Les jeux indépendants se multiplient ces dernières années avec de très bonnes pépites pour certains d’entre eux. Nombreuses sont les entreprises à l’international ayant tenté leur chance, mais peu d’élus restent finalement dans les mémoires des joueurs et joueuses parmi le flot de titres sortant chaque mois. Développé par le jeune studio espagnol Uprising Studios et édité par HandyGames, une branche de THQ Nordiq, Scarf nous raconte l’histoire d’un petit enfant voulant aider sa nouvelle amie, une écharpe rouge polymorphe, à retrouver sa mère disparue, grâce à de multiples pouvoirs de transformation.
Véritable hommage aux jeux de plateforme des années 2000, Scarf se veut être un puzzle-platformer en 3D à la narration mystérieuse et singulière. Le soft est sorti uniquement sur PC via l’Epic Games Store, GOG.com et Steam le 23 décembre dernier au prix de 20,99€. Alors, que vaut ce conte aux inspirations similaires au récent Omno ?
Conditions de test : nous avons terminé à 100% l’aventure de Scarf sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Ne te découvre pas d’un fil
L’histoire qui nous est contée dans cette petite aventure est celle d’un petit être, un enfant perdu, qui se prend d’affection pour une créature rouge aux allures de dragon, seule elle aussi depuis la disparition de sa mère, déchiquetée par de viles personnes ayant disséminé les morceaux de celle-ci et décidé de les utiliser pour créer des portails vers d’autres mondes. Le petit enfant, prêt à tout pour retrouver la trace de cette mère disparue, propose d’aider la créature, qui s’enroule ainsi autour de son cou pour devenir une sorte d’écharpe magique aux pouvoirs surprenants. Mais l’histoire n’est-elle pas un peu plus sombre qu’il n’y parait ?
Tandis que l’on comprend au final les différents niveaux de lecture que propose cette courte épopée, nous sommes relativement mais agréablement surpris que les développeurs aient choisi et pris la peine de créer deux fins différentes en fonction des éléments recueillis par les joueurs et joueuses au cours de leur aventure. Entre manipulation, mensonges, rébellion et esclavage, Scarf propose une narration certes simpliste et quelque peu abrupte, mais l’ensemble tient la route et nous force à nous poser moult questions sur qui nous sommes, ce que nous faisons réellement ici et contre qui nous nous battons au final.
Afin de parfaire notre connaissance de ce monde onirique et mystérieux et ainsi débloquer les différentes fins disponibles, il nous faudra retrouver plusieurs stèles corrompues mais aussi des encres disséminées partout dans les 3 mondes qui composent Scarf : l’océan, le désert et la forêt dans cet ordre, tous accessibles depuis un hub central. Bien qu’il faille un peu fouiller pour trouver ces collectables (ainsi que d’autres jouets et tableaux), il n’est cependant pas insurmontable de le réussir dès la première run. Comptez d’ailleurs environ 3h30 pour terminer le jeu en ligne droite et rajoutez 2h de plus pour le boucler à 100% en récoltant tous les objets à ramasser et débloquer les 25 succès.
Un gameplay bien trop classique pour briller
Scarf étant un puzzle-platformer en 3D, il vous faudra résoudre de multiples petites énigmes, assez simples finalement, telles qu’en proposait le récent mais très bon Omno. En entrant dans chacun des mondes, vous découvrirez un ensemble de mécanismes qu’il vous faudra reconstituer, réparer ou activer pour progresser, en cherchant pour cela pièces, leviers et autres boutons-pressoir. Un contenu somme toute classique mais très efficace car accessible à une grande majorité de joueurs et joueuses, jeunes y compris.
La plupart du temps, il vous faudra réunir des sortes de plumes afin de compléter des mécanismes faisant apparaître des plateformes jusqu’alors impraticables, tandis qu’aucun combat ou affrontement ne viendra rythmer votre aventure. A la fin de chaque niveau toutefois, votre écharpe s’occupera automatiquement des vils créatures vous ressemblant, en leur dérobant leur pouvoir qu’il vous faudra replacer à un endroit précis du hub du jeu afin d’ouvrir un portail vous menant à la mère de votre compagnon de tissu.
Là où Scarf tire son épingle du jeu, c’est concernant les multiples facettes dont dispose l’écharpe portée par l’enfant et qu’il vous faudra parfois combiner. Jouant le rôle de guide lors de phases précises, ce bout de tissu confère aussi des pouvoirs comme le double saut (déployant des ailes) mais peut également servir de fronde, de liane ou de deltaplane pour parfaire les déplacements d’un personnage sinon trop peu habile et lent sans elle. Prenons pour exemple la très faible amplitude de saut (qui en devient même ridicule) si l’écharpe s’échappe du cou de l’enfant.
On retrouvera également des sortes de sphères vous permettant de vous frayer un chemin à travers d’énormes étendues d’eau, rendant le tout très agréable car proposant des idées novatrices malgré une base extrêmement (trop) classique. On regrettera par contre le fait de ne pouvoir recommencer un niveau pour uniquement trouver les objets manquants mais de seulement pouvoir le refaire de zéro sans garder les objets préalablement acquis, d’autant plus qu’il est la plupart du temps impossible de rebrousser chemin au sein d’un même environnement.
Par ailleurs, Scarf est beau, rempli de bonnes idées de level design et jouit d’une direction artistique la plupart du temps inspirée au sein de biomes merveilleux, mais ne cessera de proposer des cut-scenes explicatives, cassant un rythme déjà difficile à tenir sur la longueur. Comme si les développeurs souhaitaient prendre par la main les joueurs et joueuses alors que ce n’était clairement pas la peine. Pour parfaire le tout, votre écharpe s’en mêlera aussi quelques fois pour vous indiquer la marche à suivre. Il ne se passera pas en effet 3 minutes sans coupures dans le début du jeu. On regrettera également que tous les pouvoirs se débloquent dès le premier tiers du jeu, obligeant ensuite les développeurs à vous retirer votre écharpe pour varier le gameplay, donnant des séquences poussives et longuettes.
Mention spéciale à la bande-son, calme mais suffisamment présente, associée à un doublage lors des cinématiques de très bonne qualité (uniquement en voix originales anglaises) faisant de Scarf un joli conte pour enfants aux couleurs chatoyantes. Sachez que vous pourrez profiter du jeu en version sous-titrée en français. Le soft tourne sur PC avec une très bonne fluidité, du moins sans compter sur une petite présence de bugs en tous genres, notamment de caméra et de collision.
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