Shadow of the Beast est sans doute l’un des jeux les plus marquants de la fin des années 80. Sorti à l’origine sur Amiga en 1989, le titre a su faire forte impression par sa technique exemplaire, sa direction artistique marquante, mais aussi par sa difficulté plutôt corsée. On le sait, la nostalgie est une ficelle commerciale pour le moins efficace et, à l’annonce de ce reboot de Shadow of the Beast par Heavy Spectrum, nous n’avons pu retenir une certaine excitation à l’égard de cette nouvelle. Presque trois ans après son annonce, voyons si la bête est revenue en forme.
Sommaire
ToggleAarbron, je suis ton père…
Pour commencer, l’histoire nous met, comme à l’origine, aux commandes d’Aarbron, une bête à l’origine humaine ayant été a été enlevée à ses parents par Maletoth, un mage aux motivations plus que douteuses. Le jeu commence alors que vous êtes manipulé par votre maître qui vous commande d’aller capturer un enfant. Arrivé à son objectif, Aarbron exécute le dernier homme le séparant de l’enfant. En plantant ses griffes dans le ventre de sa victime, notre héros se rend alors compte qu’il s’agit de son père, à qui il a été retiré dès la naissance. Cette révélation a l’effet d’un électrochoc, ce qui le libère de ses chaines, lui débloque ses capacités et le pousse à se venger de son ravisseur. C’est dans cette optique vengeresse qu’Aarbron débute véritablement son périple sur Karamoon.
L’histoire n’a en soi rien de très original puisqu’elle reste relativement conforme à celle du jeu d’origine : une histoire de vengeance avec un vilain mage à dézinguer. Cela dit, elle a légèrement été étoffée, à tel point que l’on peut en apprendre un peu plus sur l’univers de Shadow of the Beast, notamment par le biais d’un bestiaire et d’autres éléments que nous détaillerons un peu plus tard. Toutefois, l’histoire reste malheureusement très succincte et on aurait pu en attendre un peu plus à ce niveau.
Côté jouabilité, nous sommes en face d’un beat them all en défilement horizontal, au fonctionnement un peu particulier. Effectivement, les combats sont organisés par « rencontres », c’est-à-dire qu’ils se déclenchent à des endroits bien précis, dans une zone délimitée avec un nombre d’ennemis prédéfini. Et pour parler de la maniabilité, il faut d’abord faire un crochet par la version d’origine du titre. Il faut savoir que, comme nous l’avons dit, Shadow of the Beast était d’une difficulté assez relevée, ce qui compensait énormément sa durée de vie rachitique.
Shadow of the Beast possède un système de scoring qui pousse à persévérer.
La raison de cette difficulté ? Les ennemis et autres pièges apparaissaient à l’écran à une vitesse assez ahurissante et imprévisible aux premiers essais. Le principe était donc de recommencer en boucle jusqu’à mémoriser précisément le moment où il convenait de frapper. Tout était de question de timing, à l’instar de ce que l’on pourrait retrouver dans un jeu de rythme… mais en version hardcore. Et cet aspect, bien qu’il ait été modernisé, a été conservé dans son essence. En effet, l’issue de vos combats repose essentiellement sur vos réflexes et le rythme de vos coups, sans que la difficulté ne soit pour autant aussi insurmontable qu’autrefois, loin de là. Aarbron dispose de trois barres de sang à remplir en tuant des ennemis, ce qui lui permet d’utiliser des attaques spéciales permettant de regagner de la santé, augmenter les points gagnés, etc.
Vous avez ainsi la possibilité de combattre vos ennemis, en profitant de vos différentes capacités comme assommer, passer derrière l’ennemi, se protéger, parer, esquiver, etc. Plus l’utilisation de vos capacités sera judicieuse, plus vous aurez de chances d’améliorer votre multiplicateur de points permettant ainsi de faire grimper votre score. Un système de rage est également présent et vous permet d’attaquer à la chaine de nombreux ennemis en appuyant sur carré en direction de ces derniers, sans qu’ils ne puissent réagir. Toutefois, plus vous enchainerez d’ennemis, plus l’action sera difficile à réaliser. Ce système est particulièrement utile en cas de pépin et vous facilite énormément la tâche… parfois trop.
Concernant le système de point, son intérêt est principalement lié au fait qu’il y ait dans ce Shadow of the Beast un système de scoring, central dans l’aventure. Celui-ci permettra à chaque fin de niveau de gagner des points, ce qui amène à débloquer pas mal de contenu supplémentaire. Il est d’abord possible d’améliorer les capacités d’Aarbron ou d’utiliser des talismans à récupérer dans les niveaux, afin de le rendre plus puissant et plus efficace en combat. Le joueur a donc tout intérêt à revenir sur les niveaux afin d’optimiser sa technique de combat, ce qui permet de remporter plus de points et donc de débloquer plus facilement le contenu proposé.
Menu Maxi Beast-of
Un des éléments que l’on apprécie le plus mais qui n’est pas nécessairement le plus simple à débloquer, c’est la possibilité d’obtenir la traduction des langues des différentes races du jeu, ce qui peut avoir son importance afin de saisir au mieux les enjeux du scénario. Mais ne nous voilons pas la face, certains passages traduits restent parfaitement inutiles. Il est donc dommage que cette option n’ait pas bénéficié d’un meilleur traitement.
Autrement, le titre bénéficie de quelques fonctionnalités en ligne qui, si elles ne sont pas indispensables, méritent tout de même qu’on en parle. Il est par exemple possible de confronter ses scores obtenus à chaque niveau avec ses amis ou à voir où l’on se situe dans le classement mondial, ce qui devrait faire plaisir aux joueurs les plus compétitifs, désireux de montrer leurs prouesses de guerrier sanguinaire.
L’autre particularité liée à la partie online est qu’il est possible de tomber sur une marque indiquant où un joueur est mort. Sur celle-ci, vous avez le choix de dévorer l’âme du joueur ou de « l’offrir », en d’autres termes, l’épargner et lui éviter d’être dévorée par un autre joueur. Si vous faites le premier choix, vous serez alors transportés dans un monde où vous tenez le corps du joueur et où il faudra le l’achever le plus rapidement possible.
Certaines fonctionnalités proposées paraissent assez anecdotiques ou mal utilisées.
Une fois ceci fait, vous bénéficiez de la possibilité d’invoquer l’ombre de ce joueur qui viendra vous assister une seule et unique fois. En dévorant un joueur mort, celui-ci aura alors la possibilité de se venger en lançant le même « mini-jeu », où il sera tenu d’aller plus vite que vous, ce qui pourrait lui permettre de bénéficier de votre ombre. Cette fonctionnalité reste sympathique mais tout bonnement anecdotique, ne serait-ce qu’en tenant compte de l’accessibilité du jeu.
Pour en revenir à la maniabilité des combats en elle-même, il faut tout de même savoir que l’on est parfois confronté à quelques bizarreries. Si les attaques de la bête sont assez stylisées, le problème est qu’elles paraissent trop chorégraphiées, dans la mesure où les animations provoquent parfois des bugs assez gênants, qui plus est rarement à votre avantage…
Lorsque vous mourez, un autre choix est proposé : en plus de recommencer depuis le début du niveau, vous avez la possibilité soit de consommer l’âme d’un innocent, soit de boire un élixir. Consommer une âme permet de revivre et de reprendre au début du combat où vous avez été défait, tandis que consommer un élixir permet de reprendre au moment où vous êtes mort. Un élixir ne se gagne que si vous avez obtenu la distinction la plus haute lors d’un combat, il est donc précieux et à utiliser dans les combats les plus compliqués. Ces options, bien qu’appréciables, rendent le jeu bien trop simple puisque consommer des âmes innocentes n’a pas de réel inconvénient, et le fait de pouvoir répéter l’opération à l’infini permet de gagner sans trop de difficultés… dommage.
C’est court mais beau… mais court !
Et ceci nous amène à un point crucial du titre : sa durée de vie. D’un point de vue de la fidélité au titre original, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est respectée ! Comptez trois ou quatre (très) petites heures pour arriver au bout de l’histoire une première fois. Le soft ne contient que très peu de niveaux qui en plus de cela sont assez déséquilibrés en terme de réalisation. Si certains s’avèrent suffisamment longs et plaisants, d’autres sont courts et fort peu mémorables. Le scoring explique une fois de plus le petit nombre de niveaux à explorer, mais la frustration est bien présente. Réaliser la meilleure performance possible plaira sûrement à certains joueurs mais n’empêchera pas d’être rapidement lassé de répéter indéfiniment les mêmes opérations, surtout qu’au final, on a rapidement débloqué l’intégralité du contenu du titre.
Si au moins la lassitude ne provenait pas uniquement de la répétitivité du soft… le plus gênant reste de loin les temps de chargement qui, pour un jeu avec les ambitions qui sont les siennes, sont intolérables. Nous sommes confrontés à un titre qui nous incite à recommencer de nombreuses fois les niveaux afin d’optimiser notre score, mais comment faire quand toutes nos tentatives sont entrecoupées par d’interminables écrans de chargement ? On a même l’impression qu’Heavy Spectrum avait pleinement conscience de ce problème, sachant que durant cette longue attente, nous pouvons à loisir faire défiler des conseils pour jouer mais également débloquer une sorte de mini-jeu dont on cherche encore l’utilité…
La direction artistique reste parfaitement fidèle à l’univers mis en place dans l’œuvre originale.
Mais tout de même, une partie du contenu est particulièrement appréciée et vient titiller notre fibre nostalgique : la présence du jeu d’origine dans sa version Amiga est un véritable plus. Cette version offre même l’opportunité de bénéficier de vies illimitées ou d’une totale invincibilité, histoire de soulager cette vieille frustration de n’avoir jamais pu terminer Shadow of the Beast à l’époque. Même les néophytes pourront alors découvrir ce titre qui les marquera sans doute moins que les joueurs de l’époque, mais qui a le mérite de faire découvrir un classique du genre.
De plus, même si la possibilité de débloquer la bande originale du titre, et même de jouer avec celle-ci n’a rien de transcendant, les plus nostalgiques ne pourront s’empêcher d’activer cette option. Pour les musiques de ce remake, notre plus gros coup de cœur reste bien entendu la reprise du thème principal, que l’on reconnait inévitablement dès les premières notes ! Les autres restent en revanche un peu moins mémorables, tout en étant de bonne qualité, et l’on s’en contentera.
Graphiquement, le titre bénéficie d’un aspect général très propre, avec une direction artistique excellente. Certains panoramas sont sublimes et le spectacle offert ne pourra que fasciner. Les différents effets de lumières et de particules sont eux aussi de qualité, surtout pour un titre de cette envergure. Le moteur souffre toutefois de défauts qui auront tendance à nous sortir de l’expérience, comme les cadavres qui ont parfois la fâcheuse tendance à mal retomber et à s’envoler dans tous les sens…
Cet article peut contenir des liens affiliés