Alors que certains tentent de conquérir le monde par la force, d’autres cherchent des moyens plus subtiles. C’est en tout cas ce que nous invitent à faire les membres de Mi-Clos dans leur nouvelle création. Après le succès de Out There, nul besoin de préciser qu’une nouvelle expérience allait voir le jour. Avec Sigma Theory, jeu clairement inspiré des jeux d’aventure textuelle, nous allons pouvoir prendre les commandes d’un groupe d’agents tentant d’en découvrir plus sur la théorie Sigma. Vous l’aurez compris, le titre de ce soft ne vient pas de très loin.
Mi-Clos n’agit pas seul dans cette nouvelle quête puisque nous retrouvons aussi Goblinz Studios et FibreTigre à la baguette. De par son apparence et ses promesses, Sigma Theory a déjà de quoi séduire les fans de jeu de plateau. Malgré tout, nous allons quand même tenter d’en découvrir un peu plus sur le titre. Ainsi, nous saurons s’il vaut la peine que l’on s’y attarde.
A noter que ce test se base sur la version early access de Sigma Theory de ce 18 avril 2019. Nous reviendrons donc sur ce titre lorsque ce dernier sera dans sa phase finale afin de vous offrir un retour plus ample et définitif sur le soft.
The Sigma Theory, le meilleur moyen pour foutre le bordel
Contrairement à ce que son sous-titre pourrait laisser indiquer, Sigma Theory : Global Cold War n’est pas un jeu historique. Il s’agit d’un « conflit » se déroulant dans un futur plus ou moins proche. Avec la découverte d’une théorie nommée « Sigma Theory », technologie obscure permettant les choses les plus fantasques, les nations du monde entier vont tenter de s’emparer de ce pouvoir qui paraît sans limite. Et c’est là que le joueur intervient, afin de participer à la petite sauterie organisée pour l’occasion.
Vous allez être placé à la tête d’une cellule d’espionnage ayant pour but de mettre la main sur cette théorie. Non, vous ne souhaitez pas spécialement devenir immortel ou faire chuter des nations à l’image de ce que vous pourriez faire dans d’autres jeux tactiques à l’image d’un Europa Universalis par exemple. Ici, votre but sera simplement d’empêcher quiconque d’autre de mettre la main dessus. Point, et c’est déjà pas mal. A vous le choix de la nation dont vous aborderez les couleurs : France, UK, USA, à vous le choix.
En parlant de choix, le joueur aura également à charge de créer son propre personnage. Assez simple, ce premier choix est assez restreint puisqu’il s’agit d’un nom, du sexe, du compagnon/compagne et voilà. Et là, une splendide facette de ce jeu va apparaître : le micro-management d’une cellule d’espionnage. Car oui, vous allez directement devoir choisir vos agents. Mais pas question de prendre n’importe qui à votre guise. Le jeu se basant énormément sur la lecture, vous devrez apprendre à connaître chaque agent en lisant sa biographie, puis choisir la réponse la plus adéquate pour le recruter. Vous réussissez, bravo. Vous échouez, passez à un autre, celui-ci ne vous suivra pas dans votre quête.
Mais cela ne s’arrête pas là. Chaque agent va donc avoir sa propre façon de penser, d’agir et ses propres caractéristiques. Hors de question d’envoyer un pacifiste user d’armes à feu dans une mission suicide, ou encore d’envoyer la plus grosses des brutes négocier dans une mission diplomatique. Chacun est doué pour quelque chose et c’est au joueur de découvrir en quoi et comment exploiter ces points forts, tout en parvenant à cacher les points faibles de ces derniers.
Dès lors, vous pourrez dispatcher vos agents sur une carte, rappelant grandement les plateaux de jeux de… bah de plateau à l’aide de pions… qui rappellent des pions. Vous devrez alors collecter des informations pour trouver divers scientifiques autour du globe et ainsi vous rapprocher chaque tour un peu plus de la « Sigma Theory ». Et, si vos agents se font repérer, capturer, ou autre, à vous d’agir pour que l’on ne puisse pas remonter jusqu’à vous. Exfiltration sera le maître mot si vous ne souhaitez pas rencontrer d’incident diplomatique.
Cette personnalité de chaque personnage est vraiment l’un des atouts de ce jeu. Vous devez comprendre même les personnages adverses si vous souhaitez parvenir à vos fins. Ainsi, même les phases diplomatiques vous paraîtront plus abordables. Après tout, si vous savez qu’un dirigeant est incorruptible, vous éviterez de bêtement perdre votre temps à tenter de lui verser des pots de vin. Cet aspect renforce grandement le sentiment d’immersion du joueur qui abordera chaque petite réussite comme une véritable avancée dans cette guerre froide.
Car oui, chaque négociation réussie vous permettra de diminuer votre jauge de risque et ainsi rendre vos opérations sur le terrain plus simples, ou à l’inverse, plus compliquées. A vous de faire vos choix et de réfléchir à deux fois avant de prendre la moindre décision trop risquée. Après tout, le jeu est au tour par tour, alors autant en profiter pour penser plus amplement à chaque possibilité.
Gestion et tactique au tour par tour, un mélange bien frappé
Cette intelligence artificielle est d’ailleurs plutôt bien gérée par le jeu. Des personnages n’ayant plu confiance en vous car vous les poussez à aller contre leurs valeurs finiront par vous tourner le dos. Et c’est encore plus vrai pour les scientifiques, qui ont pour passe-temps de vagabonder de nation en nation. Alors que vous aurez tout risqué pour les séduire, ces derniers finiront probablement par partir voir le plus offrant. A moins qu’ils ne fassent enlever… car oui, ils sont mauvais sur ce point-là.
C’est là qu’arrive toute la difficulté de ce titre. Car non, Sigma Theory n’est en rien facile. En plus des forces et faiblesses de vos agents, les trahisons et tout le reste, il faudra aussi jouer avec moult événements aléatoires qui surgiront en cours de partie. Chaque décision doit donc être prise avec une intense réflexion en amont, afin d’éviter d’envoyer le poltron de service attaquer un gouvernement dynamite à la main. Et oui, ça peut arriver si vous lisez en diagonale ou ne faites pas suffisamment attention à ce que vous faite. Non, ça ne nous est pas arrivé… mais ça aurait pu.
Et cette difficulté (bon, nous ne sommes pas face à Sekiro, n’ayez crainte) ne va pas diminuer avec le système de sauvegarde du jeu. En effet, ce dernier vous proposer de créer un compte pour le jeu, qui sera votre sauvegarde. Il n’y en a qu’une, sans backup. Hors de question de tenter de revenir en arrière pour effacer une erreur commise. Après tout, vous vous imaginez revenir en arrière lorsque vous dites quelque chose qui vexe votre ami ? Ce serait bien trop facile. Donc, Sigma Theory fait le pari de vous pousser à prendre votre partie au sérieux à chaque instant, au risque de devoir repartir de zéro.
Au-delà de ce système de sauvegarde laissant peu de place à la fantaisie, nous avons un petit point sur lequel nous aimerions un peu pester. Il s’agit de l’interface. Cette dernière n’est pas toujours excessivement bien construite et quelques améliorations pourraient être effectuées. Des actions pas forcément optimisées, ce qui est bien dommage quand on voit le potentiel du titre.
Pour en revenir aux scientifiques, ces derniers vous aideront dans cinq branches de la science, selon leurs compétences. Chaque branche possède un arbre qui se découvrira à mesure que vos scientifiques travailleront sur le projet. Une fois un level obtenu, vous recevrez des Sigma Points. La victoire sera à vous dès que vous obtiendrez 15 de ces points. Cela peut sembler aisé, mais rien ne l’est dans Sigma Theory.
Et, forcément quand il s’agit de mes tests, revenons sur quelques petits détails supplémentaires. Si la bande-son du titre n’est pas forcément inoubliable, cet opus peut se targuer d’un bon travail sur les visuels. Les artistes derrière les personnages ont fait du bon boulot, rendant les moments où la direction artistique est importante très agréables. En bref, il n’y a pas de quoi se plaindre de Sigma Theory. Surtout que le tout est fluide et permet de passer un super moment.
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