. Sauvé in extremis, il va chercher à se venger de ceux qui ont attenté à sa vie : Deathflock. Une ouverture très solennelle difficile à prendre au sérieux quand notre héros est une montagne de muscle avec une tête de canard vous en conviendrez. C’est d’ailleurs le problème, on ne sait jamais vraiment si le jeu se prend au sérieux. Le jeu nous martèle de vannes sur la « cervelle de moineau » du héros, tous les PNJ sont un peu stupides et les boss sont totalement extravagants. En dehors des cinématiques, le titre fait presque exclusivement dans l’humour, notamment avec des mini-jeux relativement idiots comme : faire exploser des ballons d’anniversaire, ranger des chaises de bureau ou joueur au bowling dans la salle des trophées.
Cela dit on trouve aussi des personnages très premier degré au destin tragique, des trahisons et des morts en pagaille. L’esthétique du jeu entièrement en noir et blanc, très largement inspiré de l’œuvre de Frank Miller, ainsi que son ambiance film noir font que l’on ne sait jamais véritablement sur quel pied danser. Pire encore, les développeurs ne semblent jamais avoir trouvé l’équilibre entre le côté cartoon d’un Punch-Out auquel ils paraissent vouloir coller coûte que coûte, et cette histoire de vengeance retraçant le destin de Pato Box et des personnages qui l’entourent. Faith qui sert d’acolyte à Pato Box a notamment pour rôle de rencarder le joueur sur le background et le rôle des différents protagonistes, mais ces discussions sont purement optionnelles et il est tout à fait possible de terminer le jeu sans chercher à en savoir plus. C’est regrettable car malgré de vrais efforts d’écriture, la narration en prend un sacré coup.
Ducky Ducky Punching Club
Dans tous les cas, qu’on s’intéresse ou non à la quête de notre tête de canard, il va falloir jouer des jabs, des uppercuts et des pas de côté pour avancer dans le jeu. Ici encore le jeu surprend par sa nature : il n’est pas seulement un jeu de boxe/rythme, mais aussi un jeu d’aventures avec des phases d’exploration qui viennent s’immiscer entre les combats. On explore les étages de l’immeuble de Deathflock à la recherche de nos adversaires. Je parlais de mini-jeux tout à l’heure, c’est l’une de ces activités obligatoires avant de terminer un étage (un étage correspondant ni plus ni moins qu’à un niveau). On est également amené à traverser des égouts en filtrant le gaz toxique qui y est répandu ou encore à arpenter la cuisine et éviter de gigantesques scies en se frayant un chemin sur les tapis roulants. Bref, là où Punch-Out ne propose rien d’autre que du mano à mano (de qualité) sur le ring, Pato Box essaie de varier les situations de jeux au maximum et c’est tout à son honneur.
Ceci étant, ces séquences ne sont jamais particulièrement plaisantes à jouer ou très inspirées. Le pire étant l’étage du casino où il faut littéralement farmer des jetons pour pouvoir se mesurer au boss avec uniquement des jeux de hasard à disposition… Le gameplay n’est pas non plus particulièrement adapté puisque le jeu se joue pratiquement comme un FPS, avec Pato Box au milieu de l’écran ne pouvant rien faire d’autre que se déplacer lentement et balancer des directs. Pas idéal quand il s’agit d’apprécier une distance pour éviter un piège par exemple, ou tout simplement de viser un objet plus bas que notre personnage. L’ensemble est très imprécis et relativement vain, impossible de s’empêcher de penser que les développeurs auraient dû plus insister sur les combats de boss que sur ces séquences.
S’il meurt, il meurt
Sans jamais être parfait, les combats de boss sont de très loin la meilleure partie du jeu. Ça tombe bien on a justement signé pour ça. Si jusqu’ici Pato Box ne convainc pas vraiment dans ses phases de jeu, c’est une autre histoire pour ces affrontements dans la droite lignée de son prestigieux modèle. On retrouve cette mécanique de jeu de rythme où il va falloir placer les bonnes esquives au bon moment avant de contre-attaquer dans le bon tempo pour faire un maximum de dégâts à son adversaire. Comme pour les différents niveaux, tous les combats ont une nouvelle approche sur le système de jeu. Le meilleur de tous qui a lieu au milieu de l’aventure relève uniquement du jeu de rythme à tel point qu’on nous marque le tempo. Attention, je vous recommande très chaudement de jouer à la croix directionnelle car sur PC il y a une vraie latence avec le stick analogique rendant l’esquive périlleuse. De même, il faut un petit temps d’adaptation pour se faire à la rigidité du personnage qui n’enchaînera pas les coups à moins que l’on soit pile dans le timing.
Nos opposants font eux-mêmes une grande partie du charme de ces combats. Le character design est la chose la plus inspirée du titre avec des personnages très réussis pour la majorité. Tous disposent d’une vaste palette de mouvements et il sera nécessaire de s’y reprendre à plusieurs fois pour venir à bout des plus coriaces. Cela dit, le visuel du jeu empiète un peu trop souvent sur la lisibilité de certains mouvements et le sound design un peu bancal fait qu’on se mange souvent des beignes sans même avoir la chance de voir d’où venait vraiment le coup. Cela mériterait un petit coup de patch pour régler le timing avec lequel certains effets sonores se déclenchent et rendre l’ensemble un peu moins brouillon. Mais, car il y a un mais, le vrai problème c’est qu’il y a bien trop peu de combats. Trois heures de jeu et seulement 6 combats de boss à se mettre sous la dent. Pire encore, le combat final n’est rien d’autre qu’un boss rush un peu fainéant. De quoi rester sur sa faim.
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