Ces dernières années, moult visual novels ont su retenir l’attention du public. On retrouve par exemple Steins;Gate, Phoenix Wright, ou encore Danganronpa. Le présent titre n’a évidemment rien à avoir avec tous ces titres, si ce n’est le genre. Oui, Root Film est bel et bien un visual novel, dont le prédécesseur est également bien connu : Root Letter.
Kadokawa remet donc le couvert en proposant une aventure intense dans la préfecture de Shimane au Japon, en proposant au joueur de résoudre moult mystères dans un jeu qui s’avère bien plus sombre qu’il n’y paraît au premier abord. Tout est connecté, même si tout est fait pour que l’on ne s’en rende pas forcément compte. Sur le papier, c’est donc une histoire très intéressante, qui a beaucoup à proposer. Mais est-ce que le cocktail est bon ?
Condition du test : Nous avons testé Root Film sur PlayStation 4 Pro. Si la plateforme ne change pas grand-chose pour un visual novel, sachez aussi que nous avons parcouru l’ensemble du titre jusqu’à presque obtention du platine avant l’écriture de ce test.
Une intrigue et un casting intéressants
Si nous avons fait un lien entre Root Letter et Root Film, c’est avant tout pour le genre et le nom derrière cet opus : Kadokawa Games. Pour le reste, tout est indépendant et original. Le jeu propose de suivre Rintaro Yagumo, directeur de film indépendant. Son nouveau contrat le lie au Shimane Mystery Drama Project, un projet où trois directeurs différents doivent créer leur propre film dans la région du Japon où se déroule le jeu.
Jusque-là, rien de bien anormal. Cependant, les choses vont commencer à tourner de façon étrange lorsque Rintaro découvre que ce projet est une nouvelle version d’un projet semblable annulé dix ans plus tôt. Malgré de nombreuses interrogations, personne ne semble en mesure de lui expliquer les raisons de l’annulation et pourquoi on ne retrouve aucune trace des films de l’époque. Plus étrange encore, toutes les personnes impliquées dans le projet ont ensuite quitté l’entreprise car « un événement catastrophique » a eu lieu.
Toujours motivé par la réalisation de son film, Rintaro va tout de même visiter les lieux avec son équipe, tout en gardant en tête de chercher des indices de ce qu’il s’est passé dix ans auparavant. Le problème, c’est que partout où se rend l’équipe, de désagréables événements les suivent. Et on ne parle pas d’un écureuil qui tombe de l’arbre. On parle ici de sujets très sombres comme les violences conjugales ou, pourquoi pas, quelques petits meurtres.
En marge de Rintaro, le joueur va aussi pouvoir suivre une actrice débutante du nom de Riho et son manager Shoko Manabe. A première vue, les deux histoires sont séparées, mais elles finiront par se rejoindre pour s’entrecouper en de multiples points. Et c’est là qu’apparaît la grande force scénaristique du titre. Root Film parvient à nous servir deux histoires en apparence indépendantes mais qui finissent par ne plus faire qu’une pour donner un tout cohérent sur l’histoire d’événements du passé et du présent.
Pour le plus grand plaisir des joueurs, Rintaro et Riho sont tous les deux des personnages très intéressants et très bien construits. D’ailleurs, Rintaro est entouré d’autres personnages de qualité, comme Aine Magari, son insolente assistante. Le groupe présente une grande alchimie et est donc très agréable à suivre tout au long de l’aventure. Bon point pour Rintaro, au passage, qui sait faire montre de réactions fort différentes en fonction des situations, évitant ainsi le stéréotype du personnage un peu trop lisse, n’ayant qu’une seule facette de personnalité et rien d’autre.
Root Film, un jeu qui emprunte aux plus grands
Côté gameplay, Root Film reste un visual novel. Le cœur du jeu est donc la lecture de milliers et de milliers de mots tout au long de l’aventure. Entre deux sessions de lecture et de choix de texte, le titre offre la possibilité au joueur de choisir le lieu qu’il souhaite visiter, donnant un peu plus de force de décision manette en main. Cela permet alors d’approfondir certains pans scénaristiques ou de continuer un peu plus en ligne droite l’intrigue principale, certains lieux n’apportant rien de primordial à l’histoire.
Autre point qui mérite le coup d’œil : le Max Mode. De temps à autres, il vous sera demandé d’interroger d’autres personnages. Pendant ces interrogatoires, le Max Mode consiste à choisir les bons mots (mots que vous avez découverts durant vos investigations) afin de faire progresser la barre. C’est donc une joute verbale qui s’enclenche où vous dégainez vos arguments pour reconstituer l’histoire. Une victoire vous apportera alors plus d’information, mais aussi les clés pour élucider les meurtres ayant eu lieu durant le jeu.
Cela vous rappelle quelque chose ? Peut-être. Et sans doute que si nous parlons des visages aux expressions exagérées en cas de victoire, alors cela vous rappellera encore plus quelque chose ? Oui, Root Film prend quelques petites inspirations chez Phoenix Wright afin de faire sourire le joueur, sans non plus tomber dans la surenchère avec cette autre licence.
Pour revenir sur le scénario, ce dernier est très prenant. On se plaît à suivre ces personnages au cours de leur histoire, même si celle-ci est parfois entachée de quelques erreurs de traductions (ou du moins des fautes). Si cela n’altère en rien le plaisir de jeu, il reste néanmoins quelque peu dommage que certains des mystères du début de la partie soient si prévisibles. Quoi qu’il en soit, l’ensemble du scénario reste cohérent et très bien ficelé, c’est là tout le principal.
Enfin, sachez que le jeu est visuellement très beau. Certains artworks sont suffisamment splendides pour vous faire rester à regarder chaque détail. Les personnages jouissent tous de leur propre identité visuelle, et les décors sont soignés, avec une grande profondeur du détail, rendant le titre immersif. Sans parler de la bande-son qui parvient à alterner entre apaisement et rythme selon les circonstances. Et ce, sans oublier le doublage japonais de grande qualité, qui nous montre tout le sérieux pris lors de la production de Root Film.
Cet article peut contenir des liens affiliés