On ne peut pas le nier, les jeux épisodiques ont le vent en poupe depuis quelques années, notamment grâce aux productions Telltale Games qui ont su marquer les esprits avec The Walking Dead ou The Wolf Among Us. Si le succès est au rendez-vous dans la plupart des cas, la recette reste globalement inchangée et commence à accuser le poids des années. C’est dans ce contexte qu’interviennent les équipes du talentueux studio Daedalic Entertainment, qui ont l’idée d’adapter le roman de Ken Follet, Les Piliers de la Terre, sous la forme d’un jeu épisodique agrémenté de choix. Couplé du savoir-faire de Daedelic en matière de point’n click avec la volonté d’adapter un roman gigantesque de 1200 pages en fiction interactive, Les Piliers de la Terre pose les bases d’un projet ambitieux, prévu pour le 15 août sur consoles et PC. Voici le début d’une épopée qui s’annonce grandiose.
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Avant toute chose, il faut signaler que ce test ne sera pas celui d’un lecteur du roman. Il n’est pas question de traiter de la qualité de l’adaptation, mais de celle du jeu en lui-même. Cependant, il est important de signaler que selon les dires de l’auteur Ken Follet, le jeu proposerait des intrigues qui peuvent différer de l’œuvre originale, selon les choix que vous prendrez. Bien évidemment, cela peut aller de la simple ligne de texte à un événement crucial, mais il est difficile de juger cette caractéristique pour un novice de cet univers, surtout dès le premier épisode.
Pour les non-initiés au roman de base, un résumé s’impose. L’intrigue se déroule en Angleterre durant le XIIe siècle, et plus précisément autour du prieuré de Kingsbridge, là où les routes des différents personnages s’entremêlent. Face à l’absence d’héritier au trône, deux prétendants se disputent la couronne, divisant le pays en deux factions. Au milieu de ce jeu de pouvoir et de ces batailles sanglantes, le prieuré de Kingsbridge se retrouve dans une position délicate, manquant de moyens alors que sa cathédrale tombe en ruine. La reconstruction de ce lieu posera alors de nombreuses questions et causera une certaine agitation, tandis que les personnages se livrent à différentes intrigues amoureuses, familiales et meurtrières.
Les bases de la fondation
Dans ce premier acte, vous ferez la rencontre de trois des personnages principaux, que vous incarnerez à tour de rôle. Tom le Bâtisseur, que vous contrôlerez en premier, est un père de famille dévoué et attentionné, prêt à tout pour les siens mais rêvant de construire un édifice glorieux, quitte à refuser les petits boulots qui lui permettraient pourtant de manger. Il fait rapidement la rencontre de Jack, un petit garçon sauvage qui vit avec sa mère dans la forêt. Curieux et débrouillard, Jack projette lui aussi de participer un jour à la construction d’un grand édifice aussi magnifique que celui d’une cathédrale, mais connaît peu de choses en dehors de sa forêt natale. Ces deux-là finissent par croiser la route du moine Philip, qui essaye de résoudre les problèmes de gestion du prieuré de Kingsbridge, non sans embûches.
Le point fort des Piliers de la Terre est sans aucun doute celui de nous faire changer de point de vue constamment, en nous basculant entre ces trois personnages aux caractères bien différents, et surtout aux objectifs divergents. On finit par vite s’attacher aux protagonistes, avec une mention particulière pour le moine Philip, qui a droit à une écriture tout à fait soignée, faisant de lui un personnage captivant. Les autres ne déméritent pas non plus, mais ce premier acte met vraiment l’accent sur ce personnage, qui se retrouve mêlé malgré lui à une intrigue politique plus grande qu’il ne pouvait l’imaginer. Confronté à une situation complexe, il est souvent celui qui est à l’origine des choix les plus difficiles pour le joueur.
Des choix et des hommes
En parlant de choix, cette mécanique de dialogue s’appuie totalement sur la recette appliquée par Telltale dans ses jeux. Pas de surprise de ce côté-là, mais il faut noter que certaines décisions sont amenées de façon plus subtile, ce que l’on peut accréditer à l’écriture remarquable, sûrement héritée du roman original. En plus de ces choix de dialogues, certaines de vos actions seront à réaliser avec la plus grande des minuties. Dévier de votre objectif initial pour aider un personnage pourra par exemple vous être bénéfique par la suite, lorsque ce personnage interviendra dans la trame pour vous aider à son tour, se rappelant de ce que vous avez fait pour lui. Il en est de même si vous avez oublié ou si vous avez manqué une interaction avec un personnage en particulier. Cet oubli ou cette inattention pourra vous retomber dessus, et on ne conseillera que trop bien de parler avec le plus de monde possible.
Pour vous rendre compte de tout cela, on retrouve un tableau récapitulatif de vos choix à la fin de chaque chapitre – au nombre de sept, vous révélant alors que certaines de vos actions peuvent possiblement avoir des conséquences sur la suite des événements. Comme nous l’avons précisé, juger de cet impact serait trop hâtif pour le moment, mais il sera intéressant de voir si l’intrigue pourra être complètement bouleversée, contrairement aux jeux à choix de ces dernières années. On peut néanmoins noter qu’à l’apparition de ce fameux tableau récapitulatif, le poids de nos actes est parfois lourd à porter, même si ces derniers pourraient ne pas compter par la suite.
Quand le brouillard se lève…
Cette sensation provient aussi du fait que l’ambiance retranscrite ici est véritablement prenante. Les contrées de l’Angleterre du Moyen-âge sont magnifiquement illustrées par des dessins faits à la main, tous plus sublimes les uns que les autres. Les panoramas que nous offre chaque tableau sont remarquables, et teintent le jeu d’une aura et d’une personnalité sans autre pareilles. Il en est de même pour les personnages qui, malgré des animations quelques peu rigides, s’intègrent parfaitement dans ce décor. Si la direction artistique est aussi réussie et parvient à nous immerger complètement, c’est aussi parce qu’elle fonctionne de concert avec une bande-son tout simplement irréprochable. Les chœurs accompagnant les scènes dans le prieuré participent à rendre cet endroit aussi mystérieux que captivant, et l’ensemble de l’OST nous transporte magnifiquement au XIIe siècle, dans une ambiance parfois angoissante, presque oppressante à certains instants.
En plus de cette atmosphère réellement immersive, le jeu se démarque quelque peu des autres productions du même genre en embrassant davantage le gameplay des point’n click. Rien de très étonnant ici lorsqu’on se penche sur les travaux passés de Daedelic, devenu célèbre pour avoir édité et développé de nombreux jeux dans ce genre, à l’image du décapant Deponia. On peut donc interagir avec plusieurs objets et indices au fil de l’aventure, qui nous aideront à accomplir notre quête. Certains d’entre eux pourront aider à mieux comprendre le monde des Piliers de la Terre, comme la Bible de Philip. En sélectionnant son livre et en le pointant sur un objet, un bâtiment ou sur une personne, Philip peut nous livrer quelques informations et ses pensées. Il en est de même pour les indices, qui en étant pointés sur la bonne personne ou la bonne chose, peuvent nous donner accès à des pans de dialogues très utiles.
Malgré cela, il faut bien avouer que les énigmes restent très simples et ne poseront de problèmes à personne, ce qui n’arrange pas une durée de vie déjà un peu faible – comptez entre trois et quatre heures pour terminer cet acte. L’aspect point’n click est donc relativement limité, et il se résume bien souvent à quelques interactions seulement, probablement dans la volonté de guider plus directement le joueur dans l’avancée de l’intrigue.
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