Alors que les jeux Pokémon restaient figés dans une formule classique et se reposaient trop sur des acquis, Légendes Pokémon : Arceus est apparu comme une lueur d’espoir qui donnait enfin réellement du neuf pour la série. Il avait alors posé les fondations d’un Pokémon en monde ouvert que les fans attendent depuis que le genre existe. Avec Pokémon Écarlate et Violet, on revient en plus en terrain connu avec une double version et une aventure plus contemporaine. Est-t-il donc le RPG tant attendu ?
Conditions de test : Nous avons terminé entièrement le jeu et pratiquement complété le Pokédex (sans compter les exclusivités pour chaque version) sur Switch OLED. Nous avons joué en mode docké et portable avec une version Écarlate. Notre avis se base entièrement sur la version 1.01 du jeu, soit celle qui sera disponible à la sortie via le patch day one. Les serveurs n’étant pas ouverts lors de notre test, nous nous exprimerons sur la partie multijoueur en nous basant sur nos impressions lors de notre dernière preview. Le test ne dévoile aucun spoil majeur sur l’histoire.
Sommaire
TogglePokésona
Acheter un jeu Pokémon est presque devenu une routine pour des fans qui en veulent toujours plus. Les critiques sont souvent les mêmes mais les résultats aussi. La franchise est plus lucrative que jamais et nulle doute que ce Pokémon Écarlate et Violet sera un carton. Malgré des moyens colossaux, Game Freak a toujours été un studio qui manque de temps mais aussi d’expertise avec un passage sur Switch très laborieux. Ici, nous ne sommes pas au niveau catastrophique d’un Pokémon Épée et Bouclier, toutefois on retrouve le même problème qu’avec Pokémon Arceus : de bonnes idées et des élans de créativité plombés par un aspect technique désastreux.
Pourtant, ce Pokémon ne manque vraiment pas de charme et a enfin compris comment nous donner un sentiment d’aventure et de liberté qui ne vient pas seulement du passage en monde ouvert. Après la région de Galar inspirée par l’Angleterre, nous foulons désormais celle de Paldea qui ne cache pas ses liens étrois avec l’Espagne et le Portugal. En tant que jeune élève de l’académie Orange ou Raisin (selon les versions), votre vie d’écolier va se résumer à des cours classiques sur les Pokémon et une grande activité extra-scolaire appelé la « chasse au trésor« . Celle-ci est organisée chaque année pour permettre aux élèves d’apprendre sur le terrain par la pratique.
Un excellent moyen pour trouver ou confirmer sa voie entre les combats, les captures, l’histoire ou encore la chasse aux Pokémon chromatiques. Les premiers pas sur le jeu sont d’ailleurs très rafraichissants et nous introduisent l’univers et les personnages sans en faire des caisses comme cela fut le cas auparavant (n’est-ce pas Nabil ?). Pokémon Écarlate et Violet parvient ainsi a être un excellent point de départ pour découvrir le RPG sauce Pokémon ou bien pour s’émerveiller de nouveau avec cette nouvelle perspective. Dans le principe, le titre veut que l’on oscille entre l’exploration du monde ouvert et les cours avec différents professeurs qui nous donnent des informations essentielles sur les mécaniques de jeu, l’univers et le lore.
Cela donne un léger parfum de Persona 5 assez bien amené étant donné que l’on va augmenter nos liens avec les professeurs ou encore répondre à des questions pour tester nos connaissances lors de contrôles. Toutefois, on imagine que beaucoup se jetteront directement au grand air en mettant de côté la vie scolaire pendant un temps. L’un des premiers évènements majeurs est par ailleurs une rencontre fortuite avec le Pokémon légendaire qui orne votre jaquette : Koraidon pour la version Écarlate et Miraidon pour la version Violet. Celui-ci fait office de monture afin de rendre l’exploration plus pratique.
Le monde ouvert est fait pour Pokémon
Au fil du temps, ce compagnon à quatre pattes et à deux roues pourra gagner de nouvelles compétences qui vous donneront plus de possibilités en matière de déplacement comme le surf. Même si l’on sent qu’il y a un certain chemin à suivre pour ne pas déséquilibrer l’expérience (les niveaux des Pokémon sauvages et des dresseurs ne s’adaptent pas au vôtre), le titre vous laisse majoritairement libre de vos mouvements. On prend du plaisir à vagabonder où l’on souhaite pour dénicher de nouveaux Pokémon ou combattre des dresseurs sur le chemin sans y être contrains.
On fait vraiment un énorme pas en avant sur la manière d’appréhender l’aventure en nous laissant faire nos choix et en nous laissant chercher par nous-même pour en savoir plus sur telle ou telle chose. Petit exemple qui illustre bien ce propos, on nous donne un petit conseil à chaque fois que l’on va dans un centre Pokémon. En s’inspirant principalement d’Arceus et d’opus précédents, la licence gagne en éléments de confort qui permettent de ne pas casser le rythme. Bien entendu, on retrouve les boîtes PC directement accessibles via le menu, de même que l’apprentissage des attaques oubliées, l’absence de transition lorsqu’on engage un Pokémon sauvage ou un dresseur… En outre, nous avons désormais une touche qui met un Pokémon directement en tête d’équipe.
Malheureusement, on ne retrouve pas tout ce qui plaisait dans Pokémon Arceus et notamment la possibilité de capturer directement un Pokémon ou encore la liberté de mouvement durant les combats. Il y a des retours en arrière qui ne plairont pas à tout le monde mais globalement l’héritage est bien là. Dans une autre mesure, Game Freak poursuit avec les interactions communautaires qui plaisent à une certaine frange des fans. Grâce au pique-nique (similaire au camping dans Épée et Bouclier) que l’on peut déployer pratiquement partout, il est possible de jouer avec ses Pokémon, de les toiletter mais aussi de préparer des sandwichs qui offrent différents bonus. On gagne de nouveau un élément de confort appréciable puisque c’est aussi là où l’on pratique l’élevage pour obtenir des œufs.
Lors de notre preview, nous avions essayé la partie multijoueur où l’on pouvait rejoindre le monde d’un autre joueur et se balader librement (jusqu’à 4 personnes en simultané). Même si ce n’était pas parfait, cette fonctionnalité est très bien exécutée ici et plaira sans doute aux groupes d’amis souhaitant partager l’expérience. A côté de ça, nous avons un mode photo très sympathique qui ne manquera pas de faire des heureux. Dommage tout de même que la personnalisation de notre avatar ne permette pas de changer de vêtements (uniquement le chapeau, les chaussettes et les chaussures). L’uniforme scolaire est de rigueur bien que l’on ait quatre versions différentes, soit une pour chaque saison.
Téracristallisation
Toujours dans les fonctions en ligne, nous avons les raids Téracristal qui remplacent les raids Dynamax. Comme pour ce dernier, il met en scène la nouvelle mécanique de combat novatrice de cet opus. Pour faire court, elle ne peut s’activer qu’une fois par combat et elle octroie au Pokémon un nouveau type sous cette forme. De base, les Pokémon possèdent une téracristallisation identique à leur type, ce qui renforce la puissance des attaques ce même type, mais les amateurs de compétitions apprécieront sans doute cette nouvelle carte maitresse flexible qui pourra briller via certaines combinaisons.
Ces fameux raids sont justement là pour vous permettre de capturer de nouveaux Pokémon Téracristal de différents types et aussi de récupérer de nombreuses récompenses. On retrouve cette dimension farming de ressources assez redondantes, mais heureusement les effectuer seul en mode hors ligne ne prend pas énormément de temps. En revanche, les raids de haut niveau demandent de vrais compagnons car les IA sont ne sont pas d’une grand aide.
Mis à part cette nouveauté, les combats restent plus ou moins les mêmes qu’avant si ce n’est que l’on perd le rythme effréné de Pokémon Arceus. Passer de ce dernier à celui-ci laisse un goût amer en matière de rythme. Tout est plus lent, que ce soit les animations ou les effets de statut. On revient aussi sur une difficulté trop légère. On entend beaucoup de débats sur les modes faciles dans les jeux vidéo exigeants, mais il y a aussi un sujet pour des jeux comme Pokémon qui n’offre pas assez de challenge.
Pour rester dans les mauvais points, on regrette également une mise en scène assez pauvre lors des matchs contre les champions ou la Team Star (qui était une des grandes qualités de Pokémon Épée et Bouclier). Sans trop en révéler, il faut désormais effectuer des épreuves afin d’accéder au combat final pour l’obtention d’un badge et mis à part quelques exceptions, celles-ci ne sont pas vraiment palpitantes.
Heureusement, la narration plus légère parvient à rattraper l’ensemble avec des personnages attachants, mais néanmoins trop nombreux. Les professeurs de l’école parviennent à être plus marquants que chaque champion ou membre de la Team Star. Pour autant, cela fait du bien de constater que la licence bouscule aussi ses codes à ce niveau-là avec un scénario moins manichéen et qui met l’accent sur l’aventure, le mystère et quelques sujets un peu poil plus sérieux que l’on vous laisse découvrir.
Quand les limitations techniques restreignent les ambitions
Si l’on devait faire une appréciation générale de ces opus dans la continuité de la série et des changements opérées, elle serait plus ou moins positive car la licence sait se renouveler et ne manque pas de bonnes idées. Pourtant, il est indéniable que le retard technique évident nuit grandement à l’expérience générale. On ne peut mettre ça sous le coup du manque de moyen, on sait que Pokémon est une machine qui doit tourner à plein régime, mais cela n’excuse pas pour autant qu’une telle franchise ne puisse pas prendre son temps pour faire les choses biens.
Avec ce passage en monde ouvert pur et dur, il était nécessaire que la technique soit à la hauteur. Pas seulement pour avoir un jeu plus beau, mais aussi avoir un monde plus fouillé avec plus de secrets, un level design plus travaillé et des villes qui offrent plus d’interactions. Certes, comparé à Légendes Pokémon Arceus, nous sommes face à un jeu moins sauvage et donc plus détaillé, malgré tout c’est loin d’être à la hauteur. Les défauts techniques s’accumulent, nous avons un aliasing très présent, un clipping constant et des chutes de framerate régulières.
La pilule passe mieux en mode portable mais en mode docké, on n’y coupe vraiment pas. Comme d’autres opus avant eux, on sent un goût d’inachevé parce que les indices sont là. Nous avons des lieux touristiques avec des villes et décors uniques tirés de la péninsule Ibérique, des Pokémon qui peuvent avoir des comportements uniques dans la nature qui accentuent énormément l’immersion (le Voltorbe qui explose lorsqu’il nous repère) ou encore un lore architectural prometteur. Mis à part les animations de Téracristallisation et quelques cut-scenes marquantes, on est loin de l’émerveillement visuel.
Les villes sont sans doute la plus grande déception en matière d’exploration. Elles sont souvent assez petites, et elles manquent cruellement d’interactions et d’environnements intérieurs. Si l’on met de côté les sandwicheries et les salons de coiffure, nous sommes face à un simple menu lorsque l’on rentre dans un magasin. Heureusement, certaines bonnes choses ne changent pas et on salue de nouveau une bande son de qualité même si avec passage en monde ouvert, la répétition de quelques morceaux se fait ressentir.
Cet article peut contenir des liens affiliés