S’il est une chose à laquelle vous commencez à être habitués, c’est à voir sortir des tests de jeux indépendants à la suite de notre chronique vidéo hebdomadaire : Indie Story. Cette fois-ci, c’est encore le cas avec Sea of Solitude, le nouveau titre du studio berlinois Jo-Mei Games. Cela faisait d’ailleurs plusieurs années que l’équipe allemande était au travail sur ce soft.
Après avoir pu vous proposer des articles sur Bloodstained : Ritual of the Night ou encore Effie, c’est donc au tour de cet ambitieux titre d’être mis à l’honneur. Pourquoi ambitieux ? Notamment grâce à sa thématique pour le moins original, qui n’est pas non plus une première pour cette génération de jeux vidéo. Dès lors, allons sans plus attendre voir ce que nous pouvons tirer de ce fameux Sea of Solitude.
Tout d’abord annoncé en 2015, Sea of Solitude est resté silencieux jusqu’à l’année suivante, où il rejoint le programme EA Originals. Finalement, il sera présenté lors de l’E3 2018, pour finalement sortir chez nous en 2019. D’ailleurs, il est disponibles sur PlayStation 4, Xbox One et PC depuis le 5 juillet 2019. C’est sur la console de Sony que ce test a été effectué.
Sea of Solitude, le titre qui porte bien son nom
Le titre qui nous intéresse aujourd’hui prend une route ambitieuse, que plusieurs titres ont déjà tenté d’arpenter par le passé. Chercher à dépeindre métaphoriquement l’état psychologique de l’être humain n’a rien d’aisé, mais avec Céleste et Hellblade dans un coin de la tête, on sait que c’est une tâche réalisable pour Sea of Solitude.
A l’image des deux titres pré-cités, la production allemande va donc nous présenter une thématique plutôt mature, au travers d’une aventure d’un imaginaire à deux pas de la réalité. Kay, l’héroïne, se réveille sur son bateau, seule au milieu d’une mer ayant immergé une ville toute entière. La demoiselle est recouverte de plumes et ses mirettes font rapidement penser à deux rubis. En gros, elle n’est pas fort plaisante à regarder et la jeune femme le sait, puisqu’elle se trouve tout à fait monstrueuse.
D’emblée, le titre nous met donc face à une situation plutôt délicate : le personnage principal se dégoûte. Ce premier contact avec Kay nous permet alors de comprendre un message qui nous était affiché au lancement du jeu. Un message selon lequel l’œuvre est avant tout basée sur le vécu de plusieurs personnes. Dès lors, Sea of Solitude se présente comme une forme de catharsis à moitié vidéoludique, cherchant à aider dans le combat contre la solitude et la dépression.
Pour mener cette mission à bien, le soft se cantonne à des mécaniques plutôt basiques, comme l’utilisation de zones lumineuses pour les checkpoints. Kay va alors devoir tracer sa route au travers d’un environnement emprunt d’obscurité où elle va devoir retrouver la « lumière ». Le tout, en évitant les ignobles monstres qui la guettent dans l’ombre, mais aussi sous l’eau. Dès lors, sauter, se diriger et saisir des objets seront les seules actions que le joueur aura à réaliser.
De ce fait, le soft laisse la place à l’introspection, où chacun peut voir en la noirceur du monde de Kay, la noirceur de celui qui entoure chacun d’entre nous. Une quête où chacun devra, en quelque sorte, trouver sa propre lumière. Et, très rapidement, Sea of Solitude nous met face à un premier obstacle, nous jetant dans le bain de la méchanceté en nous mettant face à une créature agressive, traitant notre héroïne de moins que rien, insistant sur son inutilité. Mais, grâce à la lumière (ou une parcelle de bonheur et d’espoir), elle parvient à la vaincre.
Ainsi, les opposants, source d’une part de la dépression de notre personnage, peuvent être vaincus en éliminant la noirceur qui inonde chaque terrain de jeu. Si n’importe quelle personne ayant déjà dû faire face à la dépression peut se retrouver dans certaines situations présentées par le jeu, ce dernier n’en reste pas moins une interprétation de l’histoire de Cornelia Geppert, designer derrière le titre.
Elle nous raconte son histoire, dans un style très spécial, où la direction artistique se met au service de la narration. Si la production ne brille pas par ses graphismes de pointe, ils parviennent malgré tout à capter le joueur (ou du moins le testeur que je suis) et à aider à la compréhension du malheur des personnages. Le tout, en permettant une métaphore bien pensée de la monstruosité pour représenter nos démons intérieurs et le malheur, la méchanceté des autres.
Un certain charme… qui ne plaira pas à tous
En outre, Sea of Solitude reste une belle surprise ayant une part d’originalité. Déjà, toute l’histoire est proposée sans la moindre violence. Certes, Kay peut être physiquement blessée mais sans jamais que le joueur n’ait à avoir recours à cette violence. Au lieu de cela, il s’agira plutôt de rétablir la lumière en chacun des personnages, tout en leurrant ceux qui vous veulent du mal afin de les faire baigner dans cette dite lumière, les faisant simplement disparaître.
Ainsi, ce titre se joue avant tout pour son message de fond. La majorité de votre temps sera allouée à arpenter des toits de bâtiments, à naviguer dans une ville engloutie et à éviter les créatures maritimes qui cherchent à vous faire plonger avec elles. Dès lors, il ne tiendra qu’à vous de faire disparaître la noirceur de la ville pour l’irradier d’une chaleureuse lumière blanchâtre.
Sur son chemin, rythmé par une ambiance sonore tout à fait correcte, Kay va réaliser que sa famille fait également partie de ce monde un temps coloré, un temps plongé dans l’obscurité. Eux aussi sont dans un état similaire au sien. Dès lors, les membres de sa famille peuvent être vus comme les boss, qu’il va falloir affronter pour avancer. Et par affronter, on parle bien entendu de leur venir en aide et de régler leurs problèmes en effectuant diverses actions dans diverses arènes de jeu.
Par ailleurs, les membres de sa famille nous permettront de découvrir de multiples décors, qui sont autant de représentations de leurs maux. Ainsi, Sunny nous permettra de visiter le gymnase où il allait au sport, et le père de Kay nous fera visiter son lieu de travail… un peu revu pour l’occasion. Dès lors, les lieux sont également pensés pour renforcer la narration. Bien que l’on ne restera jamais bien longtemps au même endroit.
De la même manière, une critique peut être faite quant à l’avancée à travers le titre. Si le thème abordé est compliqué et mature, il est presque dérangeant de voir que tout se termine aussi bien. Certes, Geppert nous propose une narration qualitative, inspirée de son expérience mais toutes les situations problématiques ne se terminent pas aussi bien que celles auxquelles Kay fait face. Et, pour un titre qui se veut ambitieux, il est presque attristant de voir que les fins de chapitres ne sont pas plus sombres. En effet, toute dépression ne se résout pas d’un simple revers de la main.
Cet article peut contenir des liens affiliés