Depuis près de 40 ans, la série Romance of the Three Kingdoms a su captiver les amateurs de stratégie et d’histoire avec son immersion dans l’époque des Trois Royaumes. Cette ère, à la fois épique et complexe, a été le berceau de batailles mythiques et d’intrigues politiques d’une grande richesse. Avec des titres tels que Romance of the Three Kingdoms XI ou encore le récent Romance of the Three Kingdoms XIV, Koei Tecmo a su faire évoluer sa formule tout en restant fidèle à ses racines. Bien que variés dans leurs approches, ces jeux partagent une obsession commune : offrir une expérience profonde dans un cadre historique fascinant.
Ce remake du huitième épisode s’inscrit dans une tendance récente de l’industrie, qui cherche à moderniser des classiques. D’autres franchises emblématiques, comme Age of Empires ou Total War (avec Total War Rome Remastered), ont également revisité leurs titres pour séduire à la fois les nostalgiques et les nouvelles générations. Mais là où Total War: Three Kingdoms mise sur une représentation plus spectaculaire et cinématographique des Trois Royaumes, Romance of the Three Kingdoms 8 Remake choisit de mettre l’accent sur la gestion, les relations interpersonnelles et une progression minutieuse à travers les strates du pouvoir.
Avec Romance of the Three Kingdoms 8 Remake, Koei Tecmo nous propose une relecture de l’un des opus les plus emblématiques de la licence. Le pari était ambitieux : moderniser un titre culte tout en conservant l’essence qui a fait son succès. Pari réussi ?
Conditions du test : Nous avons testé Romance of the Three Kingdoms 8 Remake sur PC. Ce test arrive un peu plus tard car l’auteur ici présent a jugé bon de jouer plus de 80h avant de se poser pour écrire cet article. Quelle idée tout même !
Une immersion totale aidée par un contenu colossal
La période des Trois Royaumes (184-263 après J.-C.) est un pan incontournable de l’histoire chinoise, popularisé par le roman historique L’Histoire des Trois Royaumes de Luo Guanzhong. Ce contexte, riche en intrigues et en personnages, constitue le cœur de l’expérience offerte par Romance of the Three Kingdoms 8 Remake. Koei Tecmo a su magnifier cet univers avec une refonte graphique complète, tout en s’appuyant sur des illustrations raffinées et une bande-son immersive. Les compositions musicales, évocatrices et soignées, participent à créer une atmosphère digne des drames historiques chinois. La richesse des détails visuels renforce également l’immersion, chaque cité étant représentée avec une esthétique propre et des animations qui capturent l’effervescence de l’époque.
Cependant, un regret notable subsiste : l’absence de doublage en mandarin, qui aurait renforcé l’authenticité de l’ensemble pour les puristes. Ce choix laisse une légère sensation d’inachèvement pour un titre aussi centré sur une culture historique. Malgré cela, l’immersion reste une réussite, grâce à un équilibre harmonieux entre tradition et modernité. Le jeu offre également une foule de moments narratifs captivants, où des personnages clés interagissent à travers des dialogues et des événements marquants. Ces séquences enrichissent l’expérience en donnant vie aux figures historiques et en dévoilant leurs motivations.
L’un des points forts majeurs de cet opus est l’ampleur de son contenu. Avec plus de 50 scénarios historiques et fictifs, auxquels s’ajoutent des événements débloquables au fil de l’aventure, le titre offre une rejouabilité impressionnante. Chaque scénario propose une perspective unique, vous plongeant dans des contextes variés, allant des luttes internes pour le pouvoir aux alliances stratégiques nécessaires pour unifier la Chine. Ces intrigues sont rehaussées par des événements dynamiques, tels que des trahisons imprévues ou des alliances inattendues, qui maintiennent le joueur constamment engagé.
Ce remake ne s’arrête pas là : il propose plus de 1 000 personnages jouables, soit presque le double du jeu original. Cette abondance permet une personnalisation poussée et une exploration approfondie des dynamiques sociales et politiques de l’époque. Chaque personnage est doté de caractéristiques uniques et de relations préétablies qui influencent le déroulement des parties. La possibilité de créer son propre avatar ajoute une couche supplémentaire d’immersion, permettant aux joueurs de se projeter dans ce monde foisonnant. La personnalisation va au-delà de l’apparence : vous pouvez ajuster les compétences, les ambitions et même les liens avec d’autres figures historiques, ce qui ouvre un éventail infini de possibilités narratives.
Le système de progression est conçu pour refléter les luttes de pouvoir de l’époque. En partant d’un simple officier, vous pouvez gravir les échelons pour devenir un dirigeant influent. Ce parcours est jalonné de défis tels que le gain de loyauté de vos subordonnés, la gestion de ressources limitées et la négociation avec des factions rivales. La liberté d’agir en dehors des scénarios prédéfinis ajoute une dimension sandbox appréciable, permettant de façonner l’histoire selon vos choix. Enfin, les joueurs les plus stratégiques apprécieront la profondeur des systèmes économiques et militaires, où chaque décision peut avoir des répercussions à long terme sur l’équilibre du pouvoir.
Un titre réussi, bien que perfectible
Romance of the Three Kingdoms 8 Remake conserve son essence : un jeu de stratégie à la profondeur tactique remarquable. L’action s’articule autour de trois phases principales, chacune jouant un rôle clé dans la progression. Les conseils stratégiques, qui marquent le début de chaque cycle, permettent aux joueurs de planifier leurs conquêtes. Ces réunions rassemblent les conseillers les plus influents, qui proposent des objectifs variés tels que la conquête de territoires voisins, l’amélioration des infrastructures ou l’établissement d’alliances diplomatiques. Ces choix initiaux déterminent souvent le ton de la partie et influencent les opportunités qui s’ouvrent au joueur.
La gestion des cités est l’étape suivante, où le joueur doit équilibrer l’économie, la politique et le développement. Chaque cité dispose de ses propres forces et faiblesses, ce qui oblige à adapter votre approche en fonction des besoins locaux. Par exemple, certaines régions riches en ressources naturelles nécessitent une attention particulière pour maximiser leur potentiel, tandis que d’autres, stratégiquement situées, doivent être fortifiées pour repousser les attaques ennemies. La gestion des ressources, qu’il s’agisse de l’or, de la nourriture ou des troupes, ajoute une couche de complexité, exigeant des décisions judicieuses pour éviter les crises internes.
Les batailles constituent le point culminant du gameplay. Ces affrontements, au tour par tour, combinent des éléments de stratégie et de hasard pour créer des situations palpitantes. Chaque décision prise sur le champ de bataille, qu’il s’agisse de positionner vos troupes ou d’utiliser des capacités spéciales, peut renverser le cours des combats. Les duels individuels et les débats politiques mettent d’ailleurs en avant les compétences spécifiques de vos officiers. Ces moments permettent de résoudre des conflits sans avoir recours à une guerre totale, mais nécessitent une préparation minutieuse pour maximiser vos chances de succès.
Le système des relations interpersonnelles est, de son côté, également au cœur du gameplay. Vous pouvez tisser des liens forts avec d’autres personnages, créant ainsi des alliances solides, ou au contraire engendrer des rivalités féroces. Ces interactions ne se limitent pas à des échanges diplomatiques, mais incluent des événements narratifs où des choix moraux viennent influencer le déroulement de l’histoire. Par exemple, une alliance stratégique peut s’effondrer si la loyauté de vos partenaires est compromise, entraînant des conséquences désastreuses pour vos plans. Après tout, personne ne souhaite voir une sécession débuter au sein de son clan.
Cependant, certaines limites demeurent. Si la richesse des options est indéniable, la répétition des actions en milieu et fin de partie peut engendrer une certaine lassitude. Les joueurs les plus aguerris pourraient ressentir un manque de profondeur dans l’évolution des relations entre personnages, souvent trop linéaires. Par exemple, les mécanismes d’amélioration des relations se résument parfois à des interactions répétitives, telles que l’échange de cadeaux ou des discussions banales, ce qui peut devenir monotone à la longue. Enfin, bien que la refonte graphique apporte un souffle de modernité, l’aspect 3D reste en deçà des standards actuels, limitant l’impact visuel global.
Pour les batailles, bien que leur variété soit louable, l’intelligence artificielle montre parfois des faiblesses, rendant certaines confrontations prévisibles. Cela contraste avec les moments où l’IA fait preuve d’une agressivité surprenante, créant une expérience inégale. Une autre critique qui pourrait être soulevée concerne l’équilibrage des unités, certaines étant nettement plus efficaces que d’autres, ce qui peut désavantager les joueurs qui privilégient des compositions moins conventionnelles. Ces petits défauts, mis ensemble, peuvent pousser certains joueurs à ne pas explorer la nouveauté, prendre des risques, ou même jouir de la profondeur offerte par ce remake, ce qui est bien dommage. Néanmoins, pour celles et ceux qui se prennent au jeu de la diversité, malgré ce manque d’équilibrage, l’expérience globale reste jouissive.
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