Effectuer le test d’un jeu qui a déjà plus de cinq ans est un exercice un peu risqué. Car vous, lecteurs, avez très certainement joué pour la plupart au titre et car nous, rédacteurs, avons déjà par le passé digéré le jeu et l’avons retourné sous ses divers aspects. Resident Evil 5 possède une aura d’un jeu plutôt bien reçu à l’époque, mais qui a déçu une partie de la communauté. Le jeu a de plus subit lors de sa sortie une polémique concernant ses thèmes, ses différentes situations et scènes du jeu. C’est donc avec un regard neuf et avec un véritable recul que nous rejouons à ce titre.
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TogglePetit point sur la version PS4 2016
Avant de parler du jeu en lui-même, faisons un petit encart concernant les nouveautés de cette version 2016. Le jeu étant sorti originalement sur PS3, cette version PS4 permet au titre de se doter d’une version 1080p et 60fps. Les textures ont également subit un petit lifting plutôt agréable à l’œil qui, sans révolutionner les graphismes du titre, mettent l’ensemble plutôt en valeur.
Resident Evil 5 version PS4 se dote de plus de contenu supplémentaire, avec l’ensemble des DLC présents sur la galette et un nouveau mode de jeu, inspiré du mode « mercenaries » de Resident Evil 6 dont nous parlerons prochainement également. Il est plaisant d’avoir ainsi dès le départ l’ensemble du contenu, le contraire aurait été vraiment un geste mercantile pour Capcom, mais proposer ainsi une version complète à un petit prix (20€) est un véritable plus.
Une gestation particulière
Retournons désormais vers ce Resident Evil 5. Après le succès du quatrième épisode, Capcom a décidé de s’atteler rapidement au développement de sa suite. Sur la supervision de Jun Takeuchi (Onimusha et Lost Planet) ainsi que Keiji Inafune (Megaman, Dead Rising), le développement début alors en 2005. On peut noter que le budget du jeu était plutôt inférieur à la moyenne d’une si grosse licence au Japon, de part la réutilisation du moteur graphique de Dead Rising. De nombreuses idées ont de plus été abandonnées pendant le développement. En effet, le joueur aurait du se protéger du soleil, et devait penser à se réhydrater pour récupérer des points de vies.
On peut voir que si le cœur du jeu était d’ores et déjà prévu comme réutilisant le système de jeu de Resident Evil 4, de nombreuses idées lorgnant réellement du coté du Survival Horror étaient ainsi prévues. Il est d’ailleurs assez intéressant de lorgner du coté de la beta de cet épisode, qui démontre véritablement l’ambition de l’équipe de développement, ainsi, de nombreuses pistes scénaristiques étaient présentes, et le jeu aurait pu être véritablement différent puisque à l’origine la coopération ne devait pas être présente.
Une question se pose alors concernant cet aspect. Peut-on dans le cas de ce Resident Evil comparer les intentions ainsi que la version proposée en terme de milieu de développement à la version dont nous avons ajourd’hui la main dessus. Si nous savons que l’ensemble de ces changements ont été effectués aux alentours de 2007, on peut se demander véritablement les raisons de ces si grands changements. Nous essaierons donc dans ce test de proposer une analyse en tenant en compte cet aspect, mais également en traitant le jeu en tant que tel et dans sa continuité de l’univers Resident Evil.
Bienvenue en Afrique !
Dans la peau de Chris Redfield, vous vous retrouvez propulsés dans le petit village de Kijuju en Afrique pour empêcher une vente d’armes biologiques. Il est accompagné de Shiva Alomar, que vous pourrez également incarner si vous jouez en coopération. Bien entendu tout ne se passe pas comme prévu, et vous allez vous retrouver à la chasse d’un certain Irving. L’histoire de Resident Evil 5 marque tout d’abord une véritable rupture avec tous les autres épisodes que nous avons pu jouer jusqu’à présent. En situant son histoire 11 ans après le quatrième épisode, et plus de cinq années après la dissolution de Umbrella Corps, c’est tout un pan de la mythologie Resident Evil qui est donc mis sous l’impact du passé.
En situant une très grande partie de son histoire en Afrique, c’est aussi l’occasion de Capcom de renouveler l’ensemble de l’univers graphique du titre. Exit les couloirs et égouts sombres, ainsi que les manoirs, Resident Evil 5 est l’occasion de vous faire évoluer dans des villages en ruines, villages ethniques et même un complexe pétrolier. Si on pourra certainement reprocher une certaine répétitivité des décors, on peut expliquer cette réutilisation intensive par les problèmes de budget.
Il est alors intéressant de voir que le choix de situer l’action en Afrique n’était pas un choix anodin lors du début du développement. Au vu du nombre des idées de gameplay purement survival, le choix était tout trouvé, et démontrait une véritable innovation, à une époque où l’aspect survie était de plus en plus présent dans le jeu vidéo. On peut donc difficilement comprendre que ces idées aient été abandonnées alors qu’elle permettaient ainsi une véritable cohérence entre l’univers graphique et le système de jeu.
Une mise en scène à la hauteur
Un des aspects souvent trop oublié lorsque l’on parle d’un jeu Resident Evil est sa mise en scène. Depuis le premier épisode, la mise en scène a toujours été un point important de la saga. De l’ouverture des portes lors des premiers épisodes, à une réalisation hollywoodienne actuelle, chaque épisode met en valeur l’aventure. Un des aspects de la mise en scène de Resident Evil est le build up. Le build up est la façon dont on va introduire un nouvel aspect dans l’histoire. Dans Resident Evil, le build up est primordial car c’est par cette façon que chaque nouvel ennemi, chaque boss est introduit. Et on peut dire que dans cet épisode, c’est encore une réussite. En choisissant de toujours mettre la caméra à notre échelle, le jeu permet de véritablement montrer une impression de danger face aux ennemis de plus en plus impressionnants.
On peut de plus remarquer que si cette mise en scène se trouve efficace pour certains moments, elle reste tout de même lourde, et repose trop souvent sur ces build up et sur des jump scares. Nous sommes donc de plus en plus loin du véritable survival horror où l’ambiance est primordiale, même si la vocation de la série n’a jamais été de proposer une ambiance pesante qu’un Silent Hill. Ainsi, si sur les premiers chapitres, le titre nous enchante sur cet aspect, on y voit au final une certaine lourdeur sur la longueur. Cette lourdeur est d’autant plus dommage car elle met au final en avant les défauts du titre plutôt que de les cacher.
On peut voir dans sa construction que Resident Evil 5 est un jeu conçu dans le milieu des années 2000. Si on regarde la construction des grosses licences de l’époque, que ce soit du coté de Ubisoft avec les Prince of Persia ou Splinter Cell, ou encore les productions de Sony et Microsoft, on peut voir de véritables similitudes. Si nous sommes aujourd’hui dans une ère où les univers à monde ouvert font rage, à cette époque, les gros studios proposaient de véritables jeux plutôt linéaires, découpés en chapitre. On peut voir que Resident Evil 5 possède cet aspect là, en divisant ses missions en plusieurs chapitres. Ainsi, on pourra noter une présence des QTE assez importante, que ce soit sur des scènes clés du jeu ou sur certains affrontements.
Un gameplay rigide
Avec son quatrième épisode, Resident Evil avait su renouveler totalement sa formule, en proposant un système de jeu totalement en 3D, nous demandant de presser un bouton pour viser avec le pistolet, et un autre pour viser avec le couteau. La contrainte était alors que le personnage devait rester fixe et ne pouvait bouger au même moment. Et bien vous prenez le système de jeu et vous remettez le même dans Resident Evil 5. Si le système en lui même est plutôt bon, on voit très bien qu’il est vieillissant pour l’époque et surtout inadapté au level design de cet épisode. En effet, de part l’ambiance du titre et les niveaux souvent pensés comme étant d’assez grosses séquences d’action avec de nombreux ennemis. Il est alors très frustrant de se retrouver acculé à un mur, avec face à soi une vingtaine d’ennemis, et devoir rester clouer au sol, au lieu de faire une esquive et tirer en même temps d’avancer.
De plus, les nouveautés mises en place vont plutôt desservir le jeu plutôt que le mettre en valeur. Les puzzles, initialement pensés comme étant complexes, sont réduits à une observation de la carte et la pression d’un bouton. On voit que le jeu a été pensé pour être joué en coopération mais le problème est que les puzzles ont été abandonnés pour cet aspect et c’est véritablement dommage. De plus si l’on parle de l’aspect survival horror, il est quasiment inexistant ici, uniquement limité à un nombre de munitions limitées et un besoin de se soigner assez fréquemment, ce qui est rapidement biaisé de par la présence de votre co-équipière IA qui vous soignera automatiquement. Cependant on ne pourra pas reprocher au jeu sa durée de vie, convenable avec sa douzaine d’heures de jeu, auxquelles on pourra rajouter à cela les DLC et le mode The Mercenaries United. Resident evil 5 reste ainsi généreux pour les courageux désirant faire véritablement toute la série.
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