Neuf ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour enfin toucher à un nouveau à Serious Sam. Préquel de Serious Sam 3 : BFE, Serious Sam 4 est disponible officiellement depuis le 24 septembre sur PC. Le soft est bien évidemment toujours développé par Croteam, papa de la licence que l’on ne présente plus tant les bougres ont réussi à marquer les joueurs avec des séquences et des phrases cultes avec ce bon vieux Sam Serious Stone.
Aujourd’hui, la franchise a bien du mal à redevenir comme avant, surtout avec un Serious Sam 3 : BFE qui était sympa, mais n’avait pas convaincu tout le monde par ce changement de direction soudain. Dans Serious Sam 4, Croteam reprend hélas le même chemin qu’avait emprunté son aîné dans la direction artistique comme le feeling global. Pour autant, cela en fait-t-il sérieusement un mauvais jeu ?
Conditions de test : Nous avons terminé Serious Sam 4 en 9h de jeu en mode normal, en loupant quelques missions secondaires. Le titre a été testé avec les paramètres très élevés sur PC avec 16Go de Ram, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
Sommaire
ToggleLes prémices de Serious Sam contre l’armée de Mental
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Serious Sam 4 a bien un aspect narratif, même si ce n’est absolument pas le point le plus intéressant de la franchise. Pour faire simple, le titre se situe avant les événements de Serious Sam 3 : BFE, alors que l’armée d’Aliens dirigée par le mystérieux Mental envahit la Terre. Nous incarnons une nouvelle fois ce bon vieux Sam Serious Stone qui en compagnie de divers protagonistes, devra sauver le monde et y trouver le Graal, un artefact alien qui pourrait bien les aider dans leur quête.
Nous passerons outre la trame narrative tenant sur un post-it, et servant de prétexte à des affrontements brutaux contre les belliqueux extraterrestres sous la houlette de Mental. Également, on peut déplorer la qualité de l’histoire assez générique, nanardesque et pas véritablement nécessaire pour un jeu estampillé Serious Sam. Au moins, on restera quand même charmé par l’humour potache propre aux Serious Sam qui fait mouche, même si certaines vannes tombent à plat et restent par moments peu inspirées par rapport aux précédents opus.
Ceci dit, Serious Sam 4 a au moins le mérite d’agrandir son lore, même si c’est fait maladroitement. A contrario, le bébé de Croteam nous gratifie d’un bestiaire encore un peu plus varié que le précédent volet. Effectivement, de nouveaux ennemis font leur apparition et restent quant à eux inspirés et pourraient bien vous traumatiser à vie comme en étant pénibles à éliminer. Des légendaires kamikazes sans tête en passant par des goliath en armure et ornée d’une immense masse ou bien des vampires et des ennemis fous en combinaison de prison poussant des gloussements flippants, le soft ne lésine pas sur les nombreux types d’ennemis, toujours plus fun qu’inventifs.
Dans les codes de la franchise, avec beaucoup d’idées maladroites
Serious Sam 4, sans surprise, reprend les codes de la licence. Comme ses prédécesseurs, ce nouvel opus se base sur des affrontements très frénétiques avec des milliers d’ennemis vous fonçant dessus. C’est ce qui fait justement leur force, et à vous d’avoir une très bonne dextérité pour les défourailler avec un arsenal d’armes toujours loufoque et quand même complet. Petite mention spéciale à la lance-tronçonneuse, assez efficace et jouissive à utiliser. Bien entendu, les fans retrouveront pour leur bon plaisir les bons vieux minigun, sniper, fusil laser et j’en passe.
Pour le reste, et hormis transformer les milliers d’ennemis à l’écran en chair à canon, le gameplay en matière de feeling n’a pratiquement pas changé depuis Serious Sam 3 : BFE, et c’est bien là qu’est le problème. Les sensations de tirs manquent clairement d’éclat avec une visée trop fantaisiste contrairement à un DOOM Eternal, les animations sont plus que datées, et les sensations dans les déplacements restent archaïques pour un jeu de 2020. On retrouvera aussi la même chose dans les exécutions, particulièrement drôle certes mais terriblement vétustes.
En somme, on retrouve quelque chose de trop simpliste, et qui aurait demandé encore plus de folie et d’améliorations modernes significatives, comme l’a très bien fait DOOM Eternal pour ne citer que lui une fois encore. Cela reste toujours ultra bourrin et défoulant à souhait certes, mais ça s’arrêta là. Il en va de même pour le niveau final, assez décevant par rapport à ce qu’était capable de faire Serious Sam jadis.
Toutefois dans les nouveautés, on retrouve un arbre à compétences. En récupérant quelques orbes aliens dans les niveaux, vous gagnez un point de compétences à dépenser dans l’arbre, et vous octroyer des bonus comme exécuter certains types d’ennemis, recharger plus vite, utiliser diverses armes en akimbo et bien d’autres joyeusetés. Clairement rien de bien transcendant, surtout que l’on finit vite par oublier cette vague idée de Croteam, plus qu’anecdotique.
Cependant, on acceptera tant bien que mal les divers gadgets que peut utiliser sam. En fouillant les niveaux ou en réalisant des missions secondaires, vous pourrez dégoter des grenades de distorsion temporelle, ralentissant le temps autour de vous ou encore le serum de rage, permettant de faire plus de dégâts temporairement. Le autres gadgets restent basiques, et ne sont finalement que dispensables et peu intéressants.
Croteam a eu aussi l’idée d’inclure quelques véhicules à manier, surtout dans les niveaux situés en France. Hélas, bien que cette idée soit tirée directement de Serious Sam 2 où ceci était possible, la mayonnaise ne prend absolument pas sur ce nouvel opus. La faute à une conduite rigide, mollassonne, et l’absence de véritables armes sur ces véhicules, ce qui aurait pu être plus fun. Au lieu de ça, les bolides sont juste là pour vous faire traverser la map d’un objectif à l’autre, pour un résultat monotone. Au moins, en lot de consolation, nous aurons quelques combats de boss réussis, mais inégaux.
Une très mauvaise direction de prise et promesse à moitié tenue
Du côté de la progression pure maintenant, Croteam ne semble pas avoir pris la meilleure des directions. Les premières heures de jeu ressemblent étrangement à Serious Sam 3 : BFE, dans le level design comme dans les assets et les objectifs de mission. On sent déjà une grosse fainéantise à ce niveau-là, ce qui aura le don de nous exaspérer et nous prouver que Croteam ne nous a pas semblé inspiré une seule seconde.
Même son de cloche sur la seconde partie du soft basée en France plus précisément à Carcassonne. Le titre semble se mettre les fesses entre deux chaises. Les développeurs apparaissent comme tiraillés entre proposer quelque chose plus ouvert ou linéaire. Du coup, cela donne un résultat étrange, peu cohérent, et avec certains niveaux grands mais furieusement vides au possible. On notera en revanche la possibilité de faire des missions secondaires teintées d’humour pour gagner de nouveaux gadgets en guise de récompenses. Mais on en reste au même résultat : la progression est d’une monotonie persistante.
Pour continuer le massacre, Serious Sam 4 se permet une folie avec deux phases distinctes à l’intérieur d’un mecha. La machine est hélas trop rigide et dénuée d’un vrai sprint pour esquiver les ennemis. Ceci a pour effet d’augmenter la difficulté pour un rien, à cause de ses déplacements trop bridés. Bienheureusement, le titre se pliera en 9h de jeu en normal, et doté au moins d’une rejouabilité via le mode coop, restant fun entre amis. Il y aura également quelques secrets à dénicher de-ci de-là, mais encore faut-il avoir l’envie de refaire le jeu pour cela.
Et après les mauvaises directions de prises, la promesse à moitié tenue vient du système légion, donnant la possibilité à ce moteur d’afficher plus de 100 000 ennemis à l’écran. Au final, ce n’était que de la poudre aux yeux, étant donné que vous n’aurez la possibilité de voir ce système qu’au tout début et à la toute fin du jeu, et le tout est qui plus est scripté. Le reste du temps, vous serez en face d’une habituelle grosse poignée d’ennemis à défourailler, sans voir l’ombre du système légion. Promettre ce système était finalement malhonnête en matière de communication, dans la mesure où nous ne le voyons que trop peu.
Un festival de bugs pour un jeu moche…
Le coup de grâce viendra de l’aspect graphique, qui est aux fraises. Le moteur graphique est celui de Serious Sam 3 : BFE, qui a maintenant plus de 9 ans. Et en 9 ans, pas de différences notables car le jeu est fichtrement moche à souhait dans les textures, jusque dans les animations et les cinématiques, dotées d’une mise en scène purement ridicule et vieillotte. Les arrière-plans, n’en parlons même pas ; on est une fois de plus très loin des standards actuels. En somme, et même dans la direction artistique, tout est fade du début à la fin.
Pour ne pas arranger les choses, le titre se tape une optimisation désastreuse. Effectivement, le titre peut se frapper quelques saccades gênantes, des temps de chargement affreusement longs, mais aussi des bugs de collisions lunaires. On ne compte pas aussi les nombreux bugs pouvant vous faire passer à travers des textures comme les scripts, qui font dans le grand n’importe quoi quand vous êtes dans un endroit où vous n’êtes pas censé être. Il y a quand même de quoi se demander si le jeu a vraiment été testé avant de sortir, car le résultat est finalement catastrophique.
Pour la bande-son enfin, le tout souffle le chaud et le froid. Les doublages en VO restent dans le ton du jeu, au détriment de sous-titres français à moitié traduits, ce qui reste une honte. Quant aux musiques, elles sont encore une fois épiques et dans le délire Serious Sam. Cependant, on pestera sur les transitions musicales parfois mal intercalées. Même dans ce domaine, Croteam n’y arrive toujours pas.
Cet article peut contenir des liens affiliés