Seize ans c’est long, et c’est bien le nombre d’années qu’il aura fallu attendre pour avoir enfin une suite à Psychonauts. Qui plus est, on rappelle que Psychonauts 2 a aussi fait l’objet d’un financement participatif sur Fig, ce qui lui a permis de récolter pas moins de 3.829.024 $ sur 3.300.000 $ demandés. Une somme tout de même énorme certes, mais qui permet néanmoins au titre d’être enfin disponible depuis le 25 août dernier sur PC, PS4, Xbox One et Xbox Series.
Ainsi, plus de six ans après son annonce, Psychonauts 2, continue l’aventure en faisant suite au premier opus, mais aussi au jeu VR sorti en 2018 nommé Psychonauts in The Rhombus of Ruin, et servant évidemment d’apéritif à ce second volet. Il s’agit là d’un plaisir non-dissimulé de reprendre le contrôle de ce bon vieux Raz Aquato, et il se trouve que ces seize ans d’attente en valent finalement le détour, en sus de faire mieux que le premier volet. Explications dans ce test.
Conditions de test : Nous avons terminé Psychonauts 2 en 12h de jeu, en faisant une seule mission optionnelle, et en allant ensuite en ligne droite. Le titre a été testé sur PC avec 16 Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
Sommaire
ToggleUne nouvelle menace plane sur les Psychonauts
Sans surprise, Psychonauts 2 reprend là où s’est arrêté le jeu VR Psychonauts in the Rhombus of Ruins. Après avoir sauvé le chef des Psychonauts Truman Zanotto – qui est accessoirement le père de Lili Zanotto, la petite amie de Raz -, et arrêté les expériences douteuses du machiavélique Docteur Loboto, une nouvelle menace pointe le bout de son nez. Effectivement, il s’avère qu’une taupe a infiltré le QG des Psychonauts et cherche à ressusciter une certaine Maligula, que les Psychonauts ont pourtant battue autrefois.
Dans cette nouvelle aventure, Raz va devoir ainsi découvrir qui est la taupe et ce qu’il se trame chez les Psychonauts, le bougre étant maintenant devenu simple stagiaire chez ces derniers. Sans véritablement en dévoiler plus sur l’histoire pour ne pas spoiler, Psychonauts 2 propose ici une trame scénaristique des plus profondes avec pas mal de rebondissements, et surtout de grosses révélations super intéressantes sur l’origine même des Psychonauts et sur divers personnages, chose que le premier volet et le titre VR n’avaient pas eu réellement le temps de creuser.
Egalement, là où le titre excelle, c’est dans sa capacité à développer avec réussite les nouveaux personnages voire les protagonistes déjà en place depuis le premier opus voire le volet VR. Clairement, la plupart des personnages secondaires comme primaires deviennent très attachants, et la plupart de leur psyché prenant des thèmes bien précis comme le doute, l’insécurité voire les regrets. Ceux-ci sont tous bien traités à la perfection tout en arrivant à nous prendre aux tripes et nous toucher en plein cœur.
Autant dire directement que Psychonauts 2 maitrise son sujet avec brio, et les abordent même avec une certaine malice. La mise en scène du soft est elle aussi efficace, comme les nombreuses références à diverses franchises cinématographiques voire vidéoludiques. Bien évidemment, on n’oublie pas la direction artistique du soft, terriblement variée. Celle-ci nous fait parcourir de nouveaux et nombreux décors provenant directement du subconscient de chaque individus que Raz visite afin de les remettre sur pied mentalement parlant. En tout point, et avec une fin assurément convaincante comme entrouverte, Psychonauts 2 fait infiniment mieux que ses deux prédécesseurs.
L’épopée psychique par excellence, jusque dans le gameplay
Psychonauts 2, comme son aîné, offre pratiquement les mêmes types de phases de jeu. Tout d’abord, nous avons logiquement les phases de plateformes. Celles-ci sont plus nombreuses, un peu plus souples que Psychonauts premier du nom, et arrivent à proposer une certaine variété constante. Cela se voit notamment avec l’utilisation des nouveaux pouvoirs de Raz via la bulle temporelle voire la connexion mentale, vous faisant balader d’un point neuronale à un autre afin d’atteindre des plateformes inaccessibles.
Cependant, même si ces pouvoirs sont au service de ces séquences de plateformes tout en étant bien exploitées, des soucis de précision et d’appréciation des distances sont encore à noter. Toutefois, cela parait un peu moins frustrant que le premier volet, et sachez que ce second opus a revu un peu ses combats. Ces derniers sont un peu plus clairs avec un bon système de verrouillage, et surtout des ennemis beaucoup plus diversifiés. En effet, vous retrouverez des ennemis en rapport avec divers états comme par exemple la panique ou les regrets, et doté d’une barre de vie qui plus est.
Grosso modo, les combats sont fatalement plus fun que le premier volet, mais reste un poil confus à certains moments. Toutefois rien de bien grave, et sachez que la plupart des boss proposés dans le titre de Double Fine sont des plus réussis, avec une mise en scène très travaillée et terriblement efficace. Certes, certains sont parfois un peu moins réussis, mais cela sert justement à introduire quelques ennemis que vous combattez par la suite.
Inévitablement, Psychonauts 2 nous offre également quelques puzzles à résoudre. Qu’on se le dise, le bébé de Double Fine nous gratifie au final d’assez peu de challenge de ce côté-là, ces fameuses énigmes n’étant pas si difficiles que ça. Et c’est là que l’on touche au problème du jeu : il reste un peu trop facile. S’il vous arrivera parfois de perdre un peu de vie ou de tomber dans divers vides pour cause de mauvais timing, de caméra un peu hasardeuse ou par simple étourderie, Psychonauts 2 ne propose jamais véritablement un gros challenge.
Une chose assez regrettable, et proposer plusieurs modes de difficulté aurait pu être une solution viable. Au passage, notez que le système de vie a purement et simplement été supprimé de cet épisode, renforçant justement ce sentiment que le titre a été volontairement simplifié pour ne pas frustrer les joueurs, le premier volet étant parfois tarabiscoté à certains passages. Cependant soyons honnêtes, cela ne punit pas non plus cette suite qui se rattrape largement sur d’autres points, cela va de soi.
Outre ce léger écueil, le titre relève largement la tête avec une construction des niveaux, absolument géniale. Entre les décors variés comme cité un peu plus haut, en passant par une certaine verticalité tout en usant avec brio des pouvoirs de Raz au bon moment, le soft ne manque clairement pas de charme. Tout est vraiment parfait à ce niveau-là, et l’émerveillement comme le renouvellement constant sera de mise à chacun des niveaux parcourus, et c’est ce qui fait incontestablement sa force.
En dehors de ça, sachez que Psychonauts 2 conserve certains éléments de gameplay introduit dans le premier volet. Dans un premier temps, vous aurez les collectibles avec les bagages émotionnels dont vous devrez retrouver l’étiquette pour ces derniers afin de les récupérer. Ensuite, des demi-cerveaux seront aussi à trouver, où deux récoltés à chaque fois vous font gagner un cerveau de plus, représentant votre jauge de vie. Les joueurs ayant déjà touché à la licence ne seront pas nécessairement déboussolés, et d’autres éléments de gameplay font aussi leur retour.
Le QG des Psychonauts et ses améliorations
Effectivement, Psychonauts 2 se dote du même système de jeu que le premier, avec les rangs. En trouvant cinq bagages émotionnels d’affilés, en récoltant des cartes et noyaux psy à combiner ou en dénichant un certain nombres de bribes d’imagination dans les niveaux psychiques, vous gagnez un crédit de stagiaire. Cela vous permet ainsi de déverrouiller un niveau sur le pouvoir de votre choix, à condition d’avoir suffisamment de crédit ou d’avoir le rang requis pour ce faire.
Autre nouveautés à signaler, les broches. En allant dans la boutique d’Otto, vous pourrez moyennant du psytanium – la même monnaie que le premier jeu -, équiper des broches à vos pouvoirs psychiques. Tout ceci octroiera des bonus passifs à ces derniers, afin de mieux négocier en l’occurrence les divers combats contre les boss ou vos adversaires. Qui plus est, ladite boutique, en sus de vous vendre quelques sucettes psy pour vous refaire une santé, vous pouvez acheter divers accessoires pour améliorer votre bourse pour accumuler plus de psytanium, et plein d’autres joyeusetés.
Le système de boutique est ainsi plus fourni et mieux ficelé que le premier opus, qui était assez peu utilisé et exploité. En supplément, sachez que Psychonauts 2 adopte comme son prédécesseur, le monde semi-ouvert. En effet, vous aurez la liberté de vous balader dans le QG des psychonauts, à l’extérieur de celui-ci, et aussi utiliser des trappes afin de vous balader de zones en zones. Aussi, vous aurez la liberté de naviguer entre les divers niveaux psychiques, si jamais vous avez loupé divers collectibles ou bribes d’imagination voire les bagages émotionnels ou les coffres de mémoire.
La structure semi-ouverte de Psychonauts 2 se dote finalement de quelques retouches agréables, en plus du fait que les missions principales voire optionnelles sont un peu plus claires, ce qui n’était pas vraiment le cas sur le premier jeu. En sus, des choix de dialogues sont aussi implémentés sur cette suite. A la manière du premier Psychonauts, il n’y a pas de choix à proprement parler, car parler aux divers personnages ne sert qu’à en savoir plus sur eux ou sur le lore du soft ni plus, ni moins. En somme, Psychonauts 2 a considérablement amélioré son système de jeu par petites touches, et pour le meilleur.
Technique ok, mais où est passé le doublage français ?
On se demandait vraiment comment allait être le jeu final après des trailers laissant présager un titre techniquement abouti. Eh bien finalement, force est d’admettre que Psychonauts 2 s’en tire vraiment bien graphiquement parlant. Même si nous ne sommes pas devant le plus beau jeu du monde en matière de graphismes, le soft tournant sur l’Unreal Engine 4 arrive à être bluffant avec quelques effets visuels de qualité, et aidé par une direction artistique changeante à chaque niveau, qui nous fait oublier ces quelques petites lacunes.
Cependant, et hormis des arrière-plans et quelques idées graphiques au service du gameplay qui forcent le respect, tout n’est pas parfait. Il manque effectivement des textures un peu plus détaillées, quelques bugs de collisions viennent s’inviter à la fête ainsi que divers retards d’affichage sur les textures ou un léger clipping de-ci de-là. De petits freezes et chargements un poil longuets sont aussi de la partie mais qu’à cela ne tienne, cela reste assez mineur comparé à d’autres titres qui sortent en général bourrés de bugs gênant, voire perturbant l’expérience de jeu. Ici, ce n’est pas réellement le cas et on reste parfois même pantois à admirer les quelques panoramas psychiques hypnotisant qu’a à nous offrir le bébé de Tim Schafer.
En revanche, même si la bande-sonore est au top de son niveau, le doublage français vraiment excellent sur le premier Psychonauts manque à l’appel. Hormis un doublage VO de grande qualité avec du Jack Black ou encore du Elijah Wood au casting, on est bien malheureux de voir que le doublage français n’est pas disponible. Ce qui est réellement dommage, tant la performance de Donald Reignoux était fantastique dans le rôle de Raz Aquato dans le premier volet…
Mais visiblement, Double Fine a estimé que ce n’était pas une priorité de proposer le soft dans la langue de Molière… Bref, au-delà de ça, on se consolera comme on peut avec une atmosphère sonore grandiose et aussi une certaine performance musicale de Jack Black qui prouve que le bonhomme est juste immortel dans nos têtes.
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