Robocop: Rogue City est enfin là ! Il faut noter qu’il n’y a plus eu de jeu Robocop depuis 2004, à l’ère des Playstation 2, Xbox et Gamecube. Comme pour Terminator Resistance, le titre est développé par les p’tits gars de Teyon, le fameux studio polonais qui se focalise sur le développement de jeux à licences cinématographiques des années 80/90. Celui-ci s’était d’abord essayé au cataclysmique Rambo: The Video Game, avant de remonter légèrement la pente avec Terminator Resistance, pour lequel nous avions eu beaucoup de sympathie.
Désormais, Teyon s’attaque à un gros morceau avec ce Robocop: Rogue City, attendu de pied ferme par les fans invétérés de la trilogie originale (et pas le reboot de Robocop qui n’existe pas). Avec ses vidéos de gameplay convaincantes, comme notre prise en main plutôt intéressante en juin dernier, le développeur semble avoir appris de ses erreurs. Il est clair et net que cette adaptation de Robocop en jeu vidéo est la plus fidèle qui puisse exister à ce jour, même si tout n’est pas parfait.
Conditions de test : Nous avons terminé Robocop: Rogue City en 12 heures, en faisant une grosse partie des missions secondaires proposées. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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Au niveau chronologique, Robocop: Rogue City se situe entre Robocop 2 et 3. Suite à une longue introduction plutôt stylée, notre héros de ferraille part investiguer sur un membre des têtes brûlées nommé Soot, s’étant enfui après une tentative de prise d’otage sur la chaine de télévision de Detroit. Et notre héros ne sera pas au bout de ses surprises, car derrière ce fameux Soot se cacheront bien d’autres personnes malintentionnées, ainsi qu’un mystérieux projet nommé « Afterlife ».
Très concrètement, et sans spoiler, Robocop: Rogue City dispose dans un premier temps d’une narration captivante. Effectivement, le titre s’insère extrêmement bien entre les deux films, et fait rapidement le pont avec le projet Delta City de Robocop ou encore la Kanematsu, qui n’est autre que la société chinoise qui rachète l’OCP dans Robocop 3. D’ailleurs, on retrouve tous les ingrédients d’une narration fidèle aux films avec l’OCP, cette entreprise qui a confectionné Robocop, mais qui a aussi la mainmise sur la police de Detroit, tout en trempant dans des affaires louches et moralement discutables.
Il faut bien l’admettre, Teyon sait très bien ce qu’il fait avec la trame de Robocop: Rogue City. Qui plus est, on retrouve pas mal de clins d’œil aux films, mais aussi cette psychologie complexe de Robocop, tiraillé entre son côté machine et humain, rendant le protagoniste très intéressant. Toutefois, et même si quelques rebondissements sont sympathiques, les personnages insérés dans le récit peinent à convaincre. Une chose qui est vraiment regrettable car le reste du temps, cette fidélité et l’histoire globale nous font retrouver une ambiance rétro futuriste typée années 80 absolument charmante. Indéniablement, ce côté film de série B fonctionne sur nous et on sent, chez les p’tits gars de Teyon, une passion sans pareille.
Notez qu’il y aura des choix de dialogues. En fonction des réponses données à certains protagonistes, ces derniers seront plus enclins à vous apprécier, ou des actions spécifiques se produiront plus tard dans le jeu. Cela permet d’avoir de petits éléments narratifs qui seront altérés dans certaines cinématiques bien que malheureusement, cela ne reste qu’anecdotique. Seul la cinématique de fin changera vraiment, et il est dommage que ces choix de dialogues n’aient pas été plus approfondis. En somme depuis Terminator Resistance, Teyon n’a pas voulu changer ce système, désormais caduque.
En revanche sur sa direction artistique, le titre fait mouche juste comme il faut. On y retrouve la mythique aciérie des films, en passant par le commissariat très fidèlement retranscrit, les rues de détroit gangrénées par la Nuke (la drogue dure introduite dans Robocop 2), la criminalité exacerbée, et les nombreuses factions qui s’y affrontent. Autant dire que Teyon s’est efforcé de respecter à la lettre le matériau de base tout en prenant quelques petites libertés appréciables. Nous sommes cependant assez déçus par le manque de satires, ce qui était la marque de fabrique du premier Robocop par exemple.
Le super robot-flic fait de la résistance
En ce qui concerne le gameplay pur, il faut déjà noter que les gunfights de Robocop: Rogue City sont défoulant et funs. Sur les premières heures de jeu, il faut admettre que le sentiment de puissance de notre protagoniste se fait ressentir. Les phases de shoot sont ultra violentes, mais tout aussi frénétiques. Nous pouvons donner de sévères patates à nos adversaires, mais également les attraper pour ensuite les balancer dans le décor ou sur leurs comparses. Force est de constater que la jouabilité est fidèle à ce que l’on attend d’un jeu Robocop, avec notamment la visée qui va marquer directement les malfrats à éliminer, dotée d’une interface qui rappelle énormément les films.
Qui plus est, notre héros aura à son actif son mythique Auto-9. Son arme de prédilection l’accompagnera dans son périple, et sera customisable au moyen de cartes mères de l’OCP que l’on pourra trouver un peu partout dans la zone ouverte de Detroit, ou lors des autres missions. Par ailleurs, via des caisses de l’OCP que l’on dénichera dans certains recoins, on obtiendra des puces, permettant de donner un petit coup de pouce à notre arme. Il faut dire que ce côté upgrade façon puzzle avec les puces à assigner est vraiment une bonne idée, mais vite redondante et souffrant d’une interface pour le moins austère.
Ceci dit, l’utilisation du décor sera primordiale dans Robocop: Rogue City. Étant donné la surpuissance de Robocop, qui pourra aussi ramasser les armes de ses ennemis pour s’en servir, le bougre aura la possibilité de balancer à la tête des malfrats quelques barils, ordinateurs voire des chaises ou des guitares. Ce qui peut être pratique pour éliminer plusieurs adversaires d’un coup. Cela renforce le sentiment de puissance que nous avons évoqué plus haut, bien que l’on ait parfois l’impression d’être un aimant à balles, ce qui fait baisser très rapidement notre barre de vie si l’on ne fait pas attention.
Les quelques pics de difficulté et une certaine répétitivité viendront aussi jouer les troubles fêtes. À certains moments du jeu, en normal, nous avons remarqué que certains ennemis spécifiques font beaucoup trop mal, jusqu’à nous faire tomber en rade d’items de soin. Néanmoins, on regrette qu’il y ait quelques répétitions sur les boss, manquent d’intérêt à cause des déplacements mous, rigides et limités de Robocop. C’est finalement un défaut comme une qualité, étant donné que Teyon a voulu rester fidèle à la motricité de notre héros jusqu’au bout. Toutefois rassurez vous, le gameplay arrive à se développer un peu plus avec diverses compétences que Robocop peut déverrouiller au fil du jeu. Entre le mode ralenti ou la possibilité de faire une petite esquive en marchant plus vite.
Du semi-ouvert, ou presque
Si la partie gunfights est plaisante, il faut bien admettre que Robocop: Rogue City ne sait malheureusement pas où se placer en matière de progression. Celle-ci est plutôt archaïque. Vous progresserez dans les missions principales via des zones ouvertes, qui possèdent leurs objectifs secondaires. Or il sera impossible de revenir dans certains secteurs spécifiques, pour rattraper les missions secondaires que l’on aurait loupé, histoire de glaner des points d’expérience supplémentaires. Pour ne rien arranger, il n’y a pas de mini-map et la carte du menu n’est parfois guère lisible.
Teyon n’a peut-être pas fait le bon choix de game design sur cet aspect. Bien qu’il faille reconnaître que la zone de Detroit, accessible entre les missions, ne manque pas de choses à faire pour ce qui est des quêtes annexes. La plupart de ces dernières sont bien travaillées, et permettent de casser la routine avec de vraies séquences d’enquêtes, où il vous est demandé de scanner les environs ou certains corps, afin d’y dénicher des indices. Il sera aussi possible de dresser des contraventions, voire arrêter certaines infractions en cours, mais sachez que parcourir la ville de Detroit pour y trouver le moindre point d’expérience est plaisant.
Notez que Robocop est assez long. Comptez 12 heures de jeu en essayant de faire une petite poignée d’objectifs secondaires, et en tentant de fouiller un peu chaque secteur. Autant dire que Teyon a fait le boulot en nous offrant un FPS généreux.
Une fois que vous avez terminé une mission principale, vous devez retourner au commissariat, qui sert de QG, et ainsi vous faire évaluer par les scientifiques. En fonction des objectifs remplis ou non, vous obtiendrez une note d’évaluation, mais aussi vos points d’expérience. Vous pourrez ainsi obtenir des points de compétences à assigner au nombreux domaines de Robocop (combat, armure, vitalité, ingénierie, focus, scan, déduction et état mental). C’est par ce biais qu’il sera ensuite possible de débloquer certaines compétences du robot flic, avec le mode ralenti, l’aveuglement des ennemis, une sorte d’esquive, mais également le ricochet de balles en usant de la vision nocturne de Robocop, censée vous montrer plus précisément avec quels objets interagir. Ce système de compétences est plus efficace que l’amélioration de l’auto-9, et vous permet de varier les plaisirs, tout en augmentant vos statistiques.
Une belle plastique, avec des bugs au menu
Utilisant le récent Unreal Engine 5, Robocop: Rogue City est cependant très nuancé graphiquement. Le soft est capable d’afficher de superbes panoramas bien retranscrits avec la ville de Detroit de nuit, ou l’aciérie qui envoie une petite claque. Cependant, toute cette technologie est contrebalancée par des manques évidents sur la plupart des textures qui sont souvent trop grossières, au même titre que certains PNJ. Il en va de même pour les animations qui sont d’un autre âge. Par ailleurs, seuls les passages narratifs ingame bénéficient d’une bonne mise en scène. Car le reste du temps, les cinématiques cassent l’immersion, prouvant que Teyon n’a peut-être pas eu le budget nécessaire pour pleinement réaliser le projet imaginé.
En effet, il nous est forcé d’admettre que Robocop: Rogue City pullule encore de bugs. Que ce soient des collisions étranges, en passant par des personnages qui se superposent ou des scripts qui s’enclenchent bizarrement, autant dire que le studio polonais n’a pas eu le temps de peaufiner son bébé, ni de maitriser correctement l’Unreal Engine 5. Il est évident, par contre, que le titre reste joli dans l’ensemble, mais aurait pu prétendre à bien mieux avec une meilleure maîtrise.
Enfin, la bande-son est terriblement efficace. Le thème musical principal de Robocop 1 et 3 fait sont retour en version remixée, pour un résultat brillant. Si les autres musiques font le boulot pour coller à l’ambiance rétro futuriste du jeu, elles ne marquent pas pour autant. Concernant les doublages, ne vous attendez pas à une version française, car le jeu ne proposera que de l’anglais. Notez qu’on retrouve Peter Weller qui incarne de nouveau Robocop. Et il faut dire qu’il excelle toujours autant. Quant aux autres doublages, ils restent corrects, sans plus. Enfin, les dernières coquilles à souligner, on trouve régulièrement des sous-titres non traduits ou bourrés de fautes d’orthographes grossières.
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