Si l’on peut reprocher pas mal de petites choses à la Nintendo DS, notamment quelques titres aux concepts étranges hérités de l’écran tactile, il n’y a toutefois rien à redire quant à sa vaste bibliothèque de jeux. Car à défaut de concurrencer sa grande rivale, la PSP, par rapport à sa puissance technique, la portable aux deux écrans nous a tout de même offert un nombre incalculable de perles vidéoludiques mémorables, notamment de nombreux J-RPG. Évidemment, on commence à en avoir l’habitude, beaucoup d’entre eux n’auront malheureusement jamais atteint la frontière européenne. C’est par exemple le cas de Radiant Historia, un jeu de rôle nippon old school qui ne manque pas de qualités.
Près de huit longues années après sa sortie originale, le titre d’Atlus nous parvient enfin sur 3DS, via un remake sous-titré Perfect Chronology dont les premières heures de jeu n’ont pas manqué de nous enthousiasmer. Il est désormais temps de voir ce que vaut sa version complète.
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Bien que le hack de jeux Nintendo DS soit devenu monnaie courante avec l’apparition de nombreux modèles de Supercard, et que l’import fonctionnait pas mal avec cette console qui a le bon goût de ne pas être zonée, je doute que beaucoup de joueurs francophones aient eu l’occasion de toucher à Radiant Historia. D’abord parce que le titre d’Atlus n’aura pas fait grand bruit par chez nous, malgré sa grande qualité indéniable ; mais surtout parce que sa version américaine était particulièrement difficile d’accès, la faute à un niveau de langue très élevé. Ainsi, il me semble plus judicieux de reprendre de zéro pour vous expliquer ce que propose Radiant Historia : Perfect Chronology, son remake sur 3DS.
Radiant Historia utilise comme toile de fond la désertification de son continent. Une catastrophe naturelle que personne ne semble pouvoir expliquer, mais qui n’empêche pas les différentes forces en présence de se livrer bataille. L’histoire commence sur les chapeaux de roues, avec le protagoniste, Stocke, qui se voit confier une mission d’ordre capital : récupérer un informateur avant que l’ennemi ne s’en empare. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu, et celui-ci se fait tuer sous les yeux du mercenaire, puis c’est au tour de ses deux compagnons d’arme. Acculé, Stocke réussit à s’enfuir tant bien que mal, et se retrouve, à moitié mort, dans un monde étrange, qui lui permettra par la suite de revenir dans le temps, sauver ses amis, et changer le cours de l’histoire.
Vous l’aurez certainement compris, l’aventure tournera donc en majeure partie autour de cette faculté qu’a le héros de pouvoir revenir dans le passé. Et cela trouve tout son sens dans le déroulement de la trame, puisque l’on sera régulièrement confronté à des choix binaires très importants, pouvant faire basculer le monde dans le chaos, engendrer la mort d’un compagnon, ou bloquer totalement la situation. L’intérêt, c’est que l’aventure se scinde en deux, et qu’il faudra nécessairement explorer un côté de l’histoire pour pouvoir avancer dans l’autre, et vice versa. Seul bémol, la trame est particulièrement touffue, les informations à ingurgiter sont colossales ; de fait il y a fort à parier que Radiant Historia perdra les joueurs les moins assidus.
L’aventure tournera donc en majeure partie autour de cette faculté qu’a le héros de pouvoir revenir dans le passé. Et cela trouve tout son sens dans le déroulement de la trame, puisque l’on sera régulièrement confronté à des choix binaires très importants.
D’autant que, comme souvent avec les J-RPG sur console portable, le titre d’Atlus n’a nullement été traduit depuis l’anglais, ce qui le rend une fois encore très difficile d’accès. Car tandis que dans un Ace Attorney, les dialogues sont écrits pour être compris par le plus grand nombre, chez Radiant Historia il n’est nul question d’édulcorer les tournures de phrases. Ainsi, à moins de maîtriser sur le bout des doigts la langue de Shakespeare, mieux vaudra passer votre chemin. Dans le cas contraire, vous risqueriez de ne pas comprendre grand chose à ses mécaniques de gameplay, mais surtout à son histoire particulièrement bien écrite. C’est fort dommage, car passer à côté d’un J-RPG de cette trempe serait un crime…
Remake ou portage ?
Radiant Historia : Perfect Chronology reprend trait pour trait ce que proposait l’original sur Nintendo DS, à quelques détails près. Ainsi, pas de gros travail de fond sur ce remake, qui ne dépaysera absolument pas les joueurs du premier. Atlus a toutefois pensé à tout le monde, en proposant deux modes histoire différents, destinés respectivement aux néophytes et à ceux qui ont déjà bouclé Radiant Historia. Ne vous attendez pas pour autant à des changements énormes, puisque ceux-ci se limiteront à quelques embranchements supplémentaires dans l’aventure, ce qui signifie un poil plus de choix, mais surtout un contenu scénaristique quelque peu étoffé. Aux habitués de voir si cela leur suffit.
Au-delà de ça, les changements sont principalement graphiques. Ainsi, la 3D quelque peu hasardeuse de la Nintendo DS a été très légèrement affinée, rendant les environnements un poil plus propres et jolis. Une riche idée qui permet de profiter d’un design général fort réussi, sans dénaturer le travail original. Toutefois, il est vrai que le titre aurait mérité un ravalement de façade plus conséquent, ne serait-ce qu’au niveau de ses affrontements. Les décors y sont en effet parfois légèrement décevants. Idem, les animations sont souvent un peu ridicules. Enfin ne vous y trompez pas, malgré cela Perfect Chronology reste plutôt joli, dans un style très old school. L’interface a quant à elle été entièrement revue, et se révèle plus agréable à parcourir.
Il est vrai que le titre aurait mérité un ravalement de façade plus conséquent…
Au rayon des nouveautés, on notera tout de même l’apparition de doublages en anglais, qui viennent habiller chacun des dialogues comprenant des personnages importants de l’histoire. Une riche idée, qui permet à ceux-ci d’être moins soporifiques, et bien sûr plus rythmés. Mais surtout on retiendra leur qualité, leur justesse, qui fait écho à l’excellente bande originale du titre qui, quant à elle, n’a pas bougé d’un pouce. Pas que cela soit un problème, en somme, puisque bien que le nombre de morceaux soit un peu mince, il faut leur reconnaître une qualité indéniable. Rarement un RPG sur console portable n’a bénéficié d’un pareil travail sur sa partie musicale, et avouons-le, c’est particulièrement plaisant !
Technique, efficace, original
Radiant Historia c’est aussi un gameplay à la fois classique et original. Classique parce qu’il s’agit d’un J-RPG dont la progression n’a rien de très surprenant. On fait en effet évoluer nos personnages en gagnant de l’expérience, on les équipe d’objets glanés çà et là, et c’est tout, pas de système de classe par exemple. À la manière de beaucoup de jeux de rôle à l’ancienne en somme, et ça fonctionne très bien. Et puis le titre ne se révèle jamais redondant, notamment grâce à un système de combat particulièrement bien pensé, très original, à la fois stratégique et grisant. Difficile à comprendre dans un premier temps, celui-ci permet aux affrontements de n’être jamais ennuyeux, et pousse sans cesse le joueur à la réflexion.
Le titre ne se révèle jamais redondant, notamment grâce à un système de combat particulièrement bien pensé, très original, à la fois stratégique et grisant.
Les ennemis sont placés sur un damier de neuf cases, trois lignes et trois colonnes, du plus proche au plus lointain. Ceux qui se trouvent plus en avant feront évidemment plus de dégâts physiques, mais ils en subiront aussi plus en contrepartie. Ceux du fond en infligeront moins, et seront plus difficiles à terrasser. L’intérêt, c’est que nos personnages disposent de techniques pouvant pousser les adversaires dans des directions différentes, le but étant souvent d’en faire des paquets pour les éliminer en même temps. Nos combattants pourront aussi échanger leur tour entre eux ou avec celui d’un ennemi. Punitif dans le cas où l’on réfléchit mal son plan d’action, ce système récompense cependant les combos les plus longs et les plus efficaces, par un gain d’expérience supplémentaire. De quoi rendre les combats assez addictifs.
Toutefois, son classicisme n’a pas que du bon. On notera par exemple qu’il faudra parfois passer par de petites phases de Level-up, afin de faire grimper de niveau un personnage arrivé en cours de route et manquant de force ou de résistance. Heureusement, la difficulté est très progressive, et le jeu ne nous place jamais devant un ennemi trop fort. Les Boss n’opposent, par ailleurs, que rarement une résistance très farouche. Mais surtout, pas moyen de changer la place des coups spéciaux de nos combattants, dans une liste qui finit par être vraiment très longue, et qui manque pas mal d’ergonomie. À terme, devoir chercher ses attaques quelques secondes, plusieurs fois par combat, finit par se révéler quelque peu agaçant.
Enfin, outre son contenu scénaristique particulièrement conséquent, Radiant Historia : Perfect Chronology offre aussi tout un tas de petites choses à faire en dehors de sa trame principale. Un grand nombre de quêtes annexes pourront ainsi être réalisées, et demanderont là encore de se servir du retour dans le temps d’une façon intelligente. Ces dernières sont d’ailleurs chaque fois joliment présentées, de sorte qu’elles ne servent jamais à gonfler bêtement la durée de vie du titre. Reste une zone spéciale, débloquée au second chapitre de l’histoire, qui permettra de récupérer différents équipements autrement qu’en les achetant simplement au cours de l’aventure. Pour un titre sur console portable, ce J-RPG ne se moque pas de nous, avec une cinquantaine d’heures de jeu en ligne droite, et vingt à trente de plus pour tout débloquer.
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