C’est en 2001 que les Pikmin sortent de terre sur Gamecube. Pourvu d’un concept original et d’un design attrayant, très coloré, ce premier opus fait pratiquement l’unanimité. Une nouvelle licence à succès de Nintendo est née. Trois ans plus tard, c’est au tour d’un second volet, qui confirme toutes les espérances des joueurs. La série est en marche et promet, à défaut d’une évolution fulgurante, d’offrir de bons moments et de chouettes casse-têtes à chaque nouvelle itération.
Il faudra néanmoins attendre neuf ans pour que Pikmin 3 fasse son apparition, après que Nintendo se soit un peu reposé sur ses acquis avec la Wii. Le problème, si l’on peut parler ainsi, c’est que ce volet débarque sur Wii U, console mal aimée dès ses premiers jours. Ainsi, son succès est plus qu’incertain, à l’image des autres exclusivités de la machine, qui ne se bousculent d’ailleurs pas au portillon. Il aura fallu attendre la Switch pour que cette petite injustice soit réparée.
Après Mario Kart 8 Deluxe ou Donkey Kong : Tropical Freeze, et en attendant Super Mario 3D World + Bowser’s Fury, voici que la firme au plombier moustachu fait revenir d’entre les morts le troisième volet de la série susnommée. Le 30 octobre débarque Pikmin 3 Deluxe, une version améliorée de l’épisode Wii U qui a même le bon goût de proposer du contenu inédit. Tâchons de voir ensemble si la sauce prend toujours aussi bien après sept longues années.
Conditions du test : Nous avons joué près de quinze heures au titre. Douze sur une Switch classique, principalement sur TV, et trois sur un modèle Lite. Ce fut largement suffisant pour faire le tour exhaustif du contenu de cette nouvelle édition.
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ToggleDes débuts prometteurs
C’est en 2013 que débarquait Pikmin 3 sur Wii U. Le titre est alors bien reçu, même si la presse s’accorde à dire que quelques petits détails manquent, que Nintendo ne s’est pas pleinement aligné sur la proposition contemporaine de la concurrence. Pas de multijoueur en ligne, pas de coopération sur le mode Histoire, et globalement un contenu assez pauvre pour une durée de vie qui ne dépasse pas la douzaine d’heures de jeu. Des menus détails, certes, qui n’entachent pas le constat général : ce nouveau volet est une franche réussite.
Visiblement, Big N est plutôt content de cette réception critique, à moins que ce ne soient les ventes qui réjouissent la firme nippone. Quoi qu’il en soit, un quatrième volet est rapidement mis en chantier, et son développement aurait déjà bien avancé en 2015. Seulement voilà, cela fait cinq ans, pratiquement jour pour jour, que Shigeru Miyamoto a pris la parole sur le sujet, et ce tant attendu Pikmin 4 n’a toujours pas été dévoilé. Espérons que le portage du troisième volet soit finalement un moyen de prendre la température, de relancer l’intérêt autour de la série, avant une annonce plus enthousiasmante.
Mais ne soyons pas mauvaises langues, car Pikmin 3 Deluxe est tout de même pétri de bonnes intentions. Les premières heures de jeu étaient d’ailleurs plutôt prometteuses, comme nous vous l’indiquions dans notre preview au début du mois. Ce que l’on retenait alors, c’est principalement que certains défauts pointés du doigt à la sortie du titre original ont indéniablement été corrigés. Ainsi, on commencera par parler d’une caméra plus éloignée du sol, qui offre une bien meilleure lisibilité de l’action, et permet de trouver son chemin plus facilement dans les dédales de couloirs que représentent les niveaux.
Dans le même ordre d’idée, on notera ses graphismes qui ont subit un petit coup de chiffon. Exit quelques textures parfois bien baveuses de l’épisode de 2013, l’aliasing omniprésent, ou encore les quelques couleurs parfois un peu trop criardes. Cette édition Deluxe est un brin plus jolie, sans aller jusqu’à surprendre, offrant au titre un ravalement de façade très paresseux, mais néanmoins nécessaire. Le développeur a aussi ajouté un système de lock qui rend beaucoup moins fastidieuse l’utilisation de nos Pikmin.
Ce qui tombe plutôt bien puisque cette édition se dote d’un mode coopératif, à deux sur le même écran, pour le mode Histoire. Une riche idée qui ne rend pas la tâche plus facile, loin de là, puisque les contrôles avec un unique Joy-Con ne se prennent clairement pas en main instantanément. On peut le dire, en difficulté standard, le seul moyen que vous avez de ressentir un quelconque challenge est bien de jouer à deux. À ce niveau, heureusement, le titre embarque aussi deux modes supérieurs, Difficile et Super Piquant, sans quoi les habitués de la série se seraient peut-être un peu ennuyé en solo.
Un challenge ? Quel challenge ?
L’aventure de Pikmin 3 change quelque peu de celle des deux précédents, sans pour autant renouveler véritablement le concept. Alors que l’on jouait le célèbre capitaine Olimar par le passé, voici que l’on découvre ici trois nouvelles têtes. Un choix qui n’est pas anodin, puisqu’il va falloir jongler avec chacun de nos explorateurs pour parvenir à résoudre certaines des énigmes proposées par l’histoire. Et ce en se servant par ailleurs de ces petites créatures mignonnes et colorées que sont les Pikmin, qui peuvent autant servir à tuer des créatures hostiles qu’à ramasser des objets au sol.
Ne vous attendez évidemment pas à un scénario exceptionnel, puisque comme dans les précédents volets, celui-ci n’est que prétexte à nous faire parcourir différentes zones de jeu. Cela étant, on notera que les gags sont toujours de la partie et font assez souvent mouche ; bien que l’humour s’adresse clairement au plus grand nombre, enfants compris. Il se dégage d’ailleurs de ce volet une ambiance très mièvre, comme toujours, qui sonne comme une véritable bouffée d’air frais au sein de la proposition vidéoludique de cette fin d’année. Mais, bien sûr, elle ne sera pas du goût de tous.
Heureusement pour les plus jeunes, le titre ne manque pas de didacticiels, qui s’affichent par paquets à mesure que l’on progresse dans les premières minutes de l’aventure. Il faut au moins cela pour intégrer sereinement le gameplay de Pikmin 3, qui n’est certes pas compliqué, mais regorge néanmoins de petites subtilités. Les connaisseurs, ou les plus confiants, peuvent quant à eux jouer sans ces indications récurrentes, en allant simplement décocher une case dans les options. Ce que l’on ne conseillera pas pour la première run, même aux connaisseurs.
À défaut d’être très complexe, la série a tout de même ses mécanismes bien à elle. Ainsi, le néophyte, qu’il soit amateur de jeux de stratégie ou non, risque d’être un peu perdu lors de ses premières heures. Quant aux énigmes et aux différents combats de boss, assez peu nombreux il faut le souligner, il n’est pas toujours facile de comprendre du premier coup où l’on est censé aller, ce que l’on est censé faire. Un bon point, que l’on nuancera cependant, puisque quel que soit le mode de difficulté, il subsiste toujours des notes non loin d’un nouveau challenge pour nous dégrossir le travail de compréhension. Voire, le plus souvent, nous donner toutes les clés.
C’est peut-être là le plus gros reproche que l’on pourrait asséner au titre : il ne surprend jamais vraiment. Alors certes, vous allez évidemment faire face à quelques moments de réflexion intense si vous débutez la série avec ce volet. Mais une fois toutes les mécaniques convenablement digérées, seuls les boss représenteront de petits challenges. Et encore, l’unique véritable problème qu’ils vous poseront résidera dans le fait qu’ils sont les monstres les plus dangereux pour vos Pikmin. Or, il n’est jamais bien compliqué ni long de faire grossir ses rangs en amassant des jetons disséminés dans les environnements, ou en ramenant des créatures mortes au campement. Idem, la contrainte imposée par la nourriture laisse énormément de temps, et donc ne fait jamais monter la pression pourtant teasée.
Prise de risque : zéro
Globalement, l’histoire n’oppose donc que peu de résistance et se bouclera en huit à dix heures selon votre niveau. Vous pourrez choisir de revenir dans les zones déjà explorées pour y dénicher tous les fruits, parfois habilement dissimulés. Mais cela ne fera guère grossir la durée de vie de l’aventure que de deux heures. En dehors de cela, Pikmin 3 Deluxe embarque les deux autres modes de jeu que proposait l’original, à savoir Missions et Duel Bingo. De quoi rester un peu plus longtemps accroché à sa Switch, principalement pour le scoring, bien que l’on regrettera clairement les objectifs trop basiques et communs de ces activités secondaires.
La grosse nouveauté de cette version Switch, c’est un mode inédit, nommé Histoire Annexe. Et bonne nouvelle, on y incarne ce bon vieux capitaine Olimar, ainsi que son étrange acolyte hyperactif, Louie. L’ennui, c’est que cet ajout n’est finalement qu’une redite des objectifs chronométrés déjà proposés dans le mode Missions, sous couvert d’une pseudo histoire mettant en avant le héro des premiers jeux. Clairement, cette fonction scénaristique est sommaire, pour ne pas dire inexistante, et ces niveaux ne valent finalement que pour le challenge relevé qu’ils nous opposent sur la fin.
C’est dommage, puisqu’en y regardant de plus près, cette nouvelle version de Pikmin 3 n’embarque finalement de neuf qu’une poignée d’améliorations, ainsi que son mode Histoire Annexe relativement anecdotique. Heureusement que celui-ci peut être joué à deux, ce que l’on conseillera d’autant plus que certains objectifs sont assez complexes. Atteindre la note maximale dans chaque mission est compliqué, surtout en solo. Seul véritable bon point pour cette nouveauté en somme. Enfin, dernier regret bien que le choix de Nintendo soit compréhensible, il n’y a toujours pas de multijoueur en ligne. Ce qui signifie que si vous n’avez personne sous la main pour jouer sur le même écran que vous, vous devrez vous contenter du solo.
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