Plus de 17 ans après la sortie de Pizza Connection 2 et 24 ans après celle du premier volet, les p’tits gars de Gentlymad Studios nous proposent de revenir aux sources et nous pondent un troisième volet. Assez surprenant finalement de voir un nouvel opus débarquer après autant de temps surtout en 2018, une ère où les studios optent plutôt pour des remasters et autres remakes de ces vieux jeux PC (Age of Empires parmi tant d’autres). Maintenant, voyons si ce n’est qu’une question de nostalgie et si l’on a une réelle avancée depuis le dernier épisode.
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ToggleMamma mia, Pizza Connection est de retour !
En 1994, la sortie de Pizza Connection (également sous l’appellation Pizza Tycoon) avait rapidement trouvé son public grâce à son approche créative pour la composition des pizzas, une gestion plutôt soignée et bien sûr, l’humour omniprésent. A l’époque, cela lui avait permis d’être l’un des jeux les plus innovants de son genre, même si depuis, il fait partie des titres que l’on a doucement oublié. Malheureusement, il ne suffit pas toujours de garder la même recette pour fonctionner et c’est ce que l’on retiendra de ce Pizza Connection 3.
Bien que non capitale pour l’avancée de votre progression, l’histoire de Pizza Connection 3 reste assez simple : suite à une lettre reçue d’un membre de votre famille décédé, vous héritez d’un camion à pizza. Il vous faudra alors trouver un emplacement et créer une carte pour plaire à vos futurs clients. Il existe six catégories de clients différents : personnes âgées, ouvriers, gros bonnets et j’en passe et l’on pourra alors confectionner nos propres pizzas avec un choix démesuré d’ingrédients : légumes, fruits, poisson et même des fourmis !
La campagne solo n’est en soit pas très approfondie sur la partie scénaristique mais sert avant tout de prétexte à vous apprendre les bases des mécaniques. Considéré comme étant un bon gros tutoriel pour la suite, celle-ci nous permettra tout de même d’approfondir certains aspects et nous faire voyager à travers plusieurs villes comme Rome, Paris, Londres, Sydney ou encore Berlin. Les environnements sont variés et il est plutôt chouette de pouvoir découvrir ces coins atypiques pour mettre à l’honneur nos talents de pizzaïolo. Un régal de pouvoir concocter de bons petits plats aux pieds de la Tour Eiffel.
Notre but sera alors d’investir notre propre pizzeria en partant de rien puis d’en faire un réseau dans les différentes villes du monde entier en entrant bien sûr en compétition avec les concurrents et en se démarquant de ces derniers, de manière légale… ou non ! Il faudra alors gérer nos prix, nos recettes, notre emplacement, la gestion du personnel, l’investissement, le budget, les heures d’ouverture et j’en passe.
Une Royale sans champignon s’il vous plaît !
La confection en elle-même n’a rien de compliqué et rassurez-vous, vous aurez à disposition un tutoriel pour vous aider dans chaque nouvelle étape de l’histoire. Pour chaque catégorie d’ingrédients, vous connaîtrez les préférences des clients, histoire de préparer une pizza à leur image. En revanche, ne mettez pas trop d’ingrédients par plat au risque de dépenser trop. Car évidemment, vous allez commencer au plus bas, et il faudra faire attention aux dépenses pour engranger le plus de bénéfices. Vous pourrez alors décider du prix de chaque pizza, en veillant bien sûr à ne pas faire trop cher au risque de se retrouver sur la paille.
Au début, en choisissant un bon emplacement pour votre camion pour attirer le plus de clients, vous devrez atteindre un seuil de bénéfices pour passer à la prochaine étape. Vous aurez à disposition les statistiques des ventes et tout ce qu’il faut savoir sur les clients les plus atteints et leurs préférences, vos bénéfices et pertes. En choisissant les horaires d’ouverture, vous serez juste spectateur et le service aux clients se fera tout seul. Vous comprendrez juste qu’il y a eu une vente lorsque votre argent augmente et qu’un client repart avec un billet vert au-dessus de la tête.
C’est enfin après ce seuil atteint, que vous pourrez emménager vos pizzas dans un local. En choisissant de reprendre les mêmes pizzas ou d’en confectionner d’autres – vous pourrez en faire à tout moment -, en décorant avec goût votre nouveau bâtiment et en embauchant vos nouveaux salariés, à vous les billets verts. Vous pourrez alors choisir deux créneaux horaires où pour chacun d’eux il vous faudra un chef de cuisine, un serveur, et un livreur. Vous aurez à disposition plusieurs candidatures pour chaque poste, à vous de faire le bon choix. Evidemment, le système sera le même, vous regarderez juste votre écran pendant que vos salariés feront tout le boulot. Bref, une micro-gestion plutôt complète et intéressante à première vue.
Alors qu’est-ce que je vous sers ? Surprenez-moi !
Dénué de mode multijoueur, tout de même assez dommage au vu du potentiel que l’on aurait pu avoir, on retrouvera également un mode libre où l’on passera assurément la majeure partie de son temps une fois la campagne bouclée. Ici, pas vraiment de restriction, on façonne la partie à son image et cela nous permet d’avoir une sacrée prise de liberté. On pourra alors choisir sa ville parmi celles pré-citées, le nombre d’habitants, le capital de départ, les concurrents autour de vous mais aussi la richesse de la population qui viendra forcément jouer sur la difficulté de votre partie. Assez complet, le système nous permet vraiment de créer la partie que l’on souhaite et se créer nos propres scénarios sans être contraints de réaliser tel ou tel objectif.
Ceci dit, si la gestion globale de l’environnement reste importante, la partie centrale réside bien sûr dans la gestion de son établissement et la création de nouvelles pizzas. Si les statistiques et les perspectives pour son restaurant sont assez complètes, on regrette quand même un certain degré de personnalisation absent. Bien sûr, on peut personnaliser son avatar, son logo, sa marque, mais les possibilités de customisation des bâtiments sont bien trop légères et l’on aurait clairement aimé d’autres décors ou des possibilités au niveau du mobilier.
Si Pizza Connection 3 peut se targuer d’avoir une bonne gestion globale de ses éléments (prix, recettes, économie), le bât qui blesse est au niveau des salariés. Trop peu d’informations nous sont livrées et l’on est cantonné au strict minimum. C’est dommage puisqu’ils vont rapidement faire partie du paysage au fur et à mesure que vous progressez et il aurait pu être sympa d’améliorer son personnel ou en savoir plus sur leur efficacité. Il y avait sans doute quelque chose à faire à ce niveau-là.
Même constat pour les services que l’on propose où l’idée de servir uniquement des pizzas est mitigée. Certes, encore une fois, il n’y a sans doute rien à redire sur cette partie, mais il aurait été sympathique si ce n’est logique, de pouvoir servir d’autres plats typiques de l’Italie pour des commandes « basiques » et surtout des boissons pour éventuellement proposer des menus complets. C’est ici plus un regret qu’un défaut, on a dû mal à reprocher au jeu de ne pas aborder d’autres sujets au vu de son concept maîtrisé mais cela lui aurait permis d’être un peu plus complet et plus permissif. On aurait aussi pu reprocher au titre de ne pas vraiment prendre en compte l’aspect esthétique des pizzas qui est censé être un point primordial dans l’art culinaire m’enfin, on pinaille me direz-vous.
Mais mais mais… il y a des insectes dans mon plat !
Ce nouvel épisode a finalement du mal à faire mieux que son prédécesseur et se repose bien trop sur des mécaniques déjà utilisées et usées jusqu’à la moelle. Les anciens joueurs ne seront certainement pas dépaysés et si l’on fait fi de l’aspect nostalgique et des quelques nouveautés, il est évident que Pizza Connection 3 manque de ce petit quelque chose pour se démarquer. On notera quand même quelques options sympathiques comme la possibilité d’embaucher un gangster pour aller éliminer la concurrence ou faire une mascotte complètement folle pour faire de la publicité en ville.
C’est aussi pour cette dimension humoristique que l’on finit par apprécier le jeu. En tirant entre le parodique et l’autodérision, le titre ne se prend jamais vraiment au sérieux et certaines options ou autres pans de scénario nous décocheront souvent un sourire. On est loin de l’humour parfaitement dosé d’un Tropico mais cela apporte une certaine légèreté dans notre aventure et permet surtout d’endurer plus facilement les nombreux travers du titre.
C’est sans compter sur les nombreux soucis du jeu qui accusent des lacunes techniques assez nombreuses. Sans parler de l’évolution graphique pas fofolle et une modélisation souvent bancale, ce sont surtout les innombrables bugs et autres problèmes qui viennent entacher la production. Si les développeurs ont déjà déployé plusieurs patchs correctifs, le lancement s’est accompagné d’une abondance de soucis avec des impossibilités d’avancer dans la campagne, des PNJ bloqués et j’en passe et même encore aujourd’hui, le jeu n’est pas dénué de bugs. Une honte pour un jeu payé plein pot et qui ne peut même pas prendre l’excuse d’être en early access.
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