Particulièrement connue au Japon et même assez présente aux Etats-Unis, la série de Beat’em up Kunio-kun (River City chez nous) est à la base développée par Arc System Works. Cependant, ce nouvel opus canonique nommé River City Girls est né de l’entente entre le studio japonais et les Américains de WayForward, grands fans de la saga. Alors, collaboration fructueuse ou relation désavantageuse ?
Conditions de test : Test réalisé sur PlayStation 4 sur une partie complétée en environ 10h en difficulté normale (le mode difficile se révélant très corsé). Toutes les quêtes annexes ont été accomplies, tous les collectibles débusqués et la majorité des techniques achetées afin d’avoir toutes les cartes en main quant au potentiel du titre. Précision d’importance : il n’est pas nécessaire d’avoir touché aux autres opus pour apprécier celui-ci.
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ToggleLes River City Girls sont de sortie
Kunio-kun, c’est un peu l’un des piliers du beat’em up d’époque, celui qui a démocratisé certaines mécaniques de gameplay qu’on retrouvera plus tard dans Double Dragon notamment (également propriété de Arc System Works, qui permet quelques clins d’œil très sympathiques) et qui encore aujourd’hui continue de proliférer, en tout cas au Japon.
Habituellement, le joueur incarne Kunio-kun, mais River City Girls prend une autre direction, celle de nous faire contrôler Misako et Kyoko, respectivement petites amies de Kunio et de Riki (un autre personnage bien connu de la saga). Nos deux protagonistes ont donc le lourd fardeau à la fois de respecter l’héritage d’une série qui compte aujourd’hui plus de 50 jeux et dans le même temps de prendre la relève de héros présents depuis des dizaines d’années et désormais relégués au second plan.
Disons-le tout de suite, Kyoko et Misako n’ont rien à envier à nos précédents comparses. Les deux jeunes filles ont des personnalités bien différentes et très marquées qui les rendent instantanément attachantes et suffisamment intéressantes pour qu’on ait envie de rester à leurs côtés durant les 7 heures nécessaires pour boucler le titre (en ligne droite). Tantôt drôles et désinvoltes, tantôt impliquées et enragées, nos deux héroïnes ne vous laisseront pas indifférents et choisir votre « best girl » sera un débat de tous les instants.
Pour justifier le fait qu’on contrôlerait ces deux demoiselles décidément pas du tout en détresse, WayForward nous a concocté un scénario dans lequel Kunio et Riki ont été enlevés, nos River City Girls s’élançant alors à travers les 6 régions de River City afin de les retrouver en tabassant la plupart des habitants de la ville et en leur posant des questions (dans cet ordre).
Si le fait de voir Kunio (héros de la série on le rappelle) se faire kidnapper à de quoi surprendre au premier abord, cela a au moins le mérite d’apporter du changement dans une licence qui stagne peut-être un peu trop depuis toutes ces années.
Petite nouveauté dans la narration également, puisqu’elle se décompose désormais en dialogues avec visuels fixes (à la manière d’un Shantae, pour citer un autre jeu de WayForward), en dialogues durant l’exploration, mais aussi en séquences animées de bonne facture. On trouve aussi des scènes sous forme de pages de manga, tout aussi bien réalisées, mais malheureusement non traduites en français, contrairement au reste du jeu. Notons que tous les dialogues du jeu sont entièrement doublés en anglais.
La bagarre
Le cœur du jeu est composé de grosses bastons contre des ennemis toujours plus forts et toujours plus nombreux, un beat’em up 16-bits à l’ancienne en somme. Nos River City Girls ont ainsi la possibilité de donner des coups rapides mais faibles, d’autres lents mais plus puissants, de réaliser des chopes (attraper) sur les ennemis étourdis mais également de sauter pour réaliser des combos aériens ou encore d’utiliser des attaques spéciales nécessitant de l’endurance.
On note également la présence d’une pseudo-esquive (vers le haut ou le bas) et surtout celle d’une garde qui permet de bloquer certaines attaques, voire de repousser un ennemi lorsque le timing de blocage est parfait. En plus de ces actions, il est possible de recruter le dernier ennemi présent à l’écran lorsque celui-ci vous supplie de l’épargner. Si vous choisissez de l’emmener avec vous, il sera alors disponible sous forme d’assist (assistance – il intervient brièvement lorsque vous l’appelez) en appuyant sur une touche.
Ce qui fait vraiment le sel de ce système de combat, ce sont ses combos. Outre les combos « automatiques », qui se déclenchent simplement en appuyant de façon répétée sur une touche, le jeu offre une grande place à la créativité grâce à des techniques uniques (apprises soit en montant de niveau soit dans un dojo) nécessitant des combinaisons de touches et de directions.
Alors que le début du jeu pourra sembler lent, rigide et sans profondeur, une fois quelques niveaux acquis et les bonnes techniques achetées, vos personnages deviendront des monstres de puissance capables d’effectuer des combos impressionnants, mortels et surtout gratifiants, car c’est vous qui les aurez inventés.
Il y a donc un réel sentiment de gain de puissance au fur et à mesure de l’aventure, et vous progressez en même temps que vos personnages dans la maîtrise du combat. Cerise sur le gâteau, le jeu est jouable en coopération à deux joueurs (en local uniquement), décuplant les possibilités de combos, l’un pouvant continuer celui de l’autre, en maintenant un ennemi dans les airs par exemple.
Ce mode coop est à préconiser si vous en avez la possibilité, car il rend le jeu bien plus agréable à parcourir et ajoute de la cohérence à la relation Kyoko-Misako lors des dialogues. En solo, les deux personnages parlent, mais seul celui que vous avez choisi de contrôler est présent à l’écran. Si vous voulez rire un coup (ou briser une amitié), il existe une option « tir ami » pour que vous et votre partenaire vous vous affectiez mutuellement lors des attaques, de quoi passer de bonnes soirées.
Enfin, sachez que la difficulté globale est assez relevée et qu’il faudra se montrer patient et rigoureux pour venir à bout du titre, et ce même en difficulté normale.
Et le reste ?
Nous évoquions plus haut le fait de monter de niveau. En effet, River City Girls intègre des éléments de RPG classiques mais néanmoins efficaces qui apportent un petit plus à l’ensemble. Il est possible de gagner de l’expérience (ce qui augmente les statistiques et permet d’apprendre/débloquer des techniques), de manger de la nourriture afin d’augmenter les caractéristiques, ou encore d’équiper des accessoires aux avantages passifs (dégâts améliorés sur tel ou tel type d’ennemis par exemple).
Cet aspect RPG ne se limite pas qu’à ça. On retrouve également des quêtes annexes laissant la part belle à l’exploration et permettant de gagner des quantité d’XP et d’argent non négligeables, en plus d’équipements impossibles à récupérer autrement.
Concernant la structure du jeu, nous avons ici un mini monde ouvert dans lequel on peut se balader comme bon nous semble. Enfin en théorie, car dans les faits, se déplacer en ville n’est pas aussi simple. Non seulement des hordes d’ennemis se dresseront sur votre chemin, mais en plus ils réapparaîtront à chaque changement de zone. Un choix qui pourra en rebuter certains mais pas totalement dénué de sens vu la composante RPG qui peut pousser au farm.
Pour revenir sur les changements de zone, il s’agit là du gros point noir du jeu qui vous fera pester plus d’une fois. Concrètement, chaque fois que vous arrivez au bout d’une zone, vous devez presser une touche pour passer à l’écran suivant. Le souci, c’est que cette touche est la même que celle pour les coups rapides, c’est-à-dire la touche que vous utilisez en quasi permanence. Attendez-vous à changer de zone sans le vouloir un nombre incalculable de fois et à maudire tout autant la personne derrière ce mapping de touches affreux.
Toujours plus
Visuellement, River City Girls est une franche réussie grâce à son Pixel Art de qualité. Non seulement très joli, celui-ci se montre surtout très détaillé et criant de vie. Les animations ne sont pas en reste que ce soit pour nos combattantes ou pour les ennemis. Au niveau des musiques, la plupart sont bonnes et quelques pistes sortent clairement du lot, notamment les quelques morceaux chantés qui rappelleront Transistor à certains.
Enfin, abordons brièvement le contenu du jeu. Comme dit précédemment, environ 7 heures seront nécessaires pour venir à bout du titre, du moins en normal, en ligne droite et en coopération. A cela s’ajoute un mode difficile franchement corsé, quelques quêtes annexes, 25 collectibles (offrant un bonus bien pratique lorsque tous récupérés) et un certain nombre de techniques à apprendre, ce qui est tout de même au cœur de ce type de jeux.
Ce n’est pas tout, puisque vous pourrez également débloquer de nouveaux personnages jouables afin de renouveler l’expérience, ainsi qu’affronter un boss caché histoire de finir en beauté. Et si l’envie de parcourir à nouveau la ville en compagnie de Kyoko et Misako vous prend, le mode New Game + viendra vous satisfaire.
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