Je pense ne pas être le seul à être ressorti du DOOM de 2016, puis de DOOM Eternal avec cette question me brûlant les lèvres : à quoi jouer maintenant ? Pas parce que je n’avais rien sous la main, puisque j’avais justement mis de coté le sympathique Wolfenstein : The New Order, mais parce que ces deux jeux, dans leur excellence et leur fraîcheur, m’ont complètement retourné. Au point de rendre fade tout FPS auquel je pourrais toucher ensuite.
Heureusement, quelques irréductibles continuent de verser dans le Fast FPS et même, parfois, dans le DOOM-like à l’ancienne, une alternative qui fait du bien. C’est le cas des petits gars de chez Bounding Box Software qui, après un Kickstarter largement réussi (105 000 dollars sur 52 000 demandés), ont développé un certain Prodeus. Une véritable lettre d’amour aux jeux de tir des années 90, proposée pour une vingtaine d’euros sur PC, PS4, Xbox One et Switch.
Conditions du test : Prodeus a été testé sur Xbox Series X via sa version présente dans le Game Pass. Il nous a fallu environ 7h pour arriver au bout de sa campagne, avec un taux de complétion total de 53%. Nous avons ensuite passé quelques heures sur le contenu participatif.
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ToggleLe DOOM 3 que l’on aurait dû avoir
Genre à l’agonie au milieu des années 2000, ayant connu une longue traversée du désert entrecoupée de quelques très rares sorties (notamment Rage en 2011), le Fast-FPS est revenu en force en 2016 avec DOOM, reboot de sa licence. Un titre novateur, qui repensait complètement le gameplay de ses aînés, au profit d’une tambouille encore plus nerveuse, plus gore, et plus addictive. Bref, une réussite sur tous les plans, que parviendra pourtant à magnifier l’exceptionnel DOOM Eternal en 2020. Depuis, nombreux sont ceux à avoir voulu s’essayer à ce genre de nouveau en vogue, mais peu sont parvenus à un résultat pleinement convaincant (coucou Shadow Warrior 3).
Parmi la petite liste de Fast-FPS disponibles cette année, on retiendra notamment Metal : Hellsinger, une production indépendante mettant le rythme au premier plan. Mais je peux vous assurer que Prodeus aura, lui aussi, sa place sur le podium du genre. Et les raisons sont multiples, mais puisqu’il faut bien commencer quelque part, alors abordons le cas de sa réalisation et de son ambiance.
Prodeus est un jeu de tir en vue subjective qui ne cache absolument pas ses inspirations. Visuellement, on est sur du gros pixel qui tâche, embarquant un bestiaire à l’ancienne, réalisé avec plusieurs modèles 2D assemblés. Mais en y regardant de plus près, le titre de Bounding Box Software est loin d’être aussi old school qu’il n’y paraît, jouant la carte du rétro en se parant d’un rendu parfaitement neuf, et d’un framerate à l’épreuve des balles.
Il jouit de lumières convaincantes, d’effets de fumée et de flammes fort jolies, et s’encombre d’une hémoglobine se déversant par dizaines de litres sur le décor, avec un rendu surprenant. Notez d’ailleurs que le sang que vous faites couler en réduisant à néant vos adversaires repeint véritablement la map, et ne s’estompe pas avec le temps. De là à qualifier Prodeus de Splatoon PEGI 18, il y a un pas que nous ne franchirons pas…
Quoi qu’il en soit, Prodeus opte pour une recette plutôt horrifique, ce qui dénote avec ce qu’ont pu faire ses concurrents ces dernières années. Et avec ses premiers décors à mi-chemin entre le futuriste et le sataniste, on était en droit de se demander s’il ne marchait pas dans les traces d’un certain DOOM 3. Heureusement, loin s’en faut ! Certes, son ambiance est pesante, ce qu’accentuent d’ailleurs les premières compositions musicales, ainsi que tout l’assortiment de bruitages, notamment les cris glaçants des ennemis. Et son bestiaire est une copie presque conforme de celui du DOOM de 2016, avec un skin rétro.
Mais n’allez pas vous faire de fausse idée. Prodeus est bien un Fast-FPS, cachant son fun derrière un habillage glauque, certes, et un goût pour l’hémoglobine. En réalité, ce qu’il faut y voir, c’est un hommage aux premières productions de id Software. DOOM en tête, évidemment, à qui le titre de Bounding Box emprunte l’amour pour le métal et les grosses guitares. On retrouve d’ailleurs un certain Andrew Hulshult à la composition, déjà crédité sur les musiques de Dusk, Quake Champions, ou encore Wrath : Aeon of Ruin… Mais surtout de The Ancien Gods, campagne en DLC de DOOM Eternal. Comme le monde est petit…
Plus proche de Quake que du DOOM de 93 ?
Il excelle dans son visuel, avec son aspect rétro en haute définition, mais qu’en est-il de son gameplay ? Eh bien, là encore, Prodeus surprend. Pour une production de cet acabit, il faut reconnaître qu’il est particulièrement solide. Les sensations de shoot sont efficaces, la prise en main immédiate, et l’arsenal varié… quoique entièrement piqué au DOOM de 93, à quelques exceptions près… Seule ombre au tableau, l’écran est surchargé, avec pour commencer les contours visibles du casque de notre protagoniste (façon Metroid Prime), mais aussi les munitions restantes sur chacune de nos armes, ou encore diverses jauges (vie, armure, double saut…).
Un petit défaut que nous fera vite oublier la nervosité des gunfights, la localisation des dégâts jubilatoire, ou encore le nombre d’ennemis à l’écran. Ce qui ne rend pas la sympathique campagne du titre inutilement difficile, d’ailleurs, à notre grande surprise. En effet, Prodeus est plutôt abordable. En mode normal, nous n’avons rencontré aucune résistance, jusqu’aux derniers niveaux qui gagnent drastiquement en intensité. Notez qu’il embarque pas moins de sept modes de difficulté, de quoi permettre à tout le monde de s’amuser, du néophyte à l’acharné de la gâchette.
Mais ce qui surprend le plus chez la production de Bounding Box Software, c’est encore son level design de génie. On le redit, il s’inspire des productions passées de id Software. Et sur ce point, il est plus proche d’un Quake que d’un DOOM. Ses niveaux sont moins labyrinthiques que ceux du shooter de 93, optant pour une linéarité toute relative, mais regorgent malgré tout de secrets à dénicher. Le tout en s’offrant le luxe d’une verticalité aussi bien exploitée que chez DOOM Eternal. Là encore, pour une production indépendante, Prodeus a de quoi étonner.
Solide jusqu’au bout des ongles
Il ne démérite pas au niveau de son contenu. Non content de proposer un très bon mode campagne se bouclant en sept à huit heures, avec son lot de secrets et d’armes à déverrouiller (de quoi vous faire tenir une quinzaine d’heures facilement), Prodeus s’est même constitué un petit lore qui se dilue au fil des niveaux sur des plaques de texte. Rien de bien extraordinaire, et nous n’y avons pas prêté particulièrement attention au cours de la première moitié de notre expérience. Mais l’effort est à saluer, d’autant qu’il participe beaucoup à l’ambiance anxiogène délectable du soft.
Les développeurs semblent avoir pensé à tout, jusqu’à une carte en trois dimensions, sur laquelle on se déplace malheureusement un peu trop lentement, et une boutique récompensant nos durs efforts pour trouver les différents secrets dans les niveaux. Une boutique qui, non contente de proposer de nouvelles armes plus puissantes, nous permettra aussi de débloquer un double saut et un rush, qui seront indispensables pour fouiller de fond en comble chacune des maps. Le backtracking est donc fortement encouragé.
Prodeus débarque avec un contenu online conséquent. Disponible en accès anticipé depuis plusieurs mois, il propose aux joueurs PC de réaliser leurs propres cartes, et ceux-ci s’en sont donné à cœur joie. Elles sont téléchargeables sur console, et certaines sont de petits bijoux. Et il y a fort à parier pour que la liste, déjà plutôt longue, s’étoffe largement avec la sortie du soft. Dommage qu’il ne soit pas permis de façonner ses propres cartes sur console… Enfin, notez la présence d’un mode multijoueur proposant une expérience coopérative et compétitive. Les serveurs sont vides pour le moment, mais on croise les doigts pour que cela change sur les semaines à venir, car le résultat s’annonce plutôt intéressant !
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