Après une première aventure de grande qualité sortie en 2019, Kyoko et Misako reviennent tabasser voyous et yakuzas dans un River City Girls 2 qui compte bien reprendre la recette de son aîné. Genre qui évolue très lentement, bien que la franchise Kunio-kun, dans laquelle s’inscrit cette itération féminine, a fait avancer le Beat’EmUp 2D en son temps. Peu de renouveau donc, à l’instar d’un Streets of Rage 4 il s’agit avant tout de l’amélioration, de la consolidation d’une base solide qui se peaufine à son rythme. Un choix discutable, mais aussi légitime selon nous.
Toujours édité par Arc System Works et développé par les équipes de WayForward, River City Girls 2 prend place juste après les événements narrés dans le premier volet. Opus qui offrait une fin particulière, ce permettant de briser le quatrième mur pour faire référence à la toute première incursion des filles dans la série, en 1996. Un titre par ailleurs ressorti cette année, sous le nom River City Girls Zero, permettant à ceux qui le désirent de découvrir les origines des petites amies de Kunio et Riki dans une ambiance bien 90’s.
Condition de test : Nous avons joué une quinzaine d’heures sur PS4. Le temps de finir l’aventure une première fois, explorer la map, profiter du roster et relancer quelques heures en New Game Plus.
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Bien que l’intrigue se déroule juste après l’opus précédent, il n’est pas primordial d’y avoir joué pour pleinement profiter de River City Girls 2, c’est peut-être même un avantage compte tenu de la zone de confort dans laquelle reste cette suite. Puis, le scénario étant ce qu’il est dans ce genre de productions, vous ne raterez rien de vraiment important, d’autant plus que Kyoko et Misako ne manquent pas de rappeler des faits passés. Aucune chance d’être perdu donc. En outre, on note une intrigue avec plus d’enjeux, en comparaison de l’épisode de 2019, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Même si, au fond, l’effet de découverte du premier amenait un petit plus.
Cela n’empêche pas la licence de briller une nouvelle fois grâce à son écriture. Les fortes personnalités de nos héroïnes transparaissent toujours aussi bien, les conversations sont drôles, référencées et le travail de doublage est encore exemplaire. Couplé aux séquences animées et aux flashback sous forme de manga, c’est un régal, en plus de garantir un bon équilibre entre les dialogues, atout de l’écriture, et l’histoire, aussi simple qu’efficace. De légères coquilles (un mot ou deux sont absents de rares dialogues) sont là, mais rien de méchant. WayForward nous laisse en terrain connu, la ville de River City qui vous sera familière si vous étiez là en 2019.
Plusieurs lieux et personnages sont de retour, de même que des musiques, et les premières excursions en ville sentent le réchauffer. Un aspect de River City Girls 2 qui pourra rebuter, bien que nous n’avons pas été personnellement dérangés. On y retrouve l’essence de la franchise mais aussi une vibe, toute proportion gardée, des Yakuzas de Ryu Ga Gotoku. L’impression d’être à la maison, dans sa ville, d’en connaître les habitants, les personnalités marquantes des magasins, etc.. Sans atteindre l’immersion et la richesse sociale, et d’activités, des aventures du Dragon de Dojima, ce qui est logique.
Angel Terminators
Cependant, River City Girls 2 semble s’orienter vers cette approche. Ce que l’on espère pour une suite en tous cas, au vu du potentiel évident de la formule et des prémisses entrevues dans la licence. L’importance de l’immersion dans ce genre de jeu avait déjà été tentée, à sa manière, par The Friends of Ringo Ishikawa le jeu développé par Yeo, dont on attend une nouvelle itération dans le genre avec son Fading Afternoon prévu pour 2023. Le titre édité par Arc System Works parvient à pleinement nous engager dans son aventure grâce à la forte présence narrative et la priorité donnée aux protagonistes.
Sentiment renforcé via le très beau pixel-art offrant des niveaux détaillés et vivants. Rien n’est laissé au hasard, la ville impose. Tout cela consolide un univers riche et cohérent, bien loin du minimum syndical, particulièrement narratif, d’un Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge. Avec sa map conséquente, bien plus imposante qu’en 2019, nos vagabondages seront rythmés d’allers-retours qui, ça n’engage que nous, ne nous ont pas semblé si rébarbatifs que cela. Classique sur la forme, mais riche sur le fond, on retrouve une dimension RPG assez poussée pour le genre, avec des équipements à acheter ainsi que des aptitudes à débloquer au fil de nos montées en niveau.
De fait, défoncer du voyou par centaine revêt un intérêt logique et pertinent avec la boucle de gameplay. D’autant que vous serez amenés à visiter les divers magasins pour acheter toutes sortes de nourritures, ce qui vous redonnera de la vie et vous octroiera un bonus à chaque aliment nouveau ingurgité. Le titre est rôdé dans sa structure et la redondance peinent à s’imposer grâce aux nombreux coups et combos à acquérir, sans compter les 4 personnages jouables, rejoint durant l’aventure par les deux nouvelles venues.
River City Yakuza
Il est donc toujours aussi important de bien faire progresser ses personnages. Pour ne pas se retrouver en difficulté, notamment en solo, et pour rapidement maîtriser les divers combos. Bien qu’abordable seul, particulièrement en normal, dès le New Game Plus les choses se corsent. Heureusement, si vous n’avez pas d’amis avec qui jouer, bien qu’il soit possible de faire de la coopération Online, vous aurez l’occasion de recruter et utiliser des ennemis comme soutien. L’ajout de River City Girls 2 c’est d’offrir une planque au sein de laquelle seront disposés tous ces acolytes, ainsi que Kunio, Riki et les autres combattantes jouables.
Vous pourrez changer de protagoniste, de personnages de soutien et également partager vos consommables alimentaires d’un héros à l’autre. De quoi inciter à varier les plaisir, mais aussi à faire des stocks de nourriture pour ne pas être en galère dans les quartiers chauds de la ville. Cependant, les dialogues manquent de cohérence dès que l’on n’est pas avec Misako ou Kyoko, ce qui est regrettable. Mais la plus grande force de la saga c’est le gameplay. Si en 2019, il y avait de quoi être saisi par la profondeur des combats, River City Girls 2 améliore le tout pour mettre KO la concurrence. Les changements sont minimes, mais les personnages disposent d’un peu plus de coups et peuvent infliger des enchaînements bien plus dévastateurs.
Cerise sur la gâteau, les combos aériens s’imposent clairement dans cet opus, démultipliant les possibilités d’actions. Les bastons sont très punchy et grisantes, Misako, Kyoko et leurs amis distribuent les mandales comme les prises de catchs sans sommation, avec détermination et charisme. Car cette richesse de gameplay est viable pour la totalité du roster. Qui plus est, le casting de River City Girls 2 est complémentaire, toutes les équipes fonctionnent et apportent les nuances nécessaires. Même le smartphone va changer en fonction du personnage contrôlé. Il en ressort des animations de combats uniques et qui affinent l’identité comme le caractère de chacun.
Justice sans sommation
Le titre n’a pas volé sa parenté avec les jeux de combats. Pour les connaisseurs, vous pesterez sans doute sur le fait de devoir réapprendre des mouvements basiques en début de partie, mais on s’en accommode. Misako et Kyoko ont malheureusement passé trop de temps devant la console. Avec une telle richesse, difficile de subir les allers-retours, d’autant qu’il est permis d’esquiver facilement les combats. Au risque d’enchaîner les écrans de chargement présents à chaque changement de lieu. Il faut aussi être friand de la bande-son servie par Megan McDuffee de retour avec des remix et de nouveaux morceaux. C’est un plaisir de retrouver cet univers sonore entraînant.
La patte de l’artiste se ressent, avec plusieurs musiques marquantes et une diversité significative, une franche réussite. Comme l’a dit un grand monsieur, même si vous êtes seul vous serez entraîné. Enfin, sur le contenu c’est plutôt exemplaire pour du Beat’Em Up 2D. Le pseudo monde ouvert proposé dans ce River City Girls 2 vous occupera un bon moment, le temps d’apprendre à manier comme il se doit vos personnages mais aussi de réaliser quelques quêtes annexes généralement sympathiques. Ces dernières récompensent avec ce qu’il faut d’expérience et d’argent, quand ce n’est pas par l’obtention d’un équipement intéressant.
C’est aussi une manière de visiter River City, de participer à des quêtes secondaires, prendre des selfies ou retrouver des chats égarés, etc.. Avant de se mesurer à des boss généralement liés à l’intrigue principale, et ponctuant intelligemment l’aventure. Des affrontements pas aussi réussis qu’escompté. Malgré une ou deux fulgurances notables, ça manque de tranchant et d’originalité, sans parler de quelques imprécisions qui peuvent survenir. Même s’il dispose de pléthores de qualités, River City Girls 2 se montre toujours frustrant sur les séquences de plateformes et les détails dans les décors peuvent impacter la lisibilité de l’action. Enfin, le framerate n’est pas à 60 fps. Sans ruiner l’expérience, loin de là, c’est un fait peu compréhensible.
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