Il y a peu de chances pour que vous ayez atterri sur cet article par hasard. Je devine que, comme moi, vous avez probablement la trentaine, peut-être un peu plus. Mais aussi qu’un souvenir vous reste dans le coin du crâne, celui d’une série animée pas si bête que cela, qui raisonnait encore longtemps après vos premiers pas dans votre petite tête encore creuse. Il y a une vraie communauté, sur le net, s’étant formée autour des Razmoket, que nos amis anglophones connaissent sous le nom Rugrats. Communauté si vivace, si demandeuse, qu’un jeu vidéo voit le jour plus de vingt ans après l’arrêt définitif du programme télévisuel éponyme. C’est fort.
Enfin, pas exactement. Si Rugrats : Adventures in Gameland existe, c’est surtout grâce à Nikelodeon, qui a permit le retour de la franchise culte sous un nouveau format, via une version désormais en 3D. Non, ne partez pas tout de suite ! Certes, ce n’est pas au niveau des anciens épisodes, auxquels l’animation apportait un vrai plus, mais nous ne sommes pas devant le niveau d’irrespect qu’ont connu nos Minikeums. Preuve en est, une grosse partie du casting original américain est de retour. Ne vous attendez cependant pas à une sortie par chez nous.
Tout cela pour dire que ce petit jeu de plateforme en 2D revient de loin, mais de moins loin que la série d’animation dont il est issu. Série culte, drôle et touchante, mémorable mais disparue (dans nos contrées). Ce qui ne nous empêche pas de rêver, ou de retomber en enfance le temps d’un après-midi, pourquoi pas, puisque cela ne peut guère faire de mal. C’est ce que propose Rugrats : Adventures in Gameland qui, du haut de sa petite quarantaine d’euros, annonce la couleur sans détour : place à la nostalgie.
Conditions de test : Nous avons passé environ six heures sur la version Nintendo Switch du titre, ce qui nous a laissé le temps d’en voir le terme, mais aussi d’y jouer à deux en coopération.
Les Razmoket : Du Rififi dans le parc à jouets
Rugrats : Adventures in Gameland, que je suis très tenté de renommer « Les Razmoket : Du Rififi dans le parc à jouets » pour le restant de cet article, c’est avant tout une lettre d’amour aux trentenaires qui ont découvert la franchise à l’époque de sa diffusion originale. Ce qui sonne comme une belle promesse, a fortiori dans la mesure où les Razmoket, s’ils ont bien connu nombre d’adaptations vidéoludiques, n’ont jamais vraiment brillé sur nos consoles et PC. Alors oui, je vois venir les nostalgiques qui me diront regretter tel ou tel opus Game Boy, ce que je suis tenté d’acquiescer. C’est vrai qu’à l’époque, on ne faisait pas vraiment la fine bouche au niveau des adaptations de dessins animés. Cependant, que cela soit clair, s’il ne fallait retenir qu’un jeu des Razmoket, alors ce serait A la Recherche de Reptar, un point c’est tout.
Maintenant que c’est dit, voyons de quel côté du spectre nostalgique se positionne Rugrats : Adventures in Gameland. Tous les potards sont en vérité dans le vert, puisque le titre est un plateformer 2D, dans la plus pure tradition du genre. Ainsi, il ne s’encombre guère d’un scénario construit, se contentant de quelques séquences de dialogues vite expédiées. De quoi poser le contexte sans trop nous écarter du sujet, qui n’a pas besoin d’être étoffé. Même si, il est vrai, on regrette que l’histoire ne soit pas plus consistante, et surtout que l’intégralité du jeu soit disponible exclusivement en anglais (sans doublage). Vu le peu de textes, un petit effort n’aurait pas été très coûteux en temps et probablement en argent, quoiqu’on se perde ici en suppositions inutiles.
À première vue, en tout cas, on est sur un jeu qui veut essayer de redonner ses lettres de noblesse à la franchise, mais surtout sa déclinaison vidéoludique, en reprenant depuis le début. Rugrats : Adventures in Gameland ne brille pas par son aspect visuel visionnaire, mais plutôt par sa fidélité avec l’œuvre originale. Ce qui est surtout visible au niveau des personnages, qu’il s’agisse des quatre sales mioches que l’on peut incarner, d’Angelica, ou bien des parents à l’ouest et du grand-père sénile. Tout ce petit monde est joliment dessiné, dans un style qui touche la corde nostalgique. Dans le même genre, on est plutôt content de retrouver le thème principal, le jingle de début d’épisode, ou encore la maison de Casse-Bonbon et quelques-uns des lieux connus, comme le salon et la cuisine. Bien qu’on les traverse chaque fois très rapidement au début des niveaux.
Niveaux qui, et c’est le premier reproche que l’on peut faire au titre, nous propulsent chaque fois dans des décors inventés, n’ayant plus rien à voir avec ceux du dessin animé, excepté au niveau du bestiaire qu’ils abritent. Ce qui sonne comme une occasion manquée, bien entendu, d’autant que les décors manquent globalement d’inspiration. Quoiqu’ils ne détonnent pas plus que cela si on les place à côté des titres 8 bits dont le jeu s’inspire. Ce qui est encore plus vrai lorsque l’on enclenche le mode visuel old school, justement nommé 8 bits. Chose que l’on peut faire à tout moment, via un menu déroulant disponible en appuyant sur la touche – sur Nintendo Switch. Le résultat est très sympa, et on se plaît un temps à regarder les différents décors et ennemis sous leurs deux formes… bien qu’à la longue, cela fasse surtout gadget.
Reptar Mania
En dehors de ce petit détail rigolo, quoique plutôt anecdotique, Rugrats : Adventures in Gameland ne réinvente pas la roue. On fait face ici à un plateformer 2D très inspiré de l’ère 8 bits, donc, embarquant notamment des mécaniques piquées à Super Mario Bros. 2 (la version occidentale). Dommage que le titre n’explique à aucun moment les possibilités (bien que maigres) qu’il offre, parce qu’on ne se doute pas forcément que l’on peut ramasser et balancer les ennemis KO, ou les cubes de couleur, par exemple. D’autant que la touche utilisée, à savoir le X sur Nintendo Switch, n’est pas particulièrement intuitive. Cela étant dit, puisqu’on reste sur un genre que l’on pourrait qualifier de basique, rien de bien méchant à ce niveau.
Ce qui l’est, en revanche, c’est la difficulté globale. En mode normal, Rugrats : Adventures in Gameland ne fait aucun cadeau, en plaçant des ennemis à des endroits déstabilisants, et en leur conférant une vitesse d’action assez élevée. Certains monstres nous ont même semblé impossibles à esquiver, ce qui a de quoi agacer, a fortiori dans la mesure où l’on ne dispose que de quatre points de vie. Heureusement, chaque fois que l’on arrivera à zéro, le jeu nous propulsera au dernier checkpoint (souvent très proche) aux commandes d’un autre mioche. Une riche idée, qui sonne néanmoins comme un cache misère face à une difficulté mal dosée, et un Level Design assez peu inspiré…
Il est vrai que l’on ne s’attendait pas à grand-chose, étant donné l’état cadavérique de la franchise Les Razmoket. Ce qui ne nous empêche pas d’être relativement déçus devant une proposition qui, si elle fait des efforts sur des points de détail, principalement visuels, manque néanmoins d’ambition. Quarante euros c’est un peu cher pour un jeu de plateforme aussi plat, bien qu’on arrive à y prendre du plaisir, ce qui relève assurément de l’effet nostalgique en premier lieu. Reste finalement la possibilité de jouer à deux sur le même écran, ce qui est assez chouette sur le papier, mais mal exécuté là encore. Parce que le titre n’adapte pas ses mécaniques en fonction, que les interactions entre nos deux bébés sont absentes, et que la difficulté ne change pas d’un iota en coopérant.
Dommage, car on sent bien qu’il ne manque pas beaucoup pour faire de ce Rugrats : Adventures in Gameland un chouette petit jeu de plateforme, certes sans prétention, mais agréable. La bande-son fait des efforts pour nous maintenir éveillés, le visuel est globalement sympa, et la prise en main est aisée. Mais il faut dire ce qui est, on s’ennuie ferme, et les quelques boss proposés par le jeu n’y changent rien, avec leurs patterns basiques. Il y avait assurément moyen de réaliser quelque chose de plus chouette sans trop s’écarter du budget initial.
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