Sorti en septembre dernier sur PC, Samurai Riot est un petit jeu indépendant français mettant en scène deux personnages japonais qui a pour ambition de s’inscrire dans la droite lignée des Beat them all de l’époque dorée du jeu vidéo. La promesse qu’offre Samurai Riot, et qui le différencie sans doute de ses ancêtres, est celle d’offrir la possibilité à deux joueurs de choisir leur destinée dans cette aventure. Mais qu’en est-il de la destinée du jeu en lui-même ?
Choisis, ou ne choisis pas
Au départ, le joueur aura le choix d’incarner Sukane ou Tsurumaru. Ces deux combattants ont un style de combat et une histoire différente. L’une a un style « ninja » porté sur l’attaque rapide et l’agilité, tandis que l’autre aborde un style plus « samouraï » et se repose sur son katana pour affronter ses ennemis. Il faudra aussi choisir une école propre à chacun des personnages afin d’orienter ses statistiques selon les préférences du joueur. Sur la papier, il y a donc un choix sensiblement différent à faire lors de la sélection de personnage. En réalité, la chose est à nuancer mais nous y reviendrons. Une fois ce choix fait, l’aventure commence sur un fond de guerre civil où le joueur va devoir (au départ) mater une certaine rébellion afin de satisfaire le grand maître. N’écoutant que leur courage et leur soif de combat, Tsurumaru et/ou Sukane s’en vont casser du paysan sans se poser la moindre question. Ou tout du moins jusqu’à ce qu’ils tombent sur une personnalité « importante » de la rébellion qui va tenter de convaincre les deux protagonistes que leur cause est mauvaise, et qu’ils risquent de faire souffrir toute la population s’ils décident de se battre maintenant contre elle. La fin du niveau marque donc un choix, l’écran change pour laisser le temps au joueur de peser le pour et le contre de leur décision. S’ils rejoignent la rébellion, l’honneur de Tsurumaru sera en pleine déchéance, mais le peuple sera libéré du pouvoir du grand maître. Tandis que s’il rapporte la tête de ce petit chef, l’honneur de sa famille sera sauf.
L’argument principal du jeu se relève assez décevant
C’est ce système de choix qui est censé faire tout l’attrait du jeu. Selon le choix effectué, il débouchera sur un niveau différent, ce qui est plutôt une bonne idée. Toutefois la mise en scène des choix, ainsi que la mise en scène générale n’est pas suffisamment appuyée pour rendre ces moments importants, ni même palpitants. C’est même vide. À cela s’ajoute des dialogues (non doublés) et une bande son d’une pauvreté assez déconcertante. Quelques lignes de dialogues sont ainsi balancées au début de chaque niveau, et un peu à la fin, sans jamais parvenir à nous sentir réellement impliqué dans l’univers passe partout du jeu. Alors certes, les choix peuvent déboucher sur des désaccords si deux joueurs jouent ensemble en coopération, et le nombre de fins alternatives est intéressant. Mais cela ne suffit pas à donner au titre un rayonnement inédit dans le jeu vidéo, loin de là.
Plat et sans relief
Si le scénario n’emballe pas d’entrée de jeu, il est un peu de même pour la direction artistique qui a le fessier entre deux chaises. En effet, l’effort d’un décor fait main saute aux yeux et fonctionne dans une certaine mesure. Mais ce n’est pas la claque, c’est un peu plat et ça manque tout bonnement d’identité. Pour faire simple, le décor s’arrête à son premier rôle : être un décor pour pouvoir y installer un jeu. Jamais nous n’aurons eu la sensation de voyager dans un univers cohérent, bien au contraire, difficile de savoir où les créateurs ont voulu nous situer. C’est dommage, car le potentiel artistique était là. Ce qui est d’autant plus regrettable c’est que les animations sont assez timides et assez limitées. En somme, l’œil est rarement flatté par les décors fixes et les animations rigides des personnages principaux ainsi que celles des ennemis.
En fait, le jeu manque d’envergure et de justesse à tous les niveaux
Malheureusement, même la partie beat them all n’est pas en reste et peine à rattraper son manque visuel et scénaristique. Voilà comment ça se passe : le joueur démarre le niveau, il court vers la droite, s’arrête, combat les ennemis et change d’écran une fois les combats finis. Classique ? Oui, et même trop. Les environnements n’ont aucun véritable level design puisque se sont juste de simples couloirs. On peut certes se déplacer légèrement sur la profondeur, détruire un ou deux objets pour nous fournir un item… Mais c’est tout ! Quand les ennemis arrivent dans l’arène, le défouloir et les sensations de jeu ne sont pas au rendez-vous. Les coups portés et la variété des enchaînements sont pauvres. Ce n’est malheureusement pas les caractéristiques des deux personnages qui permettent de trouver une réelle différence. Certes, Sukane dispose d’un renard qui peut l’aider durant le combat, et Tsurumaru lui dispose de grenades, mais leur utilisation est sensiblement la même. Il n’y a qu’à voir la furie de chaque personnage qui n’a que pour différence son apparence, et encore. Sukane déclenche une série de pots explosifs le long de l’arène afin de maximiser des points de dégât sur un maximum d’adversaires, tandis que Tsurumaru aligne un certain nombre de grenades… La deuxième furie est un enchaînement de coups rapides qui manquent de punch afin d’offrir un véritable spectacle.
Pour couronner le tout, le jeu est plutôt difficile. Ce qui pourrait être une bonne chose, à l’image de ce qu’il se faisait à l’époque des bornes d’arcade. Toutefois, perdre est synonyme de frustration intense puisqu’il faudra recommencer toute l’aventure pour progresser, et donc recommencer la série de choix que le joueur aurait pu faire afin de découvrir la suite de l’intrigue, aussi peu passionnante soit-elle. Il faudra donc parcourir à nouveau ces couloirs sans fin et sans vie, affronter des ennemis sans caractère, encore et encore. Le seul intérêt de recommencer, est de changer l’orientation de son personnage, tant pour ses décisions morales que son origine (choix de l’école pour changer (un peu) ses caractéristiques). Bien entendu, parcourir le titre en coopération en local est un plus qui permet au jeu de gommer partiellement l’ennui qu’il procure. Il est d’ailleurs dommage de ne proposer qu’un coop local. Ce choix est sans doute lié à la volonté d’offrir un dilemme entre les deux joueurs assis l’un à côté de l’autre lors des décisions morales. Mais comme la narration est insuffisamment passionnante, on doute fortement de la capacité du jeu à offrir un débat entre les deux joueurs.
https://www.youtube.com/watch?v=Ge5FVcjAKAo
Difficile de recommander Samurai Riot pour son manque d’envergure. Il n’offre en effet rien de réellement intéressant. Il est même assez ennuyeux à parcourir tant il manque d’identité, même en prenant en compte la possibilité de faire des choix moraux. Car même s’ils peuvent offrir, sur le papier, une certaine rejouabilité, l’intérêt scénaristique est tellement moindre qu’on se demande pourquoi on recommencerait.
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