Phoenix Springs est le premier jeu de Calligram Studio, et surtout un projet de longue date. Initialement lancé via un Kickstarter, le titre aura pris la bagatelle de 7 ans de développement, avant de finalement débarquer en ce 7 octobre sur PC, alors qu’il devait arriver de base le 16 septembre dernier. Un petit report qui a permis sans doute à cette petite équipe indépendante de peaufiner les derniers détails avant le lancement final.
Et pourtant, entre un projet qui a été maintes fois repris de zéro que ce soit sur la direction artistique ou un scénario qui a été réécrit moult fois, ce n’était pas nécessairement gagné d’avance. Mais ça y est, le jeu est enfin disponible uniquement sur PC et que dire, si ce n’est que Phoenix Springs a un enrobage autant enthousiasmant que très maladroit et inégal sur bien des aspects.
Conditions de test : Nous avons terminé Phoenix Springs en 4 heures de jeu, en s’aidant un peu de la solution fournie par le développeur sur son site officiel. Nous avons ensuite fini le jeu une seconde fois, afin d’essayer de comprendre certains aspects de l’histoire, presque en vain. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50 Ghz).
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TogglePhoenix Springs, un monde si mystérieux et brouillon
Il est dans un premier temps difficile de jauger la narration de Phoenix Springs, nous plongeant dans un univers Neo Noir très atypique. Le soft débute avec votre protagoniste, Iris, dans un train et partant dans une investigation. En effet, notre héroïne part à la recherche de son frère, tout en se rabâchant qu’elle sait où cela va finir. Ce sont sur ces premiers instants que Phoenix Springs parvient à nous captiver instantanément. La production de Calligram Studio arrive même à nous proposer une mise en scène onirique et très énigmatique, exacerbant notre envie d’en voir plus sur le fin mot de l’histoire. Même la psychologie de Iris est intéressante de bout en bout, mais tout n’est finalement pas parfait.
A force d’avoir réécrit des tonnes de fois son synopsis, le développeur nous offre hélas, de fil en aiguille, une narration beaucoup trop décousue, nous faisant complètement passer à côté de l’empathie qu’on essaye pourtant de nous faire ressentir. Entre des dialogues un peu trop pompeux mais aussi une cohérence discutable et partant dans tous les sens jusqu’à la fin, le studio aurait pu aller à l’essentiel ou à minima, proposer une fin à interprétation comme certains titres arrivent à le faire brillamment (Limbo voire la licence Little Nightmares par exemple). C’est regrettable, dans la mesure où certains protagonistes que l’on croise sont intéressants par leur côté mystérieux, mais pas assez exploités en profondeur et ne servant à pas grand chose finalement.
Pourtant, le jeu a tout pour plaire avec quelques séquences sympathiques, mais vite tuées dans l’œuf presque dans la foulée. En effet, en plus de ramer pour tenter de comprendre le personnage d’Iris et son amnésie chronique, voire la trame dans son entièrement, nous avons la désagréable sensation que l’histoire nous repousse directement et sans sommation. Comme si Calligram Studio avait bien trop peur de tout nous dévoiler d’un coup, et préférait donc laisser beaucoup trop planer le mystère pour un rien. Et même si nous parvenons à déchiffrer plus ou moins le thème abordé, nous sommes forcés de constater que le soft risque un peu trop de laisser les joueurs sur le bord de la route.
S’il y a bien une chose que l’on ne pourra lui enlever, c’est incontestablement son habillage artistique qui transpire la passion. Avec des visuels dessinés à la main et des tableaux qui nous laissent pantois, le titre est une pure réussite sur cet aspect. Vadrouillant entre des bâtiments abandonnés depuis des lustres, en passant par un désert voire l’énigmatique village de Phoenix Springs à la communauté très étrange, c’est de là que le jeu arrive à puiser toute sa force avec des décors diversifiés, sublimes et nous plongeant à mi-chemin entre du drame et de la science fiction. Vous l’aurez compris, la forme y est, mais pour ce qui est du fond on repassera et il se peut que l’inexpérience de ce développeur indépendant y soit pour quelque chose.
Mener l’enquête, une riche idée si mal exploitée
Vous l’aurez sans doute compris dans le titre de notre test, Phoenix Springs opte pour la carte du point’n’click en matière de gameplay, tout en modernisant habilement sa mécanique de jeu. Outre le fait qu’il faille cliquer pour faire avancer notre personnage, sachez que la résolution des puzzles se fera par contre à la manière d’un jeu d’enquête. En interagissant avec le décor ou en discutant avec certains personnages, vous débloquez à chaque fois des indices. Ces derniers, via un menu parfaitement clair, pourront ensuite être utilisés et combinés avec le personnage ou l’objet du décor, afin de pouvoir progresser à travers le jeu.
Il faut le dire, le gameplay fonctionne, et permet effectivement de dépoussiérer un tant soit peu le genre du point’n’click. Qui plus est, cela évitera aux joueurs de s’encombrer d’objets pour un rien, et ainsi passer des heures à essayer de trouver une solution. Tout ceci est donc plaisant, et la plupart des puzzles demandent finalement une certaine logique, et surtout de prêter attention aux moindres phrases que vous fournissent certains protagonistes lors de votre progression dans votre périple qui flirte entre l’imaginaire et le réel. On prend un malin plaisir à vadrouiller sur chaque tableau, et dénicher le moindre indice qui pourrait être utile à terme, voire parfois pas du tout.
Car oui, Phoenix Spring s’amuse parfois à brouiller les pistes sur la progression, et peut être pas dans le bon sens. Il pourrait vous arriver de rester parfois bloqué sur certains passages, montrant que le soft est quand même un minimum tarabiscoté pour pas grand-chose. Certaines énigmes sont parfois en dessous, au point que l’on souffle fort lorsque l’on trouve enfin la solution soit seul, soit via la soluce fournie par les développeurs sur leur site officiel, et qui est d’ailleurs accessible pour tous le monde le jour de sa sortie. Il y aura également quelques aller-retours qui feront clairement grincer des dents. Il faut bien admettre que les développeurs n’étaient peut être pas confiants sur la difficulté de leur jeu.
Tous ces éléments finissent par ternir l’expérience, au même titre que la navigation ou son exploration globale. Le premier point montre une imprécision agaçante en termes d’interface, nous forçant à devoir nous y reprendre à deux fois pour arriver à combiner un indice avec l’élément du décor souhaité. De plus concernant l’exploration, elle est finalement limitée et l’utilisation d’autres indices secondaires ne sert juste à rien, et n’est pas réellement au service du lore qui n’est déjà pas assez exploité de base. Cependant et on pourra néanmoins le reconnaitre, la recherche des indices et la résolution des énigmes par l’environnement restent quand même chouettes même si l’évolution du gameplay est hélas inexistante. Enfin côté rejouabilité, n’attendez rien de Phoenix Springs qui se boucle rapidement, et n’offre rien de plus même en parlant à d’autres personnages que l’on aurait zappé sur une première partie.
Le Neo noir, ça vous gagne
Comme expliqué un peu plus haut, le bébé de Calligram Studio tire toute sa forme sur sa technique, époustouflante. Bien que le titre tournant sous Unity ait mis plus de sept ans à prendre forme, force est de constater que l’habillage graphique est clairement sans accroc. C’est fluide, la plupart des tableaux et panoramas visités se dotent d’une esthétique dessinée à la main qui fait mouche, et le titre arrive facilement à nous entrainer dans son univers si particulier. Cet aspect Néo Noir est donc une pure réussite, avec qui plus est une animation terriblement fluide et bien optimisée.
Même la bande-son au global, parvient à nous mettre d’accord. Bien que l’on sente le manque de budget avec notre protagoniste Iris, qui est le seul personnage doublé, et devant tout le temps commenter ce que vous rapportent la plupart des protagonistes auxquels vous parlez, il faut dire que sa performance est de bonne facture. Idem pour le compositeur des musiques du soft, qui se donne les moyens pour nous immerger bien comme il faut avec une bande-son très mystérieuse qui fait le boulot. En revanche et vous vous devez d’être au courant, le soft n’est qu’en anglais uniquement, ce qui devrait hélas rebuter les anglophobes. D’autant plus qu’une bonne compréhension de la langue est nécessaire, notamment pour comprendre certaines phrases un peu alambiquées (pour pas grand chose d’ailleurs).
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