Connu pour ses nombreux JRPG AA souvent moyens comme The Caligula Effect: Overdose ou Monark, FuRyu prend souvent de grosses licence du jeu de rôle japonais en inspirations, mais sans vraiment reproduire ce qui fait d’eux des incontournables. Avec ses inspirations appuyées à Kingdom Hearts et d’autres comme Final Fantasy, Reynatis a pour ambitions d’offrir un Action-RPG avec un univers à la fois fantastique et urbain moderne. Malheureusement, il est loin d’atteindre son objectif.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu sur PS5 en effectuant quelques quêtes annexes.
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Lorsque l’on parle de Kingdom Hearts en tant que modèle principal, il faut préciser que l’on fait référence au style de Tetsuya Nomura, créateur de la franchise, et particulièrement l’univers imaginé dans le Verum Rex de Kingdom Hearts III. Un jeu vidéo fictif, lui-même inspiré par le projet avorté Final Fantasy Versus XIII. A l’instar de ces derniers, Reynatis nous propose d’explorer un Shibuya moderne qui combine un réalisme urbain avec des éléments de fantasy.
Pour rappel, Shibuya est un quartier emblématique de Tokyo. Un endroit dynamique qui possède une esthétique iconique avec ses néons, ses écrans géants un afflux constant de piétons. Nomura a d’ailleurs pleinement exploré cette ambiance dans les jeux The World Ends With You. Par ailleurs, Neo : The Worlds Ends With You a collaboré avec Reynatis, offrant une quête inédite où l’on retrouve quelques protagonistes et d’autres références à l’univers du jeu. Un clin d’œil sympathique (d’autant que nous avons adoré Neo TWEWY), qui a le mérite de mettre en lumière cette franchise, malheureusement moins performante que Square Enix l’aurait espéré.
Dans Reynatis, après avoir frôlé la mort, certains habitants ont acquis des pouvoirs magiques. Rapidement, ces sorciers sont devenus des marginaux au sein de la ville. C’est dans ce contexte que l’on suit deux protagonistes : Marin Kirizumi, un étudiant aspirant à devenir le sorcier le plus puissant du monde, et Sari Nishijima, une officier de la MEA, une unité spéciale de la police chargée de maintenir la population de sorciers sous contrôle à Shibuya.
Les sorciers se cachent et évitent d’utiliser leurs pouvoirs en public, souvent en portant des vêtements à capuche. Durant les premières heures de jeu, le point de vue alterne entre Marin et Sari, chacun ayant deux compagnons respectifs. Ils finissent par se rassembler pour former un groupe de six, ce qui permet davantage de possibilités en termes de composition d’équipe. Bien que le jeu propose une palette de personnages variés et un doublage japonais de qualité, la narration peine malheureusement à véritablement décoller.
On vit dans une « Shakai »
Reynatis souffre du syndrome classique de certains JRPG qui veulent en faire trop, notamment en introduisant une multitude de personnages secondaires, amis ou ennemis, auxquels on n’a pas le temps de s’attacher, apparaissant souvent en coup de vent. Le titre aurait clairement gagné à réduire son casting pour mieux développer ses protagonistes. Il a tenté de construire un cadre faussement complexe avec plusieurs entités mystérieuses, tout en abordant des thèmes sociétaux comme l’expression de son individualité. Cependant, ces thématiques restent assez superficielles, même en étant dans les standards des JRPG à la Persona.
On est davantage dans une logique d’identification à Marin, comme n’importe quel héros de shonen, puisqu’il acquiert des pouvoirs de nulle part et souhaite devenir le plus fort. De plus, le fait que Reynatis ne soit disponible qu’en anglais va clairement en dissuader certains de se lancer dans l’aventure. En tant qu’Action-RPG, Reynatis propose des combats en temps réel avec une équipe de trois personnages. Il est possible de passer de l’un à l’autre à tout moment, ce qui donne lieu à des affrontements dynamiques et plutôt satisfaisants.
Le gameplay se distingue par deux modes qui reflètent la condition du sorcier. En « mode Libération », votre personnage adopte une posture offensive, infligeant des dégâts à travers diverses attaques et capacités. Cependant, ces actions consomment progressivement votre jauge de MP. Pour regagner des MP, vous pouvez basculer en « mode Suppression ». Dans cet état, vous ne pouvez pas infliger de dégâts, mais vous avez la capacité d’esquiver les attaques ennemies, ce qui permet de recharger votre jauge magique. Une fois celle-ci remplie, vous pouvez repasser en mode Libération pour reprendre l’assaut.
Le changement de combattant et l’alternance entre ces deux modes sont au cœur du système, procurant une certaine satisfaction lorsqu’on enchaîne les combos. Cependant, les combats souffrent d’un manque général de challenge, de soucis de caméra et d’un problème de rythme lorsqu’il s’agit d’esquiver pour récupérer des points de magie. En mode Libération, un QTE d’esquive se déclenche lorsque vous appuyez sur la touche au bon moment, permettant une contre-attaque qui recharge également votre jauge. Sachant que certains boss possèdent un bouclier qui ne peut être détruit que par cette contre-attaque, on se retrouve souvent à courir dans le vide en attendant une opportunité.
L’arbre Shibuya qui cache l’immense forêt
Les joueurs de JRPG ont appris à ne pas être trop exigeants en matière de graphismes, tant que le jeu offre une belle expérience. Pourtant, Reynatis semble avoir deux générations de retard dans ce domaine. En dehors de la reproduction très fidèle de Shibuya (avec des enseignes réelles comme Burger King) et quelques cut-scenes réussies, le jeu est visuellement décevant. Le bestiaire manque de variété, et les modèles de personnages rappellent l’ère de la PS3. Même dans ce qu’il fait de mieux, à savoir les balades dans Shibuya, Reynatis ne parvient pas à exploiter pleinement son potentiel sur la durée.
L’activité principale dans le quartier consiste à rechercher des « Wizart », des graffitis qui permettent de gagner de l’argent, de l’EXP et de nouvelles capacités pour vos personnages. Étant donné que les sorciers doivent cacher leur identité, il y a un système de recherche qui s’active lorsque vous vous battez dans les rues. Si vous ne fuyez pas vers une autre zone, les passants vous filmeront avec leur portable, ce qui vous placera en tendance sur les réseaux sociaux et attirera l’attention du MEA, menant à un combat. Bien que cette mécanique soit cohérente avec l’univers, en pratique, elle est plutôt anecdotique, car un simple voyage rapide vers une autre zone suffit à faire retomber l’attention.
De plus, Reynatis est ponctué d’escapades extrêmement régulières dans une grande forêt, accessible via des portails de brouillard. Ces balades en forêt sont très linéaires, répétitives, et rallongent artificiellement la durée de vie avec des couloirs aux rares embranchements. Les quêtes annexes ne sont pas plus captivantes, se résumant souvent à des combats contre des drogués et à des allers-retours monotones.
L’un des rares points positifs du jeu reste sa musique. Reynatis témoigne une fois de plus de l’influence de Kingdom Hearts, puisque Furyu a fait appel à Yoko Shimomura, la célèbre compositrice de la franchise de Square Enix. Bien qu’elle propose plusieurs morceaux très inspirés, il est difficile de ne pas ressentir une impression de « simili-Kingdom Hearts« . Certes, son travail est largement reconnaissable dans les licences où elle intervient (Final Fantasy XV, Mario & Luigi, Mario + The Lapins Crétins : Sparks of Hope…), mais ici, elle peine à insuffler un style vraiment unique.
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