Annoncé au cours de l’été 2022, Sherlock Holmes: The Awakened Remake est disponible dès ce mardi 11 avril sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch. Pas du tout dans les cartons de Frogwares jusqu’à ce que la guerre en Ukraine ne vienne bouleverser les plans en plus du quotidien du studio, il se présente comme une refonte quasiment complète de la version remasterisée du titre du même nom commercialisée en 2008 (Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés en français).
Cependant, si le jeu d’aventure a bénéficié d’une campagne Kickstarter à succès, compte tenu des circonstances très difficiles dans lesquelles il a été conçu, des différents reports qu’il a subis et du fait que sa production a tout juste duré une année, il n’est pas exagéré d’affirmer que les développeurs se sont lancés ici un sacré défi à relever. Un pari osé qui se révèle gagnant pour l’entreprise ukrainienne ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette Xbox One sur un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM, et d’un écran de résolution 1080p. Le titre a tourné en configuration graphique Ultra (DLSS activé en mode « Équilibré ») pendant environ 12h, temps nécessaire pour le terminer une fois et relancer certains chapitres afin de vérifier l’impact de l’activation ou non des différentes options de difficulté sur l’expérience de jeu (notifications du progrès de l’enquête, icônes d’interaction, passer le crochetage…), récupérer tous les trophées Steam et débloquer la moitié des bonus in-game disponibles. Notez que, le testeur n’ayant pas joué à la version originale de 2006 ni à son remaster, ce papier exprime le point de vue d’une personne découvrant ce crossover entre les univers de Sir Arthur Conan Doyle et de H.P. Lovecraft pour la toute première fois. Cet article garantit autant que possible l’absence de spoilers.
Sommaire
ToggleUne histoire sombre à la frontière entre la logique et la folie
Se déroulant en 1882, soit après les événements de Sherlock Holmes: Chapter One, l’histoire de Sherlock Holmes: The Awakened Remake traite de l’un des premiers gros dossiers mettant en scène le célèbre duo Holmes/Watson qui sont encore non pas des amis, mais de simples colocataires à ce moment-là. Confortablement installés au mythique 221B Baker Street, à Londres et loin des paysages méditerranéens de l’île fictive de Cordona, le jeune détective et le docteur vont accepter d’enquêter sur la disparition d’un certain Kimihia, le serviteur du capitaine Stenwick habitant non loin de chez eux.
Cependant, ce qui semble être une affaire pour le moins banale à première vue va rapidement se complexifier au point de pousser les protagonistes à partir explorer un asile paumé dans les Alpes suisses, les dangereux marais de la Louisiane américaine ou encore côtoyer l’univers du mythe de Cthulhu défiant toute notion de rationalité. Quelles vérités trouveront-ils au bout de ce bien étrange périple ? A vous de le découvrir.
Adoptant une approche à la fois sombre et surnaturelle où la barrière entre la logique et la folie tend de plus en plus à disparaître au fur et à mesure des huit chapitres de l’aventure, le récit concocté par Frogwares s’avère sympathique à suivre du début à la fin, à condition bien entendu d’adhérer à l’ambiance lovecraftienne qui y est omniprésente. N’hésitant pas une seule seconde à mettre à mal l’esprit d’homme de raison pure du détective, la narration se laisse apprécier à la manière d’un bon livre dont nous prenons le temps de tourner les pages à notre rythme.
Les dialogues sont soignées, bien que nous nous interrogions sur l’intérêt d’inclure une roue dédiée en l’absence de conséquences significatives dans la quasi-totalité des « choix » qui nous sont proposés. Malgré des transitions trop brutales, une exploitation un peu abusive de la traditionnelle technique du champ-contrechamp et quelques plans de caméras discutables, la mise en scène est simple mais plutôt efficace. Le doublage audio original est d’excellente qualité.
Enfin, mention spéciale à l’intelligence et la justesse dont les développeurs ont fait preuve dans la façon de raconter l’évolution de la relation entre Holmes et Watson, même si ceux et celles n’ayant pas fait Chapter One pourraient peut-être passer à côté de certaines références ici et là comme nous avons eu l’impression que cela avait été le cas pour nous.
« Rien n’est petit pour un grand esprit »
Côté gameplay, Sherlock Holmes: The Awakened Remake embarque des mécaniques de jeu bien rodées et relativement simples à comprendre et à maîtriser malgré un tutoriel qui aurait pu être mieux intégré. En explorant les différentes zones semi-ouvertes imaginées par le studio, le titre nous invite à progresser dans cette sombre affaire de disparitions en récoltant un maximum d’informations.
Interactions avec des objets, demandes de renseignements auprès des PNJ en épinglant une preuve spécifique, discussions, observations et confrontations avec certains personnages, reconstitution des événements sur un lieu d’investigation, résolution d’énigmes assez basiques, crochetage de serrures… dégoter le moindre petit indice pouvant finir dans notre carnet d’affaires est indispensable afin de faire les déductions nécessaires dans le but de passer à l’étape suivante. Un objectif qui demande forcément de faire preuve de plus ou moins de réflexion et d’observation en fonction des options de difficulté activées ou non.
Rassurez-vous, étant donné que l’expérience est linéaire et que, contrairement à l’opus Crimes & Punishment par exemple, nous sommes amenés ici à ne devoir résoudre qu’une seule et unique vraie affaire, se tromper n’aboutira jamais à un game over (excepté dans l’acte final de l’histoire) ou à un quelconque impact négatif sur les événements ni sur la réputation de Sherlock. Pour être honnête, nous ne sommes même pas convaincus que cela puisse avoir des conséquences sur le nombre de points de récompenses attribués au cours de la partie qui nous offrent l’opportunité de déverrouiller des bonus in-game divers et variés (tenues, objets à collectionner, artworks…).
Autre léger bémol, les phases de reconstitution peuvent se révéler frustrantes à cause d’une interface un tantinet trompeuse. Si nous ne faisons pas attention, celles-ci peuvent nous laisser croire que l’espèce de timeline affichée en haut de l’écran range automatiquement les scènes dans l’ordre dans lequel elles se sont déroulées. Sauf que ce n’est pas le cas puisque ce classement se fait en réalité dans l’ordre chronologique où nous les découvrons. Un détail assez important que le jeu ne nous explique pourtant jamais.
Bref, vous l’aurez compris, en cas d’erreur, il faut seulement se contenter de retenter sa chance. Une bonne nouvelle pour les néophytes et les moins patients d’entre vous, moins peut-être pour les habitués de la licence ainsi que ceux et celles ayant une préférence pour les expériences où il faut davantage se triturer les méninges.
Une plongée convaincante dans deux univers que tout oppose
Sur le plan technique, Sherlock Holmes: The Awakened Remake affiche des performances tout à fait honorables malgré la présence de quelques bugs et rares petites chutes de framerate ici et là. Même si nous sommes loin de nous prendre une claque graphique ou artistique, Frogwares a fourni beaucoup d’efforts pour retranscrire au mieux l’ambiance propre à la fin du XIXème siècle ainsi que celle du mythe de Cthulhu en refaisant entièrement sa production sous Unreal Engine. Ce n’est pas l’immersion la plus incroyable qui soit mais l’ensemble fonctionne sans le moindre accroc du début à la fin.
Précision importante, les développeurs rappellent à juste titre et avant même l’apparition du menu principal que, en prenant place à cette période de l’Histoire, le jeu « dépeint des préjugés ethniques qui ont occupé et continuent hélas d’occuper une place commune dans notre société. Il comprend donc des représentations négatives et/ou des exemples d’abus de personnes issues de différentes cultures. Ces stéréotypes étaient injustes dans le passé et le sont encore dans le présent. Leur inclusion constitue un choix de dresser un portrait exact de l’époque, plutôt que de nier leur existence. »
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