Alors que, comme chaque année, 2020 promet de s’achever en beauté avec un paquet de grosses sorties vidéoludiques, certains titres moins médiatisés se risquent malgré tout à tenter leur chance sur ce créneau embouteillé. C’est le cas de Sakuna : Of Rice and Ruin, un titre nippon un brin particulier, puisqu’il propose un mélange de genres assez peu courant.
Bien que le créneau soit plutôt mal choisi, coincé entre des blockbusters comme Watch Dogs Legion et probablement éclipsé par la sortie de la nouvelle génération de consoles, Sakuna : Of Rice and Ruin ne se démonte pas et se veut généreux. Après vous avoir livré nos premières impressions dans un aperçu, voyons désormais ce que vaut le produit finit.
Conditions du test : Nous avons joué une vingtaine d’heures sur une PlayStation 4 classique. Au cours de notre test, nous n’avons fait face à aucun bug ou souci majeur.
Sommaire
ToggleCe qui saute aux yeux
Nous vous en parlions déjà dans notre preview, les premières impressions sur le titre de Edelweiss sont assez mitigées, bien que nous en ressortions avec un certain enthousiasme. En premier lieu parce que le traitement graphique est assez décevant, affichant un retard certain vis à vis de la concurrence. Sakuna : Of Rice and Ruin alterne entre des phases en 3D où l’on peut se balader librement, et d’autres en 2,5D correspondant aux combats.
Or il aurait peut-être été préférable de se contenter de simple 2D crayonnée, qui aurait pu conférer au titre une personnalité plus identifiable, et aurait peut-être empêché les quelques ralentissements auxquels nous avons pu faire face au cours de notre test. Un aspect à la Odin Sphere, en somme, aurait été plus que bienvenu. Cela étant, le résultat visuel est loin de frôler la catastrophe, grâce à une direction artistique relativement convaincante. Quoique là encore manquant tout de même d’un brin de caractère.
Ce qui ne change pas, cependant, et nous abordions d’ailleurs cette crainte dans notre aperçu, c’est l’aspect scénaristique du soft. Qu’on se le dise, nous ne l’attendions pas sur sa narration. Il est d’ailleurs plutôt vrai que nombre de titres de son genre, nippons de surcroît, brillent plutôt par leur univers que par leur trame. L’ennui, c’est que ça n’a jamais été aussi vrai qu’ici, au point que l’on en vient rapidement à redouter les nombreux dialogues.
Tout ceci commençait plutôt bien pourtant, avec une mise en scène minimaliste mais sympathique, ainsi que des personnages stéréotypés promettant quelques scènes amusantes. Malheureusement, la narration pèche finalement par son aspect exclusivement manuscrit, par l’absence de retournements de situations, et plus généralement par un cruel manque d’intérêt dans sa progression. Que ce soit clair, on aura tôt fait de se mettre à sauter les discussions, d’autant qu’elles reviennent régulièrement hanter l’aventure.
D’un autre coté, ce n’est peut-être pas plus mal ainsi, puisque comme souvent pour les jeux japonais de son calibre, celui-ci n’a pas été traduit depuis l’anglais. Or le niveau de langue oscille entre basique et technique, la faute à un certain nombre de termes pas particulièrement courants. Rassurez vous néanmoins, il n’est pas nécessaire de comprendre pleinement à quoi correspondent tous les mots complexes, représentants souvent des matériaux, pour apprécier le titre.
Des craintes avérées
Nous ressortions de notre aperçu avec autant d’enthousiasme que d’interrogations. Et la première : le système de combat évolue-t-il assez pour ne pas finir par être redondant ? Malheureusement, la réponse est non ! C’est peut-être là le plus gros défaut du jeu, qui brille pourtant par le dynamisme de ses affrontements. L’ennui c’est qu’il en va autrement pour leur originalité, mais surtout pour la répétitivité des séquences et des attaques.
On apprend en effet de nouvelles capacités au compte goutte, et l’on ne peut en attribuer qu’un certain nombre en même temps à notre héroïne. Le hic c’est donc qu’on en fait rapidement le tour, et que l’on met un temps fou à acquérir de nouvelles attaques. Ainsi on a vite l’impression de tourner en rond, ce qui est bien dommage puisque sans cela les affrontements sont plutôt jouissifs, bien que quelque peu brouillons dans l’exécution.
L’autre gros aspect de ce Sakuna : Of Rice and Ruin, c’est donc la culture du riz, comme son nom l’indique. D’emblée, précisons que l’idée était plutôt bonne de mélanger les genres, et que la balance entre l’action et le farming est convenable. Cela étant, s’occuper de notre champ se révèle rapidement ennuyeux, agaçant, pour ne pas dire imbuvable à la longue. Ce qu’il doit à des mécaniques excessivement répétitives, voir peu intuitives.
Il est heureusement possible d’assigner certaines tâches à l’un de nos compagnons, mais le résultat ne sera cependant jamais aussi bon qu’en s’occupant soi-même de ses cultures. Or toute la progression dans l’aventure dépend de la qualité de la récolte, puisque c’est cette dernière qui va conférer de l’expérience et de nouvelles compétences à Sakuna. Ainsi, pour obtenir le meilleur résultat, il faudra souvent se sacrifier, ce qui signifie passer un temps fou à s’adonner à des QTE soporifiques par exemple.
Deuxième gros défaut du jeu, donc, qui essaye par cette caractéristique de nous faire gagner durement l’évolution de notre personnage. Ce qui n’est pas une mauvaise idée sur le papier, loin de là, mais l’exécution reste à revoir. On aurait peut-être préféré que la partie farming prenne un peu moins de place, ou soit un brin moins décisive dans les statistiques de notre protagoniste. D’autant que l’on a finalement l’impression désagréable de partir au combat pour pas grand chose !
Une structure perfectible
Nous arrivons au dernier défaut du jeu, et pas des moindres : sa structure est plutôt mal pensée. En effet, si la balance entre farming et combat est plutôt honnête, cela ne fait malheureusement pas tout. En premier lieu parce que ces deux aspects, composants principaux de l’aventure, sont effectivement perfectibles. Mais surtout, la progression, et plus spécifiquement la façon dont elle s’organise, est à revoir.
L’aventure commence par un dialogue mettant en avant les personnages principaux, avec en premier lieu la déesse Sakuna, que l’on incarne tout au long du jeu. Suite à quelques bêtises de sa part et de celle de cinq humains qu’elle vient tout juste de rencontrer, cette petite équipe est exilée sur une île perdue. Avec pour seule véritable mission d’effectuer un retour aux sources, de plonger les mains dans la terre pour revenir grandis à la civilisation.
À partir de ce point, l’aventure progresse de manière linéaire. Chaque jour le soleil se lève, et avec lui notre petite troupe. Au printemps il faut planter du riz, en été s’en occuper, et en automne récolter et effectuer quelques tâches fastidieuses. L’hiver, le terrain est laissé à l’abandon. Chaque saison se compose de seulement trois jours, qui passent d’ailleurs plutôt vite. Or, il faut aussi trouver le temps de partir à l’exploration de l’île pour trouver des vivres.
Le problème, c’est que l’histoire avance très lentement, mais surtout que les événements semblent survenir de manière purement aléatoire. Il arrive qu’on se lève le matin et que quelque chose soit arrivé… Ou que l’on passe une saison entière sans entendre parler de nos compagnons. Cela, couplé à ce scénario qui manque cruellement de sel, donne finalement très peu envie d’avancer dans le jeu. On finit par n’accorder d’importance qu’à la pousse de notre riz et aux combats, en pestant lorsqu’un problème arrive à nos compagnons.
Reste le système de repas, qui n’est pas inintéressant. En combattant, on récupère différents objets et vivres, qui dépendent de la zone explorée et des créatures pourfendues. Il est ensuite possible de choisir de quoi seront faits nos repas. Or certains plats nous font gagner différents bonus. Ainsi, en choisissant de manière avisée ce que Sakuna ingurgite chaque soir, on peut s’accorder une progression plus ou moins facile le lendemain. N’enlevons pas non plus à Sakuna : Of Rice and Ruin sa durée de vie convenable et sa bande son sympathique, bien que cette dernière tourne quelque peu en rond sur la fin.
Pour finir parlons du challenge, puisque celui-ci est purement et simplement inexistant. On est régulièrement mis face à des boss, rarement imposants, qui sont le plus souvent aisés à mettre à terre. Dans les quelques cas où il serait compliqué d’en venir à bout, néanmoins, il suffit de terminer l’année, de récolter le riz, et de revenir une fois ceci fait. Votre niveau fait évoluer considérablement la force et la résistance de Sakuna. Ce qui signifie qu’une nouvelle année vous permet sans aucun problème de passer au dessus des difficultés passées… En somme, le challenge n’est donc jamais durable.
Cet article peut contenir des liens affiliés