Forêts verdoyantes, déserts immaculés, brise d’air frais. On vous décrirait un paysage paradisiaque. Et c’est en quelque sorte ce que vous propose le studio suédois Wishfully fondé en 2018, avec son tout premier jeu présenté lors de la Summer Game Fest 2021, Planet of Lana. Ayant fait plusieurs apparitions remarquées lors des deux dernières années de son développement, Planet of Lana est édité par Thunderful Publishing et s’apprête désormais à sortir sur PC et en exclusivité chez Microsoft grâce à des sorties cross-gen sur Xbox One et Xbox Series X/S le 23 mai prochain, sans oublier une sortie directement dans le Xbox Game Pass dès son lancement.
Mettant en scène une jeune fille prénommée Lana, le jeu nous promet de nous emmener dans divers panoramas en 2D flattant notre rétine au sein d’une aventure constituée de puzzles et autres phases de discrétion. Alors, l’herbe est-elle si verte ailleurs ?
Conditions de test : Lana et Mui nous ont accompagnés durant près de 5h sur Xbox Series X, le temps de compléter l’aventure et de trouver les 10 sanctuaires cachés. Soyez tranquilles, nous essaierons de ne vous transmettre aucun spoiler narratif majeur, bien que certaines mécaniques ou passages précis du jeu permettront d’illustrer notre ressenti.
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ToggleLana, experte en dressage
L’épopée de Lana, une petite fille de 11 ans, débute dans son village, Tailo, où elle vit avec sa sœur aînée Elo, désormais seules suite au décès de leurs parents. Le tout début du jeu est l’occasion de se lancer dans un tutoriel bien fichu permettant d’appréhender la plupart des mécaniques de déplacement notamment, alors que Lana suit sa sœur dans la forêt en direction des sépultures de leurs parents. En s’enfonçant un peu plus loin dans la forêt et admirant les paysages merveilleux de la planète Novo, Lana et Elo remarquent d’étranges objets pénétrant dans l’atmosphère de la planète et s’écrasant un peu partout autour d’elles.
Sans avoir le temps de réagir et de faire quoi que ce soit, les jeunes sœurs se retrouvent alors séparées tandis qu’Elo se fait enlever par une créature métallique volante. Alors que Lana regagne le camp paniquée, elle découvre que celui-ci est à feu et à sang, privé entièrement de sa population enlevée par ces mêmes créatures. Cherchant à fuir, Lana est poursuivie et doit désormais se débrouiller seule pour retrouver la trace de sa sœur. Voici le postulat d’une aventure qui vous occupera durant 4h30 à 5h de jeu grand maximum, ce qui est plutôt court, et donc, commençons par un point négatif, la teneur scénaristique. Cette dernière nous a quelque peu semblé faible, ce qui vient confirmer nos doutes ressentis lors de notre dernier aperçu.
En effet, après un début d’aventure tonitruant et très bien rythmé, l’aventure subit une baisse de régime en enchaînant parfois maladroitement les biomes et énigmes à résoudre, sans faire réellement avancer sa narration avec des rebondissements, mises en danger surprenantes pour notre Lana etc., avant un regain d’énergie dans la toute dernière heure du jeu, qui nous a semblé parfaitement bien huilée bien que trop courte. A titre d’exemple, nous avons vu dans une séquence de trailer une scène se déroulant dans un désert où Lana cherche à échapper à des créatures à dos de l’une d’elles. Il vous faut savoir qu’en tout et pour tout, cette scène durera seulement 2 à 3 minutes et c’est tout, sans chercher à renouveler ce genre de situations durant le reste du jeu par exemple, permettant de varier les situations et redonner du rythme à l’ensemble.
La fin de votre épopée, elle, est par ailleurs des plus magnifiques et émouvantes, et rend hommage à votre aventure et votre relation avec Mui, un petit être aux allures de chat, mais qui semble réagir au monde mystérieux de la planète Novo, bien que l’on aurait aimé davantage d’explications sur qui sont réellement ces envahisseurs, leur but et même pourquoi pas les conditions de la mort des parents de Lana et Elo. Autant de réponses qui resteront en suspens et qui peuvent laisser le joueur faire ses propres hypothèses. Heureusement, bien que la partie scénaristique nous ait laissés un peu sur notre faim, le gameplay et surtout la partie artistique de Planet of Lana nous a littéralement conquis.
Toujours dans de beaux draps
Si vous avez l’impression que votre vie n’est que galère, que vous êtes un véritable chat noir, enfin bref, que vous n’avez jamais de chance, dites-vous que votre journée ne peut être pire que celles vécues par Lana durant son aventure. Poursuivie, seule et sans moyen de se défendre, Lana va traverser des territoires inconnus, bien trop éloignés de son village sur pilotis, afin de retrouver la trace de sa sœur. Et si pour l’instant nous ne vous avons parlé que de Lana, dont on aurait par ailleurs aimé voir un peu plus son caractère se dévoiler, vous savez certainement qu’elle est accompagnée d’un petit être noir, Mui, qui lui permettra de traverser les épreuves qui s’annoncent de bien des manières différentes.
La rencontre entre Lana et son nouveau meilleur ami est par ailleurs des plus touchantes. Alors qu’elle le sauve d’une fin certaine liée aux créatures métalliques et aux robots peuplant désormais la planète, les deux nouveaux compères vont devoir se prouver leur loyauté et s’accorder une confiance réciproque et sur le pouce pour survivre. Une relation qui s’intensifie au fil des heures passées en leur compagnie, devenant au final une magnifique amitié. Et puis, disons-le, Mui est vraiment trop mignon !
A la suite de cette union de deux être perdus en découle un ensemble de mécaniques coopératives afin de progresser et parvenir jusqu’au coeur névralgique de la gestion des machines. En effet, Lana va pouvoir demander à Mui d’effectuer toute sorte d’actions. Elle peut lui demander de la suivre, mais aussi de rester où il est, tout en lui indiquant une zone précise où se rendre pour débloquer une corde en hauteur, ronger une corde retenant une caisse ou une plateforme, se faufiler dans un trou etc., attirer des créatures d’un noir absolu, toujours dans une seule optique : passer les différents biomes sans se faire repérer par les diverses machines qui y ont élu domicile et qui veulent assurément votre peau, même si l’on aurait pu espérer un mode en coopération à 2 joueurs pour varier les plaisirs.
Les situations de gameplay vont d’ailleurs davantage se diversifier quand Lana récupérera successivement une amulette et un bracelet, permettant d’abord à Mui de contrôler certaines bestioles avec un pouvoir d’hypnose, tandis que Lana pourra un peu plus tard contrôler certaines des machines et robots peuplant les zones créant ainsi de nouveaux passages ou de nouvelles manières de traverser par exemple.
Certains diront que tout cela a un arrière-goût de la licence Little Nightmares et ils auront raison. Les productions de Tarsier Studios ont forcément inspiré les développeurs suédois de Wishfully dans leur approche du gameplay mélangeant puzzles, énigmes environnementales, infiltration ou discrétion mais aussi entraide entre deux personnages, à tel point de bon nombre de joueurs et joueuses pourraient trouver l’ensemble un peu trop classique à leur goût. L’avantage est qu’ici, le gameplay est facile à prendre en mains puisqu’il n’est constitué que de quelques touches : outre le joystick pour se déplacer sur un plan horizontal, une touche permettra à Lana de s’accroupir afin de se faufiler dans de petits passages (les deux gâchettes LT/LB servent au même mouvement), une touche enclenchera le mode sélection de zones où Mui doit se rendre (RT/RB ont le même effet), une touche permettra à Lana de sauter, une touche indiquera à Mui de nous suivre ou de rester là (en fonction d’un appui bref ou prolongé), et enfin une touche est présente pour interagir avec l’environnement (Y permettant ainsi de rentrer dans des trous ou actionner des interrupteurs).
Un ensemble de commandes accessibles donc, et qui se seront complétées par un simple panel de séquences en QTE lors de scènes plus orientées action. Les puzzles sont pour la plupart inspirés et demanderont par moments de réels instants de réflexion. Sur toute la durée, une seule énigme nous aura demandé une vingtaine de minutes à être résolue, ne comprenant pas comment passer outre les machines infernales se dressant devant nous, mais pas de panique, tout le reste de votre aventure est largement accessible sous peine de regarder attentivement son environnement.
Pas de difficulté particulière donc, et pas de combat à proprement parler, tout réside sur votre sens logique et votre sens de l’observation pour triompher. A noter que Planet of Lana ne dispose pas d’aide en jeu ni de mode de difficulté, et c’est très bien ainsi car tout est savamment pensé pour que vous réussissez à avancer dans votre aventure qui demeure d’une beauté inouïe.
Mes yeux pleurent… de joie
Planet of Lana marque inconsidérablement des points sur son aspect visuel, ses graphismes mais surtout sa direction artistique. Pourtant « simplement » représentée dans des environnements en 2D en défilement horizontal, l’aventure vécue par Lana est organique, vivante, à tel point que l’on ressent presque le souffle du vent dans les arbres nous entourant, grâce notamment à la présence de décors séparés en plusieurs plans, donnant une impression de profondeur et de réalisme, touchant du doigt une représentation de type Ghibli.
Avec ses décors intégralement peints à la main, les couleurs chatoyantes, la variété des environnements, souvent toutefois sombres et rocailleux, prennent parfois un envol de liberté, en traversant des zones de désert, mais aussi d’oasis aux ossements immenses, quand il ne s’agit pas de forêts luxuriantes. Palme d’or notamment au village de Tailo, lieu de résidence de Lana et son peuple, qui est bourré de vie, saisissant de réalisme et de détails à fureter. Dommage par ailleurs que l’on n’y fasse qu’y passer pour un tutoriel et une conclusion rapides.
Pour ajouter un poil de durée de vie dans une aventure qui demeurera assez courte en ligne droite, les développeurs ont pensé à intégrer un nombre de 10 sanctuaires cachés dans l’environnement et vous permettant de reconstituer une fresque vous en apprenant beaucoup sur l’univers du jeu. Et ce n’est pas de refus tant nous disions que son scénario ne nous en apprend finalement si peu sur les événements et le lore de la planète.
Ajoutons à cela le fait que Planet of Lana ne dispose d’aucun dialogue compréhensible, car ses héros ne discuteront que dans une langue inconnue et au cours de rares interactions, ce qui n’est pas dérangeant dans l’absolu vu que l’objectif final est clair : aller de l’avant pour retrouver votre sœur, mais l’on regrettera tout de même le manque d’expression de Lana qui ne cessera de donner des ordres à Mui ou d’appeler sa sœur dans le reste des séquences.
L’ensemble est autrement extrêmement bien peaufiné, grâce à une absence de bug généralisée, mais aussi tout un panel de mélodies chill et posées, porteuses d’une ambiance voulue voluptueuse. A noter toutefois que nous avons été surpris de ne pas voir apparaître au sein du jeu des séquences pourtant dépeintes sur différents artworks de présentation, alors même que ceux-ci sont encore en ligne sur le site officiel, tout comme certaines séquences présentes en jeu, on pense notamment aux séquences rêvées par la jeune fille et qui ne sont finalement pas si exploitées que l’on aurait pu le croire.
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