Parler de Resident Evil 6 est une tâche assez ingrate de prime abord. En effet, le titre traîne avec lui une réputation d’un des pires jeux de la saga, et alors que Resident Evil 7 a renoué avec une bonne partie de son public, faire un retour dans le temps peut sembler être un véritable recul en terme de prise de position. Néanmoins, il peut être intéressant de voir comment Resident Evil 6 a malgré lui poussé Capcom à réaliser Resident Evil 7 et effectuer une véritable rotation à 180°.
Après la débâcle de Resident Evil 5, Capcom a décidé de ne pas lésiner sur les moyens, pour proposer aux fans une véritable suite, avec le budget que mérite la série. Tout aussi chaotique que son prédécesseur, le développement de Resident Evil 6 a vu son équipe de développement changer plusieurs fois, ainsi que la direction générale du titre. Passant d’une volonté d’un jeu d’horreur ultime, à une orientation du gameplay sur des thèmes horrifiques. Les dirigeants de Capcom disent même en 2012 que le marché du genre survival-horror était trop restreint pour Resident Evil, un véritable aveu d’abandon du genre pour la série.
On voit pourtant que les moyens ont tout de même été mis pour ce jeu. Pas moins de 600 personnes ont ainsi travaillé sur le titre, demandant ainsi le plus gros budget de développement de l’histoire de Capcom. Étonnamment, nous n’avons jamais eu en comparaison au cinquième épisode autant de détails sur sa création, on sent que Capcom ne voulait rien laisser filtrer concernant le jeu avant sa sortie.
Test Resident Evil 7 – Le retour tant rêvé du survival-horror ?
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ToggleUne narration divisée
Resident Evil 6 se dote d’une narration pour le moins particulière. Divisé en 4 campagnes distinctes, vous suivrez ainsi les péripéties de trois duos : Chris et Piers , Leon et Helena et le duo composé de Sherry et Jack . Une dernière campagne, vous proposant d’incarner Ada vous sera ainsi dévoilée après avoir effectué les trois précédentes. Chaque histoire sera entremêlée avec les autres, et vous croiserez souvent les autres personnages que vous aurez ou allez incarner dans la suite du jeu.
La campagne vous proposant d’incarner Leon et Helena vous emmènera en pleine apocalypse Zombie, causée par le C-virus, dans un Tall Oaks dévasté. Si les égouts et les lignes de métros seront vos amis lors du début de l’aventure, on retrouvera rapidement d’autres décors habituels de la série : du cimetière à la cathédrale, en passant par les laboratoires. Le jeu dans sa globalité montre tout de même quelques originalités en termes de décors, vous faisant voyager en Asie par exemple.
Le bât blesse malheureusement dans le rythme de la narration. Si l’introduction de l’histoire de Leon est plutôt rythmée et dotée d’une mise en scène hollywoodienne, le tout se retrouve rapidement plus mou, marqué par des passages trop longs dans de mêmes décors. Le cycle de Chris à l’inverse, se trouve avoir une excellente conclusion. Si la mise en scène, le gros point de ce Resident Evil 6, est à la hauteur et livre un véritable spectacle, il est dommage que la narration pèche par moment et ne serve pas cette mise en scène inventive et dynamique.
Une chose est sûre, Capcom a véritablement voulu plaire aux fans de Resident Evil. De ceux de la première heure, aux nouveaux joueurs, ayant joué au cinquième épisode. C’est ainsi que ce sixième épisode marque le grand retour de véritables zombies comme ennemis du jeu. En effet, après les divagations monstrueuses de Capcom, les développeurs ont décidé de marquer le retour des monstres initiaux de la saga, et plaire ainsi aux amateurs de la première heure. La présence d’une bonne partie des personnages de la saga montre également cette volonté de Capcom de répondre à une certaine demande du public. On peut notamment voir du coté de la campagne de Chris une certaine ressemblance avec l ‘épisode Nemesis dans son déroulé, où vous serez pendant tout le long véritablement pourchassé. Mais le problème est que à trop vouloir faire plaisir aux fans, on peut en oublier d’en faire un jeu cohérent. C’est ainsi que l’on pourra reprocher quelques problèmes de ce côté-là.
Une chose est sûre, Capcom ne s’est pas moqué des fans du côté du contenu. En plus de proposer pas moins de 4 campagnes de jeu, jouables en solo comme en coopération offline et online, le soft vous proposera divers modes tel que le mode mercenaires, l’Agent Hunt, le mode survivors, siege, onslaught ou encore predator. Chaque mode qu’il soit solo ou multijoueur propose ses propres règles, qui permettront aux joueurs acharnés de passer plus d’une centaine d’heures de jeu dans le titre. Mais il vous faudra véritablement être un acharné, car comme nous allons le voir maintenant, le jeu en lui-même se dote de quelques soucis en termes de gameplay.
Une formule toujours pas trouvée ?
Une chose est claire : il y a eu un véritable bon entre Resident Evil 5 et Resident Evil 6 en termes de game system et gameplay. En effet, si le jeu reste un jeu d’action, de nombreux changements on été effectués par rapport à son prédécesseur. Si tout d’abord, nous avons constaté avec bonheur l’arrêt de la visée et du tir statique, nous avons pu constater que cette amélioration avait pour conséquence un véritable problème de lisibilité et de caméra.
En effet, dans ce nouvel épisode, il vous faudra compter sur un très grand nombre de caméras aléatoires, et vous retrouver dans des situations incompréhensibles. Le jeu a rajouté de plus un grand nombre de QTE, ayant pour but premier de rythmer le jeu. Au final, on se retrouve à les effectuer de façon très nonchalante, voire même essayer d’éviter tout adversaire sur notre passage, pour avancer le plus rapidement possible. Il est d’ailleurs étonnant de voir que les principaux problèmes de caméras sont effectués par les sorties de ces phases de QTE.
De l’aspect survival-horror, qu’en reste-t-il alors ? Tout d’abord nous avons des puzzles, qui s’avèrent par contre encore plus faciles que le cinquième épisode. La gestion de l’inventaire a également subi un très gros lifting. En effet, vous devrez tout d’abord faire davantage attention à votre jauge de vie, qui se compte désormais en un nombre limité de cases. Pour vous soigner il vous faudra, comme dans toute la série, utiliser différentes herbes afin de vous soigner le plus efficacement possible. La gestion des munitions est restée plutôt similaire, mais on pourra regretter la suppression de la limite d’inventaire au niveau des armes. En effet, vous pourrez désormais porter toutes les armes désirées.
Mais le soucis est alors véritablement dans cette gestion du rythme, qui est devenue un véritable problème chez les productions de Capcom. Garder le système de munitions limitées est une bonne idée, mais pas lorsque de l’autre côté on se retrouve face à une véritable armée. De plus, le système de couverture mis en place dans ce jeu, afin de coller aux canons de l’époque, n’est pour le cas jamais réellement efficace. Ainsi la lisibilité est véritablement le plus gros du soucis du jeu : que ce soit la caméra, obligeant votre personnage à occuper les 2/3 de l’écran, le mode coopération, vous forçant à jouer sur un quart d’écran, le nombre de problèmes concernant cet aspect peut paraître sans fin.
Un jeu qui est au final… mémorable ?!
Mais au final, tous ces défauts et qualités sont en réalité gommés par un aspect : la mise en scène, et surtout les scènes vécues. Car même pour une personnes détestant la vision action de Resident Evil, le jeu possède des moments qui au final marquent le joueur. Chacun aura son petit moment préféré, lors des retrouvailles de plusieurs personnages, le combat d’un boss spécifique, c’est ce genre de chose qui au final marque le joueur par rapport au jeu lui-même. Les joueurs se souviendront de leur arrivée en Chine avec tous les différents jeux de lumière effectués, faisant plaisir à la rétine, et rien que pour ça, le jeu mérite d’être joué pour les amateurs de la série.
Mais il est intéressant aussi de voir que ce Resident Evil 6 clôt en fait tout un chapitre de la licence Resident Evil. Car plus qu’une simple licence de jeu d’horreur, Resident Evil est une licence qui a marqué et marque le jeu vidéo encore aujourd’hui. Si avec sa première trilogie il a posé les jalons du genre survival-horror, il a posé celles du jeu d’action avec sa seconde trilogie. En effet, sans Resident Evil 4, que serait le jeu d’action aujourd’hui ? Et donc, même si les épisodes 5 et 6 sont qualitativement moins bons que leurs prédécesseurs, ils font partie d’un tout qui a toujours eu comme volonté de véritablement prendre des risques et se remettre en question.
Concernant cette version PS4, on retrouve alors le même jeu que lors de sa sortie initiale, doté de l’ensemble du contenu solo et multijoueur sorti. Les DLC sont alors bien inclus, comme avec les autres ressortis de Capcom. Si le jeu se trouve être étendu en 1080p et cadencé à 60fps, aucune refonte ou amélioration graphique ont été effectuées et ainsi, le jeu, s’il reste agréable à l’œil par moment, on ressent l’âge du titre. On peut néanmoins reprocher à Capcom de véritablement avoir laissé le jeu comme tel, avec son lot de bugs et cette IA désastreuse.
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