Deux ans après un Rugby 20 qui tentait de nouvelles choses et notamment d’améliorer la copie du très décevant Rugby 18, le studio français Eko Software est de retour depuis le 27 janvier 2022 avec Rugby 22, leur nouvelle itération de simulation du sport au ballon ovale.
À noter qu’en deux ans, les choses ont quelque peu changé du côté du monde de la simulation de rugby. Rugby Challenge 4, développé par Sidhe entertainment, n’a pas réussi à convaincre en juillet 2020, laissant les fans avec leur très bon second épisode comme nouvelle référence moderne du genre. Le réalisme du sport avait clairement disparu en partie depuis le 3ème épisode et davantage avec ce 4ème, laissant pour le moment le champ libre, notamment à Eko Software et son Rugby 22, pour conquérir les amateurs du sport.
Conditions de test : A l’occasion de ce test, nous avons joué sur Xbox Series S. Nous avons essayé l’ensemble des modes et joué avec une dizaine d’équipes différentes.
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ToggleDes évolutions légères en terme de gameplay…
Il faut le dire quand certaines choses vont, et pour le coup, en matière de gameplay, il y a du mieux dans ce Rugby 22. Du mieux, car on trouve ici une certaine fluidité au niveau des attaques, le jeu au pied semble un peu mieux conçu, et quand tous les astres s’alignent, on arrive à faire de belles choses entre les combinaisons, les croisées qui sont facilement lançables. Cependant, il y a sur cette séquence spécifique qui est l’attaque, certaines choses qui viennent tout chambouler. Les détections des fautes par exemple sont encore trop approximatives, et il est impossible de marquer un essai en plongeant quelques mètres avant l’en-but. On se retrouve donc à faire un coup de pied…
Au niveau de la défense, ce n’est pas mieux, avec très clairement un souci dans la conception du changement de joueur actif, qui rend les phases défensives complexes pour pas grand-chose, dès que le premier rideau est franchi.
Mais encore une fois, le souci se trouve véritablement dans l’intelligence artificielle. Non pas celle de vos opposants, qui a été un peu améliorée quand même (même si on se retrouve souvent avec des joueurs qui font une passe à l’arbitre de touche), mais bien celle de nos coéquipiers. Replacement en défense hasardeux, latence d’appel pour les ruck, replacement offensif également hasardeux… On a l’impression de chercher nos partenaires assez souvent.
On pourra pinailler pendant longtemps sur tous ces petits trucs ajoutés et choses imprécises dans le jeu, mais au final, quel est le ressenti manette en main ? Et bien c’est aussi là que le bât blesse. On ne prend pas grand plaisir à jouer, et il faut de nombreux essais et matchs pour réussir à avoir un moment grisant.
Du nouveau du côté du contenu pour Rugby 22 ?
Tout d’abord, et c’est quelque chose à mettre en avant, on note l’évolution du côté d’Eko Software et de Nacon concernant l’acquisition des différentes licences. Les licences, dans le milieu du jeu de sport, ont toujours été un point clé pour la crédibilité d’une proposition d’un tel jeu. Force est de constater qu’ici, il y a franchement du mieux avec l’arrivée notable des All Blacks ainsi que les Wallabies. Deux équipes nationales iconiques et majeures dans le sport, qui sont les bienvenues.
Reste qu’il manque du côté des grosses licences l’Angleterre ainsi qu’une grande partie des licences « du sud », très certainement restées contractuellement du côté de Rugby Challenge, tout comme le Super 15 et d’autres clubs de nations européennes. C’est comme toujours un véritable manque à gagner en terme de réalisme, car cela empêche aux joueurs, notamment, de pouvoir effectuer des compétitions plébiscitées comme les 6 nations ou la Coupe d’Europe.
Ce qui est dommage, c’est que, comme nous l’avions dit pour Rugby 20, l’équipe n’a pas eu l’idée de créer des compétitions imaginaires remplaçant celles que nous nommions plus haut… Dommage.
Le mode carrière, n’a pas subi de changement en dehors du lifting visuel adapté à cet épisode. Pas de gestion financière, pas de transfert entre les équipes. Encore une fois, ce faux mode Ultimate Team est véritablement creux. On se demande donc réellement quelle a été la roadmap de développement de ce Rugby 22.
Mais c’est pas la même chose là ?!
Jusqu’à présent, nous étions contents de parler de nouveautés, de volonté d’évolution du jeu par les développeurs. Mais, car il y a un MAIS assez énorme, qu’ont fait les développeurs en terme de contenus ? Car au final, de par notre dernière remarque, nous avons voulu investiguer un peu plus sur les rapports entre Rugby 20 et 22, et c’est assez troublant sur pas mal d’aspects.
En terme de contenu pur pour commencer, avec le même nombre exact de modes de jeu, aucune nouvelle compétition et les mêmes possibilités de personnalisation qui n’ont pas bougé d’un iota. C’en est même à se poser la question du côté des commentaires du jeu. Ont-ils été mis à jour ? Quelques noms seulement ajoutés ? Le reste de la gestion sonore est inchangé également, avec un manque cruel d’ambiance pendant le match. Aucun bruitage non plus autour des actions des joueurs, un tout petit brouhaha de spectateurs sans rien discerner. Même sur cet aspect là, cela ne coûte pas cher d’acheter des banques de son ou de se rendre une ou deux fois dans un stade avec un micro pour capter une ambiance…
Nous avons l’impression, au final, d’avoir un jeu où les développeurs ont simplement retravaillé vaguement leur copie, mais en pensant que cela suffirait pour les joueurs, et en délaissant ainsi tout le reste. On peut le voir par exemple dans les modélisations où, hors des quelques joueurs iconiques, tous les autres manquent de travail pour proposer un vrai enrobage. Il n’y a par exemple aucune statistiques ou presque de match ! Quid aussi des nouvelles règles du sport, sont-elles réellement mises en application ? On ne le sait pas car la gestion en elle-même des règles de base du rugby reste très brouillonne.
Il y a plein de choses qui semblent assez inexplicables dans ce Rugby 22. La présence de Kolbe sur la jaquette, mais pas dans le jeu. Skelton qui est sur la jaquette, mais qui n’a pas de miniature dans le jeu. Je ne parle pas des effectifs non complets ou à jour, ou encore des couleurs de certains maillots (Stade Français par exemple) qui n’ont pas été respectées. Pourquoi ? Lorsque l’éditeur marquète quand même son jeu comme la « nouvelle étape de la simulation de rugby », on est en droit d’avoir quand même un respect autour du sport au moins sur les licences où ils ont dépensé une partie du budget pour !
D’autant plus que certains détails sont vraiment compliqués. Comme par exemple la gestion des matchs de nuit dans une partie des stades, devenant en réalité injouables car ils ont oublié de mettre les lumières… Sans devoir être au niveau du dernier Madden ou NBA 2K, cela reste compliqué d’avoir aujourd’hui un titre se présentant comme une simulation et ressemblant à un jeu de 2005.
Cela revient d’ailleurs à relancer le débat autour des jeux de sport, leur fréquence de sortie, et ce que nous sommes en droit d’attendre. Là où les grandes licences ont les capacités d’effectuer des changements plus ou moins important dans leur gameplay, de renouveler les modes de jeu, en ajouter de nouveaux, en affiner d’autres, qu’en est-il des productions moins ambitieuses ? Qu’est-ce qui, en tant que joueur, « convient » ?
Si on regarde un temps soit peu à ces dix dernières années en matière de jeu vidéo de rugby uniquement, on trouve par-ci par-là de bonnes idées. Dommage de ne pas les prendre en compte, et de prendre le temps pour créer un jeu qui, autant que dans son amélioration du gameplay d’édition en édition, ferait la même au niveau du contenu. Un véritable mode carrière, plus de propositions de personnalisation (comme les rosters, les stats des joueurs par exemple), qui pourrait permettre au jeu de gagner en réalisme, en sachant qu’il est bien sûr difficile pour le développeur d’assurer un suivi hebdomadaire des équipes, pourquoi ne pas laisser les joueurs le faire ?
On se retrouve toujours avec de véritables dissonances de niveaux de joueurs et même d’équipes. Comment se peut-il que le Stade Toulousain, meilleure équipe française et européenne depuis maintenant quelques années, n’ait pas la meilleure évaluation ? Comment Antoine Dupont, élu meilleur joueur du monde, peut-il ne pas avoir une meilleure évaluation ?
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