Ruggnar, c’est le premier jeu d’un studio français, Sword N’ Wands, qui s’est créé après plusieurs Game Jam – un hackthaton où des développeurs ont 48h pour développer un jeu. Le titre du studio basé à Sarrebourg, qui s’était montré lors de notre dernier AG French Direct, nous propose donc un jeu de plateformes original car ce dernier vous force à avancer à taton dans la pénombre, tout en évitant divers pièges. Pour une première production, le soft est une bonne surprise dans son concept, même s’il est terriblement sous-exploité et court…
Conditions de test : Nous avons terminé le mode histoire de Ruggnar en seulement 1h30 de jeu, sans chercher le 100 % dans chaque niveau. Nous avons ensuite passé une heure supplémentaire sur le mode donjon aléatoire et Roguelite, afin de voir ce que ces derniers avaient dans le ventre. Le titre a été testé sur PC avec 16Go de Ram, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 Ghz.
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ToggleRuggnar à la rescousse de sa cité
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, Ruggnar s’offre bien un scénario. Alors que sa cité se meure faute d’épuisement de filons, notre vaillant nain des mines s’aventure dans des lieux abandonnés pour espérer y trouver de l’or, et ainsi faire de nouveau prospérer sa cité. Sous une trame très classique et faisant office de gros prétexte, Ruggnar se dote cela dit d’une écriture pour le moins maitrisée.
Effectivement, il n’est pas rare d’y trouver une bonne dose d’humour qui n’en fait jamais trop, tout en nous couvrant de punchlines en tout genre, qui prêtent systématiquement à sourire. Autant dire que cet aspect là est bougrement réussi, et même sa trame scénaristique arrive à nous offrir des rebondissements sympathiques, et avec mine de rien quelques personnages hauts en couleurs. Concrètement, le titre s’en sort très bien sur ce point là.
En revanche, et même si sa direction artistique pixel art et colorée fait du bien à notre rétine, la variété ne sera hélas pas de mise dans Ruggnar. Entre une tour abandonnée en passant par une mine totalement déserte, ce seront malheureusement les seuls décors que nous retrouveront tout le long de notre périple. C’est bien dommage, et des environnements un peu plus exotiques n’auraient pas été de trop pour au moins diversifier les panoramas, qui resteront malheureusement toujours les mêmes.
Un gameplay qui aurait pu faire de l’ombre aux jeux de plateformes
Ruggnar, dans sa jouabilité, propose clairement un concept très intéressant. Dans chaque niveau, vous serez plongé dans le noir complet sauf votre personnage, ornant un casque avec une petite bougie afin de s’éclairer. Cela force ainsi le joueur à avancer très prudemment, car de nombreux pièges ou vides jonchés de lave ou d’eau peuvent vite surgir sans que l’on s’y attende. Il y a évidemment possibilité lors de votre progression dans chaque niveau de balancer des bougies afin d’éclairer les environs, et ainsi avancer plus sereinement.
Il faut bien l’avouer, le gameplay est au premier abord super addictif et plaisant dans l’ensemble, d’autant que notre personnage répond assez bien sur les sauts et les déplacements de manière générale. Qui plus est, le titre s’étoffe un peu plus dans son gameplay, avec des bonus à ramasser lors de votre progression dans les niveaux. Il n’est effectivement pas rare de récolter un miroir faisant apparaitre temporairement les pièces à ramasser, une lanterne éclairant tout le niveau de manière éphémère aussi, ou encore une plume permettant de sauter un peu plus haut.
Dans l’absolu, le bébé de Sword N’ Wands est bien ficelé, mais la répétitivité du principe se montre trop vite. Grosso modo, vous devrez à chaque niveau du mode Histoire, trouver une clé en or puis la sortie pour passer au suivant, tout en évitant les pièges qui seront vos pires ennemis. Il n’y a pas énormément de renouvellement dans le gameplay en somme, et le peu de features que vous débloquez arrivé au chapitre 2 du mode histoire, ne sont en définitives que très peu exploités…
Ce qui est bien dommage, car le level-design de chaque niveau est pourtant bien agencé, et avec des puzzles assez sympas à résoudre pour progresser. Il y aura également de quoi pester sur les quelques phases en chariot dans la mine façon Donkey Kong qui ne sont pas assez nombreuses, et arrivaient à casser un peu la routine. La déception sera donc immense, et on aurait aimé que les différentes features montrées servent un peu plus pour les casse-têtes voire sur les boss, qui sont au passage peu nombreux bien qu’originaux à affronter.
Cela dit, on trouve quand même un système d’amélioration efficace pour Ruggnar. Via un vieux marchand qui apparait pratiquement à chaque début de niveau, vous pouvez moyennant les pièces d’or récoltées dans chaque niveau, acheter des grimoires afin d’améliorer la bougie de votre casque, celles que vous lancez, mais également votre familier de feu que vous pouvez contrôler une fois que vous êtes en rade de bougies. Il est aussi possible d’y débloquer tout ce qui est élément cosmétique ainsi que des bonus non-négligeables via les équipements, voire ajouter des bougies à votre inventaire. Dans l’ensemble, le côté upgrade de Ruggnar est en définitive des plus complets, et fonctionne bien.
Durée de vie et génération procédurale pas si joyeuse…
En revanche là où nous trouverons à y redire, ce sera forcément sa durée de vie, très insuffisante. En effet, il faut dans un premier temps compter facilement 1h30 pour boucler les 20 niveaux de Ruggnar, sans forcément faire le 100 % sur ces derniers. Pour rallonger la durée de vie, vous aurez les modes donjon aléatoire et château changeant. Le premier est tout simplement un donjon à parcourir, et dans lequel il faudra récupérer un trésor. D’ailleurs, le bougre sera généré procéduralement à chaque tentative.
Quant au second, il sera question d’un petit mode rogue-lite. Vous devrez ici parcourir 10 étages du donjon d’une traite, et où là mort est interdite sous peine de recommencer de zéro. Dans l’idée, ces deux modes de jeu sont très intéressants mais le soucis, c’est que l’on en fait très vite le tour. Pour 13.99 €, autant dire que le tarif parait peut-être un poil élevé.
Concernant enfin la génération procédurale, elle n’est pas aussi folichonne que ça. Si nous pouvions nous attendre à de gros changements sur les modes rogue-lite voire château changeant, force est d’admettre que ce n’est pas véritablement le cas. La disposition des donjons n’offre pas de très gros changements, ce qui donne finalement une génération procédurale pas mauvaise certes, mais qui reste quand même mi-figue, mi-raisin. C’est fort dommage, car cela aurait pu accroitre une rejouabilité qui reste encore une fois assez famélique.
Excellente bande-son et graphismes
Là où nous pourrons par contre être plutôt satisfait, c’est sur la partie graphique. La production de Sword N’ Wands propose ici même un style graphique pixel art tout coloré qui en jette pour notre bonne vieille rétine.
L’effet d’ombre dans les niveaux est réussi, et le niveau de détails affiché dans les environnements force le respect. L’optimisation est elle aussi relativement réussie, et on obtient là un titre aussi fluide que visuellement solide. Cependant, quelques soucis de hitbox sur les pièges et de petits bugs de collisions sont à noter mais dans l’ensemble, Ruggnar est une une réussite sur le plan graphique et artistique, même si le manque de variété dans les décors souligné plus haut est vachement regrettable.
Au-delà de ça, la bande-son est elle aussi clairement excellente. Les doublages français jouissent d’une bien belle performance de Pierre-Alain de Garrigues, qui double quelques méchants et Ruggnar lui-même. Qui plus est, les divers thèmes musicaux se marient extrêmement bien à l’ambiance que propose le soft. Autrement dit, le sound design est plus que soigné.
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