Sans doute l’un des derniers projets sur lesquels Akira Toriyama a travaillé avant son décès le 1er mars dernier, l’adaptation en jeu vidéo de Sand Land mérite d’abord d’être saluée pour avoir mis en lumière une œuvre de qualité et pour avoir même étendu son univers afin de l’approfondir. Avec son ambitieux projet transmédia autour de la franchise, Bandai Namco et le studio ILCA (Ace Combat 7: Skies Unknown, Dragon Quest XI: Echoes of an Elusive Age, Pokémon Diamant & Perle remake, One Piece Odyssey) nous livrent une adaptation extrêmement fidèle mais trop timide en tant que RPG.
Conditions de test : Nous avons terminé le titre sur PS5 avec le mode de difficulté « normal » et principalement avec le doublage japonais. Nous avons également effectué de nombreuses quêtes annexes et autres activités proposées.
Sommaire
ToggleUne aventure sympathique à la Dragon Ball
Akira Toriyama, notamment célèbre pour son travail emblématique en tant que chara-designer sur des titres majeurs tels que Dragon Quest et Chrono Trigger, a profondément marqué l’univers du jeu vidéo. Sa capacité à créer des mondes et des personnages captivants se retrouve dans Sand Land, qui offre un pur concentré de son imaginaire. Ce jeu propose une aventure rappelant les premiers pas de Goku dans Dragon Ball, une période où l’accent était mis sur l’exploration et l’aventure plutôt que sur les combats intenses qui caractériseront plus tard la série.
Développé à partir d’un seul et unique tome, le jeu vidéo Sand Land nous plonge dans un futur lointain. La Terre est devenue une planète aride et souffre d’une grave pénurie d’eau. Nous suivons les péripéties du prince démon Beelzebub, accompagné de son fidèle assistant démon Thief, ainsi que du shérif Lao. Ensemble, ils aspirent à retrouver un lac mystérieusement disparu depuis de nombreuses années.
Environ la moitié du contenu du jeu est directement tirée du manga original, tandis que Bandai Namco a étendu l’histoire avec de nouvelles intrigues et personnages, le tout sous la supervision de l’auteur. Ce développement narratif introduit notamment la nation de Forest Land, qui entre en conflit avec Sand Land pour des raisons que l’on vous laisse découvrir.
Toujours est-il que l’on retrouve avec plaisir la patte du mangaka et ce talent à nous faire profiter d’une aventure bon enfant, pleine d’humour, de rebondissements et qui peut de temps en temps nous amener dans des moments un peu plus sérieux. La force de la narration repose largement sur les personnages, qui deviennent rapidement attachants. Le trio principal est particulièrement marquant, et le jeu explore avec brio les préjugés des humains qui voient les démons comme des créatures maléfiques, bien qu’ils n’en aient jamais réellement rencontrés. L’ambivalence entre l’âge avancé des protagonistes — y compris notre jeune héros, le prince démon — et leurs comportements souvent immatures et enfantins est habilement exploitée.
Le pouvoir de l’Unreal Engine 5 au service des adaptations de manga/anime
L’une des grandes réussites de Sand Land est incontestablement la qualité de son adaptation, fidèle jusqu’au bout des ongles. Sur le plan visuel, le jeu est exceptionnel, bénéficiant d’une direction artistique qui respecte et valorise le style de Toriyama. L’utilisation du Cell Shading sous Unreal Engine 5 est particulièrement efficace, enrichie par des effets crayonnés qui renforcent l’esthétique manga.
Les animations ne sont pas en reste car le titre regorge de détails à ce niveau-là : les soldats qui tombent dans les pommes, les mouvements de chute des véhicules, les expressions faciales… Sand Land propose ainsi un monde ouvert plaisant à explorer et sans souci technique. Le titre tourne aisément à haute résolution et en 60 FPS sur PS5. « Facile quand ce n’est que du désert » diront certains, cependant il ne faut pas sous-estimer le soin apporté aux décors, en particulier dans les zones habitées. Nous avons également droit à des panoramas splendides qui tirent parti de cet environnement quasi post-apocalyptique.
Il faut néanmoins souligner une déception concernant les donjons et les ruines optionnelles qui ont tendance à recycler les mêmes décors. Adapter un univers pré-établi en jeu vidéo n’est pas une chose facile, il faut souvent faire avec les contraintes imposées par l’œuvre originale pour ne pas dévier de son essence. Ainsi, le jeu vidéo Sand Land a voulu bien faire en respectant scrupuleusement la création d’Akira Toriyama, en partant sur un Action-RPG en monde ouvert nous faisant vivre cette épopée.
Ces contraintes se manifestent dans des mécaniques de jeu assez classiques et un monde ouvert qui, bien que plaisant à explorer grâce à l’intégration de différents véhicules, ne parvient pas à se distinguer suffisamment des classiques du genre. Comme nous l’avons répété sur nos previews, ce qui le fait sortir du lot, c’est l’exploitation des différents véhicules qui parviennent à rendre le titre agréable à parcourir. Cependant, cela ne suffit pas à lui faire atteindre l’excellence.
Initial Sand
Avec cette approche se concentrant sur la fidélité, Sand Land se retrouve ainsi avec un gameplay hybride qui, malheureusement, manque de profondeur. Prenons l’exemple des séquences d’infiltration inspirées du manga, comme celle où Thief se déguise en Père Noël pour voler des ressources, ou celle où le groupe s’empare de leur tank emblématique dans une base militaire. Dans le jeu, ces moments se transforment en séquences redondantes, bien que fort heureusement, elles soient peu nombreuses.
Le système de combat, où l’on incarne uniquement Beelzebub capable de combattre au corps-à-corps grâce à ses pouvoirs de démon ou de piloter des véhicules pour infliger davantage de dégâts, reflète également cette problématique. La priorité donnée aux véhicules dans le gameplay rend souvent ces derniers bien plus efficaces et plus attrayants que les combats directs avec le prince. Heureusement, le jeu excelle dans la mise en scène des véhicules, qui bénéficient d’une grande variété de capacités. Du choix d’une moto pour explorer rapidement les étendues désertiques à l’utilisation de machines de combat telles que des tanks ou des méchas-sauteurs, les options sont vastes et bien intégrées. En plus de permettre d’apprécier les superbes designs de Toriyama, la prise en main des différents véhicules est très satisfaisante.
En outre, il est possible de les personnaliser, tant sur le plan visuel que fonctionnel, ce qui vous laisse mettre l’accent sur les fonctions que vous privilégiez (armement, défense, mobilité…). Cependant, il est regrettable que le level design ne tire pas pleinement parti des capacités uniques de chaque appareil. En ce qui concerne les activités annexes, le jeu montre un manque de diversité. À part quelques courses et missions de chasseur de primes, les options sont assez limitées, ce qui peut rendre l’exploration du monde ouvert moins captivante sur la durée. Encore une fois, le titre peut compter sur ses personnages via les quêtes annexes qui serviront principalement à reconstruire la ville de Spino qui sert de base au trio principal.
Quant aux combats, ils présentent un bilan mitigé, même s’ils incluent quelques boss intéressants. Bien que Sand Land renouvelle régulièrement son arsenal de machines, comme avec l’introduction de l’armure robotisée qui est un délice à piloter, la difficulté ne propose cependant pas un défi suffisamment équilibré pour exploiter leur potentiel (en tout cas en mode normal).
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