Atlus, tout comme Sega, aime l’argent, mais il nous le rend bien. Presque 3 ans après le déjà culte Persona 5, un jeu de rythme, un beat them up, une série d’animation et un manga, les Phantom Thieves sont de retour dans une toute nouvelle itération plus classique nommée Persona 5 Royal. Au programme, une trentaine d’heures de jeu en plus, de nouveaux personnages, nouveau palais, nouvelles mécaniques et autres joyeusetés. L’occasion est donc belle de ressortir son plus beau masque et retourner à Tokyo.
D’autant plus que cette fois, et pour la première fois dans la série, Persona 5 Royal est intégralement traduit dans la langue de Molière. Eh oui, dans cet épisode, vous jouerez la joyeuse troupe des Voleurs Fantômes. C’est d’ailleurs intéressant de voir que de nombreux J-RPG sortent désormais dotés d’une localisation française mais aussi italienne ou encore espagnole. On sent un vrai effort pour rendre accessible ces titres à un plus large public, et c’est quelque chose que l’on doit véritablement saluer ici.
Bien entendu, à l’occasion de ce test nous allons éviter au maximum de vous révéler l’intrigue du jeu. Nous révélerons des éléments de contexte scénaristique, ainsi que sa construction mais cela n’ira pas plus loin. La volonté de ce test, c’est davantage de faire le point sur les différentes nouveautés du jeu et leur intégration dans une œuvre déjà connue. Bien entendu, nous vous invitons à lire notre test de Persona 5 pour en savoir plus sur les éléments de base du titre.
Conditions de test : A l’occasion de ce test, nous avons joué dans le temps imparti entre la réception du jeu et l’écriture de ce test, nous permettant de voir une très bonne partie de l’étendue des nouveautés, au prix de courtes nuits. Le testeur a également lors de sa sortie joué et rejoué à Persona 5. Nous avons reçu le jeu une grosse semaine avant la sortie de ce test, et nous avons ainsi eu l’occasion de jouer environ 60-70 heures au jeu.
Sommaire
ToggleUn sentiment de déjà-vu…
Tout comme dans son frère aîné, Persona 5 Royal nous propose une histoire dense, aux thématiques matures, narrée et montrée d’une bien belle façon. Pour les personnes ayant déjà joué à Persona 5, la trame sera sur les deux premiers tiers du jeu similaire en quasiment tout point. On retrouve les mêmes antagonistes, la même enquête. Ce qui va changer ici, ce sont les ajouts, à commencer par les nouveaux personnages jouables ou confidents du jeu.
Pour rappel, nous incarnons un héros (appelé ici Akira) qui, fraîchement arrivé à Tokyo à cause d’une sordide histoire, se retrouve en probation. Qui dit nouvelle ville dit également nouveau lycée pour lui, et très rapidement, il va se rendre compte qu’il possède un pouvoir plutôt spécial, celui de rentrer dans les palais intérieurs des personnes afin de changer leurs esprits. Rapidement, d’autres lycéens, amis avec lui, le rejoindront dans sa quête et formerons le groupes des Voleurs Fantômes.
Persona 5 Royal est un jeu qui, à l’inverse de nombreux RPG japonais, n’hésite pas à traiter de sujets difficiles, matures et même polémiques. On y parle de harcèlement sexuel, de suicide, de mafia, mais surtout d’émancipation. Thématiques au combien actuelles, c’est un aspect vraiment important dans le jeu, que l’on retrouve même dans le geste d’enlever le masque. Les personnages s’ouvrent à eux-mêmes, s’assument tels qu’ils sont par cette émancipation dans le metaverse.
Il est très intéressant de voir comment de façon tout à fait logique tout cet ensemble s’est ajouté. La nouvelle confidente, Kasumi, n’arrive pour le coup pas comme un cheveu sur la soupe, mais elle est présente comme un fil rouge de son ruban, durant toute l’histoire. Il est d’ailleurs plaisant qu’ainsi, on se retrouve avec un personnage jouable dont sa narration change par rapport aux autres. Car oui, un des défauts scénaristiques de Persona 5 étaient que nous nous retrouvions sur un schéma assez répétitif : rencontre d’un personnage, antagoniste, palais, le personnage rejoint l’équipe…
Ici, l’équipe du jeu s’est permis de prendre plus de liberté avec ce pattern, permettant pour le coup de faire un peu plus respirer l’ensemble, et de rendre beaucoup plus cohérent l’ensemble. En effet, au lycée, même si on a notre groupe de potes, on va tout de même parler avec d’autres personnes de temps à autre. En cela, Persona 5 Royal arrive à mieux retranscrire cette dimension lycéenne.
Qui dit nouvelle version dit également de nombreux ajouts sur l’ensemble du jeu, même s’ils se basent sur du matériel originellement déjà existant. On se retrouve par exemple avec de nouvelles cinématiques animées, de nouveaux événements, la remodélisation de l’évolution de confidents, des questions de cours différentes… Comptons également l’ajout de nouvelles scènes avec les confidents, avec de nouvelles évolutions de chaque personnage. Mais aussi deux nouvelles fins !
Au final, on se retrouve à revivre dans Persona 5 Royal des éléments similaires, mais avec quelques tournures nouvelles, récompensé par la suite par un nouveau palais, deux nouvelles fins, et une vraie plus-value inédite. Certains aspects ne sont pas gommés comme ce ressort scénaristique un peu répétitif, Atlus a tout de même corrigé le tir pour proposer une vraie évolution. Et vous serez également plus libre, comme jamais vous ne l’aurez été !
Liberté
Car oui, qui dit nouveautés scénaristiques dit aussi nouveautés en matière de jeu vidéo pur. C’est ainsi que l’on se retrouve par exemple avec un tout nouveau quartier Kichijoji, et ses activités l’accompagnant. Il sera ainsi possible d’aller au jazz-club par exemple, ou encore de jouer aux fléchettes. La zone est très grande et vraiment plaisante visuellement.
Mais ce qui donne davantage le sentiment de liberté d’action, encore plus qu’auparavant, c’est que Morgana ne vous empêchera plus autant ! S’il y a bien des soirées où vous n’aurez le droit de rien faire, vous pourrez au minimum effectuer des activités dans le Café Leblanc (référence à l’auteur Maurice Leblanc, notamment écrivain de la série des Arsène Lupin). Il vous sera possible ainsi de pouvoir monter vos caractéristiques à chaque fois, ce qui sera un plus très clairement non négligeable.
Ajoutons à cela le nombre de possibilités différentes proposées chaque journée, et très clairement, vous ne saurez au début pas bien quoi faire, quelle direction emprunter, quel axe choisir, quel confident prioriser.
On peut noter d’ailleurs que concernant les caractéristiques (connaissance, maîtrise, gentillesse, charme et courage), il sera beaucoup plus facile de les monter. C’est une amélioration vraiment bienvenue car cela permet de pouvoir davantage se concentrer sur les confidents et donc permet à Atlus de faire ce qu’il fait de mieux, raconter des histoires, des relations entre les personnages.
Car c’est d’abord sur sa dimension proprement visual novel que Persona 5 Royal fonctionne à 300 %. Dans les scènes de dialogue entre les protagonistes, ceux de notre héros et ses confidents, avec qui il se lie d’amitié et d’affection, ou encore les antagonistes, montrant que le monde n’est pas tout noir ou tout blanc. En cela, encore une fois, le jeu se démarque de bien ses concurrents pour proposer quelque chose de réaliste, le tout dans un monde tout aussi fantasque.
Sa propre planque, quelle idée saugrenue !
Une des grosses nouveautés du titre, c’est de pouvoir à tout moment partir du jeu pour aller dans la planque pour un petit moment de détente. Lieu totalement visitable et personnalisable, ce lieu, c’est l’occasion pour Atlus de proposer une galerie pour les fans. Illustrations, design d’artbook, musiques du jeu ou encore cinématiques, tout est disponible là-dedans. Un véritable petit musée en soi.
Il sera possible d’ailleurs de jouer à un mini-jeu proposé à l’occasion, se présentant comme une variante du fameux jeu de cartes « le président ». Des challenges sont proposés, 3 niveaux de difficulté d’IA pour un résultat vraiment plaisant qu’on fera le temps de 2-3 sessions.
On peut voir que si Atlus souhaite proposer un jeu neuf pour toucher un autre public, il veut également proposer une plus-value pour les fans de la série et de cet épisode, ce qui est vraiment plaisant. On retrouve ainsi un système de trophées interne au jeu, permettant par la suite de débloquer du contenu dans cette planque. Un petit bonbon tout sucré pour les fans en soi.
Tu veux du RPG ? En voilà !
Mais le nerf du jeu en matière de game system, c’est bien la dimension RPG du jeu et son système de combat. Si les bases restent bien entendu les mêmes, à savoir un système d’attaques physiques, d’utilisation d’armes à feu et de pouvoirs grâce aux différents personae, de nombreux aspects ont été modifiés, dans le but de rendre encore plus plaisant le système de jeu, mais aussi de le rendre encore plus organique.
A commencer par l’arriver du Showtime, une sorte de super attaque que chaque personnage possède en duo avec un autre personnages. Si ces possibilités d’attaques arrivent de façon aléatoire, elles se débloqueront à des moments précis du jeu. Il faudra de toute façon avoir avancé au moins à la fin du troisième palais pour voir arriver ces cinématiques aux dégâts colossaux.
Bien entendu il y aura des conditions de combats qui permettront de lancer cette capacité, comme le statut de l’ennemi, lors de la passation d’un personnage à un autre. Cette mécanique de passation a été d’ailleurs retravaillée et permet à l’ensemble du groupe en combat de pouvoir se passer la main et enchaîner ainsi 4 attaques d’un coup. Dévastateur lorsque chaque personnage possède une attaque puissante contre un ennemi.
A noter également le développement des coups techniques, qui permettront de faire des dégâts supplémentaires, mais aussi d’avoir un malus de notre côté. Effectuer une attaque technique sur un ennemi gelé pourra vous geler en retour.
Si on ajoute à cela un véritable équilibrage, avec par exemple nos chargeurs d’armes à feu remplis entre chaque combat, les personae qui sont désormais mieux conçus, l’ajout d’accessoires donnant des techniques supplémentaires, l’ajout d’objets utilisables dans les abris pour monter la jauge de SP, tout est pensé pour que l’on passe plus de temps sur chaque session dans les palais mentaux, afin de rendre plus efficace l’avancée, plus rapide, tout en proposant plus de contenu.
On a l’impression d’avoir non pas un simple ajout de contenu sur un jeu déjà excellent, mais une vraie nouvelle itération de l’ensemble, et le level design ainsi que le contenu supplémentaire vient encore compléter ce ressenti.
Lorsque le level design casse la routine du « déjà-vu, déjà fait »
Car oui, avec l’ajout du grappin dès le début du jeu, c’est l’ensemble des donjons qui ont été revus et corrigés, ajoutant des nouvelles pièces secrètes, de nouveaux chemins à emprunter pour évoluer dans le jeu. Chaque donjon propose de plus des graines, 3 par palais, à collectionner et qui vous permettront lors de son acquisition, de récupérer une partie de vos CP. Dès que vous récupérerez les trois graines, vous gagnerez de nouveaux accessoires que vous pourrez équiper sur vos personnages.
Ce qui est encore plus fort, c’est que les boss de chaque palais ont été revus, et proposent de toutes nouvelles phases de jeu. Eh oui, pour ceux qui pensaient partir à l’aventure avec votre soluce de Persona 5, vous allez devoir travailler, et de nouveau partir en quête de compréhension stratégique des affrontements. Une nouvelle fois, Atlus fait très fort et permet vraiment aux joueurs du jeu original de pouvoir prendre son pied sur Persona 5 Royal.
Ajoutez à cela aussi de nouvelles mécaniques liées aux ennemis, comme des variantes de personae, reconnaissables par un aspect scintillant, qui contre attaqueront dès que vous leur assénez une attaque. Cependant, si vous arrivez à les vaincre, ils feront une explosion qui toucheront l’ensemble des autres adversaires du combat. Il y a un véritable renouvellement tactique sur l’ensemble du titre qui est vraiment plaisant.
Et nous n’avons pas parlé encore des mementos, éléments au potentiel énorme sur Persona 5 qui ne s’était au final que résumé en mini quêtes où l’on allait poutrer du monstre entre deux palais. Eh bien, maintenant, vous retrouverez des quêtes secondaires au sein même du memento, la possibilité d’obtenir des tampons sous la forme d’étoiles, qui offriront des modificateurs lors des palais, tout cela grâce au mystérieux Jose, un croisement entre un enfant et caliméro…
Encore une fois, que dire de plus ? Nous nous retrouvons face à une version ++ de ce qui était déjà présent. Un vrai plaisir pour les nouveaux joueurs qui auront droit à la version définitive, et une redécouverte de quasiment tout instants pour les fans de la première heure.
Quid du français ?
Comme nous le disions au début de ce test, Persona 5 Royal propose pour la première fois de la série, une traduction française intégrale. Que ce soit les textes, les menus, tout y est maintenant adapté en français. On ne peut que tout d’abord féliciter l’équipe qui a dû travailler dure pour traduire un jeu aussi long au nombre de dialogues et de textes aussi nombreux. Bien entendu, on a quelques pinaillages à faire, qui sont plutôt des questions de goûts personnels.
Car nous avons à faire ici à une pure traduction et non une adaptation du jeu dans la langue de Maurice Leblanc. Il y a donc certaines questions en cours par exemple qui restent très ancrée dans la culture et la société japonaise, que si on ne connaît pas, on se trompera forcément. Si on aime que l’ensemble des dialogues retranscrivent très bien les personnages et leur personnalité, certaines lignes sont traduites un peu mot à mot, ce qui n’est pas non plus dramatique. On a vu d’ailleurs pendant notre session de jeu que 2-3 coquilles d’espacement de mots, donc pour vous dire, on cherche vraiment la petite bête.
La question de l’interface par contre peut lancer un débat un peu houleux, notamment car tout n’a été traduit qu’en partie en réalité. Certains aspects sont restés en anglais, peut-être par dynamisme et contrainte (comme les weak ou block animé), tandis que d’autres expressions ont été totalement traduites. Et pour des questions de lisibilité, on a un peu de mal avec les notions Fb et Fo pour force et faiblesse d’un persona contre tel ou tel élément. Les deux se ressemblent en effet plus que les équivalents anglais.
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