Dans la cour des héros de Fast FPS, on compte trois grands noms : le mythique Doom Slayer, le graveleux Duke Nukem, et bien sûr Sam Stone dit Serious Sam. Trois grands noms dont un seul est véritablement parvenu à perdurer avec le temps, malgré les tentatives de retour des deux autres. Il faut dire que Duke Nukem Forever est considéré, encore aujourd’hui, comme l’un des plus gros pétards mouillés de l’histoire… et il a récemment été rejoint par un Serious Sam 4 tout simplement décevant en tout point.
Mais si l’on ne reverra pas le Duke de sitôt, du moins pas dans de nouvelles aventures, il y a nettement plus d’espoir du coté de Serious Sam. En effet, suite à l’échec critique qu’a essuyé le dernier volet en date, Devolver Digital s’est mis en tête de racheter Coteam, développeur et détenteur des droits de la licence. Bonne nouvelle donc, qui fut rapidement accompagnée par l’annonce d’une Serious Sam Collection, destinée aux consoles et à la plateforme Stadia de Google. Reste à savoir si Sam Stone tient toujours la route en 2020.
Conditions du test : Nous avons joué une vingtaine d’heures sur une Nintendo Switch classique, principalement en mode TV. Pour finir nous avons essayé le titre sur un modèle Lite une petite heure.
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ToggleDeux salles, deux ambiances
Après la déception cuisante qu’a été Serious Sam 4, on aurait pu croire que c’en serait tout simplement fini de Sam Stone. Alors que les fans attendaient une évolution aussi réussie (à défaut d’être autant ambitieuse) que celle de DOOM, le reboot de 2016, ils eurent à la place un banal FPS vieillot, tant dans sa technique que dans ses mécaniques. Bref, la recette initiale reprise de manière académique, le grain de folie en moins, pour un résultat qui ne plaira qu’à ceux qui ont vécu dans une grotte depuis la sortie du controversé troisième opus il y a neuf ans.
Comme pour reprendre sur des bases saines avant la suite, Devolver Digital a donc eu la riche idée de compiler les meilleurs épisodes de la licence. Un moyen qui permettrait à la fois aux néophytes de la découvrir en commençant par les indispensables, mais aussi et surtout de faire oublier aux fans que le quatrième volet vient de briser tous leurs espoirs. La Serious Sam Collection est ainsi née, regroupant Serious Sam : First Encounter HD, Second Encounter HD, Serious Sam 3 : BFE, ainsi que les DLC La Légende de la Bête et Joyau du Nil.
À défaut de nouveauté, l’intérêt premier de cette compilation est effectivement son contenu. Avec trois jeux et deux DLC à son actif, celle-ci promet une tonne d’heures de joie et d’hémoglobine, le tout pour seulement une trentaine d’euros. Un tarif qui justifie à lui seul l’achat, d’autant que cela fait un long moment que Sam Stone n’a pas mis les pieds sur consoles. Quant à la version Stadia, pour ceux qui auraient craqué pour le quatrième volet et en seraient déçus, c’est l’occasion idéale pour combler leur bibliothèque de très bons jeux.
Si vous ne connaissez pas la série, notez tout de même qu’il y a une large différence entre les deux premiers volets et le troisième. Tandis que First et Second Encounter proposent une recette purement Fast FPS, à la DOOM d’une certaine façon, le troisième s’encombre quant à lui d’un petit scénario et tente de poser une ambiance radicalement différente. Que ce soit clair, les deux premiers sont de véritables indispensables pour les amoureux du genre. Tandis que BFE a divisé lors de sa sortie, et a toutes les raisons d’être moins apprécié encore en 2020.
Le choix du support
Accéder aux premiers volets de la série sur PC n’a rien de bien compliqué, ni d’onéreux en soi (excepté peut-être pour BFE qui affiche encore un tarif étrangement élevé sur Steam). Cela étant, cela faisait un moment que Sam n’avait pas remis les pieds sur consoles. Depuis 2012 pour être exact. Ainsi, cette collection sonne un peu comme du pain béni à l’oreille des amateurs du genre. Surtout avec cette version Switch, sur laquelle nous avons testé le titre, qui permet d’emmener ce concentré de fun partout, même dans les transports. Malheureusement, on pouvait s’y attendre, quelques problèmes techniques se sont invités à la fête.
En ce qui concerne les deux premiers volets, le résultat est plutôt satisfaisant. Malgré un design général qui a pris un sacré coup de vieux, autant en ce qui concerne le bestiaire que les environnements (plutôt carrés), la technique reste encore aujourd’hui assez propre. Bien qu’il arrive que quelques petites chutes de framerate pointent le bout de leur nez lorsque l’on se retrouve entouré d’une trop grande quantité d’ennemis. Enfin rien de très problématique, puisque ce défaut, en plus d’être excessivement rare, n’est chaque fois que passager. C’est aussi valable pour le DLC La Légende de la Bête.
En somme, ces deux premiers volets et leur contenu additionnel brillent donc par leur fluidité générale, malgré de très rares écarts principalement visibles dans les modes de difficulté les plus élevés. On ne peut cependant pas en dire autant de Serious Sam 3 : BFE, qui semble tout droit sorti de l’enfer ayant accouché de Duke Nukem Forever (voire même de Critical Mass, l’épisode Nintendo DS oublié pour de bonnes raisons). Il était certain que ce troisième volet serait celui qui vieillirait le moins bien, la faute à son orientation plus grand public… Mais le résultat est encore plus décevant qu’escompté.
En plus d’être sacrément laid, pourvu de textures pauvres et d’animations guère plus travaillées que celles des deux premiers opus, BFE souffre de multiples problèmes techniques rédhibitoires. Avec pour commencer un clipping et un aliasing complètement omniprésents, gâchant l’expérience de jeu, mais pas autant que le défaut majeur de ce portage : son absence totale de fluidité. Ce que cela signifie, en des termes plus compréhensibles, c’est que le jeu rame continuellement, au point que certains passages deviennent purement et simplement injouables, surtout dans les niveaux de difficulté les plus élevés, évidemment.
Un comble pour un jeu sorti en 2011 et déjà pas très beau à l’époque… L’optimisation est donc complètement à revoir, ce qui n’est valable que pour ce troisième volet. Et étrangement pas pour son DLC Joyau du Nil, qui s’en sort incroyablement mieux. C’est dommage, parce que bien qu’il soit le moins bon des premiers jeux de la série, BFE a tout de même du charme sur PC, mettant plus en avant Sam Stone, ses répliques graveleuses et sa voix caverneuse de mâle alpha. Espérons qu’un patch soit délivré dans les semaines à venir pour venir à bout de ce curieux défaut.
Une recette dans l’ère du temps ?
En dehors des soucis techniques majeurs rencontrés sur Serious Sam 3, cette collection fait pratiquement un sans faute, même dans cette version Nintendo Switch. Alors certes, cette console hybride n’est pas la plus indiquée pour jouer à des FPS, surtout lorsque ceux-ci demandent de bons réflexes, la faute à son ergonomie en demi-teinte. Le modèle Lite s’en sort un peu mieux à ce niveau, et c’est d’ailleurs une bonne nouvelle en somme, puisque les deux premiers jeux et les DLC sont très plaisants à faire en mode portable.
En dehors de ce détail, le gameplay est parfaitement accessible, et la conversion sur console s’est faite sans aucune concession. Bien sûr, nous ne sommes pas sur du DOOM, ce qui signifie que la recette a tout de même pris un maigre coup de vieux. Cela passe par une visibilité parfois perfectible dans les niveaux, ou un pathfinding pas toujours évident. Néanmoins, nous sommes sur du Fast FPS très jouissif, qui se dote par ailleurs d’une option facultative de visée automatique. À réserver aux joueurs qui sont frustrés par le réticule un brin trop petit à l’écran.
Le tout fonctionne encore plutôt bien, ce que Serious Sam doit autant à son effusion continuelle d’hémoglobine qu’à son gameplay bien rôdé, voire à la profusion de secrets dans ses environnements. Parce que si vous aimiez les premiers DOOM pour cette impression de ne jamais parvenir à découvrir tous les passages dissimulés et autres caches à munitions, vous ne pouvez qu’être servis avec les deux premiers volets de la série de Croteam. Ceux-ci n’ont de cesse de planquer des pièces voire des zones entières à coté desquelles on passe très rapidement.
Enfin cette Serious Sam Collection a un argument de taille, et il s’agit du multijoueur. 2020 oblige, chacun des titres et leurs modes coopératifs / compétitifs sont jouables en ligne. Rien de bien surprenant. Notez toutefois que les serveurs sont vides pour le moment. Mais l’excellente nouvelle, c’est qu’il est aussi possible de jouer en écran splitté, et ce jusqu’à quatre. Comme à l’époque des versions Xbox et PS2 en somme. Malheureusement, les contrôles étant ce qu’ils sont, cette version Switch ne permet pas se jouer à deux avec un Joy-Con chacun. Idem, et ce détail est encore plus dommageable, il n’est pas possible de se lancer dans des parties en local avec deux consoles.
Cela étant, avec son contenu colossal (même en supprimant le troisième épisode de l’équation), son multijoueur et ses six modes de difficulté, cette Serious Sam Collection a de quoi convaincre tout fan de la série. Voire, dans une autre mesure, tout amateur de First Person Shooter jouissif, en mal de nouveau contenu pour DOOM Eternal, ou ayant fait le tour de Wolfenstein Youngblood. D’autant qu’à défaut d’être très jolis, les titres présents ne sont pas désagréables à l’œil et profitent d’une bande-son excellente.
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