Sorti en novembre dernier sur les consoles de nouvelle génération et sur PC, Sherlock Holmes : Chapter One est le nouveau titre du studio Frogwares habitué de la licence de l’enquêteur britannique. Alors que nous connaissons tous la carrière fulgurante de l’enquêteur susnommé, nous n’avons eu que de rares occasions d’entrapercevoir sa jeunesse et la genèse de ce qui fit de lui le grand enquêteur populaire. Pas de Watson ici par ailleurs dans cette 9e aventure canonique dans la franchise de l’enquêteur britannique.
A l’occasion de sa sortie ce 28 avril sur PlayStation 4 et alors que la version Xbox One du jeu s’est vue repoussée indéfiniment, il est grand temps de se plonger dans l’univers de ce Sherlock Holmes : Chapter One, qui ne semble pas être le début d’une nouvelle franchise pour autant. Enquêtes, mystères et autres révélations nous attendent sur l’île fictive aux allures méditerranéennes de Cordona. L’occasion également pour envoyer toutes nos meilleures ondes aux développeurs du studio ukrainien pour qui la guerre n’est pas pour rien dans les difficultés de portage évoquées ici.
Conditions de test : Nous avons pu arpenté en long, en large et en travers le titre proposé par Frogwares durant une bonne trentaine d’heures, de quoi réaliser l’ensemble des quêtes principales et secondaires et de terminer celles proposées par les DLC, le tout sur Xbox Series X et en partie sur mobile via la lecture à distance.
Sommaire
ToggleBienvenue à Cordona
Votre histoire dans Sherlock Holmes : Chapter One commence lors de votre retour sur l’île fictive de Cordona, une île sur laquelle vous viviez avec votre famille il y a encore une dizaine d’années. Depuis la mort de votre mère dans des conditions mystérieuses (qu’il vous conviendra de résoudre ici), beaucoup de choses ont changé et une fibre d’enquêteur s’est révélée chez le jeune Sherlock Holmes.
Accompagné de Jon, qui représente en quelque sorte votre conscience (et servant de guide ou de donneur de défis) tout au long de l’aventure, vous devrez arpenter les rues de Cordona, véritable fourmilière permettant un terrain de jeu pour la première fois en monde ouvert dans cette licence, composée de plusieurs quartiers aux allures distinctes et possédant chacun leur identité, faisant du monde un miroir passionnant de ce que devait être la société à l’époque, avec ses cultures et ses inégalités marquées entre ghettos et cosmopolites des beaux quartiers.
L’aventure de Sherlock Holmes : Chapter One se compose de plusieurs aspects. Avec ses 5 enquêtes principales, la trame scénaristique est solide et vous tiendra en haleine environ 15 heures en ligne droite. Heureusement, à côté, vous attendent une trentaine d’enquêtes secondaires, menant l’ensemble à une bonne vingtaine d’heures de jeu, voire une trentaine si vous voulez tout visiter et tout récupérer.
Bien que l’histoire principale soit sympathique et plaisante à vivre, on peut regretter une fin un peu abrupte et un sentiment de ne pas tout révéler sur la genèse de ce mythique enquêteur âgé alors d’une vingtaine d’années. On aura même tendance à préférer certaines missions annexes, étrangement parfois beaucoup plus intéressantes à suivre que certains moments des enquêtes majeures.
Un mot des 4 DLC (De Saints et de Pêcheurs, M pour Mystère, L’Orgeuil de MyCroft et Comme par magie) sortis dans les semaines et mois ayant suivi la disponibilité du jeu, qui représentent de nouvelles affaires à résoudre pour un prix unitaire variant entre 4,99€ et 9,99€ et une durée de vie hoquetant entre 20 et 45 min en moyenne, faisant de ces extensions des contenus certes intéressants pour la plupart mais un peu faibles quantitativement parlant. Ils se déclenchent par ailleurs souvent en écoutant une conversation en ville.
Elémentaire mon Sherlock
Grâce à Sherlock Holmes : Chapter One, nous nous mettons dans la peau d’un jeune homme fragilisé par les épreuves de la vie et qui se retrouve malgré lui à devoir résoudre des enquêtes, curiosités et autres affaires causées par une corruption présente en ville.
De quoi satisfaire les esprits curieux et surtout les esprits avisés, car non, le jeu ne vous servira pas tout sur un plateau d’argent et laissera volontiers bon nombre d’informations de côté qu’il vous faudra vous-même déduire (ou aller chercher aux archives par exemple) afin de défaire les coupables (avec un risque d’erreur bien présent) ou les situations macabres auxquelles vous serez confrontés, représentant tout le sel de ce nouvel opus.
Pour vous aider dans votre tâche, vous aurez besoin de plusieurs éléments à votre disposition : votre franc-parler, vous permettant d’obtenir informations, aveux et autres indices, ajoutez à cela l’écoute discrète de conversations mais également un carnet d’affaires dans lequel les moindres indices, documents, photographies et autres analyses chimiques prendront place, enquête par enquête et dans lequel vous pourrez vous plonger pour progresser dans vos recherches.
Associé à cela, Sherlock Holmes dispose d’un palais mental, sorte de conscience imagée vous permettant de faire le lien (physique), entre plusieurs idées et ainsi d’en déduire des éléments clés ou informations permettant la plupart du temps d’établir un coupable dans l’affaire en cours. Grâce à un chemin de déduction et d’association d’idées, Sherlock devra alors présenter ses preuves aux principaux témoins et suspects afin d’arriver à ses fins.
Preuves que vous obtiendrez en « scannant » les objets, traces de pas et personnes afin d’en révéler les secrets grâce au mode Concentration de Sherlock et que vous pourrez épingler sur votre écran de jeu pour plus de facilité. Des mots ou morceaux de phrases apparaîtront également permettant au jeune homme de déduire des informations de ce qu’il voit tandis qu’un symbole blanc apparaîtra également devant chaque objet avec lesquels Sherlock pourra interagir.
L’apogée de l’enquête au XIXe siècle ?
Concernant les dialogues, les joueurs et joueuses pourront choisir entre différentes réponses afin d’en savoir plus, sans que cela n’ait la plupart du temps de véritables conséquences. Vous aurez également à votre disposition un appareil photo qui ne sera par ailleurs que très peu utile durant votre aventure.
Une fois toutes les preuves obtenues, vous serez alors en mesure d’établir l’ordre des faits via une orbe lumineuse au milieu des scènes de crimes concernées. A vous de choisir la position et la bonne personne afin de reconstituer la scène et ainsi permettre de faire progresser l’histoire.
Vous aurez également parfois loisir à procéder à diverses analyses chimiques afin de retrouver une fragrance inconnue ou encore pour nettoyer un tableau tâché de sang. Finalement phases un peu maladroites et pas toujours transcendantes, cet aspect a pourtant le mérite d’être présent dans le jeu.
Vous l’aurez compris, Sherlock Holmes : Chapter One propose un système d’enquête complet, simple à comprendre mais finalement assez complexe à maitriser, qui atteint une sorte d’apogée de ce que l’on est en droit d’attendre d’un tel jeu, après un système déjà rodé avec le précédent titre du même genre sorti en 2019 et déjà issu du même studio, The Sinking City.
La conscience d’un enquêteur dérangé
Pour parvenir à soutirer toutes les informations qu’il souhaite et pour convaincre les habitants de cette île qui n’aiment pas trop les étrangers, Sherlock Holmes pourra également se vêtir de dizaines d’éléments de personnalisation, que vous pourrez acheter auprès de marchands de vêtements. Présents un peu partout en ville, ces magasins vous permettront d’obtenir tenues, moustaches, lunettes, maquillages etc.
A noter que vous trouverez également des marchands de décorations ou de meubles, vous permettant de redonner à votre manoir familial sa gloire d’antan tandis qu’il a été totalement dépouillé de ses biens suite à la disparition de votre défunte mère, de quoi ajouter une composante « gestion » (toute proportion gardée) au jeu.
A noter que le monde ouvert de Sherlock Holmes : Chapter One ne le sera toutefois pas vraiment, car étant incapable de faire le moindre saut, Sherlock ne pourra profiter d’une verticalité extérieure. On regrettera le trop faible nombre de bâtiments ouverts au public également, diminuant drastiquement la sensation de liberté pourtant apparente.
Point négatif également sur les personnages non-joueurs présents en ville et ne possédant que de peu de lignes de dialogues différentes pour ne pas ressentir ce sentiment d’avoir « fait le tour » de ce qu’ils avaient à nous proposer, d’autant plus qu’en les « scannant », des traits de caractère apparaîtront sans pour autant bouleverser l’expérience. Vous pourrez d’ailleurs tous les interroger sur la preuve que vous aurez épingler afin d’en apprendre plus sur votre enquête en cours.
A noter qu’une des particularités du gameplay de Sherlock Holmes : Chapter One en plus de l’observation, la déduction, l’exploration et l’enquête, se trouve être les combats. A mains nues ou grâce à des armes à feu notamment, ces combats seront malheureusement un peu trop fréquents sans parvenir à tirer leur épingle du jeu pour autant, la faute à une caméra à la gestion trop imparfaite.
Grâce à l’étude de l’environnement (des sacs de farine, des lampes ou des vannes d’eau pourront vous aider, tandis que votre tabatière vous permettra d’étourdir vos ennemis grâce à une poudre), ces combats gagneront en diversité mais l’ensemble est lourd, pas assez dynamique pour emporter l’adhésion. Et c’est d’ailleurs un des reproches pour la modélisation de notre héros, avec des déplacements lourds et aux animations parfois datées.
A certains moments, vous pourrez aussi aller rendre visite à des brigands dans les repaires de bandits. Véritables champs de bataille, il vous faudra battre des vagues d’ennemis pour sortir triomphant, bien que ces phases mettent particulièrement en avant les faiblesses techniques et combatives du titre.
Un ensemble solide contrebalancé par une technique parfois en dessous
Afin de vous permettre de vous déplacer plus rapidement en ville, des pousse-pousse seront présents dans énormément de zones. Il vous faudra cependant les trouver vous-même pour les débloquer et ainsi les utiliser. A noter également que toutes les zones sont accessibles dès le début du jeu et ne demanderont pas la découvertes de « tours » ou de cartes pour faire évoluer le monde ouvert qui dispose de confortables dimensions et de temps de chargement très rapides, du moins du Xbox Series X.
Nous n’avons pas relevé de grosses carences techniques dans ce Sherlock Holmes : Chapter One, notamment au niveau du framerate ou des bugs bien connus des jeux en monde ouvert comme le clipping ou l’aliasing mais nous pouvons tout de même reprocher de nombreux bugs de collision provoquant parfois un blocage de notre héros (nous avons dû ainsi plusieurs fois relancer le jeu après avoir sauvegardé), tandis que certains scripts ne se lançaient pas au bon moment quand cela devait être le cas.
Un mot de la mise en scène, qui est très classique mais qui fonctionne parfaitement, notamment lors des quelques cinématiques particulièrement réussies et qui ponctuent l’aventure ci et là. Développé sous Unreal Engine 4 et sans proposer des textures mirobolantes, surtout sur nouvelle génération, les effets visuels et le filtre façon années 1880 donnent un charme à l’œuvre des développeurs de Frogwares particulièrement singulier et solide, d’autant plus que la modélisation des quartiers et autres personnages et objets rendent clairement hommage à cette époque, au sein d’une île aux ambiances méditerranéennes, loin des paysages londoniens habituels pour notre héros.
Enfin, sachez que Sherlock Holmes : Chapter One est disponible uniquement en voix originales, d’ailleurs très convaincantes dans leur grande majorité, et propose des sous-titres en français notamment ainsi qu’une interface, textes et autres indices intégralement traduits dans la langue de Molière. Les musiques enfin, sont présentes (parfois pourtant un peu trop légèrement), sans être détonantes, et soulignent l’action sans pour autant la perturber.
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