À l’instar de From Software lorsque l’on parle de Souls-Like, Rockstar Games fait office de référence dans le milieu du GTA-Like, pour la simple et bonne raison que le studio américain est à l’origine même du genre. Bien que d’autres entreprises s’y soient essayées, à plusieurs reprises, avec notamment des séries marquantes comme Driver, Mafia ou The Getaway, le fait est que l’élève n’a jamais dépassé le maître. Ce qui n’est pas faute de tentatives.
Avec la sortie de la Xbox 360, une nouvelle licence voulant concurrencer Rockstar est lancée par Volition et le regretté THQ : Saints Row. Aussi surprenant que cela puisse paraître, malgré de gros défauts cette nouvelle licence parvient à fédérer, deux ans avant la sortie du grandiose Grand Theft Auto IV. Il lui manquait néanmoins un petit quelque chose pour prétendre à durer, et surtout continuer de briller malgré la supériorité évidente de la concurrence.
Ce petit quelque chose, il arriva avec Saints Row : The Third, un opus qui ne s’embarrasse plus de réalisme, faisant dans la caricature et le loufoque de long en large. Sorti fin 2011, soit deux ans avant GTA V, le titre s’est d’office imposé comme l’un des meilleurs du genre, toutes générations confondues, et par ailleurs le favori des fans de la série. Sans sauter à la conclusion, il méritait bien cette remasterisation, disponible le 22 mai sur PS4, Xbox One et PC.
Conditions du test : Nous avons joué un peu plus d’une trentaine d’heure sur PlayStation 4. Le temps de boucler l’histoire ainsi qu’une bonne quantité du contenu annexe, mais aussi de prendre possession d’une grande partie de la ville. Au cours de notre test nous avons fait face à pas mal de bugs, dont certains – plus rares – nous ayant contraint à relancer le jeu.
Sommaire
ToggleL’opus favori des fans
Après deux épisodes se voulant plutôt sérieux dans leur démarche, Saints Row avait besoin d’un petit vent de fraîcheur, d’un quelque chose qui lui permettrait de ne plus souffrir de la comparaison avec GTA – dont il ne sortirait jamais glorieux. The Third arriva à point nommé, avec une proposition qui changea l’avenir de la série : soyons fous, soyons drôles, soyons explosifs ! Non content de se payer une nouvelle direction artistique – réussie au passage – le titre est surtout connu pour être un concentré de fun complètement décomplexé.
C’est d’ailleurs pour cette raison, principalement, qu’il a su marquer les esprits, et qu’il est encore aujourd’hui considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs GTA-Like de l’histoire du jeu vidéo. Il faut dire que cesser de se prendre au sérieux était, certes, une décision compliquée, mais néanmoins indispensable au succès de cet opus. Volition a parié gros en s’émancipant de l’aspect Serious Business des deux premiers volets, réussissant à réinventer l’essence de la série, lui offrant une identité plus reconnaissable que jamais.
Dans une certaine mesure, bien que personne ne la voyait vraiment venir, la sortie de la version The Full Package sur Nintendo Switch il y a un peu plus d’un an était une nécessité pour la licence. Il fallait tâter le terrain, près de huit printemps après la sortie du titre sur PS3, Xbox 360 et PC, afin de déterminer si le public était toujours présent. Et visiblement, il n’a jamais cessé de l’être, puisque peu après était annoncé le portage, toujours sur l’hybride de Big N, de Saints Row IV, qui sortait en fanfare à la fin du mois de mars dernier.
C’est ainsi qu’on en arrive à Saints Row : The Third Remastered. Une édition que, là encore, personne n’a vraiment vu venir, et qui a pourtant fait sauter quelques fans de joie sur les réseaux lors de son annonce. Parce que c’est la première percée de cet excellent opus sur consoles de nouvelle génération – pardonnez mon dédain pour la Nintendo Switch – mais surtout parce que l’on peut espérer qu’il s’agisse d’une dernière étude de marché avant que Volition ne décide de lancer le développement – ou non – d’un Saints Row V. Autant dire que si c’est bien le cas, ce remaster a plutôt intérêt de cartonner !
De portage à remaster
Il est assez curieux de constater que The Third nous arrive retravaillé sur PS4, One et PC, alors qu’il connaissait une parution sur Switch en 2019. On aurait pu s’attendre à un banal portage de cette version The Full Package sur les supports qui l’accueillent ce mois-ci, mais non. Volition ne le voyait pas de cet œil, et a préféré s’atteler à la réalisation d’une véritable édition remasterisée. Ce que nous ne pouvons, à aucun moment, lui reprocher, puisqu’il est vrai que le titre commence à dater, et n’était déjà pas au top en terme de graphismes en 2011.
Commençons donc par décortiquer le véritable intérêt de cette nouvelle édition : sa refonte visuelle. Le trailer diffusé début avril était assez impressionnant, et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat manette en main l’est tout autant. Les textures ont été retravaillées, la ville en devient plutôt jolie, mais surtout les éclairages sont beaucoup plus élégants que par le passé. Même constat au niveau des couleurs, moins criardes que dans l’édition de 2011 (et par extension celle de 2019 sur Switch). L’aliasing n’est aussi plus de ce monde, dieu soit loué !
Le plus impressionnant reste le travail réalisé sur la lumière, qui permet à certains environnements d’intérieur de devenir vraiment beaux, mais surtout met particulièrement en valeur les extérieurs. D’autant que, ne faisant pas les choses à moitié, Volition a repensé le cycle jour / nuit, faisant bénéficier à The Third d’ombres là encore très élégantes, ainsi que de chouettes effets de lumière se reflétant sur les bâtiments, les flaques d’eau ou encore la carrosserie des véhicules. Enfin, les flammes et diverses explosions – vous en verrez beaucoup au cours de l’aventure – gagnent en beauté.
Cela n’empêche pas Saints Row : The Third Remastered d’être encore en retard sur certains points, notamment sa distance d’affichage qui, si elle a bien été améliorée, reste néanmoins assez restreinte. On notera aussi des modèles 3D obsolètes, particulièrement sur les personnages secondaires – piétons, ennemis, sous-fifres du gang – mais surtout des animations parfois risibles. Statut de simple remaster oblige, il conserve donc un aspect daté, ce qu’occulte heureusement très vite la totalité des points positifs abordés plus haut. Que ce soit clair : si vous connaissez le jeu d’origine, sa nouvelle beauté va vous sauter aux yeux ; dans l’autre cas, vous risquez de tiquer sur un certain nombre de défauts.
Dont le principal reste l’absence quasi-totale de correction concernant les très nombreux bugs jonchant l’aventure ! En 2011, on lui reprochait déjà un paquet de défauts à ce niveau, dont des problèmes de collision récurrents – et parfois catastrophiques – ou encore certains véhicules qui passent sous la map sans raison apparente. Ici, il nous arrive parfois de mourir sans trop comprendre pourquoi en s’asseyant au volant d’une voiture, ou encore de perdre le fil en plein combat à cause d’une caméra qui fait n’importe quoi. Pas de quoi saboter le plaisir de jeu, heureusement.
Une aventure qui ne vieillit pas
Ce qu’il y a de délectable avec Saints Row : The Third, c’est que l’on peut lancer une partie n’importe quand, prendre son pied un petit moment, et repartir. Non content d’être pourvu d’un gameplay sans fausse note, qui n’a absolument pas vieilli en près de dix ans, le titre de Volition dispose d’un contenu excessivement riche et n’est jamais frustrant. Les missions ne sont pas très longues, mais s’avèrent toujours amusantes – ne serait-ce que via ses dialogues complètement déjantés mettant joliment en scène le casting génial – et il n’y a jamais loin à faire dans la ville pour dénicher une activité pleine de fun.
En cela, on peut dire que le titre de Volition ne souffre plus de la comparaison avec la licence de Rockstar, puisque contrairement à cette dernière il ne se prend jamais au sérieux. Ce qui se ressent dès les premières minutes, d’ailleurs, puisque le scénario nous place dans des situations rocambolesques du début à la fin. Mais surtout, ça explose dans tous les sens, ça parle de cul, de pisse ou de picole sans aucune gêne, au point qu’il ne se passe pas deux phrases sans une formulation qui prête à sourire… à mettre entre des mains adultes, qui sauront se délecter de cette ambiance décomplexée et vulgaire, mais jamais malsaine.
Bien que cette édition remasterisée ait très légèrement revu l’aspect du téléphone – qui fait office de menu – son aventure et son gameplay restent inchangées. Ce que l’on pourrait prendre pour un défaut chez de nombreux titres, mais pas Saints Row : The Third. Parce que non content de disposer d’une jouabilité au top, comme indiqué plus haut, ce GTA-Like débridé n’a pas pris une ride. Restent quelques absences, comme un système de couverture manquant ou une IA stupide – au point de faire complètement n’importe quoi lors de certaines activités – mais passons. Quant à son contenu, il est plus conséquent que nombre de softs du genre. Au point que, dans les premiers temps, on ne sait pas où donner de la tête.
Ce qui se traduit d’ailleurs par une durée de vie colossale. Il ne faut guère plus de quinze heures pour voir le bout de l’histoire en ligne droite, contre plus du double pour atteindre le 100 %. Ce remaster embarque d’ailleurs, en toute logique, l’intégralité de ce que proposait The Full Package l’an dernier, à savoir quantité de DLC. De quoi découvrir des missions toutes plus barrées les unes que les autres, s’équiper d’objets cosmétiques parfois franchement drôles, ou s’armer d’un bon gros tank des familles aux couleurs des Saints.
Mais c’est surtout au niveau de la conquête de Steelport, la ville dans laquelle prend place l’aventure, que le contenu paraît indécemment gros. Il va vous falloir passer par un paquet d’activités, le plus souvent scénarisées, afin d’arracher les rues au contrôle des autres gangs. Ajoutez à cela des collectibles bien cachés, et vous obtenez une durée de vie globale qu’il devient difficile de calculer. En bref, il y a de quoi faire dans ce Saints Row : The Third Remastered, et on ne s’y ennuie jamais.
Cet article peut contenir des liens affiliés