Si à la Gamescom, le soft ne nous avait pas tant emballé que ça, nous laissons quand même une seconde chance à la sortie de RICO. Développé par les p’tits gars de Ground Shatter, il s’agit du premier jeu du studio, surtout si l’on ne compte pas cet effroyable brawler qu’est SkyScrappers. Reprenant les codes du FPS arcade avec un petit soupçon de tactique et de coopération, RICO n’était pourtant pas loin de surprendre son monde. Seulement, un peaufinage aurait dû s’imposer visiblement en dépit de ses quelques qualités…
Un contenu terriblement limité
Là où ça ne va vraiment pas plaire dans RICO, c’est son contenu. Pour un jeu vendu quand même à 17,99 €, le titre de Ground Shatter aurait dû proposer quelques choses de beaucoup plus chronophage pour maintenir le joueur en haleine de nombreuses heures. Mais finalement, on se rend vite compte que le seul intérêt du soft n’est autre que son mode enquête. Votre but est tout bonnement de parcourir environ une dizaine de niveaux. Pas mal d’embranchements vous seront proposés au fil de la progression, et les niveaux deviendront forcément plus durs à chaque fois. Une fois arrivé au dernier niveau qui représente l’ultime chef du gang à abattre, c’est gagné.
Le principe est sympa au premier abord, et puis il faut savoir que la map montrant les niveaux sera systématiquement générée procéduralement, comme l’agencement des niveaux. C’est l’un des aspects indéniablement cool de RICO, mais force est de constater que l’on tournera vite en rond, et le mode se pliera en même pas une heure ou deux en fonction de la difficulté – facile, moyen ou difficile. D’ailleurs, le scénario ne vole lui aussi pas bien haut avant de passer à autre chose. Vous incarnerez bêtement un des quatre personnages qui rejoignent RICO, une unité anti-criminelle, dont l’objectif est d’éradiquer les divers gangs présents dans la ville de San Amaro. On vous l’avait dit, ce n’est pas transcendant, et la fin du mode enquête se résume à seulement à une fenêtre avec un petit dialogue… Désolant.
Vous l’aurez compris, hormis ce mode enquête, c’est tout ce qu’il y aura d’intéressant car le reste, c’est du grand classique. On retrouve un mode opération rapide qui vous permettra de refaire un niveau à la mode enquête mais en totalement random, mais aussi un mode verrouillage. Ce dernier est un fait un mode de jeu orienté vague d’ennemis à dézinguer, soit pas quelques chose d’original ou de palpitant en somme. Enfin, il y a également un mode formation, mais ce sera également similaire au mode entraînement que l’on effectue dans le mode enquête en guise de niveau didacticiel. Ground Shatter a tenté de faussement augmenter la durée de vie du titre, mais nous voyons hélas assez vite le pot aux roses, et on espère que le titre ne tombera pas trop vite dans l’oubli et s’enrichira prochainement de contenu. Car actuellement, il y a certes un mode coopération jouable en écran splitté ou en ligne jusqu’à deux joueurs, mais il reste tarabiscoté de trouver qui que ce soit en ligne. La seule alternative sera de jouer avec des amis en ligne ou en écran splitté pour éviter d’attendre des plombes avant de pouvoir jouer avec quelqu’un. Pour un jeu coopératif en ligne, ça la fout mal.
Un mot sur le level-design avant d’attaquer le plat de résistance, avec le gameplay de RICO. Si nous pouvons effectivement saluer la génération procédurale des niveaux et la disposition des pièces changeant systématiquement, on déplore en revanche le peu de variation proposé. On passe d’un manoir luxueux, à un chantier désaffecté en passant par des bureaux, ou encore des appartements parfois sous deux ou trois étages. Ce sont les seuls décors que l’on retrouvera, et on pourra également pester sur le nombre de pièces qui font clairement vides, et manquant cruellement de détails. La génération procédurale fera elle aussi parfois un peu n’importe quoi, jusqu’à même nous bloquer l’accès à certaines portes que l’on doit pouvoir quand même atteindre. En somme, la construction des niveaux n’est vraiment pas fameuse, et le répétitivité se fera directement ressentir au bout de la deuxième ou troisième partie, car nous aurons déjà vu tous les décors du soft.
Le Rainbow Six du pauvre
Curieusement, le gameplay de RICO est au premier abord surprenant, mais on déchante assez vite. Effectivement, le jeu se manie paradoxalement bien, et nous ressentons un fun certain et une nervosité jubilatoire dans les gunfights. On apprécie également à juste titre le petit bullet time sympathique et stylé qui s’active à chaque défonçage de porte, histoire de nettoyer la pièce des malfrats. Cela accentue indéniablement le côté jouissif du titre, mais la poudre de perlimpinpin s’estompe vite car les défauts ressortent bien vite.
D’ores et déjà, on ne peut pas sauter, chose incompréhensible pour un jeu qui sort en 2019. De plus, on s’aperçoit que la visée a parfois quelques ratés, et le feeling de notre personnage est complètement rigide. En sus, le principe du jeu est finalement ultra répétitif sur la longueur. En clair, le but du jeu est concrètement de récupérer le nombre de preuves indiqués dans les niveaux et sortir de ce dernier pour valider la mission. Il y a évidemment quelques objectifs secondaires à accomplir qui vous donneront des points de mérites supplémentaires comme détruire des ressources, réussir des défis – éliminer tel nombre d’ennemis avec un tir à la tête etc… – ou encore ramasser l’argent dans les niveaux. Mais concrètement, le concept s’essouffle vite, comme le fait de devoir aussi chercher des terminaux à désactiver pour pouvoir accéder à d’autres portes auparavant fermées, ou désamorcer des bombes sur un même étage sous peine de game over.
Car oui, la mort de votre personnage signifie de recommencer tout de zéro, et c’est dommage qu’il n’y ait pas au moins un système de continue… Avec cette accumulation de défauts, on finit vite par être totalement désabusé face à RICO, qui propose un jeu ultra limité. Alors certes, le côté un peu tactique et coopératif est bien plaisant, mais ce n’est hélas pas suffisant, et puis on ne trouve pas de joueurs de toute manière sur les serveurs. Et que dire aussi de l’I.A., qui semble parfois elle aussi perdue et qui vous touche abusivement qui plus est…
Cela dit, RICO propose un système de progression pas trop mal à première vue. En finissant les missions dans le mode enquête, vous gagnez de l’expérience, vous montez en niveaux, et gagnez accessoirement des points de mérites. Monter en niveau vous permet de débloquer de nouveaux traits pour le personnage sélectionné – réduire le recul de l’arme, prendre moins de dégâts, recharger plus vite etc., tandis que les points de mérites autorisent le joueur à acheter de nouveaux équipements pour mieux s’armer au fil du mode enquête.
En gros, vous pourrez acheter de nouvelles pétoires, grenades, ou encore accessoires pour les différentes armes comme un silencieux, un viseur reflex ou laser, et j’en passe. En soi, rien à redire sur la personnalisation qui est au poil, mais on déplorera que les traits que l’on débloque seront en fait systématiquement les mêmes pour les quatre personnages à choisir, et on ne peut qui plus est en choisir que trois… Quand on vous dit que RICO est limité pratiquement dans tous ses domaines, on ne ment pas pour le coup. Soit dit en passant, on restera assez dubitatif sur l’interface en jeu, esthétiquement moche et parfois tellement bordélique qu’elle perdra un peu le joueur en route sur sa première partie, à cause de son ergonomie et intuitivité un peu à la rue. Pour résumer, le côté personnalisation est terriblement inexploité à son summum, et ce n’est pas les parties quotidiennes qui varient chaque jour, et vous permettant d’acheter avec des RP de nouvelles armes colorées qui changeront la donne.
RICO est un FPS complètement fun et plaisant au début, mais très vite rattrapé par son aspect ultra limité et répétitif sur la longueur.
Techniquement le style graphique en Cel-Shading fait le taf, avec de grosses nuances. Si l’esthétique nous rappelle sans conteste l’époque de XIII : Le Jeu Vidéo qui nous en mettait plein la rétine avec cette habillage graphique peu commun, RICO est loin de maîtriser le moteur graphique Unity par contre. Qu’on se le dise, les modèles 3D manquent incontestablement de finesse, le peu d’arrière-plans que l’on peut parfois voir à travers une fenêtre brisée fera sourire, et les décors sont très peu destructibles en définitive. Divers effets sont cependant sympas comme le bullet time mais en matière d’animations, on fait un bond incontestable de quelques années en arrière, ni plus ni moins. Certaines textures ne sont pas d’une propreté irréprochable qui plus est, et notamment les armes, qui auraient mérité un meilleur traitement comme les effets pyrotechniques, relativement ridicules. Pour faire extrêmement rapide, RICO a définitivement utilisé le Cel-Shading pour faire office de cache misère.
Pour finir, la bande-son n’a pas de quoi transcender un seul instant. C’est simple, hormis les doublages en cinématique d’introduction et la musique que l’on se tape dans les menus et dans le mode verrouillage, c’est tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent. Car en ingame dans les modes enquête, opération rapide et certaines parties quotidiennes, c’est le vide intersidéral. Il n’y a pour ainsi dire aucune ambiance sonore, et la seule musique présente dans le jeu qui tourne en boucle finira par vite vous gonfler… Concrètement, il n’y a rien à sauver sur l’aspect sonore de RICO, tristement vide…
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