En 2003, alors que la Nintendo GameCube était là depuis une bonne petite année, j’étais encore en train de jouer et de découvrir la ludothèque de la Nintendo 64. C’est en flânant dans les boutiques que je tombe sur une cartouche d’un certain Resident Evil 2. Je ne connaissais pas encore la série à l’époque, et je ne le savais pas encore, mais ce jeu allait devenir un vrai choc. Nous sommes ensuite en 2015 et Capcom annonce officiellement la mise en chantier d’un remake pour Resident Evil 2. Si la communauté ne cache pas son plaisir, on était en droit à l’époque de se questionner concernant le résultat final.
Vous le savez très certainement, de nombreux changements sont présents dans cette nouvelle version. La volonté de l’équipe de développement a été bien entendu de contenter à la fois les fans de la première heure ainsi que les nouveaux venus. C’est pour cela que vous trouverez par exemple une durée de vie augmentée par rapport au titre original, mais aussi une réinvention totale des puzzles et un agrandissement de l’ensemble des lieux du titre.
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ToggleUne station-service à la lisière de Raccoon City…
Après avoir effectué les premiers réglages et choisi notre langue du jeu, nous arrivons dans le menu principal. A noter qu’il est possible de jouer au jeu en anglais comme en japonais. Un doublage français est également présent mais la qualité de celui-ci est en deçà. Nous avons l’impression de se retrouver par moments face à des acteurs vocaux qui sous-jouent leur rôle, ce qui est dommage. Tout comme dans le titre original, vous aurez le choix entre incarner Claire Redfield ou Leon S. Kennedy. Par rapport à cela, cette nouvelle version respecte la volonté initiale du titre de 1998 en proposant une version bis de l’aventure avec l’autre personnage afin de pouvoir découvrir l’intégralité du titre.
On se retrouve donc avec un système de jeu différent de l’ancien A/B. La différence est qu’ici, Capcom propose l’intégralité de l’histoire en une seule run, avec la campagne d’un personnage et la campagne bis de l’autre personnage, cette dernière étant débloquée lorsque vous aurez fini la campagne principale. Bien entendu, certains changements sont présents tels que des lignes de dialogues, les objectifs de chacun étant tout de même différents, mais la trame principale sera la même pour ce personnage. Les campagnes bis se trouvent donc être des sortes de versions courtes de la campagne principale du personnage, avec des changements mineurs. Vous vous rappelez de la différence de boss ? Et bien ici, les fameux Mr. X (ou Tyrant) et G sont présent dans l’ensemble des parties.
Entre respect et nouveauté, Resident Evil 2 peine à choisir.
L’histoire de ce Resident Evil 2 Remake débute, tout comme dans le titre original, par la station-service (originellement un diner). Toute l’introduction replaçant le contexte est par contre absente, le but étant de directement nous impliquer dans le jeu et les personnages. C’est ainsi que cette première phase de jeu, précédemment cinématique, est devenue jouable.
Dès l’introduction d’ailleurs, le jeu dévoile son moteur maison, le RE Engine. Le résultat est sans appel, nous n’avions jamais vu un jeu Resident Evil à la troisième personne aussi beau. Si le jeu n’est pas au niveau des plus grosses sorties, le résultat reste très plaisant à l’œil, avec notamment un soin apporté aux ombres. A noter d’ailleurs que dans l’édition Deluxe du titre, des costumes dits « films noirs » sont proposés, vous faisant jouer avec un filtre noir et blanc qui fonctionne d’ailleurs plutôt bien !
Une réécriture du jeu mythique
Après avoir séparé son duo fraîchement créé, Resident Evil 2 vous propose très rapidement de rentrer dans le fameux commissariat. Dès lors, le jeu prend alors forme et propose son fameux système de jeu entre navigation, énigmes et progression inspirée des metroidvania.
Mais 20 ans plus tard, impossible de se contenter de ce qui a été créé avec le titre original. C’est ainsi que l’équipe de développement s’est mise à repenser entièrement chaque lieu dans les moindres détails, les différentes énigmes et interactions avec le monde afin de proposer une expérience des plus immersives et complètes. Exit tout d’abord les temps de chargements qui ont fait à l’époque le charme du jeu. Le nombre de lieux a quasiment été doublé par rapport au commissariat original et l’ensemble des énigmes ont été changées, notamment dans leur déroulé et de leur objectif.
C’est ainsi qu’il vous faudra par exemple trouver les 3 médaillons (au lieu d’un unique), non pas pour débloquer cette fameuse clé, mais pour progresser de façon plus drastique dans l’aventure. Les puzzles du jeu sont d’ailleurs plus nombreux et feront appel à votre observation, qu’il s’agisse de mémoriser un code sur un tableau noir comme de trouver un carnet où les solutions sont écrites. Ce sera à vous d’explorer le jeu dans ses moindres recoins afin de trouver l’indice manquant pour avancer. Il faudra donc être prêt à effectuer plusieurs allers-retours, sans oublier que de nombreux ennemis seront présents pour vous bloquer dans votre progression.
Comme vous vous en doutez, qui dit de plus grandes salles dit plus d’ennemis. Capcom a décidé de rendre son jeu un peu plus minimaliste en termes de bestiaire. Si on retrouve bien entendu nos potes zombies, ici pas de corbeaux ni d’araignées. Les lickers seront ici légion et n’hésiteront pas à vous charger à la moindre occasion. La volonté du studio est aussi d’avoir mis les deux ennemis emblématiques du jeu, Mr. X et G, dans l’histoire, ce qui rehausse la tension et le défi tout au fil de l’aventure. C’est donc avec ce minimalisme que Resident Evil 2 arrive à proposer un véritable challenge, où nous nous retrouverons à être effrayés lorsque l’on voit un couloir truffé de zombie, tandis que nous sommes en même temps pourchassés par Tyrant.
Les personnages secondaires ont de plus eu un traitement beaucoup plus intéressant que dans le jeu de 1998. Si l’ensemble du titre reste sur le même fil conducteur, et que le destin des personnages est bien entendu le même, le studio veut rendre hommage à ces personnages et leur redonner leurs lettres de noblesse.
Le survival horror selon Resident Evil
Le soft joue la carte du survival horror comme jamais à ce niveau dans la série car, que ce soit avec l’inventaire qui s’agrandira pour peu que l’on trouve des sacoches, et les munitions aux compte-gouttes, il faudra économiser ses balles. D’autant qu’avec le RE Engine, le réalisme des monstres a pris un gros échelon. Vous vous rappelez à l’époque de Resident Evil 4 et des différentes zones de tir ? Eh bien dans ce Resident Evil 2 version 2019, la moindre balle trouvera son impact et aura une vrai conséquence pour notre adversaire. Ici, il sera quasiment plus efficace, selon notre arme, de rendre infirme un zombie en lui tirant dans une jambe ou dans un bras.
Impossible alors de penser à tuer l’ensemble des zombies et créatures du titre, vous devrez bien garder vos distances et éviter les attaques pour ne pas vous faire attraper. Concernant cela, il manque véritablement un bouton d’esquive pour vraiment pouvoir jouer sur cet aspect-là. Resident Evil 2 version 2019 utilise par ailleurs la désormais classique vue à la troisième personne telle que nous avons pu le voir dans les épisodes 4, 5 et 6 de la série. Si la formule pouvait manquer de finesse par endroits, ici, la volonté a été de pousser cette vision du jeu jusqu’à son paroxysme. Les déplacements sont plutôt réussis, les raccourcis assez faciles d’accès et les QTE permettent d’utiliser un couteau ou une grenade lorsque nous sommes attrapés par un ennemi. On retrouve également la possibilité de se retourner rapidement avec un seul bouton, afin de changer immédiatement notre trajectoire.
Le gameplay de Resident Evil 2 est le résultat de nombreux épisodes.
Le seul point noir du gameplay, c’est sa gestion de l’inventaire. On débute par un nombre limité d’emplacements, vous trouverez de nouvelle sacoches afin d’agrandir notre inventaire. On retrouve, comme toujours, l’ensemble des spécificités tel que combiner les objets et les regarder pour résoudre des puzzles. Ce qui est dommage, c’est que dans l’ensemble, l’ergonomie est perfectible. On se retrouve obligé de devoir jeter ou ranger les objets en premier avant de pouvoir en ajouter un nouveau. C’est un détail mais il aurait été beaucoup plus pratique d’ajouter une action contextuelle nous proposant de jeter en lieu et place directement lors de l’obtention de l’objet.
Le Metroidvania selon Resident Evil
Et des objets, vous allez en ramasser ! C’est bien de parler du game design du jeu, mais comment s’inclut-il dans l’ensemble des décors et lieux créés pour le titre. Le level design de Resident Evil 2 était en 1998 inspiré des Metroidvania, vous demandant des allers retours entre les différents lieux afin de progresser et débloquer de nouvelles zones au fur et à mesure de vos découvertes. C’est ainsi que l’on retrouve les fameuses quatre clés dans le commissariat. Le jeu conserve donc toute cette progression. Elle reste d’ailleurs plutôt plaisante, sachant que le jeu ne cherche pas à trop vous guider, proposant avec l’agrandissement des lieux de très nombreuses nouvelles zones optionnelles. Capcom a réussi ici le pari de proposer une progression non linéaire, tout en imposant plus d’histoire et de narration. Les cut-scenes arrivent plutôt naturellement et les grands événements de l’histoire ne viennent pas couper notre élan mais sont présents comme une vraie récompense.
Le jeu reprend d’ailleurs les différentes zones du jeu principal : le commissariat, le parking, ou encore le fameux laboratoire de Umbrella. Si vous avez peur que l’aventure manque de variété, le titre vous fera changer de point de vue à la moitié du jeu pour votre plus grand plaisir. Par contre, si vous comptez passer dix heures sur une campagne, il faudra se mettre à chercher le moindre objet et arme du jeu. Si vous souhaitez voir l’ensemble de l’histoire, il faut compter le temps d’une campagne plus celui d’une campagne bis, et là alors, on se rapproche des huit heures de jeu en ligne droite. C’est dommage de voir que le titre s’est rallongé mais que Capcom a conservé ce toc à vouloir aller un peu trop vite pour conclure son récit.
C’est d’autant plus dommage que, lorsqu’il est question des boss, cet épisode s’avère être vraiment convaincant. Que ce soit dans leurs mécaniques ou dans la façon de les vaincre, nous ne nous retrouvons jamais devant la même situation deux fois. Du côté des puzzles, Capcom a souhaité refaire l’ensemble des énigmes du titre et nous avons remarqué que d’une partie à une autre, en fonction du personnage et du type de campagne, les énigmes vont varier, changer. C’est plaisant, car cela ajoute un peu de rejouabilité à l’ensemble. Bien entendu une fois la campagne et la campagne bis finies, vous débloquerez de nouveaux modes dont le fameux 4th survivor, vous faisant incarner Hunk. Nous ne vous en dirons pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise !
De la maîtrise de son ambiance
Mais si on garde au final une chose de notre expérience de Resident Evil 2 version 2019, c’est son ambiance. Visuellement déjà, avec son effet de grain, son travail de la lumière, qui vous propose de nombreuses séquences où nous sommes éclairés uniquement par notre lampe torche par exemple. Le jeu est assez sombre d’ailleurs, donc adaptez bien la luminosité au début du titre par rapport à l’écran sur lequel vous jouerez. Cette ambiance est également retranscrite avec brio par l’ensemble des sonorités du titre. Le son, dans un jeu d’horreur, est d’une importance capitale car c’est ce qui vous permettra de créer cette peur ambiante, cette paranoïa au moindre bruit de pas venant de droite ou de gauche.
Et par rapport à cela, Resident Evil 2 réussi totalement ce pari sonore. La spatialisation est impressionnante et on arrive parfaitement à estimer d’où arrive tel ou tel ennemi. Certains bruitages sont d’ailleurs directement intégrés dans les haut-parleurs de la manette sur PS4, tel que l’ouverture d’une porte. La musique est également ici présente pour appuyer cette ambiance pesante, avec une mention spéciale pour les thèmes des différents affrontements de boss, qui sont forts et puissants.
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