Véritable phénomène des années 90 et du début des années 2000, le skateboard a évidemment eu son lot de jeux vidéo, dont certains ont acquis un statut culte. Comment ne pas citer l’iconique licence Tony Hawk Pro Skater, qui nous gratifia l’an dernier d’un très bon remake de ses deux premiers volets ? Un retour aux sources qui en a inspiré plus d’un, puisque ces derniers mois nous avons eu droit à plusieurs titres surfant sur la même rampe.
Parmi eux, l’attendu OlliOlli World, ainsi que le surprenant SkateBird. C’est bien évidemment le second auquel nous allons nous intéresser aujourd’hui, un jeu dont la proposition peut faire sourire, et c’est clairement assumé. Mais le titre de Glass Bottom Games, dont c’est le troisième projet porté à terme, et probablement le plus ambitieux, a-t-il les épaules assez solides une fois passée la joie de la découverte ? C’est ce que nous allons tâcher de vérifier ensemble.
Conditions du test : Nous avons joué environ une dizaine d’heures au titre sur Nintendo Switch, principalement en mode TV. Par la suite, nous avons essayé environ une demie heure la version Xbox One, via le Game Pass.
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On ne va pas se mentir, son annonce à l’E3 2019 a plus fait sourire qu’autre chose. SkateBird, un petit jeu de skateboard vous mettant dans la peau d’un piaf… ce n’est finalement vendeur que pour les amateurs d’expériences amusantes et absurdes. Cela étant, les développeurs semblaient assez fiers de nous présenter ce projet hors du commun, et le Kickstarter a été un petit succès en soi. Tous les objectifs de la campagne de financement participatif ont été atteints… voire même explosés, puisque le titre a engrangé 47 000 dollars de plus que ce qu’il demandait initialement.
Alors, pourquoi un tel engouement ? Eh bien, il y a plusieurs raisons à cela, mais la première, vous l’aurez deviné, c’est l’aspect incongru de la proposition du titre. Des oiseaux qui font du skate, ça a quand même quelque chose d’original et de drôle, et ça peut donner lieu à diverses situations rocambolesques. Il n’est pas difficile d’imaginer que de nombreux joueurs avaient envie de voir ce que cela donnerait. D’ailleurs, cette curiosité ciblée ne nous est pas étrangère ! Mais son postulat singulier n’est pas le seul atout supposé de SkateBird.
En effet, le jeu de Glass Bottom Games promet aussi une expérience assez riche du coté de la maniabilité. Comprenez par là que le développeur a intégré tout ce qu’il fallait pour en faire un jeu de skate complet. Du moins au niveau des possibilités offertes par notre planche, mais nous y reviendrons plus tard. Autrement dit, SkateBird nous fut présenté comme un véritable jeu de sport de rue, avec la technicité d’un Tony Hawk (par opposition à celle d’un Skate), le tout dans un enrobage décalé. Pourquoi pas ?
Des roues bien huilées ?
Ainsi, dans SkateBird, on retrouve toute la panoplie d’un jeu de sport de glisse classique. Des rampes, des tricks et bien sûr des chutes. Le tout à taille d’oiseau, autrement dit dans des décors surprenants, tels que la chambre mal rangée d’un adolescent ou encore un bureau. Un petit air de Toy Story, et ce n’est pas pour nous déplaire ! Enfin, dans l’idée, le titre a donc tout ce qu’il faut où il faut pour permettre aux amateurs de planches et de figures de prendre leur pied. Malheureusement, il faut reconnaître qu’en dépit de solides arguments, cela coince un brin sur certains aspects.
Pour commencer, notez que SkateBird ne se destine pas au premier néophyte venu. À la manière d’un Tony Hawk ou d’un Skate 3, il faudra un certain temps pour s’adapter à l’inertie de notre piaf, mais surtout au contrôle de la planche. Parce que le titre est effectivement assez complet à ce niveau, mais qu’aucun véritable tutoriel n’est là pour prendre par la main les joueurs les moins aguerris. Il faut donc se contenter d’une sobre liste de mouvements présente dans le menu option, qui a le mérite d’exister. Il est vrai qu’un effort à ce niveau aurait été bien senti.
À part cela, on remarquera que la physique des oiseaux est assez étrange. Certains mouvements passent sans trop qu’on comprenne pourquoi, et d’autres nous envoient dans le décor alors que l’on contrôlait parfaitement notre planche. Rien de rédhibitoire, puisque ces erreurs ne surviennent que rarement. Néanmoins, couplé à la difficulté générale de ce qui nous est demandé pour progresser, il est vrai que cela commence à faire beaucoup. Comprenez donc que le challenge est au rendez-vous, et pas toujours pour les bonnes raisons !
Un jeu complet ?
SkateBird débute par un éditeur de personnage plutôt riche, du moins par rapport à ce que l’on attendait dans un titre comme celui-ci. En toute transparence, nous y avons facilement passé un quart d’heure, à tester toutes les possibilités, mais surtout à nous fendre la poire ! Ajouter des lunettes de soleil, une casquette et des chaînes en or à un piaf, c’est quand même bien drôle ! Presque autant que les chutes qui, grâce à cette physique étrange, sont chaque fois particulièrement ridicules. Dans un premier temps, c’est le fou rire assuré.
En dehors de cela, le titre de Glass Bottom Games a de sérieux arguments. Notamment cinq skateparks différents, regroupant chacun une grosse poignée d’items à récupérer pour pimper notre oiseau. On y trouve aussi des pistes musicales, qui viennent grossir une bande-son au final très bien fournie, et franchement agréable à l’oreille. À condition d’aimer le hip-hop calme, bien entendu. Un air assumé de Tony Hawk Pro Skater donc, et là encore ce n’est pas pour nous déplaire, puisque les environnements sont bien conçus, et que le titre est par ailleurs plutôt joli.
Là où ça bloque un peu, néanmoins, c’est du coté des différentes missions proposées dans les niveaux. Parce que, d’une part, la variété n’est pas au rendez-vous. Mais elles souffrent aussi d’une localisation française à revoir, et d’une exigence à laquelle on ne s’attendait pas. Clairement, sortir du premier skatepark est un exploit en soi, tant ce qui nous y est demandé pour progresser semble compliqué, et certains spots difficiles d’accès. On ne va pas vous mentir, nous n’avons pas encore réussi à atteindre le dernier environnement. Vous pouvez vous moquer !
Et c’est là le plus gros défaut de SkateBird : son challenge. En temps normal, il pourrait s’agir d’une qualité, il est vrai. Mais on est devant un jeu coloré et qui ne se prend pas au sérieux, vendu une vingtaine d’euros seulement. Ce qui veut dire qu’il semble plutôt destiné aux néophytes. Or, ceux-ci risquent fort de se casser les dents sur sa difficulté. Et malheureusement, hormis ce mode skatepark plutôt sympathique, il n’y a rien à faire. On est donc contraint d’enchaîner les tricks dans ces cinq environnements, pour peu que l’on parvienne à les débloquer ! Ce contenu minimaliste pourra décevoir.
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