La licence Pro Basketball Manager (PBM) revient cette année avec une nouvelle mouture. Notons d’ailleurs qu’une pause d’un an a été opérée entre ce dernier opus sorti en novembre 2018 et le précédent paru en janvier 2017. Cette fois, le titre n’est plus édité par Bigben mais il est développé et édité par le studio français Umix Studios. Ce recentrage sur une unique unité pour la conception, le développement et l’édition du jeu sera-t-il un pari réussi ?
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ToggleFlashback et attentes
Avant de commencer ce test, faisons un point rapide sur les précédents opus. L’opus 2016 co-développé par Umix Studios et Cyanide avait fait plutôt bonne impression. Cet épisode charnière doté d’un nouveau naming et d’un moteur 3D retravaillé, livrait un rendu plutôt satisfaisant. Malgré le manque cruel de licences officielles, PBM était parvenu à tirer son épingle du jeu. En proposant notamment de manager une équipe universitaire américaine, l’opus s’était rendu original et créatif. L’édition de 2017 s’appuyait sur ses acquis tout en approfondissant l’aspect gestion si importante pour la licence. Pour cette version 2019, on l’a dit, Umix Studios, a l’origine du projet en 2013, est à présent seul aux manettes. En toute bonne foi, il est légitime d’attendre un vrai mieux. Pour un titre qui dispose à présent de recul et de l’expérience suffisante pour hausser le ton, les nouveautés sont scrutées. La tâche n’est toutefois pas aisée.
En effet, lorsque l’on aborde un jeu comme Pro Basketball Manager 2019, l’approche ne peut pas être complètement naturelle. D’abord parce que comme pour toute simulation de sport, les attentes sont exacerbées. En particulier lorsque ces titres focalisent toute l’attention sur l’aspect gestion. Que ce soit d’un club, une nation ou autre, on s’attend à trouver toute une palette de dispositifs permettant une prise en main quasi immédiate. On espère, en fait, être mis complètement à la place de l’entraîneur, et d’avoir à disposition tous les outils pour nous le faire sentir. Pour un jeu de gestion focalisé sur un sport, on voudrait pouvoir toucher à tout.
Si l’on devait faire la liste, on citerait : gérer le staff, la dimension financière, les discussions avec les joueurs, les interactions avec le public, l’aspect blessures mais aussi le côté scouting etc. Tous ces éléments et bien d’autres encore sont très subtils et parfois délicats à formaliser in-game. Si l’on prend l’exemple de Football Manager par exemple, il a fallu de nombreuses années avant que le jeu atteigne une certaine forme de maturité. En matière de forme et de contenu.
Ensuite, lorsqu’il s’agit d’un sport médiatiquement moins mis en avant que le football par exemple, on se dit qu’on prendrait peut être un risque à se lancer dans ce genre d’aventure. D’une part, parce qu’il vaut mieux être un vrai fan pour allouer au mieux les ressources, faire les bons choix et vivre pleinement l’expérience. D’autre part, parce que la prise en main de ce genre de titre est souvent laborieuse au départ. En somme deux types de publics sont visés : les fans de basket et les habitués aux jeux de gestion. Voyons dès lors si ce nouvel opus parvient à faire mieux que les épisodes précédents.
Les points forts de cette édition 2019
Le point majeur de la licence, c’est très clairement le nombre de licences et de joueurs disponibles. Avec 80 compétitions jouables, plus de 1 000 équipes et plus de 20 000 joueurs et joueuses jouables, cet épisode fait mieux que son prédécesseur. Les pays disponibles et surtout le niveau de détail chaque compétition et de chaque ligue est très impressionnant. À ce titre, l’immersion est au rendez-vous. Vous pouvez en effet bâtir une équipe en partant de presque rien. À contrario, libre à vous de côtoyer les étoiles de l’autre côté de l’atlantique. Notons toutefois que le titre ne dispose pas de la plupart des licences officielles qui lui permettrait sûrement de franchir un palier.
Il faudra donc se contenter d’un « Lebron Jamas » évoluant à « Hollywood », club concurrent de « Lob Angeles ». On se croirait presque dans les anciens épisodes de PES où « Roberto Larcos » avait ouvert le score face à « Man Blue ». Une fois la plaisanterie passée, on comprend aisément que le coût de ces licences est largement prohibitif pour le studio français. Vous pourrez également accéder directement aux effectifs 2018/2019 malgré quelques manquements. Mais puisque la base de données est personnalisable et que le système de moding du workshop de Steam marche bien sur ce jeu, rien ne semble insurmontable.
À contrario, libre à vous de côtoyer les étoiles de l’autre côté de l’Atlantique.
Le moteur 3D a été entièrement repensé pour offrir un rendu plus vivant et modulable. En effet, vous pouvez à présent changer à l’envie l’angle de vue ainsi le zoom pour les adapter à votre convenance. Malgré tout, force est de constater que l’ensemble reste un peu brouillon voir approximatif. Les déplacements sont un poil caricaturaux et souvent maladroits. D’une manière générale, cet effort graphique est relativement peu récompensé. Comme Football Manager à ses débuts, mieux vaut privilégier une approche plus statistique ou simplement 2D pour mettre sa patte sur le déroulement d’un match.
Enfin dernier point fort du titre, l’immense possibilité d’action offerte au joueur. Vous pourrez ainsi aussi bien influer sur le prix des places en fonction de leur localisation dans le stade que jouer sur le prix des boissons, le nombre de buvettes à disposition ou encore la présence ou non de cheerleaders au cours des matchs. Et cela ne concerne bien évidemment que l’aspect périphérique des matchs. Au cœur du jeu lui-même, vous aurez toute latitude pour peser sur un match en créant votre propre système. Au bord du terrain, vous pourrez crier vos indications à vos joueurs et changer votre dispositif lorsque le résultat de votre équipe n’est pas à la hauteur de vos espérances. Si le jeu semble être sur la bonne voie, il pèche par certains aspects. La balance avantages/défauts s’incline malheureusement du mauvais côté et nous empêche de vivre une expérience pleinement satisfaisante.
L’ennui à répétition
Il nous faut souligner d’abord que le jeu subit encore de nombreux bugs qui entachent l’expérience de jeu. Outre les défauts de chargement et les phases de simulation qui font planter le jeu, force est de constater que la stabilité générale du jeu est parfois capricieuse. Passer d’une sauvegarde à une autre est, par exemple, fréquent. Cela a le don de faire perdre patience au sage le plus tempérant. On peut aisément espérer que les correctifs viendront à bout de ces imperfections.
Par ailleurs, le jeu est finalement dans son ensemble, à travers son IA ou les membres de votre équipe, peu réactif. Ainsi, vous pouvez passer toute une saison sans que l’IA ne se manifeste. Il se peut qu’elle ne fasse pas la moindre approche vis-à-vis de vos joueurs, même en fin de contrat. Les blessures et autres pépins physiques s’accumulent mais aucune autre trace de son activité ne se fait sentir. Dans la même veine, le jeu est parfois trop scripté, laissant peu de marge de manœuvre.
Au niveau des entraînements par exemple. Vous pourrez, bien sûr, les moduler. Au travers, par exemple, du nombre d’heures qui leur sont allouées ou de leur intensité, mais cela s’arrête là. Si les joueurs s’insurgent, même pour des niveaux d’effort raisonnable, vous n’aurez pas d’autres choix que de revoir votre copie et le tout s’arrête là. Impossible de taper du poing sur la table et montrer qui est le patron. De même, l’interaction avec votre staff est limitée à son strict minimum. Les scouts font des rapports, certes détaillés, mais l’adjoint lui n’est pas en mesure de faire autre chose que de faire la composition à votre place. Impossible d’interagir avec eux, d’ajuster vos demandes et de construire un dialogue. Tout est très figé.
Enfin, le point noir du titre est son côté redondant et peu créatif. Il n’est pas aisé de prendre part à une telle simulation. Mais même avec de la bonne volonté, l’amusement n’est pas au rendez-vous. Et ce ne sont pas les graphismes un peu justes et l’IA un peu faible qui donnent cette impression. Le titre, dans son ensemble, manque d’allant, de fougue. Les matchs s’enchaînent mais la flamme ne s’allume pas. De surcroît, PBM 2019 ne semble pas avoir véritablement franchi un cap. Restant sur ses acquis, le titre piétine quelque peu. Or, l’exigence des joueurs va crescendo, surtout pour ce type de jeux. Il faudra sans doute oser plus et mieux faire pour emporter l’adhésion.
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