Qui n’a jamais rêvé de déplacer des objets juste en bougeant les mains ? Relicta vous propose de réaliser ce fantasme en vous mettant en scène dans un puzzle-game narratif à la première personne aux allures de film spatial catastrophe. Développé par les espagnols de Mighty Polygon et édité par Ravenscourt, le jeu de science-fiction est sorti le 4 août dernier sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Ambitieux avec sa construction tout en voulant se démarquer de son jumeau Portal, le jeu vaut-il vraiment la chandelle ?
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité du jeu en une quinzaine d’heures – oui certaines énigmes nous ont bloqués un certain moment – sur PlayStation 4 Pro.
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ToggleAimant mais pas collant
L’histoire de Relicta semble simple, du moins au début. Nous sommes en 2120. Vous incarnez une scientifique, Angelica Patel, envoyée sur la Lune, au sein d’une base spatiale nommée Chandra, pour partir explorer des cratères terraformés et enquêter sur les agissements d’une ancienne société présente il y a quelques années, Aegis Labs.
Dès le début de l’aventure, vous vous retrouvez à devoir trouver d’où vient le dysfonctionnement du Relicta, entité secrète que vous observez depuis votre base et dont seule votre équipe en connaît l’existence. Car rien ne va se passer comme prévu et la mystérieuse roche va commencer à faire des siennes et à causer de monstrueux dégâts. Après un dramatique final, la cinématique d’introduction vous renvoie 2 ans plus tôt.
Car depuis maintenant deux ans, vous attendez l’arrivée de votre fille enfin diplômée en physique et que vous avez laissée sur Terre alors que vous êtes venue avec votre compagnon (tout à fait normal). Vos journées sont rythmées par l’attente de votre fille avec qui vous entretenez une relation tout de même distante. Mais le jour où votre fille doit arriver, des anomalies électriques ont endommagé les circuits des cratères que vous étudiez. Vous allez devoir aller enquêter et tenter, avec votre équipe dispersée, de remettre le courant. Toute une partie de Relicta correspondra à ces 2 ans d’attente.
Bien que présenté sous la forme d’un puzzle-game, le jeu prend parfois des allures de thriller intense et plutôt bien écrit, alliant phases d’énigmes et cinématiques à plusieurs personnages, jusqu’à se demander si l’on n’en devient pas schizophrène au fil de l’aventure (vous comprendrez en jouant). Au travers de plusieurs environnements variés comme la forêt, le désert ou encore les grottes de glace, vous apprendrez à contrôler la technologie gravito-électromagnétique au travers de tutoriels suivis d’énigmes et casse-têtes retors.
Car bien que vous soyez une physicienne émérite, vous devrez vous entraîner continuellement via des pistes d’entrainement gorgées d’énigmes dans chacun des biomes présents. Et alors que votre fille se trouve être à quelques minutes de son arrivée, vous revoilà dans la scène d’introduction avec une véritable explosion du Relicta qui finit par vous aspirer. Votre système de contrôle vous réveillera et prétextera que rien ne s’est passé. Vous vous rendrez vite compte que quelque chose a changé depuis ce moment-là, mais nous ne vous gâcherons pas la surprise.
L’histoire évolue en continu avec de très nombreuses conversations entre Patel et ses collègues ou entre Patel et le système omniscient qui surveille et contrôle toute votre base. Il faut tout de même noter que bien que les personnages soient suffisamment charismatiques pour vous emporter dans leurs histoires, on aurait aimé voir quelques personnages davantage vivre et ne pas se retrouver qu’avec des photos ou autres pour les représenter. Passons sur les dialogues d’une qualité brouillonne.
À noter qu’un doublage français n’est pas proposé mais que les sous-titres sont bien présents. On retrouvera pour autant de multiples collectibles permettant d’enrichir le lore du jeu avec des échanges de mails ou des compte-rendus d’expéditions entre autres. Ces collectibles, vous les retrouverez souvent dans la base elle-même, que vous arpenterez entre chaque niveau mais sans carte ce qui provoquera parfois une errance mal venue.
Un aimant pas comme les autres
Côté gameplay, tout tourne autour de la manipulation d’objets polarisés. Pour manipuler les cubes composant vos énigmes, vous devrez porter des gants électromagnétiques qui vous permettent d’inverser leur polarité. D’une main, vous pouvez leur conférer une polarité positive et de l’autre, une polarité négative. Cela est accompagné d’une touche permettant d’annuler la gravité de l’objet en question et ainsi le faire se surélever ou en tout cas, de moins subir les lois de la gravité.
Cet ensemble de manipulations fait que l’on doit compter également sur les lois de la physique : les opposer s’attirent et les forces égales se repoussent. Partant de ce postulat, il vous faudra user de cette maxime afin de propulser les cubes en question dans la direction voulue afin qu’ils aillent in fine activer des interrupteurs muraux ou au sol et ouvrir des portails permettant de passer à l’énigme suivante. Vous pouvez même les utiliser pour grimper dessus et ainsi gagner en hauteur. A vous donc de « programmer » les différents interrupteurs pour que les cubes ne s’arrêtent pas en chemin.
À noter que de nombreuses énigmes sont assez pointues au point de vous faire perdre de longues minutes pour tenter de comprendre comment les résoudre, ce qui rallonge artificiellement la durée de vie déjà honnête du titre. Si vous aimez aller vite sans vous prendre la tête, passez votre chemin. Et il faut tout de même préciser que Relicta peut facilement lasser avec ce schéma se répétant de très nombreuses fois.
Et on pourra reprocher cela à Relicta : son couloir inévitable et ses murs invisibles qui bloquent le sentiment de découverte des lieux. Associez cela à des longues dizaines des minutes passées sur des énigmes qui vous font totalement oublier l’urgence de la situation pour votre base et vos collègues et vous obtenez une recette en demi-teinte.
Pour cet aspect, le game design pêche un petit peu car on retrouvera souvent la même construction de salle car si vous êtes bloqué.e, il vous suffira de lever les yeux pour trouver un cube à débloquer la plupart du temps. On passe un portail, puis une zone peu aménagée (c’est dommage pour le coup) puis on rentre dans une nouvelle zone d’énigme etc.. Autant dire qu’avec plus de tableaux, on risquerait l’overdose.
Un jeu répétitif mais complet
Heureusement que le gameplay gagnera en profondeur au fil du jeu avec l’ajout de fonctionnalités et de possibilités comme notamment le contrôle de plateformes mouvantes en plus des cubes habituels. Et nul besoin de vous préciser qu’au fil du jeu, les énigmes gagneront en difficulté. Le sens du timing sera de plus en plus primordial surtout quand il faudra activer un interrupteur pour faire passer votre cube tout en vous déplaçant pour activer un autre interrupteur afin que votre cube n’arrête pas sa course.
Côté graphismes, le jeu s’en sort vraiment pas mal. Avec de jolis panoramas et des effets visuels réussis, le premier jeu du studio espagnol montre la maîtrise technique en la matière et renforce le réalisme. Réalisé en vue à la première personne, le jeu serait un parfait client à une transposition en réalité virtuelle, par les contrôles manuels ainsi que la nécessité de regarder partout autour de soi pour trouver les solutions aux énigmes. Nous n’avons pas repéré de ralentissements ou de popping puisque les niveaux se chargent pendant que vous prenez un grand ascenseur.
On regrettera toutefois la présence trop discrète d’une bande-son mémorable avec seulement quelques musiques dans des moments choisis. On mettra cela sur le compte d’un parti pris des développeurs pour aider le joueur à se concentrer sur les énigmes et ne pas être obligé de couper le son. Enfin, on passera sur le mode photo proposé, classique et peu utile hormis lorsque de beaux panoramas se présentent à nous. Reste que pour le prix, cela est très honnête.
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