La Nintendo Switch entre doucement mais sûrement dans ses dernières années de vie. Après s’être écoulée par palettes entières entre 2017 et 2022, elle connaît désormais une baisse logique de son rythme de ventes. Pourtant, nous ne connaissons rien des intentions du constructeur pour la suite. Une nouvelle console verra-t-elle le jour ? Sera-t-elle très différente de la Switch ? Et intégrera-t-elle la rétrocompatibilité ? Autant de questions qui ne trouveront pas de réponses aujourd’hui. En attendant, vous reprendrez bien un peu de jeux Gamecube, n’est-ce pas ? Pourquoi pas, après tout, d’autant que Pikmin, bien que ne manquant pas de défauts, demeure un classique du support.
Un support qui perd, petit à petit, ses exclusivités marquantes, pour le plus grand bonheur de ses fans. Et ils sont nombreux ! Bien sûr, Super Mario Sunshine est à part, puisque son portage Switch ne fut disponible qu’en édition limitée, vendue sur un temps donné, s’arrachant désormais à bon prix sur le net. Mais en ce qui concerne Metroid Prime, la killer-app de la console cubique, c’est bien différent. Non seulement le jeu est dispo sans limite de temps sur l’eShop, et s’est offert une version physique, mais en plus, il est proposé à petit prix. Une tactique que Nintendo réitère avec Pikmin et Pikmin 2, sortant séparément au tarif de 29,99 euros, ou en bundle pour 49,99 euros.
L’occasion pour nous de revenir, séparément, sur ces deux jeux un peu particuliers, que personne n’avait vu venir à l’époque, et qui ont pourtant su marquer toute une catégorie de joueurs. Pikmin, c’est à la fois de l’aventure, de la stratégie, et de l’émotion, le tout fondu dans un visuel attrayant, coloré, reconnaissable entre mille. En attendant le quatrième volet, qui s’annonce un brin plus ambitieux que ses prédécesseurs, revenons aux fondamentaux, revenons à Pikmin premier du nom. Le temps de parler nostalgie, console cubique, mais aussi évidemment, d’aborder les forces et faiblesses de cette édition remasterisée.
Conditions de test : Nous avons passé près de huit heures sur Pikmin, ce qui fut nettement suffisant pour faire un tour exhaustif de sa campagne, et pour venir à bout d’une bonne quantité de ses défis annexes. Bien qu’il y ait prescription, ce test est garanti sans spoiler.
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ToggleLa console de tous les amours
Ah la Gamecube. Une console que peu ont possédé, mais que beaucoup affirment aimer du plus profond de leur cœur. Et il faut les comprendre ! Cette machine, bien que s’offrant un design ne faisant pas l’unanimité, embarque une ludothèque mythique. Des jeux qui, eux non plus, ne font pas l’unanimité, même chez les fans de la marque. Notamment Super Mario Sunshine (encore lui), dont la proposition aura déçu certains joueurs, après l’incroyable Super Mario 64 qui a révolutionné la Plateforme 3D. Ou même Baten Kaitos qui, malgré des qualités saluées chez toutes les rédactions du monde, aura souffert de sa lenteur et de ses protagonistes mal doublés… mais je m’égare.
Parmi toutes ces pépites, s’arrachant désormais à prix d’or sur internet, on trouve une série un peu à part. Pikmin a débuté sa carrière sur Gamecube, à une époque où l’on croyait que Nintendo n’avait plus aucun intérêt à sortir des sentiers battus, à s’ouvrir à de nouvelles franchises. C’était (comme souvent) sans compter sur Shigeru Miyamoto et son imagination débordante, souhaitant une nouvelle fois s’écarter de ce que le catalogue de Big N proposait, pour une expérience unique, lorgnant à la fois sur le jeu d’aventure en 3D et sur la stratégie en temps réel. Un pari risqué.
Risqué, oui, mais cela fut payant. Sur la durée, certes, mais payant malgré tout. Le premier volet aura dépassé le million suite à son portage sur Nintendo Wii, ce qui demeure honorable pour une nouvelle franchise. Ce qu’il faut dire, par ailleurs, c’est que Pikmin s’est constitué, bien malgré lui, une solide communauté de fans. Et n’allez pas croire qu’il n’y a que des casual gamers dans le lot ! On imagine que Nintendo tient beaucoup à cette licence, ce qui pourrait expliquer le retard qu’accumule Pikmin 4, tout de même annoncé en 2015. Cette notoriété toute relative, la série l’a acquise dès son premier volet, pourtant bien loin d’être parfait.
Une histoire de concept
Dans Pikmin, vous incarnez le capitaine Olimar, fier possesseur d’un magnifique vaisseau spatial, voguant à travers l’espace jusqu’à ce qu’un événement fâcheux le fasse s’écraser sur une planète inconnue. Ce qui n’aurait pas posé tant de problèmes si ladite planète possédait une atmosphère respirable par ce petit personnage que l’on assimilera à un humain. Et si son vaisseau, tout moderne qu’il soit, ne s’était pas séparé de trente pièces toutes plus importantes les unes que les autres au cours de sa chute. Heureusement, vous n’êtes pas seul.
Si cette planète étrange regorge de vie, principalement hostile, elle héberge aussi une espèce qui viendra rapidement en aide à Olimar, et sera sa seule porte de sortie : les Pikmin. De petites créatures, ressemblant à des bulbes de couleurs vives, rouges, jaunes, et bleus, sortant de plus gros bulbes, que notre capitaine assimilera à des oignons, et leur permettant de suivre ce dernier dans les airs. Ça fait beaucoup d’informations à ingurgiter en une fois, pourtant, vous pouvez me croire sur parole, ça semble parfaitement logique manette en main.
Pour se sortir de ce mauvais pas, et sachant qu’il ne lui reste que trente jours de réserve d’oxygène, Olimar va donc devoir compter sur les Pikmin. Ces petites créatures qui, seules, sont bien inoffensives, peuvent rapidement devenir de redoutables adversaires une fois en groupe. Et si elles semblent globalement incapables de réfléchir seules, leurs couleurs et leurs esprits s’éteignant presque lorsque le capitaine les congédie, elles font cependant preuve d’une abnégation sans faille. Au point de donner leur vie sans sourciller pour ce parfait inconnu.
Ce que cela signifie, c’est donc que vous avez leurs vies entre vos mains. À vous d’en faire bon usage. Après un tutoriel plutôt simpliste, qui vous apprendra tout ce que vous devez savoir sur ces créatures et la manière de les diriger, vous êtes lâchés dans le grand bain, avec pour seul objectif de récupérer toutes les pièces du vaisseau s’étant égarées. Une tâche que vous pourrez boucler en une poignée d’heures seulement, entre quatre et six selon votre habileté, votre organisation, et votre compréhension des règles un peu particulières qui régissent la faune, la flore, et les Pikmin.
La plus grande force du jeu, et c’est toujours valable en 2023, sur cette version Nintendo Switch, c’est le dépaysement qu’il procure. Pikmin ne ressemble à aucune autre expérience vidéoludique, avec son visuel coloré, sa bande son douce et parfois menaçante, son ambiance inimitable… non, même l’excellent Tinykin n’est pas capable de copier la franchise de Nintendo, ce qui demeure, encore aujourd’hui, une excellente chose. Ainsi, ce jeu à la proposition originale ne laissera personne de marbre, et divise clairement les joueurs en deux catégories : ceux qui adorent, et ceux qui détestent.
Miyamoto et son sens pratique
À titre personnel, je suis toujours soufflé lorsque je relance Pikmin, qui est un jeu que j’aime profondément. Parce que malgré le poids des années, qui commence à peser sur la magie qu’il dégage, notamment en accentuant ses défauts, ce premier volet demeure un modèle de game design. Ce que le jeu ne nous explique pas via le journal d’Olimar (bien écrit et souvent amusant), il nous le fait comprendre grâce à son level design, à la forme de certains objets, ou à leur couleur. Mais il pousse le vice jusqu’à contraindre le joueur à expérimenter. On apprendra à nos dépends que les Pikmin rouges et jaunes sont incapables de nager, par exemple.
Dommage que le titre soit si court, qu’il ne raconte pas grand chose et que les possibilités d’expérimentation, avec ces trois seules couleurs de Pikmin, soient si peu étendues. Mais pour une première tentative, le résultat est une franche réussite. Le comportement de ces petites créatures y est pour beaucoup. Il est d’ailleurs toujours amusant de constater combien les joueurs s’attachent facilement à ces êtres de pixels. Une condition favorisée par des bruitages reconnaissables, notamment lorsqu’un Pikmin rend l’âme. Malheureusement, il faut reconnaître que le gameplay aux joysticks a pris un coup de vieux certain.
Dépendant de mécaniques vieilles de plus de vingt ans, Pikmin souffre d’un sérieux manque de précision, et ne s’offre aucune aide à la visée ou autre amélioration sur cette version remasterisée. L’expérience est authentique, peut-être un peu trop d’ailleurs, au point qu’effectivement, on a l’impression tenace de jouer sur Gamecube. Avec une meilleure manette, cela dit, car les joysticks d’époque n’aidaient pas niveau précision, notamment dans la gestion de la caméra. Une caméra relativement libre, du moins dans les deux seuls angles de vue qu’elle offre. Un troisième n’aurait pas été de trop, pour permettre de voir au loin par exemple…
Mais certaines imperfections font le charme d’une expérience, et l’imprécision des contrôles de Pikmin rentre dans cette catégorie. Sans elle, aucun véritable challenge, d’ailleurs. Cela dit, pour les joueurs qui préfèrent viser juste, ou ceux qui ont connu la Nouvelle Façon de Jouer sur Nintendo Wii, cette version remasterisée embarque, à l’instar de Metroid Prime Remastered, le gameplay façon Motion Gaming. Bonne ou mauvaise chose ? Plutôt bonne, bien que comme toujours avec cette façon de se servir d’une manette, certains détestent, d’autres adorent… Entre les deux, il y a un monde de possibilités que Pikmin n’exploite pas à fond, malheureusement.
Le résultat demeure satisfaisant, mais nettement perfectible, et pourra dérouter ceux qui ont appris à connaître la franchise avec Pikmin 3 Deluxe, qui était un peu plus facile à prendre en mains. Cela dit, malgré un level design inventif, c’est surtout par sa taille que l’aventure déçoit. Les cinq zones à explorer ne sont pas bien grandes, et elles laissent la tenace impression de nous cloisonner, malgré le fait qu’elles se passent (pratiquement) toutes en plein air. Venir à bout des challenges qu’elles proposent pour récupérer les pièces du vaisseau est grisant, certes. Nonobstant, on a la sensation de n’avoir eu droit qu’à la moitié de l’expérience en arrivant aux crédits de fin.
Enfin, il semble de bon ton de parler de la remasterisation dans ce qu’elle a de plus brut. Visuellement, cette version Switch de Pikmin semble très proche de l’originale. Les textures ont été affinées, effectivement, mais là encore, on a l’impression tenace de tâter un jeu Gamecube. Le coup de chiffon est bien moins visible que chez un Metroid Prime Remastered. Heureusement, la bande sonore n’a pas pris une ride, et de manière générale, le charme d’époque opère toujours malgré ce portage sans fioriture… décidément, on aura beaucoup parlé de charme dans ce test !
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