Le jeu de plateforme est l’essence même du jeu vidéo. Le genre n’a cessé d’évoluer, après avoir commencé son ascension il y a déjà plus de 30 ans avec Super Mario ou Sonic par exemple. La plateforme n’est jamais réellement tombée dans l’oubli étant donné la possibilité gigantesque de réappropriation et d’adaptation que permet ce genre.
Par ailleurs, c’est surtout la scène indépendante qui s’est emparée du genre depuis quelques années, en l’adaptant et en l’appropriant avec les codes ludiques modernes, et Run : The World in-Between n’échappe pas à la règle en adoptant un style de gameplay à part. Présenté lors de notre AG French Direct en novembre dernier avant sa sortie officielle le 14 avril sur PC et Nintendo Switch, que vaut donc le dernier titre de la Team Run ?
Conditions de test : Nous avons testé le jeu sur une Switch première génération sur une version envoyée par l’éditeur pendant environ 8h de jeu. Ce qui nous a permis d’aller au bout du jeu une première fois et de découvrir les autres modes.
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ToggleL’héritage
Comme dit précédemment, le genre du jeu de plateforme n’a cessé de faire fantasmer la scène indépendante. Run : The World in-Between transpire l’inspiration sur tous les bords. Celeste semble réellement être passé par là, avec ce pixel art au service d’un plateforming fluide et jouissif. Le jeu développé par Extremely OK Games avait su ravir le public par son propos, et sa direction artistique maîtrisée, et il en est de même pour Run : The World in-Between. Même si la gestion du pixel n’est pas parfaite pour un jeu sorti en 2022, le jeu de la Team Run est tout de même très appréciable visuellement, surtout au niveau de sa fluidité.
Mais Dead Cells ou Super Meat Boy peuvent aussi être des inspirations notables du titre. Dead Cells également pour son pixel-art mais surtout pour sa génération procédurale des niveaux, et Super Meat Boy pour sa rejouabilité presque immédiate à chaque mort et la gestion infinie des sauts muraux, ce qui en donne un titre calibré pour le speedrun.
Où est l’histoire ?
Nous ne sommes malheureusement jamais vraiment impliqués dans Run : The World in-Between. En effet, l’histoire qui nous est présentée nous place dans un monde en perdition, où l’on doit se battre pour avancer et ne pas tomber dans le désespoir. Tout est minimaliste et les seules interactions que l’on puisse avoir se font avec le même PNJ à chaque fin de course, qui nous en apprend très peu sur le monde dans lequel on se trouve. Le problème étant qu’en définitive, le peu d’informations que l’on possède rend l’ensemble très superficiel, et cette superficialité vient aussi du traitement de la musique (en dehors du sound design). En effet, la musique, bien que plaisante à l’oreille avec une ambiance synthwave toute particulière, n’a jamais réellement de rapport avec l’action. Tout le long du jeu, c’est une série de musique qui défile façon playlist, ce qui nous sort encore plus de l’ambiance proposée par le titre.
Une histoire minimaliste peut être bienvenue quand le décor, la musique ou les dialogues laissent réellement une place à l’interprétation du monde dans lequel nous sommes plongés, comme dans Hyper Light Drifter par exemple. Mais dans Run : The World in-Between, rien de tout cela, on se retrouve avec une scène d’introduction avec quelques lignes de dialogues, des secrets qui ne sont que des images éparses, et on arrive à la fin du jeu avec la sensation de n’avoir rien vécu de concret dans ce monde qui a l’air pourtant si riche.
Stress
L’enjeu ludique réside dans un seul élément, certes minime, mais qui donne tout son charme au gameplay général. Initialement, dans tout le jeu, vous serez poursuivis par une boule noire (qui est l’incarnation du désespoir qui veut vous tirer vers le bas) qui reproduit vos déplacements en décalé d’une demi seconde, ce qui vous empêche de vous reposer ou d’analyser les patterns. Cette option est désactivable dans le menu pause pour ceux qui veulent un vrai mode facile, mais cela fait perdre tout l’enjeu ludique du titre.
En effet, Run : The World in-Between est exigeant par son gameplay et ses patterns au pixel près. Sachant que si vous jouez avec le mode Stress, la marge d’erreur sera très faible, surtout si vous essayez de récupérer les collectibles sur votre chemin, mais c’est ce qui fait tout le charme. Le jeu de la Team Run est certes exigeant, mais ne vous poussera jamais réellement vers la frustration : les boucles de gameplay sont rapides, les niveaux sont au final assez courts, et si vous mourrez, ce sera toujours de votre faute, alors retournez donc vous entraîner !
Génération procédurale
Run : The World in-Between a une façon bien à lui de construire ses niveaux. Ici, pas de mondes ou de niveaux à la direction artistique différente. Le jeu est découpé en 8 phases distinctes, avec pour chacune des patterns divers. En réalité, pour chacune de ses phases représentées par différents symboles, vous devrez vous frayer un chemin dans de nouveaux patterns qui s’ajoutent au fur et à mesure aux anciens, et ainsi de suite.
Et quand on parle de pattern, c’est en rapport avec la génération procédurale des niveaux, ce qui est assez étonnant pour un jeu de plateforme. Chaque run est composé de 5 à 6 patterns disposés de façon aléatoire à chaque mort, bien que vous finirez par connaître par cœur tous les patterns qui composent le jeu, ce qui participe à cette sensation d’accomplissement après avoir dompté les patterns les plus difficiles.
Prepare to die and speedrun
Le nombre de die and retry que vous subirez pendant votre première run allongera considérablement la durée de vie du titre, car il ne faut en réalité que de 5 à 6 heures maximum pour venir à bout du jeu. Quand vous finirez une première fois Run : The World in-Between, vous débloquerez plusieurs nouveautés : le mode infini, qui vous mettra à l’épreuve sur votre capacité d’endurance, ainsi que le mode speedrun avec un chronomètre directement intégré au jeu. Mais même sans cela, le jeu entier est prévu pour le speedrun.
L’histoire pratiquement inexistante, ce système de die and retry complètement assumé, ainsi que la courte durée de vie du jeu incite les joueurs et les joueuses à tenter le speedrun au moins une fois. De par son aspect ludique et la rapidité à laquelle on revient à la vie à chaque échec, Run : The World in-Between nous pousse constamment à avancer le plus vite possible, ce qui finalement pourra vous jouer des tours dans vos parties.
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