Réimagination du jeu sorti en 2006, Prey est un reboot, développé par les frenchies de Arkane Studios, qui ont notamment œuvré derrière l’excellent Dishonored 2. Reprenant tout depuis le début, cette nouvelle édition de Prey nous propose une aventure inédite en terrain hostile.
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ToggleLa science fiction, un Prey-texte à l’imagination
Et si le président Kennedy n’était pas mort en 1963 ? Et si l’histoire n’avait pas été la même, que serions-nous aujourd’hui ? C’est sur cette uchronie que se base Prey. Le soft prend ce point de départ pour commencer son histoire, en se basant sur la politique spatiale ambitieuse qu’avait la présidence à l’époque. Ainsi, l’intrigue prendra place sur Talos I, une station spatiale lancée en 1958 par l’Union Soviétique puis reprise en 1963 par les Etats-Unis pour commencer à investiguer sur une menace extraterrestre. Puis, abandonnée suite à des incidents inconnus, elle est reprise dans les années 2030 où la société TranStar rachète la station désaffectée. Nous arrivons en 2032, date à laquelle notre aventure va débuter.
Bien évidemment, tout ceci est le background du jeu, qui se dévoilera petit à petit ou grâce à l’univers étendu du soft, si vous avez un peu lu celui-ci. Une fois le jeu lancé, vous arriverez sur un écran de sélection de personnage. Le joueur aura le choix entre incarner une femme ou un homme et se créer ainsi sa propre identité. Mais ne vous attendez pas à de grands changements selon votre sexe. Que vous soyez l’un ou l’autre ne changera pas grand chose. Le studio justifie ce choix par la volonté de renforcer l’identité du personnage et son rattachement à celui-ci en accentuant un peu plus l’immersion. La narration et les mécaniques de gameplay n’en changeront rien, sauf bien sûr, les lignes de dialogue qui vous parleront soit au masculin, soit au féminin.
Une fois la sélection faite, vous vous retrouverez dans votre appartement, tiré du sommeil par le réveil et un appel. Morgan Yu, notre protagoniste, va ainsi s’habiller et suivre les indications qu’on lui ordonne. On découvre peu à peu l’univers après une escapade en hélicoptère pour rejoindre son lieu de travail. Sur place, Morgan devra subir une nouvelle session de tests qui finalement… ne se passera pas comme prévu. Puis, surprise, vous vous retrouvez dans votre lit, la musique retentissant dans vos oreilles, comme si rien de tout cela ne s’était passé. Très rapidement, vous allez comprendre qu’il s’est passé un incident important et en plus de découvrir peu à peu l’intrigue scénaristique derrière cette nouvelle menace, Morgan s’apercevra que tout n’était qu’illusoire. Le monde qui l’entourait n’est pas celui qui lui semblait être et en plus d’en apprendre davantage sur la menace extraterrestre, il fera aussi des révélations sur son histoire, son passé et pourquoi il a atterri là…
Monde alternatif, station spatiale, Prey est clairement une oeuvre de science-fiction, un excellent prétexte pour laisser libre court à l’imagination. Le background du jeu est posé et fait clairement office d’un bon point d’accroche pour l’histoire. D’ailleurs, les grandes lignes de celle-ci sont vraiment intrigantes et l’on en apprend plus sur les deux fronts, qui sont la menace ennemie et le passé de notre personnage. Le souci c’est que l’incroyable potentiel scénaristique est souvent mal amené, notamment à travers une narration en demi-teinte et le manque de protagonistes marquants. Notre héros ou héroïne reste pour la plupart du temps indifférent et ne dégage aucun véritable charisme, comme la plupart des personnages croisés. C’est un peu dommage car il y avait clairement matière à faire. Si le tout reste respectable, soyez rassuré, il est juste triste de s’apercevoir quelques longueurs sur cet aspect-là.
Pourtant tout Prey du but
Une fois l’introduction passée, vous serez mis en contact avec un opérateur, appelé January. Celui-ci vous guidera à travers votre aventure et cela vous permettra de savoir où est-ce qu’il faut aller. Car très clairement, Prey lâche le joueur en pleine base spatiale sans vraiment donner de but. C’est d’ailleurs l’un des défauts que l’on peut donner aux objectifs de mission. On vous envoie dans un point spécifique puis on vous redonne d’autres instructions, le tout étant plutôt sans saveur. On se sent un peu bringuebalé de droite à gauche par un fil directeur simple et les objectifs ne sont souvent pas clairs.
On ne sait pas toujours ce qu’il faut faire et très rapidement dans l’aventure, il arrivera une fois où l’on se sentira coincé sans avoir assez d’indications. A contrario, lorsque vous vous promenez simplement, cela donne libre court à l’exploration et à la collecte d’informations. On découvre peu à peu les environnements, on tâtonne avec les quelques options données et l’on suit, bêtement, les instructions données par notre opérateur. On se sent quelque peu lâché dans la nature et ce n’est pas plus mal pour le côté exploration. Cela permet de renforcer ce sentiment de désarroi et permettre à l’intrigue de se dévoiler petit à petit. Par ailleurs, mention spéciale aux tonnes d’indices et d’éléments à découvrir à travers les différents niveaux.
Si le soft nous livre à nous-même, c’est une excellente excuse pour nous faire partir en quête d’exploration. On essaye tant bien que mal d’en apprendre un peu plus sur ce qui s’est passé et ça, Prey le fait très bien. Etant donné que l’on devra survivre dans cet environnement hostile, on prendra le temps de fouiller chaque recoin. La plupart des objets peuvent être attrapés ou utilisés. On peut donc très bien allumer une gazinière comme ouvrir un frigo pour voir ce qu’il cache ou encore allumer un robinet pour retrouver quelques points de vie. Mais là où cela devient intéressant, c’est en tombant sur des ouvrages ou notes laissées par les scientifiques sur place.
Nul doute que tout cela est facultatif mais c’est à travers ces documents que l’on peut approfondir notre aventure. On en apprend alors plus sur les origines de l’entreprise, les tenants et les aboutissants de cette station spatiale et bien d’autres faits marquants. Par ailleurs, bon nombre d’ordinateurs sont allumés et vous pouvez fouiner dedans. Si quelques-uns seront nécessaires pour y faire des recherches importantes ou localiser une personne, la majeure partie ne sert qu’à renforcer la découverte des événements qui se sont produits et votre passé. Des mails envoyés entre l’équipe, vous permettent d’en apprendre plus sur la nature des expériences faites sur les cobayes… et sur vous.
Les p’tits gars de Arkane Studios n’ont pas lésiné l’aspect découverte. Le studio, que l’on connait très impliqué dans la construction des niveaux notamment avec Karnaca ou Dunwall dans Dishonored, a encore fait un travail remarquable dans Prey. Talos I est un véritable terrain de jeu. A chaque niveau, on découvre un nouveau tableau rempli de surprises et la base spatiale dispose finalement de sa propre histoire, de sa propre personnalité. L’exploration est d’autant plus agréable que la direction artistique est magnifique. Les décors, mêlant plusieurs styles et époques, sont parfaitement modélisés et beaucoup n’hésiteront pas à s’arrêter en pleine aventure pour contempler différentes pièces.
On y retrouve des tendances de l’époque Kennedy, c’est-à-dire les années 60 puis le tout est couplé à des inspirations science-fiction complètement loufoques. Bien évidemment, le fait d’être en 2032 intègre également des éléments futuristes, notamment du côté de la technologique de pointe. La domotique est omniprésente pour certaines pièces et l’on croisera de nombreuses intelligences artificielles. Mais à côté de cela, on se retrouve avec des éléments du décor plus old-school et ce mélange de genre est juste parfaitement orchestré. C’est un pur bonheur visuel et le style plaira énormément.
Mais cela ne s’arrête pas qu’à la beauté visuelle. Arkane Studios sait également apporter un level-design d’exception. Leur savoir-faire en matière d’architecture n’est plus à prouver et Prey ne déroge pas à la règle. Les niveaux sont très bien pensés en permettant de varier environnement ouvert et fermé. Il sera par ailleurs possible de sortir quelques temps de la base et chaque endroit possède ses points faibles et points forts. Ce sera à vous de tirer partie de votre environnement pour réussir à vous faufiler. Un aspect infiltration est quelque peu présent aussi puisque le joueur pourra se la jouer furtif pour attaquer les ennemis de dos ou encore passer à côté de certains assaillants pour passer une zone sans combat. D’ailleurs, il est aussi souvent possible de suivre le chemin qui est juste devant vous et tenter le combat ou de trouver une alternative en prenant un conduit d’aération par exemple. On peut donc se la jouer bourrin ou infiltration. Une excellente maîtrise de l’architecture globale et de nombreux passages secrets à découvrir.
Petit Prey-tentieux !
Très rapidement, vous serez confrontés à vos premières angoisses. Prey mélange habilement les mécaniques du jeu d’action et du FPS mais intègre également des éléments du RPG et du Survival-Horror. L’aspect survie est surtout orchestré par l’ambiance poignante et angoissante que dégage les zones à explorer. Entre l’ambiance sonore qui fait son petit effet, les univers sombres et le fait que notre personnage n’aura que très peu de munitions et assez lentement des armes à disposition, il n’est pas impossible que vous ressentiez cette angoisse. De plus, l’apparition de certains ennemis est parfois quelque peu déroutant et juste ce qu’il faut pour nous surprendre sans que ce soit rébarbatif.
Vous l’avez bien compris, les menaces seront extraterrestres, appelées Typhons. Ces créatures de l’ombre auront toutes leurs propres apparences et leurs propres caractéristiques et il faudra prendre le temps de les affronter, parfois de mourir, pour comprendre comment en venir à bout. Le bestiaire n’est pas spécialement très varié mais les différences entre chaque ennemi suffisent amplement pour créer un tant soit peu de diversité. On y retrouve plusieurs ennemis comme les Fantômes, des cadavres humains qui ont les similaires les plus proches d’un simple ennemi, les Mimics, de petites créatures qui peuvent faire penser à des araignées et qui ont comme particularité de pouvoir se transformer en n’importe quel objet du décor (chaise, tasse, poubelle…), des robots détraqués ou encore des cauchemars.
Autant vous dire que selon l’ennemi rencontré, il sera vital d’adopter la bonne stratégie pour éviter de perdre de précieux points de vie. Les Mimics par exemple, bougent énormément et votre meilleur allié sera au début, la clé à molette pour leurs taper dessus. Parfois, il sera plus judicieux d’éviter le combat rapproché ou même, l’affrontement tout court. Et c’est là que l’on rejoint ce que l’on a détaillé plus haut avec les possibilités d’éviter certaines zones grâce à l’infiltration et adopter les bons choix.
Du coup, pour se défendre, Morgan Yu aura à sa disposition plusieurs armes et pouvoirs. La première pièce défensive sera une lourde clé à molette vous permettant de donner un coup au corps à corps. Si cela peut être sympa pour casser certaines vitres et décors ou repousser les assaillants, ce ne sera bien évidemment pas suffisant au fil de votre avancée. Après avoir trouvé votre premier pistolet silencieux, votre meilleur ami sera le canon Glue. Oui, vous avez bien entendu, de la super glue et croyez-moi, le jeu le vend comme étant votre meilleur moyen de défense. Cette arme permettra de paralyser les Typhons croisés et de les bloquer sur place pendant un certain temps. Si cela permettra au joueur de taper sur son ennemi pendant ce temps-là ou prendre du recul avec une arme offensive, c’est aussi indéniablement un parfait moyen pour s’échapper.
D’ailleurs, le Canon Glue ne servira pas que pour les combats. Il peut aussi être utilisé comme moyen de déplacement ou plutôt, d’aide à se déplacer. Rien ne vous empêche de créer un passage pour aller à des endroits que vous pensiez innaccessibles ou encore colmater des brèches dans les murs. Un outil multifonction qui se place aux côtés d’autres jouets bien sympathiques que vous aurez l’occasion de découvrir par vous-même.
Prey intègre également des mécaniques de RPG avec notamment le neuromod, un étrange appareil qui permettra d’améliorer notre héros. Bien que cela soit un peu trash, Morgan place le neuromod, qui ressemble à une vieille caméra Super 8 et se fait une injection à l’aide d’une aiguille qui vient percer le global oculaire. Grâce à cet outil, Morgan pourra alors augmenter ses caractéristiques à travers trois arbres de talents – à savoir Scientifique, Ingénieur et Sécurité, qui permettront d’obtenir certains bonus ou même des compétences (réparer des objets, …). Du coup, il faudra bien chercher d’autres cartouches pour votre neuromod afin d’améliorer ses arbres de talents. Il est important de bien fouiller chaque recoin puisque ces points supplémentaires ne se gagneront pas avec de l’expérience mais bien en ramasser de nouveaux.
Mais ce n’est pas tout, outre les armes comme moyen de défense, notre protagoniste pourra utiliser certains pouvoirs. Considérés comme de la science et non comme de la magie dans le jeu, ces pouvoirs s’apprennent une fois de plus avec le neuromod. Le joueur apprendre ces pouvoirs au fil de son avancée et en dénichera quatre à savoir :
- Souffle Cinétique, qui permet de créer un souffle important et projeter des objets ou ennemis autour de vous
- Force Physique, une caractéristique qui permettra à Morgan de déplacer des objets plus encombrants et donc dégager certains passages
- Super-Thermique, un piège que l’on pourra mettre en place pour infligrer de sérieux dégâts aux ennemis
- Mimétisme, qui, tout comme les Mimics, permettra à notre héros de se transformer en n’importe quel objet du jeu. Franchement, être une tasse, c’est la classe !
Très franchement, si l’on a du mal à adhérer à ces possibilités au début, l’utilisation des armes couplée aux pouvoirs disponibles rend l’aventure grisante. Si Morgan veut se transformer en un objet pour passer inaperçu, il peut. S’il souhaite faire mumuse avec la Glue avec un ennemi, il le peut aussi. Cette liberté d’action est vraiment bienfaisante et nous sommes libres de faire ce que l’on veut. A vous maintenant de gérer efficacement les possibilités de gameplay qui sont à votre disposition.
Mon truc Prey-féré, c’est être une tasse !
Dernière composante et pas des moindres, Prey propose de l’artisanat. Plutôt standard, c’est vrai, mais il se rajoutera aux choses à faire. Morgan pourra ramasser sur son passage les butins des ennemis tués ou encore de nombreux objets dans les différents endroits de Talos I. Certains sont utilisables directement, comme les boissons ou les casse-croûtes qui remontent un peu votre barre de vie, d’autres sont stockés dans votre inventaire. L’artisanat se résume surtout à utiliser des recycleurs qui permettent de transformer les objets en matériaux bruts, des matériaux qui seront ensuite utilisés pour créer n’importe quel objet, à la condition d’en avoir les plans. On pourra alors crafter des munitions et même des armes. La première que nous avons créée par exemple, était un arbalétrier passif qui permettait de détourner l’attention des ennemis. Mais d’autres objets sont également à confectionner comme des neuromods ou encore un Canon à rayonnement.
Enfin, côté contenu, Prey se dote d’une durée de vie plus qu’acceptable. On peut rajouter à la trame scénaristique les divers choses à faire à côté, comme ramasser tous les objets à collectionner, désactiver les alarmes à incendie ou les vidéos de surveillance mais aussi les différentes approches que vous pouvez avoir. S’il est possible de se la jouer bourrin, il sera également possible d’avoir une approche plus stratégique. D’ailleurs, quelques fins existent tout comme quatre modes de difficulté, ce qui incitera les plus téméraires à recommencer.
Sans surprise, le titre de Arkane Studios se dote d’une bande-son magistrale. Les quelques musiques sont vraiment enivrantes : on pense notamment aux thèmes principaux ou à la musique de l’introduction. Mais si les bruitages et autres sons sont plutôt discrets de manière générale, cela accentue l’angoisse et l’univers que les développeurs ont souhaité nous transmettre. L’ambiance sonore est réussie c’est un fait.
Néanmoins, petit bât qui blesse sur l’aspect technique. Si graphiquement, on reste dans le politiquement correct et encore, un peu en dessous, comparativement à ce que l’on peut retrouver en ce moment, Prey se rattrape de toute manière sur sa formidable direction artistique – et heureusement. Mais ce serait mentir de dire que les animations faciales et autres modélisations envoient du lourd puisque ce n’est pas le cas, surtout qu’il n’est pas totalement stable. Ce n’est pas la claque du siècle et l’on remercie non pas la technique mais bien les décors pour nous plonger la tête la première dans l’univers.
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