Révélé en grandes pompes il y a maintenant près de 4 ans, c’est lors de la conférence de Microsoft à l’E3 2018 puis du PC Gaming Show que Sable a fait sensation avec une patte artistique vraiment captivante et un scénario qui promettait une belle petite trouvaille pour les joueurs. Après de multiples reports et une sortie décalée de près de 2 ans, Sable est sorti sur PC, Xbox One et Xbox Series X|S le 23 septembre 2021 et est par ailleurs disponible dans le Xbox Game Pass.
Créé par un duo de développeurs, Daniel Fineberg et Gregorios Kythreotis formant Shedworks et édité par Raw Fury, Sable nous conte l’histoire de son héroïne éponyme qui au travers de ses voyages va devoir se forger une identité propre et trouver sa voie. Une aventure poétique mais est-elle vraiment la pépite indépendante attendue par les joueurs ?
Conditions de test : Nous avons joué à Sable sur Xbox Series X via le Xbox Game Pass pendant environ 15h, le temps de récolter suffisamment d’insignes et de masques pour accéder au choix final menant à la fin du jeu.
Sommaire
ToggleUn rite initiatique (trop) calme
Dans cette aventure aux couleurs chatoyantes, vous incarnez Sable, une jeune femme à l’aube de sa vie d’adulte et qui doit, comme le veut la coutume de sa tribu, entamer un rite initiatique à travers tout le pays afin de rencontrer d’autres personnes d’autres tribus, et ainsi se renseigner sur le métier qu’elle voudrait exercer toute sa vie. Pour cela, elle va devoir accomplir des missions, des quêtes récupérées auprès des voyageurs dont elle fera la rencontre, afin que ceux-ci lui remettent des insignes, avec chacune sa spécialité (alpiniste, machiniste, cartographe etc.).
Une fois trois insignes identiques récupérées, Sable peut demander au Forge-Masques à ce qu’un masque de la même spécialité lui soit fabriqué pour envisager plus tard ce métier qu’elle exercera à vie. Vous pouvez très bien récolter tous les masques possibles dans le jeu avant de vous rendre à la cérémonie de votre choix qui mènera inexorablement à la fin du jeu. 8 masques sont ainsi disponibles dans le jeu, certains plus simples que d’autres à obtenir, mais tous appréhendables lors de quêtes ou d’explorations.
Derrière son scénario finalement assez mince, Sable aborde des thèmes comme le passage à la vie d’adulte et ce que cela engendre, comme l’indépendance, la prise de décisions pour soi mais aussi pour les autres, la recherche de sa place dans la société etc. Un véritable rite initiatique qui pourtant aurait mérité un peu plus d’introspection de la part de notre héroïne qui parait finalement effacée au profit des étrangers qu’elle va aider. On ne la verra d’ailleurs jamais parler puisque tout se fera sous forme d’une fenêtre contextuelle dans lesquelles il vous faudra choisir la réponse à formuler, qu’elle paraphrasera ensuite.
Pas de doublage audio donc et heureusement que le jeu a proposé depuis quelques semaines un patch contenant une localisation française car le jeu étant très bavard, il s’agissait d’un des nombreux points négatifs relevés par les premiers joueurs au moment de la sortie du jeu.
Les joies du vide
Vous démarrez votre épopée au sein même de votre tribu, une zone plutôt fermée. Pour partir en voyage, il vous faudra d’abord retrouver les pièces de votre aérocycle, un véhicule volant rasant le sol en permanence, qui n’a pas besoin d’être réapprovisionné en carburant, et qu’il vous est possible d’améliorer. Le premier écueil survient dès lors : les transformations sont trop peu significatives et les prix tellement exorbitants qu’il en vient très difficile de tout obtenir avant la fin du jeu.
Une fois ce véhicule construit, l’open-world s’ouvre à vous lorsque vous quittez, seule, votre tribu. Vous débarquez alors dans l’une des 6 grandes régions régissant votre monde. Toutes plus ou moins désertiques, certaines contiennent tout de même des curiosités de la nature, du relief en vois-tu en voilà ou des sombres espaces amenant un peu de variété de direction artistique.
Bien que le monde soit plutôt grand et nécessitera plusieurs minutes pour être traversé de part en part via le vaisseau, ce n’est finalement que pour être rempli de peu de points d’intérêt. Comptez au bas mot environ une trentaine de structures significatives dans votre monde, ce qui est bien trop peu pour donner de la consistance.
En résultent alors de longs (très longs) déplacements entre les objectifs de vos différentes quêtes, traversant dunes, crevasses, et encore des dunes à l’horizon. Et cette sensation se renforce une fois les 5 premières heures de jeu passées, si vous tentez de vous éloigner un tant soi peu de l’histoire qui s’éparpille au fur et à mesure si ce n’est une fin appréciable car laissant la possibilité aux joueurs et joueuses de choisir qui ils veulent être.
Le gameplay est lui même reste relativement sommaire mais campe efficacement tout ce dont vous aurez besoin. Sable peut sprinter, sauter (pas trop haut non plus), appeler son vaisseau (quand celui-ci trouve correctement le chemin sans se bloquer dans le décor) et surtout escalader, avec une jauge d’endurance à la The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Il faut saluer par ailleurs la grande force du level design qui vous permet de grimper absolument partout, ou presque, sans devoir chercher une quelconque accroche pour votre personnage, ce qui vous permettra de vous hisser où vous voulez si tant est que vous ayez assez d’endurance.
D’ailleurs, si vous ne réussissez pas à vous hisser avant la fin de la jauge, Sable chutera au sein d’une bulle de protection rougeâtre qu’elle obtient au tout début de l’aventure et qui vous empêche de subir des dégâts de chute et vous permet même de planer et ainsi multiplier les directions potentielles pour votre exploration libre. Sable réussit ainsi à décloisonner l’exploration (limite bien plus libre que dans le dernier Horizon : Forbidden West), bien que l’on regrettera encore et toujours le vide de l’univers qui nous est proposé.
Vous aurez à récolter plusieurs collectibles, allant d’animaux étonnants que vous pourrez revendre au marché, à des oeufs de Zami, sorte de petits vers qu’il vous faudra récolter (une centaine sont présents sur la carte) avant d’aller les emmener dans un endroit mystérieux, et dont certains se trouvent dans des zones vraiment pas faciles d’accès, rajoutant du défi à un jeu sinon trop calme. Notez que vous avez la possibilité d’opter pour un voyage rapide entre les lieux découverts pour faciliter vos recherches.
Parmi les lieux à visiter, on remarquera des camps de voyageurs visibles au loin par des feux de camp, mais aussi des dirigeables appartenant au cartographe qui vous vendra des morceaux de carte révélant le monde contre de la monnaie obtenue dans l’exploration, mais aussi des ruines antiques modernes provenant d’une autre civilisation dont vous apprendrez à découvrir l’histoire au fil du jeu.
Un énorme potentiel raboté
La patte graphique et artistique est sans conteste l’une des plus grandes plus-values apportées par Sable. Voulant sans conteste rendre hommage aux oeuvres de Jean « Moebius » Giraud disparu il y a maintenant une dizaine d’années, chacun des décors que vous traverserez est dessiné à la main avec un style crayonné vraiment épatant.
Notez par contre la présence d’un cycle jour/nuit qui ne nous a pas du tout séduits. Les développeurs ont voulu représenter la différence des paysages entre le jour et la nuit (qui ne dure heureusement que quelques minutes) mais ont décidé de transformer les décors de nuit, passant à un amalgame de cubes ternes symbolisant une vision nocturne atténuée mais qui rend le monde beaucoup moins chatoyant qu’il ne l’est de jour et ne représente pas, pour nous, une très bonne idée.
Un mot de la bande-son signée Japanese Breakfast qui est tout simplement incroyable, du moins quand elle est présente, lors de moments forts du jeu ou de l’exploration, de la découverte de nouveaux lieux notamment mais qui se révèle être totalement absente lors des phases en plein désert sur notre vaisseau, certes renforçant ce côté solitude désertique mais qui a tendance à faire retomber un petit peu le côté épique de notre voyage.
Enfin, sachez que Sable a donc proposé dernièrement une localisation française, avec peu de fautes d’orthographe si ce n’est des erreurs de lettre (un n espagnol ou un u) mais il propose aussi bon nombre de pronoms non genrés pour quasi tous les personnages secondaires qui seront tous décrits en « iel ». Bien que l’effort alloué pour la reconnaissance et l’identification de chacun soit encore trop rare dans le jeu vidéo et qu’il faille saluer ce genre d’initiative, nous avons trouvé que ces choix ne collaient pas toujours avec la description des personnages se trouvant en face de nous.
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