Annoncé il y a un an presque jour pour jour, le reboot de Saints Row a beaucoup divisé les fans de la série entre sa volonté de revoir un peu son ton, revenir à des aventures plus réalistes que les derniers épisodes et la disparition de Johnny Gat, Shaundi, Pierce et les autres. Malgré cela, le timing semble parfait vu ce qu’il se passe du côté de GTA entre le prochain qui n’est pas prêt de sortir et l’état des remakes PS2.
Après avoir eu de nombreux contacts avec le jeu, il est donc grand temps de découvrir sa version finale afin de répondre aux très nombreuses questions que l’on pouvait se poser sur le possible manque de folie de cet épisode, mais aussi son ambition clairement limitée et ses nouveaux personnages qui auront fort à faire pour se faire une place dans le cœur des joueurs et des joueuses.
Conditions de test : Nous avons joué environ 50 heures sur la version PlayStation 5 pour faire l’ensemble des missions principales et secondaires du jeu ainsi que pour essayer toutes les activités et la coop, arrivant ainsi à un pourcentage de complétion de 60%. Nous avons ensuite passé quelques temps sur la version PS4 pour faire la comparaison.
Sommaire
ToggleTout ça pour un loyer
Commençons avec l’intrigue de ce Saints Row puisqu’il n’hésite absolument pas à se montrer très dirigiste au début du jeu pour mettre en place son nouvel univers. On incarne un personnage qui démarre son premier jour au sein de la corporation paramilitaire Marshall après avoir réussi son infernal programme d’entraînement (utile pour justifier le talent et les compétences déployées tout au long du jeu).
Seulement voilà, son dédain pour l’autorité et sa désobéissance quasi systématique des ordres rendent sa carrière au sein de cette entreprise très courte. Ce qui n’a pas été aidé par le fait que ses colocataires adorés appartiennent à d’autres gangs en pleine guerre avec Marshall. Qu’à cela ne tienne, vu leur situation compliquée, autant former leur propre organisation pour pouvoir payer leur loyer tout en restant indépendants.
Il s’ensuit une histoire assez classique d’une bande d’amis qui fonde son organisation devenant un empire au fil du jeu, tout en s’attirant les foudres de leurs anciens employeurs au passage, lors d’une guerre dont le vainqueur pourra régner sur Santo Ileso. Bref, rien de très neuf ici mais il faut avouer que l’expérience semble beaucoup trop courte pour que Volition ait le temps de multiplier les effets d’écriture et les twists.
Started from the bottom, now we’re here
Car oui, même si techniquement, la mission principale ne doit pas être très loin de la durée de vie de celles des anciens épisodes, tout semble se passer en un clin d’œil. Le jeu se divise en deux parties, l’avant création des Saints puis leur lutte pour s’imposer. Le tout passe par des missions très courtes mais beaucoup plus mises en scène, ce qui ne nous fait donc pas perdre au change. On peut même dire que l’ensemble est assez équilibré.
La campagne n’est qu’un prétexte pour nous donner accès aux activités annexes qui sont le cœur de ce Saints Row. Par conséquent, dès que l’on peut démarrer la conquête de la ville, la mission principale expédie tout ce qu’elle avait mis en place parce qu’il faut bien une sorte de conclusion mais pas trop non plus pour que ce soit logique de continuer à faire le contenu annexe s’il en reste.
On a aussi quelques missions secondaires pour marquer le coup lors du développement de l’empire, mais surtout mettre un peu en avant Neenah, Kev et Eli nos fameux colocataires qui y sont un peu plus développés, mais c’est là aussi trop court pour nous laisser nous attacher à eux. On note quand même le plus gros moment de bravoure du jeu, une série de quêtes basées sur un JdR Grandeur Nature qui permet enfin à Volition de se lâcher un peu.
Les ennemis de mes ennemis sont aussi mes ennemis
La saveur d’un Saints Row tient aussi aux différents gangs que l’on affronte au cours de l’aventure et on en trouve donc trois nouveaux, plus ou moins hauts en couleur. Car il faut bien avouer que les militaires futuristes de Marshall en blanc manquent un peu de charisme comparés aux autres, une carence qu’ils compensent avec leur technologie beaucoup plus avancée que l’on se fait souvent un plaisir de subtiliser.
Nous avons les Panteros, les adeptes de mécanique et de bodybuilding qui adorent venir au contact pour frapper au corps-à-corps. Mais il faut avouer que notre préférence va aux imprévisibles Idols, des anarchistes adeptes de néons et des feux d’artifices qui n’hésitent jamais à faire une pause en plein combat pour prendre un petit selfie.
Les trois souffrent d’un manque de diversité, on aimerait un peu plus d’adversaires plus coriaces, de boss ou tout simplement d’ennemis qui ne soient pas juste des sacs à PV et qui demanderaient un peu de varier son style de jeu. Les factions adverses gagneraient à avoir un peu plus d’incarnation et de développement des rares personnages qui sont identifiés en dehors du grand antagoniste final.
Vin serait fier de ce Saints Row
Avant de passer au gameplay, parlons un peu du ton de ce Saints Row. Il faut bien reconnaître qu’il y a un changement dans l’humour mais manette en main, cela semble moins être pour ne pas froisser certaines personnes que pour s’approcher de quelque chose de plus populaire. Concrètement, on a l’impression que les blagues ne feraient pas tâche dans le MCU, ou dans le Deadpool de Ryan Reynolds pour celles qui sont plus vulgaires.
Pas d’aliens, de matrice ou quoi que ce soit, on revient à quelque chose de plus réaliste. Enfin presque puisque l’on va quand même bien finir par nous sortir des hoverboards et autres motos volantes, Santo Ileso voyant le début de l’arrivée de nouvelles technologies un peu plus science-fiction. Et c’est aussi sans compter sur l’influence visible de Fast & Furious sur le jeu.
En effet, même si la saga a tenté quelques fois l’aventure de l’adaptation vidéoludique, c’est ce reboot qui réussit le mieux à retranscrire son ambiance et surtout la tournure vers le n’importe quoi des derniers épisodes entre les gadgets improbables, le héros qui saute de voiture en voiture en pleine course poursuite ou certaines cascades de Neenah (membre de la Family évidemment) qui feraient même trop dans un film de Vin Diesel.
Dangereux à pied…
Finis les super pouvoirs, on revient dans une expérience plus réaliste, donc ça veut dire un gameplay classique pour ce genre de jeu. Alors là aussi, tout est relatif puisque le personnage équipe des capacités spéciales. On commence doucement avec une grenade (qu’on met dans le pantalon d’un adversaire pour le jeter sur les autres, mais certes) ou des mines, puis arrivent le coup de poing enflammé ou les tirs dans tous les sens pendant des saltos.
On a aussi des finishers qui prouvent qu’il y a des fans des films John Wick chez Volition. Ils surprennent par leur variété et leur adaptation à la situation. Et il y en a même des spéciales quand on ne doit pas tuer. C’est la mécanique qui nous aidera le plus vu qu’elle débarrasse rapidement d’un ennemi et soigne mais c’est le même bouton que pour monter dans un véhicule et ce Saints Row nous fait régulièrement combattre dans des parkings…
L’arsenal est lui aussi très classique en dehors des rares gadgets plus étranges obtenus par la suite, comme une barrière qui permet de tirer à travers les murs. On note la possibilité, lorsque l’on est passager, de monter sur la voiture pour tirer plus facilement et avec de plus grosses armes sur les ennemis. Chose qui arrive rarement, le jeu préférant nous mettre au volant même en présence de Neenah qui est pourtant la pilote du groupe.
… Pas dans les airs…
Le jeu propose un système de tir rapide vers les éléments du décor qui peuvent infliger des dégâts aux ennemis tels que les explosifs, ou les distributeurs de canettes… Mais c’est à peu près tout ce que l’on peut trouver de moderne au niveau du gameplay de jeu de tir. Pas de système de couverture qui aurait pourtant été pertinent vu la construction des niveaux, on peut simplement s’accroupir (et encore, seulement lors des combats).
De même, si les ennemis ont le droit de faire des glissades lors des échanges de tir, notre personnage en est incapable, ce qui peut donc être un peu frustrant. On ne demandait pas à ce Saints Row de devenir un Call of Duty ou un Battlefield (même si c’est étrangement l’ambiance lors de son tutoriel), mais ces manques participent à l’impression de jouer à un titre peu moderne.
L’un des rares ajouts est une combinaison de vol à déployer n’importe quand du moment qu’il y a assez de distance avec le sol, ce qui arrive malheureusement très rarement et fait donc un peu gadget. Il faut dire que l’on a un peu de mal à apprivoiser son fonctionnement pour l’utiliser avec précision et qu’on ne comprend pas très bien quand l’atterrissage se passera bien et quand il fera très mal.
… Mais quand même au volant
La conduite aussi semble assez classique avec quelques ajustements pour participer à l’action. Ainsi, il est désormais possible d’appuyer sur un bouton pour que le véhicule donne un coup sur le côté, pratique pour se débarrasser de poursuivants comme si on était dans un Burnout. On peut payer pour équiper de la nitro, un kit tout-terrain mais aussi un câble de remorquage pour traîner ce que l’on veut et provoquer un maximum de chaos.
Chaque véhicule a aussi une capacité signature qui se débloque en faisant un défi puis en passant au garage pour l’installer. On y retrouve un siège éjectable pour planer un peu partout, des suspensions pour faire sauter la voiture, un boulet de démolition ou des lames qui sortent des jantes. Il faut être honnête entre la difficulté de faire certains défis et le fait qu’on soit rarement longtemps dans le même véhicule, on a quasiment jamais l’opportunité de s’en servir.
Ce Saints Row propose environ 80 véhicules dont des voitures, des motos, des bateaux, des hélicoptères, des jets qui viennent souvent des anciens épisodes mais aussi un hoverboard ou des motos volantes comme on le disait. On note quand même quelques petits détails qui en feront tiquer certains, comme l’impossibilité de monter sur les vélos pourtant présents dans les rues ou le fait qu’aucun choc ne pourra nous faire tomber de moto.
Le 100% de ce Saints Row devra se mériter
Mais la principale attraction de ce Saints Row est l’ensemble des activités annexes qui sont extrêmement nombreuses. Rien que pour le développement de l’empire des Saints, le Boss doit aider à lancer 14 entreprises qui représentent chacune une série d’activités qui vont du vol de voitures pour le garagiste Jim Rob aux braquages en passant par les combats au corps à corps contre les membres d’un dojo rival.
Et ce n’est pas tout puisqu’il faut aussi compter sur les 5 activités à faire en parallèle du gang, comme mettre des mauvaises notes à des commerces et en subir les conséquences, ou voler des choses en hélicoptère. Il existe également une application à la Uber pour ceux qui veulent se débarrasser d’une personne gênante et les 7 types de découvertes à faire en explorant, qui sont des collectibles et des photos à prendre (et il y en aura beaucoup).
Ce n’est toujours pas fini puisqu’on a aussi les membres de gang à éliminer de vos quartiers et les défis pour améliorer véhicules, armes et débloquer les atouts passifs. Bref, il y a de quoi faire à condition d’aimer la répétitivité puisque affronter des vagues d’ennemis ou voler des véhicules peu importe le nom de l’activité, cela reste la même chose. On regrette que seuls la Fraude à l’assurance et le Chaos viennent un peu bousculer les choses (et encore ce n’est pas nouveau).
C’est moi le boss
Vous avez probablement remarqué en suivant la communication autour de ce Saints Row que l’aspect qui rendait le plus fier les développeurs était probablement tout ce qui touche à la personnalisation. On y trouve un éditeur poussé à la fois pour notre personnage mais aussi ses véhicules, ses armes et les membres de son gang, mais on peut aussi choisir l’emplacement de ses différentes entreprises et les statues qui décorent le QG.
C’est en effet assez détaillé en général et celles et ceux qui aiment passer leur temps dans les différents éditeurs trouveront donc leur bonheur pour faire du sur mesure ou pour recréer des personnages, voitures ou armes de la pop culture de façon plus ou moins fidèle. Toute cette customisation se limite cependant à du cosmétique puisque tout ce qui touche aux performances est beaucoup plus simplifié.
On se contente d’améliorer le niveau du véhicule ou de l’arme avec l’achat de quelques fonctions dans certains cas, ce qui en décevra peut-être certains mais soulagera toutes les personnes qui ne s’intéressent pas à la customisation dans les jeux vidéo et qui pourront donc profiter du titre en esquivant la plupart du temps tous ces menus.
Pas si étrange que ça Santo Ileso
Un bon jeu bac à sable en monde ouvert tient beaucoup sur sa carte et il faut reconnaître qu’on se sent très vite à l’étroit dans Santo Ileso. Techniquement, c’est bien la plus grande zone jouable de la série mais ce n’est pas vraiment l’impression qu’il en ressort en jeu entre le grand lac au milieu de la ville (avec des ponts étroits parfaits pour échouer les missions quand on vous pousse) et le désert tout autour qui permettent de créer de la surface sans trop d’efforts.
Saints Row s’inspire de Las Vegas pour son terrain de jeu et adopte donc une ambiance très western moderne pour coller aux plaines désertiques du Nevada. On n’a donc pas de vraie grande ville mais plutôt un coin avec quelques gratte-ciels, un avec des casinos et quelques petites bourgades typiques, comme si tout le jeu se passait du côté de chez Trevor ce qui n’est pas forcément le plus passionnant à explorer.
Il faut tout de même noter les efforts pour apporter de la vie à l’ensemble, entre l’attitude des piétons, la météo avec des tempêtes de sable par exemple, des événements aléatoires comme des petits crimes que vous pouvez venir perturber pour repartir avec le magot, ou juste des petites curiosités sur la route comme une ambulance qui vient au secours de victimes d’un accident ou des policiers qui font un contrôle routier sur le bas-côté.
Du sable dans les yeux ?
Visuellement, Volition voulait clairement viser un résultat acceptable pour un titre de 2022, ni beau ni laid quand on oublie le flou et l’aliasing. Le problème est de devoir choisir entre 4K et 60 FPS sur les dernières machines. Ici, on nous propose aussi du 1080p et du 1440p avec à chaque fois la possibilité d’avoir du 60 FPS ou de l’occlusion ambiante ray-tracée (donc pas de ray-tracing des réflexions ou des ombres) .
La situation est donc d’autant plus étonnante que Saints Row ne perd pas tant que ça sur une PlayStation 4 classique. Forcément, on a un peu moins de détails mais la plus grande surprise vient des chargements relativement courts. Un exploit que l’on soupçonne d’être obtenu en échange d’un clipping assez prononcé, mais avec le framerate correct, cela rend l’expérience tout à fait jouable sur l’ancienne génération de consoles.
Il faut aussi signaler que même si on a rencontré plusieurs crashs et bugs au cours de notre test, leur nombre est resté assez bas pour un bac à sable en monde ouvert sans son patch day one, même si l’on ne doute pas que l’on verra passer bon nombre de bizarreries rigolotes sur les réseaux sociaux dès la sortie du jeu, notamment grâce au moteur physique (par exemple avec les bouches d’incendies ou les objets que l’on traîne avec un câble).
Je n’en peux plus de Sound of da Police
Les radios et leur sélection de musiques sont un élément essentiel pour Saints Row. Et là aussi, on ressent le petit budget. Les morceaux les plus connus sont diffusés lors de la campagne pour les rentabiliser. Cela concerne le rap puisque les autres genres ont droit à de moins gros noms en dehors de Slayer, IDLES ou Modest Mouse, qui ne donnent même pas leurs plus gros succès. On regrette forcément l’absence d’une station dédiée à des classiques des années 80-90.
Les radios ont d’ailleurs toujours droit à des présentateurs, des jingles, des pubs et même des flash infos pour avoir une idée de ce que la presse peut dire au sujet de vous et de vos actions (en espagnol sur les radios latines). Au passage, il faut signaler qu’il n’y a pas de doublage français mais que les voix anglaises sont de qualité. On profite de ce point pour évoquer un détail gênant qui aura son importance au niveau des sous-titres.
En effet, ces derniers sont dans un petit cadre qui ne laisse pas assez de place pour les phrases complètes. Le jeu affiche donc des bouts de phrases mais avec le débit de parole souvent élevé, on peut avoir du mal à suivre, surtout quand on conduit ou lors de l’action. Il y a une option pour ralentir les sous-titres par rapport à l’audio mais le décalage créé n’est pas pour autant plus agréable.
Le pouvoir de l’amitié
Là où le reboot de Saints Row avait sa plus grosse carte à jouer par rapport à ses prédécesseurs, c’était la partie multijoueur en ligne. GTA Online a plus que prouvé qu’il y avait un public pour ce genre de contenu et même si l’on ne s’attendait pas à voir Volition et Deep Silver en faire autant que Rockstar et sa poule aux œufs d’or, on en espérait forcément un peu plus que ce résultat.
On reste dans la lignée des épisodes précédents avec une simple coopération à deux joueurs, pour faire des missions principales ou les activités annexes en compagnie d’un ou une amie. Pas de contenu exclusif pour proposer quelques expériences différentes du solo, pas même augmenter la limite du nombre de participants, c’est un peu dommage vu le potentiel qu’il y avait à exploiter.
Le jeu ne propose pas de crossplay. Pour rejoindre n’importe qui, il faudra se contenter de cross-gen (les joueurs PlayStation 4/5 d’un côté, et les joueurs Xbox One/Series de l’autre). On doit quand même noter que notre partenaire de coop n’avait absolument pas la même expérience que nous avec de nombreux bugs visuels parfois très gênants donc vous êtes prévenus.
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