Persona 3 Portable revient plus de 13 ans après sa sortie japonaise sur PSP et donc 16 ans après celle de sa version originale sur PlayStation 2. Un retour qui permettra à beaucoup de découvrir l’épisode fondateur de la trilogie du trio magique Katsura Hashino, Shigenori Soejima et Shoji Meguro, que ce soit par le plus grand nombre de plateformes concernées ou la traduction des textes en français pour la première fois.
On sait à quel point le retour de ce jeu était attendu puisque même Atlus reconnait que son remake est celui qui est le plus réclamé par les fans au sein de leur catalogue, et ce même après l’annonce de ce remaster. Voyons donc si le coup de peinture suffit pour permettre à ce classique de pouvoir traverser les époques ou s’il ne fallait pas réimaginer le jeu à la manière d’un Final Fantasy 7 Remake.
Conditions de test : Nous avons joué environ 20 heures à la version PlayStation 4 sur une PS5, le tout après avoir déjà fait la version Portable à l’époque.
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ToggleTartare de Persona
La ville d’Iwatodai est victime de bien étranges phénomènes chaque soir. Quand vient minuit, l’Heure sombre débute et l’endroit prend des allures horrifiques pendant quelque temps, tandis que le lycée local devient une tour géante nommée Tartare d’où surgissent des Ombres monstrueuses qui attaquent les malheureuses personnes restées conscientes pendant ce changement.
Une fois la situation revenue à la normale, les victimes deviennent ce que l’on appellent des Égarés, des coquilles vides telles des zombies qui ne peuvent plus proclamer en boucle des messages annonçant de terribles menaces à venir. Mais il arrive aussi que des gens développent des pouvoirs au moment d’entrer dans l’Heure sombre, plus particulièrement la capacité d’invoquer un esprit qui représente leur Persona.
C’est le cas d’un groupe de lycéens que le protagoniste rejoint lors de son retour à Iwatodai quelques années après le tragique accident qui l’a rendu orphelin. Formant l’équipe S.E.E.S., ces jeunes œuvrent en secret pour tenter de protéger la ville et débuter l’exploration de Tartare puisqu’ils sont persuadés que la clé du mystère se situe à son sommet, le tout en continuant de gérer leur quotidien d’adolescents.
Persona aussi a eu une adolescence difficile
Nous n’entrerons pas plus dans les détails de l’intrigue de Persona 3 Portable pour vous épargner les spoils ou un rappel superflu mais vous remarquerez que l’on reste en terrain connu pour la saga qui aborde toujours les thématiques de l’adolescence, de la religion, de la mort, de la philosophie… Avec peut-être un côté un peu plus mature ici vu que le ton est moins contrebalancé par de l’humour (le personnage mascotte ne parle même pas, c’est dire).
On retrouve tout de même la qualité d’écriture habituelle mais avec un rythme moins maîtrisé de la narration. Il y a plusieurs éléments qui viennent rendre l’aventure un peu plus coincée, comme le fait d’affronter les boss à date fixe au lieu de choisir pendant une période définie, ou l’omniprésence de Tartare lors des phases de gameplay qui n’est pas aidée par sa répétitivité.
Alors certes, les problèmes sautent surtout aux yeux quand on connaît les suites et les solutions qu’elles ont apportées mais il faut bien avouer que la force des Persona, la symbiose entre son côté Visual Novel et son côté RPG, n’est pas vraiment au point ici, avec par exemple les liens Sociaux qui n’ont pas d’autre impact sur les combats que le bonus d’xp lors de la fusion des Personae.
La Tour Infernale de Persona 3 Portable
Et puisque l’on parle de gameplay, autant continuer. Là aussi, si vous connaissez la série, on reste dans les grandes lignes de ce qu’il s’est fait par la suite. Et c’est bien logique puisque Persona 3 Portable avait été produit après la sortie de Persona 4 sur PlayStation 2 et en avait donc profité pour emprunter quelques nouveautés et correctifs à son petit frère pour le bonheur de presque tout le monde.
Cela inclut le fait de pouvoir contrôler directement les autres membres de l’équipe gérée autrefois par l’IA, alliés qui peuvent d’ailleurs aider le héros aléatoirement, mais l’ajout de la garde ou l’apprentissage de techniques supplémentaires simplifié. On reste donc dans le RPG au tour par tour où le but est de taper sur la faiblesse de l’ennemi pour faire des combos et finir sur une attaque générale.
Le point faible est donc surtout l’exploration, ou plutôt la non-exploration. En effet, il n’y a pas de donjons à proprement parler. Pas besoin de lutter pendant des heures pour atteindre les boss puisqu’ils sont juste là avec à la limite deux ou trois salles vides avant. Il n’y a donc que le Tartare et ses étages aléatoires, un peu comme s’il n’y avait que le Mementos à faire dans Persona 5, avouez que c’est loin d’être captivant sur la longueur.
Incroyable un Persona qui permettait de passer du temps avec ses alliés
Une redondance encore plus prononcée par Persona 3 Portable qui remplace les déplacements en 3D de la partie vie quotidienne par un curseur à déplacer sur des icônes pour parler aux différents personnages et se déplacer. Il s’agissait d’une des concessions pour faire tenir le jeu sur PSP, tout comme l’absence des cinématiques animées ou celle de The Answer, le très décrié chapitre supplémentaire de Persona 3 FES.
En contrepartie, on avait gagné une nouveauté de taille avec la possibilité de choisir une protagoniste féminine. En plus d’apporter quelques petites variations dans l’intrigue, son impact se ressent surtout sur les Liens sociaux. En effet, cela permet par exemple de passer du temps avec chaque membre de l’équipe afin de mieux les connaître, ce qui n’était pas le cas pour les personnages masculins dans l’aventure d’origine.
On retrouve toujours quelques débats sur ce qui devrait être considéré comme la version définitive de Persona 3 avec quelques puristes qui regrettent l’expérience originelle mais entre la révision du gameplay et les liens sociaux avec tous les membres du S.E.E.S., on comprend parfaitement pourquoi c’est cette version qui a eu droit un remaster tant le choc aurait été d’autant plus violent pour les nouveaux fans en tombant sur l’ancienne formule.
Mass Destruction de rétine
Bon, on a évoqué les différences entre la version d’origine et Persona 3 Portable, mais qu’en est-il de ce remaster ? Déjà, le jeu de base était loin d’être une claque visuelle sur PS2 à l’époque. On retrouve donc les modèles 3D très simplistes et les décors vides mais ce sont les illustrations de fond dans la partie Visual Novel qui font le plus tâche et tout n’a pas forcément pu être retrouvé en qualité suffisante ou retravaillé à la main ou par une IA.
Même constat au niveau sonore, si les musiques et la plupart des dialogues s’en sortent bien, on constate certaines phrases et bruitages en assez mauvaise qualité. Le résultat piquera un peu sur un écran 4k avec un bon système sonore et, ironie du sort ou destin, le portage devrait donc mieux s’en sortir sur Switch et Steam Deck avec leurs écrans plus petits et leurs hauts-parleurs intégrés.
Côté nouveautés du remaster, en général, rien à signaler puisqu’on se contente de l’ajout de deux fonctions. Il s’agit du paramétrage de la difficulté à tout moment dans les options et de la sauvegarde rapide. Mais c’est surtout chez nous que ce portage gagne en intérêt avec le doublage japonais et la traduction française qui sont tous les deux disponibles pour la première fois chez nous pour permettre à un public plus large de découvrir ce classique même s’il est un peu daté.
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