On ne cesse de vous le dire, la Switch est une console qui attire tous les regards. Chez les joueurs, pour commencer, puisqu’elle a trouvé plus de 50 millions de preneurs en près de trois ans d’existence, un score tout à fait impressionnant pour une machine innovante qui arrive de surcroît en cours de génération. Mais aussi chez les créateurs de jeu vidéo. Nombreuses sont les grosses productions, pas toujours signées Nintendo, à investir son catalogue désormais vaste. On pense par exemple au sympathique Astral Chain, ou à l’exceptionnel Octopath Traveler. Mais ce n’est pas tout !
On connaît finalement autant la console hybride de la firme nippone pour ses exclusivités de grosse envergure que pour ses portages divers, mais aussi son marché florissant de l’indépendant. Nintendo l’avait explicité dès les premières présentations : la Switch est un terrain sûr pour les petits développeurs, et donc pour tous les projets farfelus et les budgets restreints. De quoi gonfler continuellement un eShop qui regorge de titres qu’il aurait été, il y a encore quelques années, impensable de trouver là.
Et ça tombe bien, puisque aujourd’hui nous allons parler de l’un d’eux, un certain Skellboy, sorti le 30 janvier dernier en parallèle sur Steam et sur la console de Big N. Vous l’aurez compris, nous allons parler de cette dernière version.
Rétro jusqu’au bout des ongles ?
Il va sans dire que ce qui aura marqué les esprits ayant visionné les premiers trailers du titre, c’est avant tout son design. En effet, à l’instar d’un Minecraft, pour ne citer que le succès planétaire de Mojang, le titre de Umaiki Games s’inspire énormément d’œuvres obsolètes. Et c’est très bien ainsi.
On pourrait citer l’ère PlayStation, et notamment les premiers FPS de la console (Doom et Duke Nukem nous viennent instinctivement en tête) pour décrire ce mélange étonnant de 3D rudimentaire, très cubique, où les modèles de personnages et d’ennemis sont comme imprimés sur un carton à double face. Résultat nostalgique garanti, pour un design global franchement réussi, en dehors de quelques écueils sur lesquels nous fermerons les yeux volontairement. Excepté, peut-être, du coté d’un level design inégal, par moments redondant.
Mais cette technique presque archaïque n’empêche étonnamment pas Skellboy d’embarquer quelques problèmes que l’on n’attendait pas vraiment dans une production pareille. Pour commencer, le titre trouve le moyen de souffrir de ralentissements réguliers. Cela survient en changeant de zone, ce qui peut se comprendre cela dit, mais aussi, par moments, en plein combat. De quoi déstabiliser n’importe quel joueur aguerri lors d’un affrontement tendu contre un boss quelconque, surtout couplé à des problèmes particulièrement frustrants de hit box.
Quant auxdits boss, leurs paternes se révèlent toujours particulièrement basiques, ce qui n’empêche pas le soft de bénéficier d’un certain challenge. Reste à savoir s’il provient d’une volonté des développeurs, ou bien de problèmes de conception… Alerte spoiler : c’est la seconde option malheureusement.
En effet, aussi basique soit-il dans son concept, puisqu’il s’agit de plateforme et d’action à la Zelda Old-School, le titre parvient à rater quelques points de détail pourtant indispensables. Par exemple, cette fameuse hit box n’est pas seulement un problème face aux adversaires les plus coriaces. Il faudra continuellement faire attention à nos mouvements face à chacune des créatures du jeu, de la chauve-souris la moins offensive, au chevalier en armure bien énervé. Aussi bien en ce qui concerne leurs coups, que les nôtres. Ce qui n’est pas aidé par des angles de caméra pas toujours bien choisis.
Par ailleurs, les phases de plateforme sont rares, et c’est une bonne chose ! On retiendra que notre petit soldat ne tient pas toujours au mieux sur ses quilles, et que les corniches sur lesquelles il se balade sont trop maigres pour y courir.
Au rayon des déceptions, on notera aussi l’absence de map, pour un monde qui ne brille certes pas par sa grandeur, mais qui aurait bien mérité d’être cartographié. Afin d’éviter notamment les allers et retours inutiles. Enfin le plus gros défaut, finalement, n’est pas là où on l’attendait, puisqu’il s’agit de la bande sonore.
Agréable dans les premières minutes de jeu, avec son air entraînant que l’on trouvait déjà dans le trailer d’annonce en août dernier, elle devient vite insupportable. Et la cause n’est autre que l’utilisation à outrance de ce même thème, encore, et encore, remanié à toutes les sauces, jusqu’à en vomir. Difficile de laisser le son tourner, pendant les trois à cinq heures que dure le soft, sans finir avec un mal de tête horrible, ou avec l’unique musique ancrée an fond de notre cerveau sans pouvoir l’en sortir.
Au cours de notre test nous avons aussi eu droit à quelques bugs très déplaisants. Notre personnage s’est par exemple bloqué tout seul entre deux tables, sans possibilité de ressortir. Idem, nous avons fait disparaître une clé indispensable à la progression, sans aucun moyen de la faire réapparaître. Dans les deux cas, nous avons été contraints de charger le précédent point de passage, une opération certes courte, mais qui a tendance à irriter quelque peu, il faut l’avouer.
La petite originalité bienvenue
À la manière d’un 3D Dot Game Heores, une inspiration de choix, Skellboy prend place dans un univers parodiant nombre de morceaux de la culture populaire vidéoludique. À commencer par The Legend of Zelda, c’est le premier qui nous vient à l’esprit. Mais aussi, pourquoi pas, Medievil.
En effet, son nom l’indique d’ailleurs assez ostensiblement, le titre met en scène un squelette sorti de terre sous l’effet d’une magie inconnue, et qui décide de venir en aide à un royaume pris d’assaut par une étrange malédiction. Bien entendu, nous n’échappons pas ici à l’archétype originel du conte de héros médiéval, voulant que nous partions à la recherche de la princesse disparue. Mais ce n’est pas tout, puisque nous ferons aussi face à un dangereux sorcier, bien décidé à en découdre, et qui a visiblement travaillé ses répliques.
Si l’on ne peut pas dire que Skellboy bénéficie d’un traitement surprenant coté scénario, ce dernier étant basique et couloir, il a tout de même le luxe de proposer des dialogues savoureux, souvent amusants, voire même hilarants. Dommage que pour en profiter il faille parler anglais ou allemand, les deux seules langues disponibles.
Cela dit, rien n’empêchera ceux qui n’ont pas cette chance d’aller au bout de sa courte aventure. Il passeront simplement à coté de quelques gags de choix, et devront peut-être chercher leur chemin une fois ou deux de plus que les autres. Rien de bien méchant, d’autant que l’on progresse ici un peu comme dans un Metroidvania, en trouvant un nouvel item pour débloquer une nouvelle zone. Avec un minimum de jugeote, on sait exactement où se rendre en débloquant tel objet.
Le gros point fort du jeu, c’est son concept. Au-delà du fait qu’il s’agisse d’une sorte de Zelda-like dans lequel nous incarnons un squelette prenant vie, Skellboy pousse le vice jusqu’à nous permettre de changer les morceaux de notre personnage, comme s’il s’agissait de pièces d’équipement.
Ainsi, nous débutons l’aventure avec un tas d’os particulièrement frêle, dont il faudra récupérer les morceaux, et il nous est régulièrement offert de voler aux ennemis leurs pieds, leur tête, ou leur buste. Chaque nouvelle acquisition apportant son lot de spécificités, par exemple une augmentation de la courte barre de vie. Il va sans dire que cela s’avère plutôt amusant, du moins dans les premières minutes de jeu, surtout quand le titre nous propose, avec un mauvais goût certain, de décapiter un homme pour en obtenir la tête et le casque assorti.
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