D’une certaine manière, on peut dire que RollerCoaster Tycoon s’est complètement perdu après son troisième épisode. Il aura fallu attendre douze ans après la sortie de cet indispensable pour qu’Atari nous fasse enfin parvenir une suite avec World… Une version qui n’a pas tardé à se faire descendre dans la presse et par les fans. Depuis, rien n’a permis à la licence de décoller à nouveau, bloquée entre une indifférence globale des joueurs et une qualité trop moyenne.
Comme s’il suffisait de cela pour relancer l’intérêt autour de la série, Frontier Developments s’est mis en tête d’en ressusciter le meilleur opus. C’est ainsi que débarque le 24 septembre 2020 un certain RollerCoaster Tycoon 3 : Complete Edition. Une version qui, comme son nom l’indique à merveille, regroupe tout le contenu disponible pour le jeu de 2004. Outre une édition PC, ce package plutôt alléchant arrive aussi sur Switch. Mais est-ce un choix éclairé ?
Conditions du test : Nous avons joué un peu moins de huit heures sur une Nintendo Switch classique, autant en mode docké qu’en portable, puis environ une heure sur un modèle Lite.
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Ce qu’il faut bien comprendre, en premier lieu, c’est que cette édition se veut améliorée, en plus de proposer la totalité du contenu paru pour le jeu original. Et ça tombe bien, parce qu’après le détestable RollerCoaster Tycoon Adventures, on n’attendait plus vraiment la série, encore moins sur Nintendo Switch. L’opus de 2018 faisait presque preuve d’une mauvaise volonté maladive, en supprimant des éléments de gestion et en se dotant de contrôles n’étant pas adaptés au support. C’est évidemment sur ce second point que l’on attendait RollerCoaster Tycoon 3 : Complete Edition.
D’emblée, on peut dire que la mauvaise volonté du studio Nvizzio Creations n’a pas contaminé Frontier Developments. L’entreprise à l’origine du jeu de 2004 a véritablement essayé d’offrir à cette relecture un gameplay adapté. Malheureusement, il est toujours très compliqué de développer du jeu de gestion sur console. Un constat qui touche même les ténors actuels du genre, tels que Tropico 6 ou Jurassic World : Evolution, qui ne s’en sortent qu’à grand renfort d’ingéniosité. Le résultat, ici, est en demie-teinte, mais peut néanmoins s’attribuer le mérite d’essayer.
Comme souvent dans ce genre de jeux, le tutoriel est assez conséquent, dense, à l’image du contenu en somme. Pour cette nouvelle édition, le développeur a toutefois eu la riche idée de le distiller sur la longueur, offrant au joueur des précisions sur la marche à suivre et les mécaniques à mesure que celui-ci clique sur de nouveaux éléments. De quoi permettre un apprentissage en douceur, sans la moindre pression, des contrôles qui ne sont pas aisés à prendre en main. Malgré la bonne volonté dont il fait preuve, le studio n’est toutefois pas parvenu à rendre le tout aussi accessible que souhaité.
Adapter un gameplay à la souris sur console
Plus concrètement, le gameplay s’articule autour des gâchettes L et R, chacune d’entre elles ouvrant une roue différente d’actions. La première englobe la création d’attractions, de routes, de stands, et permet de se pencher en profondeur sur la gestion du parc. Bref, elle offre un accès rapide à l’ensemble des actions que l’on peut entreprendre pour améliorer les lieux ou embaucher du nouveau personnel. Quant à la seconde gâchette, elle permet des interactions plus spécifiques avec des éléments du décor. Ce qui va de la suppression d’une attraction, à des phases de tests, en passant par le choix du prix d’entrée.
L’idée est bonne, c’est un fait indéniable, puisque cela sépare les gestions micro et macro de notre parc, et permet ainsi de mieux s’y retrouver. Malheureusement, il fallait s’y attendre, c’est très difficile à prendre en main. On met un temps fou à prendre ses marques, d’autant qu’en dehors de ça les contrôles ne sont pas aisés eux non plus, et une fois ceci fait on avance toujours à tâtons. Le manque de précision de l’ensemble contraint en effet à une vitesse d’exécution plus lente qu’avec une souris. On salue donc les bonnes idées apportées par cette adaptation, mais le résultat manette en main n’est pas pleinement convaincant.
Enfin on arrive tout de même à faire à peu près tout ce que l’on désire dans notre parc, malgré le temps supplémentaire que cela demande par rapport à la version PC. Restent quelques détails qui font clairement tâche, comme les outils permettant de modeler le terrain, absolument atroces à contrôler. Dans le même ordre d’idée, la gestion du personnel est fastidieuse, les actions requérant un minimum de précision se révèlent compliquées, et la caméra est absolument imbuvable. Les joysticks de la Switch n’y sont pas étranger.
Ce qui est dommage, c’est que le titre essaye, mais ne va pas au fond des choses. Il pense en effet aux joueurs qui vont se contenter de lancer RollerCoaster Tycoon 3 sur leur TV, mais oublie complètement ceux qui ont pris l’habitude d’enlever leur console de son socle pour continuer leur partie sur la route. Idem pour les possesseurs de Switch Lite d’ailleurs. Parce que le petit écran de la machine ne permet pas de réaliser sereinement des actions nécessitant un minimum de précision, d’une part, mais aussi parce que des contrôles tactiles auraient été plus que bienvenus.
Une Complete Edition plutôt honnête
Parvenir à passer outre les contrôles complexes de cette édition Switch, c’est s’offrir l’opportunité de profiter d’un contenu colossal, sur un jeu qui a certes pris quelques rides, mais remplit toujours à merveille son office. RollerCoaster Tycoon 3 : Complete Edition ne se contente pas de faire revenir d’entre les morts le jeu de 2004. Il en profite pour compiler l’entièreté de son contenu supplémentaire, ce qui se traduit par deux extensions colossales, Distractions Sauvages et Délires Aquatiques, qui apportent pléthore de nouveaux éléments, en plus de deux campagnes.
Autant être clair sur le sujet, si vous accrochez au genre, pour un peu moins de trente euros vous vous offrez un titre dont le potentiel ludique et surtout la durée de vie sont démesurés. Outre ses trois modes carrières, qui vous demanderont chacun de réaliser différents objectifs, le titre dispose évidemment d’un mode bac à sable, vous permettant de construire le parc de vos rêves avec des moyens illimités. Le tout sur un terrain incroyablement grand, sans aucun stress, de quoi passer un nombre incalculable d’heures à façonner l’entreprise la plus rentable de la planète.
On notera toutefois que la refonte graphique annoncée n’est pas très convaincante, bien que l’on observe effectivement des améliorations. Cette version de 2020 ne fait finalement guère mieux que ce que propose l’originale de 2004, lissant vaguement les textures et ajoutant des effets de lumière dispensables sur les surfaces aquatiques. Idem, si le sympathique mode Coaster Cam, permettant de prendre place à bord des attractions, est toujours de la partie, il n’a toutefois pas exorcisé ses vieux démons. On y retrouve en effet les bugs qui lui faisaient défaut il, y a seize ans.
Enfin, quelques menus détails ont attiré notre attention, et pas pour les bonnes raisons. À commencer par l’interface globale qui est restée très austère. Mais aussi la musique. Il va falloir activer cette dernière dans le menu option pour pouvoir en profiter. Chose plutôt illogique. Mais surtout, elle ne se lance que lorsque la caméra est assez loin du parc, à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol. Ce qui se révèle particulièrement frustrant lorsque l’on a besoin de redescendre pour gagner en précision. Ou bien lorsque l’on joue en mode portable, puisque l’on est pratiquement contraint à choisir une caméra proche du parc pour comprendre ce que l’on fait… et l’on ne peut ainsi guère profiter de la musique.
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