Les jeux d’horreur en VR ont le vent en poupe en ce moment, et WanadevStudio en profite pour lancer son nouveau jeu, Propagation: Paradise Hotel. Suite aux bons retours de leur wave shooter statique horrifique qu’est Propagation VR (jouable gratuitement sur Steam), les développeurs lyonnais ont dont voulu exploiter cette licence prometteuse. Qu’on se le dise, la nouvelle production du studio est globalement un bon jeu d’horreur et de survie, avec pas mal d’accrocs.
Conditions de test : Nous avons terminé Propagation: Paradise Hotel en 2h30 de jeu en mode normal. Le titre a été testé sur le Meta Quest 2 via l’Oculus Link avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleUn hôtel pas vraiment Paradise
Si vous vous attendiez à une introduction qui claque, oubliez. Propagation: Paradise Hotel nous fait commencer dans une cuisine barricadée, où notre protagoniste Emily est en compagnie d’un policier nommé Owen, sous ses faux airs d’un Leon S. Kennedy. Nos héros tentent de survivre en trouvant de l’aide via une radio, qui s’allume soudainement. Cette dernière nous laisse entendre un signal de détresse d’une certaine Ashley Diaz, la sœur d’Emily. C’est alors que notre héroïne et Owen vont devoir sortir de leur barricade et partir à la recherche d’Ashley, en espérant qu’elle soit encore en vie.
Dans l’absolu, la narration de Propagation: Paradise Hotel n’est guère reluisante. L’intrigue est banale, et la plupart des protagonistes rencontrés ne sont qu’assez peu développés, comme notre héroïne principale. Il en va de même pour l’introduction du début du jeu, qui manque d’épaisseur, et ne nous montre même pas comment Emily et Owen se sont retrouvés barricadés ainsi dans cette cuisine. Autant dire qu’il y a beaucoup trop de facteurs qui font que l’on ressort assez déçu de sa trame, brouillonne et peu passionnante tout du long. En attestent les dialogues du jeu, qui ne disposent pas d’une écriture si géniale, en dépit de quelques clins d’œil qui font tout de même plaisir.
La fin du jeu sera aussi un point frustrant. En sus d’avoir un jeu qui est finalement court – moins de 3h pour en voir le bout -, les développeurs nous offrent une fin des plus brutales. Autrement dit, attendez-vous à un gros cliffhanger, qui tease logiquement une suite. Chose qui est regrettable, dans le sens où le titre aurait très bien pu prolonger sa durée de vie. Néanmoins, pour un jeu à 19,99 €, le rapport durée de vie/prix reste correct, d’autant qu’il y a quand même plusieurs modes de difficulté afin que les joueurs aient une expérience à la carte.
Propagation se la joue Resident Evil
Propagation: Paradise Hotel est en effet un titre qui prend une tournure survie horrifique, pour le meilleur. Avec des déplacements traditionnels d’un jeu VR, votre protagoniste devra progresser dans les nombreux couloirs et étages de ce sinistre hôtel, où rodent divers infectés. Vous serez au fil du jeu armé d’une lampe torche, d’un pistolet mais aussi d’un spray de soin, très similaire à celui de la franchise Resident Evil. Bien entendu, vous devrez parfois fouiner un peu partout dans chaque chambre d’hôtel pour dénicher quelques antiseptiques, munitions ou batteries pour votre lampe torche, afin d’éviter de vous retrouver dans le noir complet et pas à l’abri d’un danger potentiel.
Ce qui est plaisant dans le titre de Wanadevstudio d’ailleurs, c’est son continuel sentiment d’insécurité et de peur constante en avançant. L’ambiance est bougrement pesante à souhait, et il ne sera pas rare d’être souvent pris au dépourvu par des zombies qui peuvent faire irruption dans une pièce, devant vous, ou tout simplement se relevant pour vous surprendre. La patte Resident Evil est d’ailleurs bien présente, avec la lenteur des zombies vous fonçant dessus, et où vous devrez au moins leur tirer trois balles dans la tête pour les mettre à terre pour de bons. Il n’y a pas à dire, les gunfights sont horriblement stressants, et sachez qu’il est possible de repousser les putréfiés avec un simple geste à mimer. Cela dit, cette feature ne fonctionne pas tout le temps, ce qui aura le don de vous faire perdre de la vie gratuitement, alors que vous avez fait le bon geste… Une mécanique d’esquive est aussi présente en pressant le joystick à droite ou à gauche, mais cela restera trop brouillon et peu intuitif à user.
Ceci dit, la mécanique intéressante de Propagation: Paradise Hotel, résidera dans la capacité des morts-vivants à se relever même après avoir été vaincus. Si vous revenez dans un endroit précédent où vous avez pu mater du zombie, il est parfois fréquent en fonction du bruit que vous faites, d’assister à la résurrection de ces derniers. Une chose qui peut corser la difficulté en somme, surtout si votre protagoniste commence à être dans la misère la plus totale en matière de santé, munitions ou batterie… Bienheureusement, il y a évidemment la présence de « safe room » autorisant le joueur à sauvegarder, et souffler un peu. On notera par ailleurs l’IA des morts-vivants pas si mauvaise, même s’ils ont tendance à parfois lâcher vite l’affaire si vous vous enfuyez…
La survie et la progression seront d’ailleurs étroitement liées à l’exploration dans le soft. En effet, l’aspect exploration assez grisante vous force à visiter chaque chambres d’hôtel ou pièces, qui récompenseront grassement le joueurs en matière de recharges pour votre spray, pistolet ou lampe torche. Un bon moyen pour le joueur de se refaire la cerise après une dure confrontation par exemple, ou bien d’enfin trouver l’objet adéquat pour progresser à des endroits auparavant inaccessibles afin de secourir au plus vite votre sœur. On peut dire que la construction globale fait carrément penser à du Resident Evil avec ces divers allers-retours incessants, et les diverses énigmes à déchiffrer afin de trouver un code, et ainsi dénicher l’objet dont vous aviez besoin. Sur ce point là, la ressemblance de Propagation: Paradise Hotel à Resident Evil premier du nom sera ici une grosse qualité comme un gros défaut, même si le soft parvient à se construire tant bien que mal sa propre identité.
Bien évidemment, le soft aura à disposition un système d’inventaire, pas transcendant. S’il est possible d’accéder à vos effets personnels en saisissant votre lampe torche au niveau de votre torse, votre pistolet sur votre hanche droite et le spray sur votre hanche gauche, seul l’inventaire vous permettra d’avoir un aperçu de la map ou de vos objectifs. Qui plus est, ce dernier servira aussi à lire quelques journaux que vous avez trouvés en chemin, mais aussi à utiliser les objets de mission comme les clés, la déviseuse ou pince coupante. Bien que cet inventaire soit bienvenu, il reste parfois encombrant et peu pratique, surtout quand il faut s’engager en combat d’urgence contre un putréfié.
On termine avec sa construction globale, équilibrée. Propagation: Paradise Hotel arrivera parfaitement à combiner gunfights oppressants avec des zombies classiques et plus évolués dont un boss de fin tarabiscoté, des énigmes en pagaille, mais aussi des moments un peu plus « narratifs ». Ce mélange donne au titre un cachet Resident Evil certes, mais tout en ayant sa propre identité, et est qui plus est bourré de jumpscares pour le moins ingénieux à chaque rencontre peu recommandable. On regrette juste que le level-design, même s’il est soigné, assez décevant sur la dernière partie du jeu, malgré un passage dans des conduits qui a le don de nous donner des sueurs froides. Il y aura également dans les manques, une interaction avec le décor bougrement limité, alors que c’est tout ce que l’on demande à un jeu VR de base…
Une patte graphique et artistique qui ont du charme
Pour le plan graphique, il faut bien admettre que WanadevStudio a fait du bon boulot. Le jeu s’offre en sus d’un côté immersif sans faille, d’un moteur graphique qui tient suffisamment la route pour nous offrir des textures et effets de qualité. Les zombies sont par ailleurs plus effrayants que jamais, et les divers effets de lumière sont clairement à saluer. Si nous sommes loin d’un jeu très beau, force est de constater que le studio lyonnais nous a sorti le grand jeu sur les graphismes, qui en jettent. Ce que l’on pourra potentiellement regretter, ce sera la version Meta Quest 2 avec l’Oculus link qui aura parfois ses petites sautes d’humeur sur son optimisation, mais rien qui ne ternisse pour autant l’expérience de jeu.
Sur la partie artistique, on reste sur un résultat mi-figues mi-raisins. Cet hôtel horrifique dans lequel nous progressons à un certain charme qu’on se le dise, et avec quelques panoramas bien gores qui font leur petit effet. La seule chose que l’on pourra reprocher à Propagation: Paradise Hotel sur ce point-là, sera parfois sa proximité un peu trop rapproché avec la licence de Capcom. De petits clins d’œil suffisaient amplement, quand le soft fait parfois l’erreur de s’inspirer d’un peu trop près de la franchise iconique de Capcom.
Reste qu’enfin, la partie sonore est maîtrisée. La bande-son amplifie très clairement l’atmosphère claustrophobique et stressante à chacun de nos pas vers l’inconnu. En fait, la seule ombre au tableau viendra parfois du doublage qui s’il n’est pas mauvais, nous fait parfois sentir des acteurs pas trop investis. En revanche, et hormis l’absence d’une vraie version française doublée, la production de Wanadevstudio arrive à viser juste, jusque dans les bruitages du jeu.
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