Au regard des ventes, Pokémon connaît une progression impressionnante. En terme de qualité, néanmoins, on peut dire que la série est comme en perte de vitesse. Le dernier opus en date, Épée et Bouclier, est certes celui qui a connu le meilleur démarrage commercial (16 millions de copies distribuées au dernier recensement), mais aussi qui a essuyé le plus de critiques mitigées. Ce n’est pas notre test qui dira le contraire.
Et le pass d’extension annoncé en janvier dernier n’est pas non plus pour ravir le plus grand nombre. Difficile de comprendre pourquoi Game Freak revient sur ses dires précédents, qui affirmaient que la série ne connaîtrait pas de contenu supplémentaire payant. Un changement de politique qui ne plaît guère aux plus vieux joueurs de la série, au même titre que sa récente facilité exacerbée. Ceux-là risquent de ne pas tarder à lui préférer des projets ambitieux comme Temtem.
Ainsi, on aurait presque l’impression que Pokémon Donjon Mystère : Équipe de Secours DX, remake du premier volet de la saga des Donjon Mystère, était annoncé dans la foulée de l’Extension Pass dans l’optique d’apaiser les fans de la première heure. Qu’à cela ne tienne, ce prometteur Dungeon-RPG, exclusif à la Nintendo Switch, semble avoir de solides arguments dans sa manche. Qu’en est-il Joy-Con en main ?
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Apprécié par de nombreux joueurs, dont certains lui vouent un culte particulier, Pokémon Donjon Mystère : Équipe de Secours Rouge et Bleue avait le mérite de s’écarter de la recette initiale de la série. Au revoir RPG linéaire, donc, et bonjour au Dungeon-RPG, aux environnements générés aléatoirement. Un concept qui fonctionne du feu de dieu chez de nombreuses licences, et celle de Nintendo et de Game Freak n’y fait pas exception. Cela malgré d’évidentes limitations, à l’époque, notamment un aspect répétitif qui avait tendance à endormir les moins patients.
Toujours est-il que ses défauts, car il en a quelques uns, n’empêchent pas ce volet paru en 2005 sur Game Boy Advance et Nintendo DS de se hisser à une place de choix dans le cœur des joueurs. Ainsi, Big N s’attendait probablement à marcher sur des œufs en annonçant ce remake. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la première impression que laisse Équipe de Secours DX est excellente. Graphiquement, en effet, cette édition remise aux goûts du jour est une véritable réussite aux aspects crayonnés.
Techniquement, bien sûr, il n’y a pas grand-chose à en dire. Ce remake ne fait pas dans la prise de risque, en reprenant trait pour trait le concept initial : du Dungeon-RPG en vue du dessus, avec des environnements générés aléatoirement. Ainsi, difficile d’éblouir son monde avec ses phases de gameplay qui se ressemblent toutes un peu trop. Toutefois, sa nouvelle direction artistique, peinturlurée à souhait, fait mouche. Et c’est à la fois ce que l’on retenait lors de sa présentation, et ce que l’on retiendra des premières minutes de jeu.
En dehors de ça, le titre ose quelques approfondissements de gameplay, il est vrai, qui rendent l’expérience un poil moins répétitive que par le passé. Nonobstant, coté scénario, rien n’a changé, souvent à la ligne de dialogue près. Idem, en terme de contenu pur et dur, Pokémon Donjon Mystère : Équipe de Secours DX apporte finalement trop peu de neuf, et ne corrige pratiquement aucun défaut de l’original. Cela étant dit, il mérite tout de même votre attention, si tant est que vous portiez les Pocket Monsters dans votre cœur.
Et ce, finalement, pour les mêmes raisons qu’à l’époque, puisqu’à l’exception d’une poignée de nouveautés et de modifications plaisantes de gameplay, rien n’a vraiment changé. Ainsi, non content de proposer un contenu colossal, le titre est une chouette alternative aux Dungeon-RPG actuels, dont il s’écarte quelque peu avec son rythme relativement mou, mais surtout son univers accrocheur. On regrettera évidemment quelques écueils, notamment, un manque de challenge ou un gameplay encore trop superficiel et répétitif. En soi, nous sommes en présence d’une bonne pioche, mais d’un remake perfectible.
Dungeon-RPG répétitif…
Comme à l’époque, Pokémon Donjon Mystère : Équipe de Secours DX débute son aventure par un petit questionnaire personnel, très similaire à l’original par ailleurs, prenant la forme d’un test de personnalité. Au terme de celui-ci, il nous sera attribué un Pokémon principal. La grosse différence, c’est que dans le cas où il ne nous conviendrait pas, nul besoin de recommencer le test encore et encore jusqu’à satisfaction. Ce coup-ci, nous avons la possibilité de changer directement, en choisissant dans une liste comprenant seize choix.
Ensuite, il faudra désigner notre fidèle acolyte, qui nous accompagnera tout le long de l’aventure. Rien de bien neuf à ce niveau, mais la possibilité de choisir sa créature au terme du test de personnalité est en soi un petit bouleversement. Reste à savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose. D’un coté, fini la frustration, il est vrai, dans le cas où le jeu nous attribue un pokémon qui ne nous plaît guère. De l’autre, cela facilite grandement le travail du joueur, ce qui fait d’ailleurs écho à la difficulté générale du titre, quelque peu absente.
Débute alors un scénario qui reprend trait pour trait celui de l’opus original, souvent à la ligne de dialogue près donc. Ainsi, nous incarnons un humain qui se réveille dans le corps d’un pokémon, et qui a complètement perdu la mémoire. Impossible de savoir comment nous sommes arrivés là, ni pourquoi. Nous sommes réveillés par l’acolyte que nous choisissions quelques minutes plus tôt, et très vite sollicités par un Papilusion en détresse, dont le Chenipan s’est perdu au fond d’une grotte. Ainsi débute notre carrière de secouriste. S’en suit une histoire très convenue.
Ici, premier donjon, et première déception. Après la petite claque qu’était la direction artistique mise en valeur dans les scènes de dialogue précédentes, le retour à la vue du dessus et aux environnements à l’architecture géométrique et presque fade fait un peu mal aux yeux et au cœur. Idem, le gameplay ne semble pas avoir vraiment changé, et annonce avant l’heure une répétitivité exacerbée. Un terme que l’on pourrait aussi utiliser pour qualifier sa bande sonore, aux musiques passables reprises de l’original (pour la plupart) et vaguement réarrangées, qui ont une fâcheuse tendance à tourner en boucle jusqu’à se frayer un chemin dans nos méninges.
Les plus patients goûteront un gameplay facile d’accès, et auront la joie de découvrir que leurs deux premières créatures disposent de capacités puissantes dès le début de l’aventure. Fini le vulgaire Flamèche pour Slamèche, et bonjour à Rebondifeu, qui éclabousse les ennemis proches. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais il illustre plutôt bien cette volonté, une nouvelle fois, de rendre l’aventure accessible, voire aisée. Un point qui en décevra beaucoup, c’est certain, mais qui fait un peu plus sens dès que l’on s’attarde sur le contenu de fin de jeu, plus complexe.
Répétitif, le titre l’est surtout dans son concept. Au-delà de son gameplay, il propose en effet de s’adonner quotidiennement à des missions de secourisme dans des donjons. L’ennui c’est que ces dernières manquent cruellement d’intérêt, n’étant pas scénarisées. Mais surtout, elles se ressemblent toutes à s’y méprendre, et seuls les pokémons concernés nous donnent la vague impression de ne pas s’être embarqué dans la même quête que la veille. On finit par arracher machinalement les missions au panneau de la poste Békipan, sans y faire attention, et c’est bien dommage.
… mais recette addictive
Sur la forme, Équipe de Secours DX est donc quasiment identique à son modèle. Ainsi, on retrouve le même système d’affinités que dans la série principale Pokémon, et seulement quatre capacités peuvent être allouées à chaque créature en notre possession. Dans un donjon, les actions s’effectuent par ailleurs au tour par tour. Le rythme est donc saccadé, les déplacements étant ralentis, par moments, par des attaques ennemies ou des actions de nos frères d’armes. Enfin, si vous connaissez la série, vous savez à quoi vous en tenir !
Fort heureusement, le titre a subi quelques maigres modifications bienvenues. À commencer par un système d’expérience allouée à nos capacités. Celles-ci montent de niveau, à mesure qu’on les utilise en donjon, et gagnent ainsi en puissance. La petite particularité, c’est que cette progression est commune à toutes nos créatures. Ainsi, dans le cas où nous avons fait grimper de niveau une capacité que plusieurs de nos Pokémon possèdent, ceux-ci auront accès aux améliorations induites par l’XP précédemment gagnée.
Une cohésion sublimée par les Capacicool, des sortes de talents que nos créatures peuvent développer en se goinfrant de sucreries en dehors des donjons. Variées, ces capacités spéciales passives s’appliquent à tous les membres de notre escouade. Grosse avancée, qui permet de s’adonner à des compositions stratégiques (sans aller jusqu’à être excessivement complexes), et surtout qui offre un peu de profondeur à un gameplay qui, sans cela, en manquerait cruellement. Reste que cela facilite encore la progression, qui était déjà plutôt aisée.
Mais toutes les nouveautés ne sont pas là pour nous caresser dans le sens du poil, fort heureusement. Ainsi, des cases piégées seront là pour nous mettre des bâtons dans les roues, en infligeant un malus éphémère de statut à la créature qui marcherait par mégarde dessus. D’autres téléportent aléatoirement ledit Pokémon dans une salle située au même étage du donjon, loin de ses confrères. Si les cases à malus sont invisibles, et se découvrent lorsque l’on marche dessus, les téléporteurs sont heureusement bien visibles. À nous de mettre un pied devant l’autre sans fausse note.
Reste qu’en arpentant les donjons, il nous arrivera d’avoir la possibilité de recruter de nouvelles créatures, qui auront apprécié se faire casser la figure par nos soins. Parfois, ce sera au terme d’une mission que cette occasion se présentera. En plus de permettre de se construire des équipes puissantes, en choisissant nous-mêmes nos membres, cela ne sera pas sans ravir les Pokéfans atteints de collectionnite, bien entendu. D’autant que, bien que tous les Pokémon ne soient pas disponibles, le nombre de créatures présentes est tout de même colossal.
Cela se corse pas mal avec le système de campements. En effet, il est impossible de recruter un Pokémon si l’on ne dispose pas du foyer adéquat pour l’accueillir ; et autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas chose aisée que de récupérer l’intégralité des campements. D’abord parce que ceux-ci sont en très grand nombre (même si plusieurs créatures ont le même lieu de prédilection), mais aussi parce qu’il faudra les acheter. Et, vous vous en doutez, les prix varient en fonction des créatures concernées ! Notons enfin que le titre embarque pas mal de nouveaux Pokémon.
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