Il y a des studios indépendants qui souhaitent se démarquer des tendances actuelles en prenant soin de l’aspect visuel de leur titre, ici SuperGiant Games ne déroge pas à la règle et viendra une fois de plus proposer un jeu visuellement très soigné avec JenZee aux commandes de la direction artistique, il n’aurait pas pu en être autrement. La talentueuse artiste derrière le développement visuel de Transistor propose un tout autre univers à découvrir avec sa patte graphique dont elle seule connaît les secrets.
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ToggleUne délicate maîtrise du sujet
Le style graphique reste aussi ravageur : jonglant entre l’élégance et un dessin stylisé, il est impossible de confondre Pyre avec une autre œuvre sur le marché. Le résultat est tout simplement somptueux ! Le moteur du jeu ne demandera pas l’impossible à nos tendres machines mais jouera plus sur l’aspect narratif avec des environnements divers et variés en fond présentés sous forme de tableaux défilants. Chaque tableau aura sa propre ambiance inspirée de son propre thème avec son équilibre parfait de couleurs bien particulier et, tout comme les productions précédentes, le sound design et la musique épaulés par Darren Korb (oui !!!) viendront envoûter nos sens pour atteindre l’osmose parfaite entre pixels et décibels. Accaparant ! Parcourir l’univers de Pyre devient troublant tant la maîtrise de ses codes graphiques et sonore résonnent comme un régal durant la dizaine, voire douzaine d’heures de jeu.
Les personnages qui feront vivre votre périple interviennent sous forme d’apparition picturale de part et d’autre de l’écran avec un dialogue écrit ou plutôt “traduit” pour notre compréhension afin de faire progresser l’histoire au gré des décisions du joueur. Si vous avez joué à Guild Wars 2 vous comprendrez ce dont je parle 😉
Oui vous l’aurez compris, Pyre est avant tout une aventure narrative textuelle à la structure assez linéaire !
Nombreux sont les protagonistes rencontrés mais le noyau dur de l’équipe persistera malgré les courtes heures de jeu, des liens vont se tisser et une meilleure affinité avec ces personnages s’installera. C’est aussi une volonté du studio de séparer drastiquement les phases de dialogues avec un gameplay étonnant pour un jeu du genre. L’aventure est ponctuée de rencontres les unes plus intéressantes que les autres, l’univers et les relations se tissent avec un naturel saisissant : on croirait que ça se passe pour de vrai ! Pour leur troisième jeu, l’équipe de SuperGiant Games aura voulu revisiter le basketball au point de l’élever à un mysticisme jamais encore atteint. Rapidement, le joueur se retrouve à collaborer et diriger une équipe de … wait for it … !
Capable du meilleur comme du Pyre …
Le joueur est plongé dans l’univers du jeu de la pire façon qu’il soit, en effet on incarne un personnage (laissé pour mort) que l’on ne verra jamais, expédié contre son gré dans une réalité qui s’apparente à un purgatoire, appelé les Bas-Fonds, pour un crime qui n’a pas vraiment de sens : la culture et le savoir. Ces capacités sont considérées comme extrêmement néfastes pour donner le statut d’Exilé à toute personne allant à l’encontre de ces règles. Au moment où la flamme de vie commence à s’éteindre, trois personnages errants dans une caravane, eux-mêmes Exilés, vous recueillent et décèlent rapidement vos capacités qui changeront leur destiné, la vôtre incluse. En effet, nous incarnons un personnage capable de déchiffrer les écrits d’un ouvrage bien précieux pour vos compagnons renfermant le secrets des « Rites » : la seule porte de sortie du purgatoire. Ces Rites sont constitués d’une série d’épreuves, guidés par les étoiles pour trouver le point exact où se déroulera la cérémonie, permettra au plus méritant d’être expié de ses pêchés et de retrouver sa liberté.
Pyre est une véritable merveille qui caresse nos sens à chaque occasion
Le scénario est plutôt aguicheur et l’écriture apportée aux histoires de vos compagnons de voyage ou des personnages rencontrés ont une identité propre et tous ont une histoire travaillée qui leur a valu un voyage sans retour au purgatoire. De ce fait, les motivations de chacun pour regagner la liberté vaut la chandelle de mettre en place de nombreux efforts plutôt que de finir ses jours dans un monde où le trépas n’est qu’inévitable.
Un Big Mac et des grands Rites
Les Rites sont la préoccupation centrale de tous les Exilés des Bas-Fonds, quant à nous, “Liseur”, sommes en mesure de trouver l’endroit où auront lieu ces cérémonies qui se déroule pratiquement comme un jeu de… basketball… Sur le terrain, deux équipes de trois s’affrontent et doivent réussir à éteindre le feu adverse disposant de 100 points de vigueur en y déposant une orbe mystique qui apparaît au centre du terrain à chaque début de partie. C’est la partie Football Manager du jeu que de choisir qui ira sur le terrain ; cependant chaque joueur aura ses propres caractéristiques qui déterminera la façon de jouer en équipe mais tout seul à la fois (WTF?!) : c’est l’aspect RPG du titre ! En effet non seulement à l’accumulation des points d’expérience des capacités de terrains sont débloquées par palier de niveau mais également un arbre (bonsaï ?) de talent vient s’immiscer dans la partie pour personnaliser son équipe ainsi qu’un système de commerce pour de l’équipement et apporter des bonus non négligeables à l’ensemble des joyeux lurons bannis qui vous accompagnent.
Les règles du basketball revisitées est donc la façon dont les rites se déroulent avec quelques différences : un seul joueur par équipe pourra se déplacer tandis que les autres resteront figés avec la possibilité tout de même de changer de personnage quand bon nous semble, les joueurs sur le terrain possèdent une aura de présence qui viendra éliminer (pendant un court instant) tout malheureux qui croisera leurs chemins (et vice-et-versa) notamment efficace face au joueur adverse qui porte la balle car il est dépourvu de toute aura ! Bien sûr, cette aura pourra être projetée comme une onde de choc pour éliminer ses adversaires en anticipant leurs mouvements à moins qu’ils ne réussissent à l’éviter par un sprint ou un saut bien calculé qui fera tout même perdre quelques points d’endurance qui se régénèrent avec le temps. C’est tout ce qu’il y a à savoir pour le déroulement des parties sans oublier que le terrain en lui même peut être un véritable champs de mines relevant le défi au fil des affrontements.
Le premier road trip simulator en roulotte
Pour être tout à fait honnête, les premières partie de basket dans Pyre sont déroutantes. Les commandes sont faciles à prendre en main, les potentielles subtilités du gameplay passent sous le nez durant les premiers affrontements et malgré une difficulté rehaussée, le challenge n’est pas vraiment au rendez-vous. Même si les adverse n’opposeront que peu de résistance, les sessions intenses sur le terrain restent tendues et réussir à atteindre la flamme adverse in extremis libère une entière satisfaction à la voir s’amenuiser. Malheureusement, les parties de ballon prisonnier / basketball ne rendent pas toute l’importance qu’elles devraient avoir et l’ampleur du défi s’amenuise au fil des parties une fois le gameplay maîtrisé. De plus, perdre une partie n’est pas synonyme de game over mais au contraire l’histoire continue son cours pour profiter encore quelques heures de vagabondages oniriques.
Un bannissement définitif ?
Ce “visual novel” est très prometteur au niveau narratif, il est sans conteste le projet le plus ambitieux à ce niveau-là car contrairement à Bastion ou Transistor qui ne traitent que des péripéties d’un seul personnage principal : ici c’est toute une armada de personnages d’horizons bien différents qui viendront agrémenter le scénario de leurs vécus et de leurs personnalités parfois bien opposés. Tous les regards sont quand même dirigés vers le même objectif : retrouver sa liberté. La plus grosse partie du jeu sera d’arpenter les menus et faire défiler les dialogues en préparation des prochains Rites. Sur le papier c’est pas très attractif c’est sûr, mais Pyre parvient sans mal à happer le joueur dans son univers pour qu’il arpente les Bas-Fonds en roulotte : la classe non ?
SuperGiant Games aura réussi une fois de plus à créer une œuvre qui se démarque du lot, ses visuels, sa musique, son histoire et même sa simulation de basketball mystique sont une véritable réussite. Dommage que les parties endiablées sans merci n’aient pas réussi à posséder plus de corps pour refléter toute l’importance de l’enjeu. Une jolie création qui a bénéficié d’une traduction en français pour les plus récalcitrants de la langue de l’oncle Sam.
Pyre est déroutant au premier abord pour finalement retrouver l’identité du studio derrière les premières minutes de jeu, et c’est rafraîchissant. Un projet narratif ambitieux et un gameplay atypique auront permis au studio d’ajouter leur troisième jeu au catalogue. Ce n’est décidément pas un jeu qui parlera à tout le monde, et n’a pas eu le succès qu’il méritait. Le jeu mérite tout de même d’y faire un tour, sa courte durée de vie n’est en rien présage de jeu bâclé, on le sait chez SuperGiant Games ce sont les jeux à durée raisonnable qui font vibrer leurs joueurs.
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